Etat de la pollution aux dioxines
Les dioxines
Le terme « dioxines » dans son sens large désigne des molécules chlorées, chimiquement proches, appartenant à la famille des polychlorodibenzodioxines (dioxines ou PCDD) et des polychlorodibenzofuranes (furanes ou PCDF). On dénombre plus de 210 molécules dans cette classe de composés, dont 17 sont considérés comme toxiques.
Les dioxines sont des polluants organiques persistants omniprésents dans l’environnement. Ayant une forte affinité pour la matière organique et étant insolubles dans l’eau, elles ont tendance à s’accumuler dans les couches superficielles du sol. Elles ont également une grande affinité pour les matières grasses, ce qui signifie qu’elles ont tendance à se concentrer dans les tissus gras des organismes vivants.
Les dioxines n’ont pas d’usage connu dans l’industrie. Elles sont formées de manière non intentionnelle lors de certains procédés industriels et lors de toute combustion en présence de chlore. Les origines primaires des émissions de dioxines sont les processus industriels et particulièrement les incinérateurs de déchets ménagers d’anciennes générations. Les procédés de blanchiment au chlore des pâtes à papier ou de la production de certains pesticides sont également des sources de dioxines. Une forte augmentation des concentrations en dioxines dans l’environnement a été observée entre les années 1920 et 1970. Depuis les années 90’, les émissions atmosphériques ont été réduites de plus de 90%.
Pollution en région lausannoise
La pollution aux dioxines s’étend sur un vaste territoire dans la région lausannoise. Les communes concernées par cette pollution sont la Ville de Lausanne, Epalinges, le sud du Mont-sur-Lausanne, ainsi qu’une partie de l’ouest de Pully. Dans les sols, cette pollution se retrouve en surface généralement dans les premiers 30 à 50 cm (Impact-Concept SA 2023).
Des expertises sur l’origine de la pollution ont permis d’exclure des sources actuelles et d’identifier l’ancienne usine d’incinération d’ordures ménagères (UIOM) du Vallon, en fonction de 1958 à 2005, comme étant vraisemblablement la principale source de la pollution (Airmes 2021 ; eOde 2023).
Les résultats des analyses réalisées sur des échantillons de sol provenant de parcelles d’entités publiques ainsi que les périmètres de pollution potentielle sont disponibles sur le guichet cartographique cantonal.
Carte de concentration en dioxines dans le sol
Carte des classes de polution potentielle
Les classes de pollution potentielle proviennent de modélisations (eOde 2022 ) et ne prennent pas en compte tous les remaniements de sol qui ont pu survenir après la pollution, et qui pourraient avoir dilué les concentrations. Ces remaniements étant aléatoires selon les travaux effectués, ils ne sont ni prédictibles, ni quantifiables.
Investigation dans le canton autour d’autres usines d'incinération
À la suite de l’identification de l’ancienne UIOM du Vallon comme étant vraisemblablement à l’origine de la pollution des sols en région lausannoise, des investigations ont parallèlement été menées autour des anciennes usines d’incinération de Payerne (RWB 2022), Penthaz (RWB 2022), Puidoux (RWB 2022) et Yverdon-les-Bains (RWB 2022). De plus, en coordination avec le Valais, une campagne d’analyses a également été menée dans la commune d’Ollon à l’intérieur du périmètre d’immissions des rejets historiques de l’usine de valorisation thermique des déchets (UVTD) de la SATOM située à Monthey (Nivalp 2022).
Les résultats de ces investigations sont rassurants, avec une pollution des sols aux dioxines moins élevée que dans la région lausannoise. Aucun échantillon analysé ne dépasse le seuil d’investigation de l’ordonnance fédérale sur les atteintes portées aux sols (OSol) pour les dioxines (20 ng TEQ/kg) à partir duquel des recherches complémentaires doivent être effectuées. De plus, des échantillons de sols ont été analysés dans des poulaillers situés à l’intérieur d’un rayon d’un kilomètre autour des anciennes UIOM. Ces échantillons ont présenté des valeurs similaires à celles habituellement retrouvées dans les sols en Suisse, soit en dessous de la valeur seuil ayant conduit aux recommandations pour la consommation d’œufs (5 ng TEQ/kg) (Unisanté 2022) en région lausannoise. Ces résultats confirment que les atteintes portées au sol près de l’emplacement des anciennes UIOM de Payerne, Penthaz, Puidoux et Yverdon-les-Bains et de la SATOM à Monthey sont très faibles, voire nulles, et ne nécessitent pas de mesures particulières.