Comprendre l'addiction
Où commence l'addiction ?
L’addiction commence là où le contrôle de la consommation s’arrête : la personne souffrant d’addiction va présenter un besoin irrépressible de consommer de plus en plus grandissant, malgré des conséquences négatives sur sa santé et son quotidien.
La consommation devient un besoin et non plus une source de plaisir, des pensées obsédantes à propos des produits ou des pratiques apparaissent et l’arrêt ou la diminution de la pratique vont provoquer des symptômes de sevrage.
Attention : en cas de dépendance, le sevrage (arrêt de la consommation) nécessite un suivi médical.
Il faut distinguer 3 types de consommation :
- La consommation dite récréative ou le « comportement à faible risque » : la consommation se produit dans des proportions et des circonstances à faible risque ou sans danger pour la personne concernée et son environnement.
- Le « comportement à risque » : la consommation peut causer des dommages à la personne concernée et à son entourage. On distingue trois schémas de comportement potentiellement nocifs à différents degrés.
- L’addiction : se caractérise par un désir souvent puissant, voire compulsif, de consommer ou de pratiquer une activité. Cette consommation ou cette pratique entraînent un désinvestissement progressif vis-à-vis des autres activités. La personne est dans l’incapacité de s’abstenir de consommer ; elle perd le contrôle de l’usage d’une substance ou d’un comportement et ce, malgré la survenue de conséquences négatives sur son équilibre émotionnel, sur sa santé et sur sa vie personnelle, familiale et sociale.
Signes d’alerte
Comment repérer un usage problématique ou une addiction ? Plusieurs signes peuvent démontrer un usage problématique d’un produit ou un comportement pathologique :
- Perte de contrôle : la personne n’est plus capable de contrôler la fréquence, la quantité ou la durée de l'utilisation du produit ou du comportement.
- Tolérance accrue : pour ressentir les mêmes effets, la personne a besoin d'augmenter la quantité ou la fréquence de l'utilisation.
- Craving (besoin compulsif) : la personne ressent un désir irrésistible ou une envie intense de consommer le produit ou de s'engager dans le comportement.
- Préoccupation persistante : une grande partie du temps et de l'énergie est consacrée à penser au produit ou au comportement, ce qui interfère avec d'autres aspects de la vie.
- Négligence des responsabilités et autres intérêts : en raison de l'utilisation excessive du produit ou du comportement, les responsabilités professionnelles, académiques ou familiales, ainsi que les autres intérêts, sont négligés.
- Isolement social : retrait des activités sociales, familiales ou professionnelles au profit de l'utilisation du produit ou du comportement.
- Persistance malgré les conséquences négatives : la personne connaît ou fait face aux conséquences négatives de sa consommation mais ne s’arrête pas.
- Déni : la personne minimise ou nie la gravité du problème, même lorsqu’elle est confrontée à des preuves évidentes des conséquences de son comportement, comme des difficultés financières, des échecs scolaires ou des conflits relationnels.
- Échec des tentatives de réduction ou d'arrêt : quels que soient les efforts répétés, la personne est incapable de réduire, de contrôler ou d’arrêter l'utilisation du produit.
- Etat de manque : en cas d’arrêt ou de diminution de la consommation, des symptômes de sevrage physiques ou émotionnels apparaissent. Ceux-ci nécessitent une consultation rapide auprès d’un professionnel de santé.
La présence de quelques-uns de ces signes n’apporte pas nécessairement la preuve qu’il y a un problème, mais leur persistance et leur impact sur la vie quotidienne peuvent indiquer la nécessité d'une évaluation professionnelle. Si vous ou quelqu'un que vous connaissez présente ces signes, il peut être utile de consulter un professionnel de la santé pour obtenir de l'aide.
La polyconsommation
⚠ La polyconsommation, se réfère à la consommation simultanée ou successive de plusieurs substances psychoactives (telles que l'alcool, les drogues illicites, les médicaments sur ordonnance, etc.). Elle est dangereuse car les substances interagissent entre elles.
Les symptômes de sevrage
Lorsque la consommation d’une ou plusieurs substance(s) est soudainement réduite ou interrompue, le corps peut réagir en manifestant divers symptômes de sevrage :
- Tension psychique (irritabilité, agitation, anxiété etc.),
- Douleurs musculaires,
- Nausées, sueurs et tremblements,
- Problèmes cardiovasculaires etc.
Si vous ou quelqu'un de votre entourage présente des symptômes de sevrage, il est essentiel de consulter rapidement un professionnel de la santé. Celui-ci pourra fournir un soutien approprié et réduire les risques pour la santé. Ne pas obtenir une aide médicale appropriée lors du sevrage peut être dangereux et potentiellement mortel.
