20.3. Superficie des espaces naturels de valeur
Thème: Utilisation du territoire
Signification de l'indicateur
La préservation de la biodiversité fait partie des tâches primordiales du développement durable (principes 15b, 18a). Or, la rareté des milieux naturels nuit à la diversité des espèces et multiplie les conflits entre activités de loisirs, agriculture et préservation de la nature. La constitution de réseaux de biotopes contribue à réduire ces inconvénients pour les écosystèmes qui se modifient lentement, mais ne remplace pas les milieux dynamiques, soumis à des changements fréquents. En effet, la biodiversité concerne surtout deux grandes familles de territoires: les espaces qui garantissent le déroulement de processus naturels dynamiques essentiels – zones inondables, à avalanche ou à éboulis, forêts anciennes, grands espaces, etc. – et les espaces relais, qui assurent la liaison entre les milieux ou qui constituent des milieux de substitutions tels que paysages agricoles ou pastoraux traditionnels, gravières et carrières, friches, etc.
Plus un territoire est artificiel, plus il est coûteux à entretenir. A l’inverse, dans un écosystème naturel, fonctionnant par lui-même, il est possible de renoncer à intervenir et de laisser faire la nature. Lorsque c'est possible, cela peut par exemple particulièrement intéressant dans des zones à risque (crues, éboulements, etc.).
L’augmentation des surfaces favorables à la biodiversité poursuit donc plusieurs objectifs complémentaires: stabiliser l’érosion du nombre d'espèces, favoriser une gestion moins coûteuse du territoire, augmenter l’offre en espaces de nature pour les loisirs. La biodiversité, qui traite de la nature dans le paysage, peut aussi contribuer à la qualité esthétique des paysages.
Cet indicateur recense sous le terme de réserves naturelles d'importance nationale, cantonale et communale les surfaces naturelles au bénéfice d'une protection effective, ainsi que les surfaces figurant à un inventaire d'importance nationale (protection contraignante pour les propriétaires fonciers ou protection par contrat avec le propriétaire ou l'exploitant), les surfaces agricoles contractuelles qui remplissent les critères de qualité au sens de l'ordonnance sur la qualité écologique (OQE), ainsi que les réserves forestières (réserves forestières naturelles et réserves forestières particulières).
Principes en rapport avec cet indicateur: 15b. Sauvegarde de la biodiversité, 18a. Compensation écologique, 19. Respect de la durée des processus naturels.
Type d'indicateur: (C) capital.
En bref
Tendance statistique : | |
Evaluation développement durable : |
Commentaire
Commentaire statistique
Tendance: aucune conclusion possible (absence de tendance)
Les réserves forestières ont augmenté dans le canton de 119 ha entre 2010 et 2011. Les surfaces agricoles au bénéfice de la qualité (surfaces de réseau non comprises) de 347 ha. Pour les surfaces regroupées sous le terme de réserves naturelles, les surfaces ont peu évolué depuis 2010, date de l'entrée en vigueur du dernier inventaire nature portant sur la protection des prairies et pâturages secs.
Commentaire développement durable
Evaluation: pas d'évaluation (absence de tendance).
La biodiversité comprend la diversité des milieux, des espèces et la diversité génétique.
En termes de développement durable, l’indicateur Surface des espaces naturels de valeur mesure la part de la surface cantonale dévolue en priorité à la sauvegarde de la biodiversité, sans pour autant exclure d’autres fonctions telles que l’agriculture, la sylviculture, les loisirs ou la protection contre les dangers naturels. Il ne permet cependant pas d'apprécier la qualité des milieux compris sous la terminologie de réserves naturelle et ne permet donc pas d'établir ni quantitativement, ni qualitativement l'état de la biodiversité au sens évoqué ci-dessus. Il permet en revanche, par comparaison avec les autres surfaces du canton, de prendre la mesure de l'espace qui au sens de l'aménagement du territoire ou de la législation forestière ou agricole est affecté, versus reconnu comme d'importance particulière pour la conservation de la biodiversité.
