Des mesures pour renforcer la LEO
Améliorer l’enseignement des mathématiques
La crainte face aux mathématiques détourne de nombreux élèves des filières de formations conduisant aux métiers techniques et scientifiques. En particulier les filles qui renoncent trop souvent à ces filières à l’adolescence. Cette tendance s’observe dès l’école obligatoire à travers le choix des options spécifiques. En fin de 8P, l’option spécifique Mathématiques et Physique (OS MEP) est choisie par 53 % des garçons contre seulement 28 % des filles, malgré un niveau équivalent dans la discipline. Même les filles qui atteignent un niveau élevé en mathématiques se détournent de l’option spécifique mathématiques et physique. À ne considérer que les élèves de 8P obtenant une moyenne annuelle de 5,5 et plus en mathématiques, 69 % des garçons ont choisi l’OS MEP, contre 46 % des filles. Cet écart spectaculaire de 23 points reflète des choix et des stratégies typiquement genrés.
Finalement, l’option Mathématiques et Physique accueille majoritairement des garçons (63 % des effectifs). Et donc une grande majorité des filles suivront moins de périodes de mathématiques que les garçons durant les trois dernières années de leur scolarité obligatoire. Ceci peut expliquer l’apparition d’écarts significatifs de niveau atteint par les garçons d'une part, et les filles d'autre part, dans cette discipline à la fin de la scolarité.
Pour renverser cette tendance et éviter la pénurie de relève féminine dans les filières MINT (mathématiques, informatique, sciences naturelles et techniques), des mesures ont été listées à l’issue de la Mission Maths conduite à la demande de la cheffe du DFJC. Entre 2018 et 2019, cette démarche a réuni plusieurs experts de la discipline. Ils avaient le mandat d’imaginer comment améliorer l’enseignement des mathématiques et comment désamorcer l’image négative qui leur est souvent associée, surtout parmi les filles. Plusieurs actions découlent de cette mission exploratoire.
L’appel à désamorcer les réflexes genrés — Fin 2020, les enseignantes et enseignants de 7P et 8P ont tous été sensibilisés à l’importance de désamorcer les réflexes genrés trop souvent à l’origine du choix de l’option spécifique effectué par les filles. Une bonne information est requise de leur part. Les résultats obtenus par les filles ou les garçons en attestent, les compétences en mathématiques ne sont pas directement influencées par le genre de l’élève, mais bien par les perceptions qui se développent progressivement chez les garçons d’une part, et chez les filles d’autre part.
Les laboratoires de mathématiques — La création de laboratoires de mathématiques dans les établissements de la scolarité obligatoire est une mesure décidée il y a une année pour faire découvrir aux élèves, et en particulier aux filles, des démarches d’apprentissage détachées des contraintes de l’évaluation et de la sélection. L’accent est mis en priorité sur la découverte, le jeu et le plaisir en relation avec le monde abstrait des chiffres, de la géométrie et de l’algèbre. Un essai pour rendre la matière plus attractive.
Le cours Mathilda — Une collaboration de la Direction générale de l’enseignement obligatoire avec deux gymnases du canton — Chamblandes et Yverdon — donne naissance à une expérience pilote inédite : le cours Mathilda. Programmé à la rentrée d’août, il s’adresse aux filles de 11VP et de Rac 2 qui se destinent à entamer une formation gymnasiale et dont les bonnes compétences en mathématiques et en sciences sont avérées. Des détails sur le cours sont donnés sur les sites du Gymnase des Chamblandes et du gymnase d’Yverdon.
À raison de huit cours de deux périodes les mercredis après-midi d’octobre à décembre, cet enseignement facultatif, une sorte de bonus, permettra aux filles intéressées de se familiariser, avec un peu d’avance, avec les programmes de mathématiques et de sciences dans les formations gymnasiales. Les contenus, enseignés uniquement par des enseignantes de gymnase, partiront d’une théorie mathématique, par exemple la théorie des nombres, pour apprivoiser son application pratique ou simplement en admirer l’élégance. La rencontre avec une femme travaillant dans le domaine scientifique est aussi au programme. À la fin du cursus, les participantes recevront une attestation du gymnase.
Le cours Mathilda est présenté comme un moyen de lutte contre le faible pourcentage des filles dans les programmes les plus exigeants en mathématiques. À l’entrée au gymnase, les filles choisissent deux fois moins que les garçons le niveau « renforcé » en mathématiques. Elles sont presque quatre fois moins nombreuses que les garçons à choisir l’option spécifique Physique et applications des mathématiques.
