Aménagement des cours d'eau (protection contre les crues, renaturation, ruissellement)

20 ans d'aménagement de cours d'eau - vers plus d'espace pour la sécurité et la biodiversité

Les problèmes hydrologiques des cours d’eau sont souvent des héritages du passé. Ils sont apparus pour la plupart lorsque des travaux ont été entrepris pour « corriger » les cours. Ces corrections avaient pour objectifs de dégager de nouvelles surfaces cultivables, de lutter contre l’insalubrité ou encore de mettre à profit la force hydraulique.

Ainsi, aujourd’hui, on observe de nombreux cours d’eau corrigés dont la capacité est insuffisante. Différentes stratégies donc sont envisageables pour sécuriser les cours d’eau (protection contre les crues) tout en améliorant leur qualité environnementale (renaturation).

Dépotoir du Pissot (à gauche) et ouvrage de protection sur la Tinière (à droite)
Dépotoir du Pissot (à gauche) et ouvrage de protection sur la Tinière (à droite)

Protection contre les crues et renaturation

Les projets du type protection contre les crues ont pour objectif premier de permettre l’écoulement des eaux dans le lit du cours d’eau – sans que des objets sensibles ne soient inondés. Ainsi le dimensionnement du nouvel aménagement sera fonction des objets existants dans le territoire pouvant être concernés par un débordement.

Les principales stratégies envisageables et - qui sont souvent combinées - sont :

  • L’entretien – Permet d’optimiser la quantité d’eau qui s’écoule effectivement dans une géométrie donnée.
  • L’élargissement – Permet d’augmenter notablement la quantité d’eau qui peut s’écouler.
  • L’aménagement de herse à bois – Permet de retenir les bois flottant, notamment en amont de zones urbaines où les bois pourraient péjorer l’écoulement au droit de ponts.
  • La création de zones inondables – Permet de stocker le volume de la crue en amont d’une zone sensible et de relâcher progressivement la part du volume qui ne se serait pas infiltrée au droit de cette zone.
  • La réalisation de dépotoirs à matériaux – Permet de soustraire des matériaux charriés par la crue.
  • Le renforcement et le rehaussement de digue : permet d’augmenter la quantité d’eau qui peut s’écoule.
Exemple de renaturation: avant (à gauche) et après (à droite)
Exemple de renaturation: avant (à gauche) et après (à droite)

Pendant longtemps, seules les questions économiques et sécuritaires ont été prises en compte en matière d’aménagement des cours d’eau. Cette perception a conduit à la canalisation et à l’enterrement de très nombreux tronçons de rivières et ruisseaux.

Les travaux de renaturation consistent dès lors à redonner à un cours d’eau fortement artificialisé les caractéristiques proches de son état naturel en restaurant au mieux son fonctionnement et son équilibre écologique.

Aujourd’hui, le regard porté sur les cours d’eau a changé. Cela se traduit notamment par l’adoption de nouvelles législations qui permettent de redonner une place aux cours d’eau dans notre société et rendre leur espace aux rivières.

Depuis les années 90, le canton de Vaud est actif dans l’exécution d’ouvrages piscicoles. Une centaine de seuils ont été aménagés. Les seuils qui fragmentent encore les cours d’eau et qui empêchent la migration des poissons seront aménagés sur les rivières d’importance. Depuis 2010, une septantaine de projets de renaturation ont été menés. Au total, 37 km ont été réaménagés dont 8 km remis à ciel ouvert (état août 2022).

Types d'intervention possibles

1) Redonner de l’espace au cours d’eau

L’élargissement du lit d’un cours d’eau permet de mieux absorber les fluctuations rapides du niveau de la rivière et assure ainsi une protection efficace contre le risque de crues. Un lit plus large offre aussi la possibilité à de nombreuses niches écologiques de se développer au gré des changements saisonniers de débits.

Un ruisseau renaturé retrouve une dynamique naturelle créant des milieux favorables à la faune et à la flore.

Les élargissements se font de manière raisonnée en prenant en compte la préservation de terres agricoles. L'emprise territoriale des projets de renaturation respecte, autant que possible, le rôle de production des terrains agricoles, ainsi qu'une économie des sols arables.

La valeur paysagère des cours d’eau renaturés et de leurs abords est améliorée tandis que les aspects sociaux (détente, loisirs) sont intégrés aux projets. Ces éléments permettent ainsi aux populations riveraines de se réapproprier leurs rivières.

Enfin, un cours d’eau naturel favorise une meilleure qualité des eaux car les processus d’autoépuration sont à nouveau rendus possibles.

2) Remettre à ciel ouvert un cours d’eau

Les collecteurs enterrés sont parfois en mauvais état et ne permettent plus leur fonction de passage de l’eau, ainsi que celle de drainage.

Un cours d’eau à ciel ouvert garanti le transit de l’eau, tout en remplissant un rôle d’amélioration de la biodiversité locale.

3) Aménager des ouvrages qui entravent la migration des poissons

Les seuils qui fragmentent encore les cours d’eau seront aménagés en priorité sur les rivières propices au bon développement de populations piscicoles (ou hébergeant des espèces dignes d'intérêt à l'échelle du canton).

