Prise en charge d’une addiction aux écrans par les professionnels

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Comprendre la dépendance

Les professionnels de première ligne qui travaillent dans le milieu éducatif, social et/ou santé sont directement en contact avec les jeunes publics et à même de repérer précocement des consommations problématiques. Ils ont une position privilégiée pour proposer des pistes d’accompagnement afin de diminuer les risques pour la santé mentale et psychique ainsi que la vie sociale.

La consommation d’écran peut représenter une source de conflit au sein des familles. Les informations ci-dessous visent à fournir des pistes de recommandations pour les professionnels dans l’appréhension des différentes situations.

  • Les comportements diffèrent selon les personnes et doivent toujours être replacés dans un contexte culturel, familial et individuel.
  • L’enjeu consiste à créer un espace de dialogue entre les différents membres de la famille, qui prenne en compte à la fois l’expérience singulière du jeune ainsi que les valeurs et les normes de la famille.

Comment savoir quand l’écran devient problématique ?

Guide cantonal de repérage et d'intervention précoce auprès des jeunes

L’Office du médecin cantonal a publié un Guide cantonal de repérage et d’intervention précoce en matière d’addiction chez les jeunes. Destiné aux professionnelles et professionnels en contact avec de jeunes publics, il propose des outils et recommandations adaptés à l'accompagnement, à l'orientation et à la prise en charge des jeunes.

CONSULTER LE GUIDE

Les premiers symptômes d'un comportement problématique en lien avec l'usage des écrans peuvent varier d'un jeune à l'autre, mais incluent généralement des changements dans le comportement et les habitudes de la personne. L'intervention précoce peut être cruciale pour prévenir le développement d'une utilisation plus problématique des écrans. Voici quelques signes de repérage qui pourraient attirer l’attention des professionnels et des proches :

  • Diminution de l'intérêt pour des activités qui étaient autrefois plaisantes, au profit des écrans.
  • Consacrer plus de temps aux écrans qu'à d'autres activités importantes telles que le travail, les études, les relations sociales ou le sommeil.
  • Irritabilité, anxiété ou inconfort lorsque l'accès aux écrans est limité, disputes familiales à ce sujet.
  • Isolement social : le jeune préfère être sur les écrans que voir des amis par ex.

Comment évaluer une utilisation abusive et problématique des écrans ?

  • La personne passe beaucoup de temps sur les écrans : plus de 40h/semaine hors «travail»
  • L’utilisation des écrans est devenu un moyen de gestion des émotions négatives (frustration, anxiété, colère etc.).
  • Les écrans sont devenus une préoccupation envahissante (pensées, préparation, s’informer)       
  • Apparition de signes de « craving »  (fortes envies, irritabilité, crises) si l’utilisation des écrans est réduite ou stoppée.
  • Perte de self contrôle quant à une utilisation modérée des écrans 
  • Apparition de conséquences négatives liées à l’usage des écrans avec l’entourage, la famille etc. (mensonges, disputes, absentéisme scolaire, dépenses excessives en ligne etc.)

Si deux des indicateurs ci-dessus sont confirmés, il sera alors nécessaire d’établir un dialogue ouvert et non-jugeant avec la personne, de l’informer des risques et des impacts potentiels liés aux écrans et de lui proposer un accompagnement.

Adolescents et jeunes : porter une attention particulière

Des particularités liées à l’âge et au développement rendent les adolescents plus vulnérables à certains types d’addiction. Il est donc important de tenir compte des particularités liées à cette période. Lorsque la dépendance concerne des enfants et des jeunes, les parents, éducateurs et professionnels doivent être conscients des usages et encourager des habitudes d'utilisation responsables

  • Sensibiliser aux conséquences d’un usage intensif des écrans : impacts négatifs sur le développement affectif, cognitif et moteur, sur le contrôle des émotions ainsi que sur la santé psychologique et sociale (problèmes de santé, isolement, dépression, etc. Ces effets dépendent de la durée et du type d'utilisation, ainsi que de la sensibilité individuelle de la personne. Établissez un dialogue ouvert et non-jugeant avec l'adolescent.
  • En particulier, informer sur les risques liés au cyberharcèlement et aux questions de protection des données etc.).
  • Informer sur l'influence des publicités pour les jeux d’écrans et sur la nécessité de rester conscient des tactiques marketing. Encouragez la conscientisation des biais susceptibles d’altérer la prise de décisions éclairées et critiques.

  • Des méthodes alternatives pour se divertir. L’utilisation des écrans doit rester modérée. Les activités pratiquées devant les écrans ne sont pas à bannir complètement ; il s’agit plutôt de trouver un équilibre avec d’autres activités du monde « réel ».
  • Un usage équilibré du temps consacré aux écrans et d’autres activités sociales, professionnelles et de loisirs. (c’est-à-dire ne pas remplacer d’autres activités indispensables au bon développement telles que les heures de sommeil, les activités sportives, artistiques ou sociales, le travail scolaire etc.).

Les professionnels sont d’excellents relais pour informer sur les ressources disponibles dans le canton pour les personnes confrontées à des problèmes de jeu et les diriger vers des groupes de soutien et programmes spécialisés.

Accompagnement d’une addiction : Ressources cantonales pour agir en réseau

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En tant que professionnel de la santé ou du social, vous êtes en première ligne pour repérer une problématique d’addiction. N’hésitez pas à faire appel aux spécialistes de l’addiction, ne serait-ce que pour solliciter un premier avis de manière confidentielle et vous permettre de mieux orienter la personne concernée, en particulier face à des situations complexes ou des questions très spécifiques.  La prise en charge en réseau va permettre une articulation simple, fluide et efficiente de l’accompagnement.

De nombreuses ressources professionnelles existent : en ligne, lors de consultations, voire pour des séjours ; certaines sont spécialisées pour certains publics et/ou certaines dépendances. Le répertoire des Ressources Addiction et Précarité fait avec la Fondation Le Relais vous aide à trouver la mieux adaptée.

Ressources Addiction et Précarité chez RELAIS

Face à des parents inquiets, il est être utile d’informer sur les impacts « positifs » et « négatifs » des écrans, ainsi que sur les risques. L'attrait des jeunes pour les écrans reflète l'évolution de la société, des technologies et des modes de vie : les adolescents utilisent désormais le monde virtuel comme un espace de test identitaire, de sociabilisation ainsi que pour développer des facettes de soi hors du champ des parents.

  • Usages positifs : stimulation de la curiosité, de l’imaginaire, échanges avec des groupes aux intérêts communs, travail de la mémoire, de l’orientation spatiale, des fonctions exécutives telles que, par exemple, résoudre des problèmes et planifier une action.

Points d’attention : l’effet positif dépend de l’activité pratiquée en ligne et doit rester à un usage modéré (c’est-à-dire ne pas remplacer d’autres activités indispensables au bon développement telles que les heures de sommeil, les activités sportives, artistiques ou sociales, le travail scolaire etc.). Pour ce faire, il est essentiel de fixer un cadre clair pour l’utilisation des écrans et des conséquences en cas de non-respect de celles-ci. Les jeunes présentent une vulnérabilité liée à leur âge : le développement de leur cerveau ne leur permet pas de bénéficier pleinement des fonctions de contrôle, de régulation et d’anticipation. En outre, à ce stade de développement, leur cerveau est particulièrement sensible et en recherche de stimulations, d’intensité, de nouveauté qui sont largement offertes par les différents médias à leur disposition. Les activités pratiquées devant les écrans ne sont pas à bannir complètement ; il s’agit plutôt de trouver un équilibre avec d’autres activités du monde « réel ».

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