Mécanisme de l'addiction
Lors de la prise d’une substance, de temps consacré à des activités sur écrans ou à des jeux d’argent, il y a chez l’usager une stimulation du système nerveux central : les produits ou l’activité vont venir perturber et dégrader un circuit neuronal appelé « système de la récompense ». La consommation d’un produit ou la pratique d’un comportement permettent à la personne d’obtenir, ou d’espérer obtenir, un plaisir ou des effets qui lui apparaissent bénéfiques tels que
- Un effet euphorisant, stimulant, apaisant,
- L’intégration à un groupe,
- Le renforcement de l’estime de soi,
- Une diminution du stress, de l’anxiété etc.
L'addiction dépend de l'interaction de facteurs personnels et environnementaux
La consommation de substances potentiellement addictives (comme l’alcool, par exemple) ou certains comportements (comme l’utilisation des écrans) ne débouche pas sur une addiction pour tout le monde. La création d’une addiction dépend de plusieurs facteurs :
- Le contexte de consommation : environnement physique lors de la prise, accessibilité du produit, influences, attentes liées au produit, etc
- Le contexte social : milieu de vie, situation sociale, équilibre relationnel, schéma familial, culture et religion, etc.
- Les caractéristiques physiques/biologiques (taille, sexe, âge, état de santé, génétique etc) et psychiques (santé mentale, personnalité, humeur, compétences sociales) de la personne
- Le produit (qualité et propriétés pharmacologiques) ainsi que la durée et le mode de consommation, ainsi que la quantité consommée
La promotion d’un environnement favorable à la santé vise à réduire les facteurs de risque pour prévenir l'apparition de problèmes en développant les facteurs de protection avec des actions et mesures de prévention efficaces.
Facteurs de risques
Les facteurs de risque sont des caractéristiques personnelles et environnementales qui contribuent au développement ou à l’aggravation de conditions indésirables et de comportements addictifs.
- Âge de la personne : le cerveau de jeunes, notamment, est en plein en développement. C’est particulièrement le cas des régions liées à la prise de décision, la régulation émotionnelle et le contrôle des impulsions. Les jeunes disposent de ce fait de moins d’outils pour s’auto-réguler et sont plus vulnérables aux comportements addictifs. L’adolescence est une période de vulnérabilité.
- Faible monitorage familial.
- Désinvestissement dans des activités alternatives, par exemple sportives, culturelles et sociales.
- Désinsertion, isolement (Perte d’un emploi, d’un logement, isolement familiale etc.).
- Comportements addictifs et influence de l’entourage (amis, famille etc.).
- Vulnérabilités psychiques : la faible estime de soi, les difficultés à résoudre les problèmes interpersonnels et à établir des relations stables sont autant de facteurs de risque.
- Disponibilité et accessibilité du produit : c’est l’une des raisons pour lesquelles le Canton limite l’accès des produits du tabac et de sa publicité aux mineurs.
Facteurs de protection (ressources)
Les facteurs de protection sont des caractéristiques personnelles et environnementales qui renforcent le bien-être et la résilience de la personne face au développement de conditions indésirables et de comportements addictifs. Ces facteurs de protection réduisent la probabilité d’apparition de troubles.
- Investissement dans des activités alternatives, par exemple sportives, culturelles et sociales
- Connaissances et représentation des addictions
- Compétences personnelles telles que la capacité d’auto-analyse, l’aptitude à gérer les émotions et les impulsions, l’estime de soi et la capacité de résistance à la pression ainsi qu’à l’influence d’autrui, etc
- Liens familiaux et amicaux soutenants
- Compétences psychosociales, c’est-à-dire sa capacité à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne
- Valeurs et/ou croyances solides
- Formation ou travail, projets et perspectives d’avenir
Périodes de vulnérabilité
Adolescence : période charnière en matière d’addiction
L’adolescence est une période cruciale de la vie durant laquelle ont lieu de nombreux changements physiques, psychiques et sociaux, ce qui en fait une période de vulnérabilité en matière d’addiction. C’est pourquoi les problèmes d’addiction à cette période doivent être traités avec une attention particulière. La consommation abusive peut en effet menacer le bon développement des adolescents et mettre en échec les relations intrafamiliales et/ou leur parcours de formation. Elle peut aussi entrainer un endettement précoce et hypothéquer l’avenir.
A savoir :
- Le développement du cerveau n’est pas encore terminé à l’adolescence. En particulier, les fonctions de contrôle, de régulation et d’anticipation sont encore incomplètes. C’est aussi le moment où le cerveau est particulièrement sensible et demandeur de stimulations, d’intensité, de nouveauté
Comment réagir : osez demander de l'aide en cas de dépendance
Si vous ou l’un de vos proches pensez souffrir d’addiction ou être à risque d’en développer une, vous devriez sans attendre demander de l’aide. Un professionnel de santé pourra vous orienter et définir avec vous une prise en charge adaptée à votre situation.
De nombreuses ressources professionnelles existent : en ligne, lors de consultations, voire pour des séjours ; certaines sont spécialisées pour certains publics et/ou certaines dépendances. Le répertoire des Ressources Addiction et Précarité fait avec la Fondation Le Relais vous aide à trouver le meilleur soutien adapté à votre situation.