L’École de maturité évolue
Au même titre que l’école de culture générale ou l’école de commerce dont les plans d’études sont en cours de révision, l’école de maturité gymnasiale fait, elle aussi, l’objet d’une réforme. Bien que ralentis par la crise sanitaire, les travaux se poursuivent avec, à la clé, des changements programmés dans l’organisation de la maturité gymnasiale telle qu’elle existe dans le canton de Vaud.
La maturité gymnasiale sésame pour les études académiques
La dernière grande révision du Règlement et de l’Ordonnance sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale (RRM et ORM) date de 1995. Or, depuis une vingtaine d’années déjà, la question se pose régulièrement de savoir si la maturité gymnasiale prépare encore les jeunes de manière adéquate aux défis de la société contemporaine et, plus spécifiquement, aux challenges des études de niveau tertiaire. L’enjeu fondamental du débat est le maintien de l’accès direct, et sans examens, aux études universitaires et polytechniques pour tou·te·s les détenteur·trice·s d’une maturité gymnasiale tel qu’il est garanti aujourd’hui.
En 2018, le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) et la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) ont lancé la première phase du projet « Évolution de la maturité gymnasiale ». Un bilan approfondi des forces et des faiblesses des textes législatifs en vigueur a été dressé. Sur cette base, la phase 2 du projet a démarré. Les travaux d’analyse actuellement menés devraient durer jusqu’à l’automne 2021 et conduire à une révision qui pourrait être importante des textes actuellement en vigueur.
Un chantier selon quatre axes
Ces travaux sont organisés en quatre projets distincts. Chacun d’eux comprend une direction, un groupe de pilotage et un groupe de coordination. Les cantons sont représentés dans chacun de ces groupes.
Le premier projet, centré sur l’actualisation du Plan d’études cadre pour les écoles de maturité (PEC), planche sur les objectifs généraux de formation, sur les compétences transversales et sur les contenus et compétences par branche. Les réflexions portent notamment sur l’opportunité et les modalités d’intégration dans les programmes d’études de matières telles que la propédeutique scientifique et du savoir, l’éducation au développement durable, la citoyenneté ou encore l’éducation numérique.
Le deuxième projet, qui a pour objectif la vérification de l’adéquation des dispositions du RRM et de l’ORM aux connaissances nécessaires à l’entrée dans les hautes écoles, se concentre sur les disciplines enseignées, la pondération des différents domaines d’études dans les plans d’études, les disciplines d’examen, les critères de réussite, le travail de maturité et l’interdisciplinarité.
Le troisième projet a pour mission de clarifier les responsabilités et les compétences incombant aux différent·e·s acteur·trice·s impliqué·e·s dans la mise en œuvre de la maturité gymnasiale. Les travaux s’orientent sur la perspective de fixer des exigences en termes de qualité et de définir des moyens de s’assurer qu’elles seront atteintes.
Le grand enjeu pour le canton de Vaud, qui dispense une école de maturité en trois ans, se situe autour des missions du quatrième projet. Celui-ci vise, en effet, à l’unification de la durée de la formation en maturité gymnasiale à quatre ans. Vaud n’est pas le seul canton directement concerné par ce chantier dont les enjeux non seulement pédagogiques, mais aussi en termes d’infrastructures et d’investissements, sont très importants. Berne pour ses élèves francophones, ainsi que le Jura et Neuchâtel sont aussi dans ce cas. Ce chantier a conduit le DFJC et la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) à ouvrir des réflexions en prévision de cet allongement programmé de la durée des études gymnasiales. Il est à relever que la durée de quatre ans devrait permettre, ad minima, de donner de l’air aux grilles horaires de nos élèves en voie maturité qui comptent actuellement parmi les plus chargées de Suisse. En revanche, cette évolution accentuerait le besoin de locaux, qui pose déjà aujourd’hui des problèmes aigus.
La phase finale du chantier national de la nouvelle maturité est prévue pour le 1er semestre 2022, et la mise en œuvre des nouvelles bases légales et du nouveau PEC est fixée au 1er août 2023, sous réserve de l’avancée des travaux en temps de crise sanitaire. Une phase de transition importante sera négociée pour que les cantons puissent répondre aux nouvelles exigences fédérales, ne fut-ce qu’en termes de locaux indispensables à la création de ces nouvelles classes.
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