18.3. Concentration en phosphore dans les lacs

Thème: Eau

Signification de l'indicateur

Le développement durable vise à minimiser la charge environnementale occasionnée par les déchets et les émissions dégradables (principe 17a). Les eaux sont particulièrement exposées à de telles charges, car elles recueillent des apports de l'agriculture, de l'industrie et des ménages. La teneur en phosphore dans l'eau influence largement la production biologique dans un lac et représente, à ce titre, un indicateur important de l'état d'un lac. Plus il y a de phosphore, plus la production de biomasse (plancton, algues) est importante; lorsque cette dernière meurt, elle va se déposer dans les couches inférieures où sa décomposition peut provoquer un manque d'oxygène qui met en péril l'existence des poissons et d'autres organismes vivants. Il convient par conséquent d'éviter une surfertilisation des eaux par le phosphore. Cet indicateur physico-chimique étant un indicateur direct de l'eutrophisation des eaux, l'évolution souhaitable est une diminution en ramenant la concentration moyenne en phosphore dans le lac entre 10 et 15 µgP/L (microgrammes de phosphore par litre).

Cet indicateur montre l'évolution de la concentration moyenne annuelle en phosphore, en microgrammes par litre, dans les eaux du lac Léman.

Principes en rapport avec cet indicateur: 12a. Production compatible avec l’environnement, 17a. Limitation des déchets biodégradables et des polluants.

Type d'indicateur: (C) capital.

Evolution

Concentration en phosphore dans les lacs

Source :
CIPEL.  

Données

En bref

Tendance statistique :

Evaluation développement durable :

Commentaire

Commentaire statistique

Tendance: baisse.

Commentaire développement durable

Evaluation: positive (pour la durabilité).

L'objectif principal relatif à cet indicateur est d'arriver à des concentrations en phosphore suffisamment faibles dans le lac pour permettre d'assurer la production d'eau potable à partir de l'eau du Léman, un peuplement piscicole de qualité et la pratique des activités de loisirs et touristiques – en particulier la baignade. Dans ce sens, les concentrations en oxygène doivent de leur côté être suffisantes dans les zones profondes pour éviter que du phosphore ne ressorte des sédiments et pour assurer la présence des invertébrés les plus sensibles (vers, insectes, crustacés), qui sont des éléments importants de la chaîne alimentaire. L'évolution souhaitée est de ramener la concentration moyenne en phosphore dans le lac à un niveau inférieur à 15 µgP/L pour limiter tout risque de production algale excessive.

Les stocks de phosphore dans le lac Léman, après une diminution constante depuis la fin des années 1970 grâce à l’aménagement d’installation de traitement chimique dans les stations d’épuration et à l’interdiction des phosphates dans les lessives, avaient eu tendance à se stabiliser entre 1997 et 1999. Depuis 2000, la diminution a repris. L'évolution interannuelle des paramètres chimiques du lac Léman suit les mêmes tendances que les années précédentes et le stock en phosphore continue à diminuer. Il a atteint une concentration moyenne de 22.4 µgP/L en 2010, soit 44 % de moins qu'en 1998. Ce niveau est pourtant encore nettement supérieur à l'objectif à atteindre pour limiter la croissance des algues (entre 10 et 15 µgP/L). Après 13 ans sans brassage complet du Grand Lac, l'hiver 1998/99 a provoqué un brassage presque complet. Un brassage complet a eu lieu pendant les hivers 2004/05 et 2005/06, entraînant une très bonne réoxygénation des eaux profondes. La diminution des concentrations en phosphore n'a pour l'instant pas encore eu un effet net sur la production primaire de phytoplancton; toutefois, en 2008 et en 2010 elle est en baisse.

Pour l'ensemble du bassin versant CIPEL, couvert par la Commission internationale pour la protection des eaux du lac Léman (CIPEL), les rendements globaux d'épuration de la matière organique et du phosphore total sont stables depuis 3 ans avec un rendement de 90% pour le phosphore total et de  95% pour la matière organique. A long terme, les rendements d'épuration des stations d'épuration (STEP) sont en hausse dans le bassin CIPEL.

Méthodologie

Cet indicateur montre l'évolution de la concentration moyenne annuelle (pondérée par les volumes des couches) en phosphore (µgP/L) dans les eaux du lac Léman (Grand Lac).

La Commission internationale pour la protection des eaux du lac Léman (CIPEL) mesure depuis 1957 les teneurs en phosphore dans le lac Léman. La teneur en phosphore dans un lac varie selon les saisons: pendant l'été, le rayonnement solaire important provoque un gradient thermique dans les lacs (les couches supérieures sont plus chaudes que les eaux profondes), ce qui limite fortement le transport vertical des substances. La sédimentation de la biomasse morte entraîne également du phosphore organiquement lié. Les eaux profondes contiennent alors une plus forte teneur en phosphore. Si les eaux du lac sont brassées au début du printemps du fait d'une répartition homogène de la température, les nutriments seront eux aussi répartis de manière plus égale. C'est pour cette raison que l'on indique les teneurs annuelles moyennes en phosphore ou celles observées au printemps lorsque les eaux ont été brassées. La fiabilité des données est très bonne.

Engagements à l'échelle internationale

Plan d’action 2011-2020 de la CIPEL intitulé "Préserver le Léman, ses rives et ses rivières, aujourd’hui et demain". Il a pour but d’améliorer la qualité des milieux aquatiques de tout le bassin versant lémanique.

Glossaire

Bassin CIPEL: la zone géographique concernée par la CIPEL est constituée de deux bassins versants: celui du Léman (bassin hydrographique du lac) et celui du Rhône aval (bassin du Rhône de l’émissaire du lac jusqu’à sa sortie du territoire suisse à Chancy). Voir la carte du "bassin CIPEL" (source: www.cipel.org).

Comparabilité

La teneur en phosphore dans les cours d'eau est utilisée comme indicateur de l'environnement par l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). Comme les rivières en Suisse présentent généralement un débit rapide et sont peu profondes, il n'y a pas de risque d'une baisse de leur concentration en oxygène. Dans notre pays, ce risque ne concerne par conséquent que les lacs.

Cet indicateur fait partie de la série des indicateurs de la CIPEL (Concentration moyenne pondérée de phosphore – Thème 3. Pollution des eaux, Domaine L 3.1. Etat trophique du lac, Sous-domaine L 3.1.1. Indicateurs physico-chimiques).

Cet indicateur (Concentration en phosphore dans les lacs) figure dans le système d'indicateurs de développement durable MONET (Ressources naturelles – Concentration en phosphore dans les lacs).

Références

CIPEL (2011). Plan d'action 2011-2020 en faveur du Léman, du Rhône et de leurs affluents – Tableau de bord technique.

Lazzarotto J., Nirel P. et Rapin F. (2011). Évolution physico-chimique des eaux du Léman – Campagne 2010. Rapp. Comm. int. prot. eaux Léman contre pollut, Campagne 2010, 31-63.

Klein A. (2011). Contrôle des stations d'épuration – Campagne 2010. Rapp. Comm. int. prot. eaux Léman contre pollut, Campagne 2010, 181-189.

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