Le cours Mathilda vise à renforcer la confiance des filles face aux apprentissages dans ces disciplines vues comme ardues. En réunissant les participantes en un seul et même lieu, le pari est de désamorcer les stéréotypes de genre (« je ne choisis pas les maths renforcés, c’est pas pour les filles »). Et de déclencher une dynamique d’émulation et de solidarité entre les adolescentes issues de différentes écoles. Une dizaine d’établissements du degré Secondaire I à Lausanne ainsi que ceux du Nord vaudois sont partenaires de cette initiative. Si elle rencontre le succès escompté, la mesure pourra être progressivement élargie à l’ensemble des gymnases et donc des établissements de la scolarité obligatoire.
Les ambassadrices — Pour donner une bonne image des mathématiques à l’école, une liste d’ambassadrices réunissant des femmes qui ont mené des études et des carrières grâce aux sciences et aux mathématiques est désormais à disposition du corps enseignant. Les établissements sont encouragés à inviter ces porte-drapeaux des filières techniques et scientifiques. Leurs témoignages peuvent encourager les jeunes filles à envisager une carrière dans ces domaines. À noter qu’une conférence à la HEP, sous forme de table ronde, débattra de cette thématique au cours de l’automne 2021. Elle est destinée aux maîtresses et maîtres de classe de 9S. La participation de plusieurs ambassadrices des mathématiques est annoncée.
Le diplôme additionnel — Depuis le début de 2021, la HEP offre la possibilité d’obtenir un diplôme additionnel pour l’enseignement des mathématiques au degré Secondaire I avec compléments disciplinaires. Cette offre a rencontré immédiatement un grand succès. Une première volée d’une trentaine d’enseignantes et enseignants a entamé cette formation en février, bien que l’enseignement ait été dispensé à distance pendant tout le semestre. Les participants à cette formation continue expérimentent de nouvelles formes de transmission des connaissances mathématiques. La seconde volée de ce diplôme additionnel débutera au mois d’août 2021. La HEP annonce une formation plus attractive et plus aboutie au sein de son laboratoire de mathématiques créé sur son site des Docks. Il est prévu d’offrir une large palette horaire pour cette formation continue afin de toucher un maximum de personnes intéressées.
Renforcer l’apprentissage de la lecture par l’approche syllabique
Mes premiers pas en lecture est le titre du nouveau manuel créé pour les élèves de 3P afin de les initier à la lecture. Cette réalisation concrétise le mandat donné par la cheffe du DFJC à la Direction pédagogique de l’enseignement obligatoire. Ce livre a bénéficié de la supervision de deux experts de l’apprentissage de la lecture : Michel Fayol, professeur émérite de l’Université Clermont Auvergne, et Anne-Françoise de Chambrier, didacticienne à l’UER Pédagogie spécialisée de la HEP.
Mes premiers pas en lecture propose une approche syllabique pour un apprentissage structuré de la lecture. Le manuel est accompagné d’une brochure d’exercices visant à favoriser le lien entre la lecture et l’écriture. Construit dans une perspective de pédagogie universelle, cet ouvrage encourage la différenciation de l’enseignement et permet aux élèves en ayant besoin une entrée facilitée dans la lecture. Le résultat est un instrument original dont le DFJC espère qu’il favorisera la réussite scolaire des élèves, à la fois par son caractère très progressif et par la confiance mutuelle qu’il veut établir entre l’école et les familles, dans l’intérêt des enfants.
Valoriser les langues anciennes
Un plan d’action pour renforcer l’attractivité de l’apprentissage des langues anciennes a été élaboré et déploiera ses effets lors des quatre prochaines années scolaires. Ce plan concerne toute la filière de l’enseignement du primaire au tertiaire. Il sera placé sous la responsabilité d’une déléguée aux langues anciennes chargée d’assurer sa mise en œuvre. Les objectifs principaux sont de sensibiliser le corps enseignant, les élèves et leurs parents, dès les cycles primaires et jusqu’au degré Secondaire II, à la plus-value apportée par l’étude du latin et du grec. Outre les évidentes compétences linguistiques, étymologiques et syntaxiques utiles à la compréhension et au maniement de la langue française, d’importantes compétences transversales,comme l’expression orale (argumentation, rhétorique), la structure du discours, la rigueur, la curiosité et l’esprit critique sont stimulés. C’est notamment pour mettre en avant ces compétences transversales qu’est née l’idée d’un concours cantonal de latin et de grec dont la première édition aura lieu en 2021-2022. Les autres aspects importants de ce plan d’action visent à favoriser l’ouverture des groupes de latin et de grec à l’école obligatoire comme au gymnase et permettre aux élèves de plus visiter le patrimoine culturel antique local.