Méthodologie
Cet indicateur montre, dans la superficie totale du canton, y compris les lacs, la part des espaces naturels de valeur, à savoir:
- Les réserves naturelles d'importance nationale, cantonale et communale comprenant d'une part les surfaces au bénéfice d'une protection effective en terme d'affectation, d'autre part les surfaces de biotopes d'importance nationale, régionale ou locale non comptabilisées dans la catégorie susmentionnée mais figurant dans un inventaire contraignant.
- Les surfaces agricoles qui remplissent les critères de qualité au sens de l'ordonnance sur la qualité écologique (OQE), surfaces de réseaux exclues;
- Les réserves forestières (réserves forestières naturelles et réserves forestières particulières).
Calcul
Rapport entre l'addition des différentes catégories de surfaces précitées et la superficie totale du canton, surface lacustre protégée des sites marécageux incluse.
Glossaire
Types d’inventaires:
1. Inventaire contraignant: induit directement des restrictions d’usage d’un bien-fonds (directement opposable à un tiers). Il a des effets directs sur l’affectation du sol (ex. Inventaire fédéral des zones alluviales).
2. Inventaire d’alerte: restreint les possibilités de modifier les objets qu’il protège. Il se traduit généralement par un devoir d’examen accru des autorités sur les projets (ex. Inventaire fédéral des corridors à faune).
Les paysages "culturels" (Kulturlandschaften): façonnés par l’homme au fil du temps par des pratiques agricoles, viticoles, sylvicoles, pastorales ou même industrielles, il s'agit de paysages dans lesquels l’utilisation du sol et les ouvrages construits (bâtiments, murs, terrasses, chemins, ponts, etc.) ont une relation particulière avec la topographie et/ou avec la nature en général. Il en va ainsi des paysages de terrasses, bocages, pâturages boisés, paysages de tourbières, paysages liés à l’économie de l’eau (moulins, retenues, drainages, canaux, etc.), paysages liés à des infrastructures (chemins historiques, chemins de fer, routes pittoresques, etc.), paysages liés à des formes d’habitat (habitat dispersé, architectures et ensembles bâtis traditionnels, etc.) ou à des ensembles anciens (domaines et jardins historiques, ensembles archéologiques, etc.). On parle de "paysage" pour ces portions de territoire, plus ou moins étendues et plus ou moins anciennes, car c’est bien leurs éléments considérés dans leur ensemble qui en font la valeur patrimoniale.
Les valeurs en jeu sont d’abord esthétiques. Il peut s’agir de paysages traditionnels, techniques ou emblématiques, qui témoignent du génie de l’homme. Les paysages culturels sont en principe habités et entretenus. Leur sauvegarde est donc avant tout orientée sur le maintien et la restauration de leurs éléments caractéristiques, et sur l’insertion adéquate d’éléments contemporains.
Les paysages "naturels" (Naturlandschaften): ils sont soit le produit de l’expression libre des dynamiques naturelles (une forêt vierge dans un cirque rocheux, par exemple), soit le produit d’une action de l’homme qui a permis ensuite l’installation de dynamiques naturelles (exemple: une zone humide apparue après une correction fluviale).
Les valeurs en jeu sont d’abord écologiques. Même si leur valeur esthétique est généralement importante, l’origine de leur protection est fondée principalement sur la sauvegarde des biotopes. Les paysages naturels sont en principe inhabités ou peu habités; ils peuvent être laissés à eux-mêmes (telle une forêt alluviale) ou au contraire faire l’objet de soins attentifs pour favoriser des dynamiques naturelles particulières (exemple: la fauche des roselières). Leur sauvegarde est avant tout orientée sur le maintien, la restauration et la création de milieux favorables à la biodiversité.
Comparabilité
Cet indicateur (Superficie des espaces naturels de valeur) figure dans le système d'indicateurs de développement durable Cercle indicateurs (Nature et paysage – Superficie des espaces naturels de valeur). La méthodologie est identique pour le canton de Vaud. En revanche, d'un canton à l'autre, la précision des relevés diffère et la définition même des superficies à comptabiliser n'est pas absolument identique. Ainsi, pour certains cantons, les surfaces recensées sont comptées sous plusieurs catégories, ce qui conduit à des résultats non comparables.
Références
Etat de Vaud (2004). La nature demain – pour une politique cantonale de la protection de la nature et du paysage. Ligne directrice sectorielle du Conseil d'Etat. Lausanne.