4) Aménagement des embouchures

Les embouchures sont des milieux particulièrement riches en biodiversité puisqu’elles possèdent à la fois la faune et la flore lacustre et celle de la rivière. L’aménagement d’un delta favorise une diversification des milieux en en constante évolution, au gré des courants du lac et du débit de la rivière (banc de sable, roselière, berges boisées, dépôt lacustre).

Les embouchures les plus vastes constituent une importante place de repos et d’hivernage pour les oiseaux migrateurs.

Planifications stratégiques

La modification de la législation fédérale sur les eaux impose aux cantons de planifier à long terme la revitalisation des cours d'eau et des rives lacustres ainsi que l’assainissement de l’utilisation de la force hydraulique.

La Planification de la revitalisation des eaux est publiée sur le Guichet cartographique cantonal (thème "Eaux et sites pollués").

La revitalisation et l’assainissement de la force hydraulique se déclinent en 5 domaines.

Renaturation des eaux
1) La revitalisation des cours d'eau

La DGE met à disposition des communes et des usagers les cartes de la planification stratégique de la revitalisation des rivières vaudoises mises à jour en 2022

Ces documents non contraignants se veulent des outils de dialogue et d’échange avec les acteurs concernés (Rapport final, 2014). Les cartes sont également consultables sur le guichet cartographique cantonal.

Ils offrent une vision globale des projets de renaturation pouvant être menés à l’échelle du canton pour les huitante années à venir, selon trois classes de priorité.

2) La revitalisation des rives de lac

La planification stratégique cantonale de revitalisation des rives lacustres est entrée en vigueur en 2023. Les lacs vaudois considérés dans cette planification cumulent un linéaire de 193.4 km de rives. Elle identifie les tronçons de rive dont la revitalisation est la plus bénéfique pour la nature et le paysage au regard des coûts. Au total, 28 km de rives ont été identifié en priorité forte et 56 km en priorité moyenne.

Les cartes peuvent être consultées sur le guichet cartographique cantonal. La planification est disponibles dans son intégralité en téléchargement sur le site internet de l'Etat de Vaud.

3) La restauration de la migration piscicole

Les installations hydroélectriques représentent souvent des obstacles à la libre migration des poissons. Ce sont des ouvrages techniques tels que des prises d'eau, barrages, seuils, etc. qui fragmentent les cours d'eau, entravent les déplacements vers les zones de reproduction et/ou de croissance du poisson en fragilisant ainsi le maintien durable des populations piscicoles.  (Réduction des effectifs de poissons et risque de consanguinité à terme)

Le rapport final sur la migration piscicole, realisé en 2014, répertorie l'ensemble des obstacles liés à la force hydraulique qui entravent la migration du poisson (vers l'amont et/ou vers l'aval). Pour chaque obstacle, il établit la nécessité d'assainir (ou non), et détermine le degré de priorisation des assainissements à réaliser sur les cours d'eau propices au bon développement de la faune piscicole (Fiches détaillées par obstacles).

4) L'assainissement du régime des éclusées

Le mode d’exploitation de centrales hydroélectriques fonctionnant par intermittence peut provoquer des variations brusques et quotidiennes du débit d’un cours d’eau, ce qui influence négativement la morphologie de la rivière et son équilibre écologique.

Le rapport final, réalisé en 2014, établit la gravité des impacts en termes hydrologiques et biologiques du phénomène des éclusées, ainsi que des pistes de mesures d'amélioration. De cette analyse, seule l'Orbe ressort comme cours d'eau vaudois véritablement concerné par cette question.

5) L'assainissement du régime de charriage des matériaux

Un cours d’eau naturel maintien un équilibre entre les matériaux charriés qui transitent en permanence et les érosions qui rongent le fond du lit et les berges.

Les ouvrages tels que des barrages, des sites d’extraction de gravier ou des dépotoirs peuvent réduire la quantité de matériaux charriés. Faute d’un apport suffisant, le lit du cours d’eau perd ses amas de gravier meuble et tend à se colmater, rendant difficile le développement et la reproduction d’organismes aquatiques.

Le rapport final, réalisé en 2014, établit la nécessité d'assainir les cours d'eau concernés par un régime de charriage perturbé.

Accompagnement agricole

Dans le cadre des projets de renaturation et de protection contre les crues, la politique vaudoise en matière d’aménagement des cours d’eau favorise l’élargissement et la remise à ciel ouvert des cours d’eau permettant d’abaisser les lignes d’eau d’une part et de permettre, d’autre part, de redonner aux cours d’eau une dynamique et des caractéristiques proches d’un état naturel afin de recréer des habitats pour la faune et d’améliorer la biodiversité.

L’élargissement et la remise à ciel ouvert des cours d’eau ont un impact important en matière d’aménagement du territoire et plus particulièrement en termes d’emprise sur les terres agricoles.

Ainsi pour tous les projets ayant un impact important sur les terres agricoles, la DGE-EAU engage des moyens afin que soient identifiées des mesures d'accompagnement permettant de trouver des synergies et proposer des aménagements favorables et bénéfiques pour tous les acteurs.

Liens et documents utiles

Protection contre les crues

Renaturation

Planifications stratégiques

Accompagnement agricole

Panneaux d'information placés à proximité des aménagements

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