Créer des séquences vaudoises d’histoire du genre et d’histoire environnementale
L’enseignement de l’histoire à l’école obligatoire s’enrichit de documents didactiques préparés sous la conduite de la DGEO. Trois séquences d’enseignement sur des thématiques d’histoire du genre sont proposées pour chaque degré scolaire. Elles s’inscrivent dans les objectifs d’apprentissage prescrits par le Plan d’études romand pour la discipline. Elles sont indépendantes les unes des autres et elles peuvent être mises en lien avec celles proposées par le nouveau moyen d’enseignement romand de l’histoire. Ce complément vise à promouvoir l’égalité filles-garçons à l’école et à donner une visibilité aux femmes du passé. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter au récit quelques figures féminines célèbres, mais de mettre au jour les mécanismes de pouvoir propres aux sociétés d’autrefois, ainsi que la faculté d’action individuelle et collective des actrices historiques. Introduire des thématiques de genre permet ainsi de mieux équilibrer les savoirs enseignés et d’offrir davantage de modèles d’identification aux filles. Il ne s’agit pas pour autant de transformer l’enseignement du genre en cours de morale ou en cours politique, mais bien d’approcher le plus possible l’objectivité grâce à la démarche historienne, et de convoquer une pluralité de points de vue à laisser s’exprimer en classe.
Pour éclairer les questions contemporaines touchant à la crise environnementale d’un point de vue historique mais aussi en lien avec la géographie, la rédaction de séquences en histoire environnementale sur le même modèle que celui de l’histoire du genre va débuter à la rentrée. Cette approche s’intéresse aux dimensions socio-écologiques des processus historiques, et leurs effets croisés sur les environnements à différentes échelles. Les séquences permettront aux élèves d’aborder les enjeux de la crise environnementale avec un recul nécessaire pour consolider une vue critique de ceux-ci.
Des projets pilotes pour intégrer les devoirs à la grille horaire
Au printemps 2021, une enquête intitulée « Devoirs intégrés » a été réalisée auprès des 93 directions d’établissements scolaires et 72 réponses ont pu être recueillies. Ce sondage visait à faire le point sur les dispositifs existants en matière de devoirs à domicile. Il a également permis d’identifier les plus prometteurs, dans le but de généraliser l’intégration des devoirs à domicile à la grille horaire des élèves. Les réponses ont aussi permis de dégager différentes pratiques utiles, dans un premier temps, à l’élaboration d’un projet pilote. La moitié des établissements répondants se sont déclarés favorables à sa mise en place en leur sein.
Dans ce contexte, le DFJC a décidé le lancement d’un dispositif de pilotage en plusieurs phases. Durant l’année scolaire 2021-2022, la première phase se développera autour de deux axes :
- constitution d’un groupe de travail ;
- sollicitation de trois établissements scolaires ayant déjà mis en place des pratiques d’aide aux devoirs afin d’obtenir une description plus approfondie de celles-ci ;
- lancement d’une première phase de pilotage dans quelques classes issues d’établissements volontaires.
Les fruits de cette expérience serviront à déployer la deuxième phase de pilotage où le dispositif s’étendra à des établissements entiers.
Un nouvel agenda de l’élève
Le cahier de communication ainsi que l’ensemble des agendas de l’élève ont fait l’objet d’une refonte et la nouvelle édition est disponible dès la rentrée scolaire 2021. Cette refonte découle de demandes venant du terrain et de remarques réunies lors de consultations menées par la Direction pédagogique de l’enseignement obligatoire auprès des associations professionnelles et de parents.
Les évolutions introduites dans l’édition 2021 concernent notamment de nouvelles pages intégrant des consignes en lien avec :
- les responsabilités de l’élève, des enseignantes et enseignantset des parents vis-à-vis de l’agenda ;
- le travail scolaire en dehors du temps d’enseignement ;
- la procédure de l’établissement pour les absences et les congés ;
- l’éducation numérique (ch@rte et usage des écrans) ;
- les relations entre l’école et la famille ;
- la journée de l’écolière et de l’écolier (partage des responsabilités) ;
- la mise à disposition de fichiers numériques modifiables pour le corps enseignant.
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