Prise en charge d’une addiction aux stupéfiants par les professionnels
En 2022, 15 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont consommé du cannabis au cours de l'année. Cette proportion s’élève à 20 % chez les jeunes hommes de 15 à 24 ans. En Suisse, parmi les 15 à 64 ans, 6,2 % déclarent avoir consommé de la cocaïne au moins une fois dans leur vie, 5,3 % de l'ecstasy et 0,7 % de l'héroïne. En 2022, 1,9 % de cette tranche d'âge a consommé une substance illégale autre que le cannabis.
Les acteurs de premier recours jouent un rôle crucial dans le repérage des dépendances. De par leur proximité avec les personnes concernées, ils sont à même de pouvoir aborder le sujet de l’addiction, en repérer les signes ,diminuer les risques et adapter l’accompagnement selon chaque situation individuelle.
Repérer une addiction aux stupéfiants
La détection des troubles liés à l’usage des substances peut être complexe car les signes peuvent varier d'une personne à l’autre, selon la résultante d’un rapport entre la personne, le ou les produit(s) consommé(s) et le contexte (Théories de Claude Olivenstein).
Voici quelques indicateurs extraits du DSM-V, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’American Psychiatric Association qui pourront appuyer les professionnels dans le repérage des troubles liés à l’usage de substances :
- Incapacité à remplir des obligations importantes (travail, école, maison) ;
- Usage de la substance en quantité ou en durée plus importante que prévu ;
- L’usage suscite des problèmes interpersonnels ou sociaux ;
- Apparition d’une tolérance (besoin de quantités plus importantes ou diminution de l’effet) ;
- Manifestations de sevrage à l’arrêt ;
- Perte de contrôle sur la quantité de substance et le temps dédié à son usage ;
- Désir persistant ou efforts infructueux pour diminuer ou contrôler la consommation ;
- Beaucoup de temps consacré aux activités nécessaires à la consommation ;
- Activités réduites au profit de la consommation ;
- Poursuite de l’usage malgré la conscience de dommages physiques ou psychiques ;
- Craving : fort désir ou besoin impérieux de consommer la substance.
Interprétation des résultats :
Trouble léger : Présence de 2-3 critères.
Trouble de sévérité moyenne : Présence de 4-5 critères.
Trouble important : Présence de 6 critères et plus
La consommation chez les jeunes peut entrainer des conséquences néfastes pour leur développement physique, psychologique et social. Lorsque cela est possible, contacter le médecin traitant ou le pédiatre de la personne. En cas de doute sur une situation, l’Office du médecin cantonal recommande fortement de joindre le programme DEPART pour un avis, pour définir une attitude et, éventuellement, une intervention adaptée. Les appels peuvent rester anonymes, ne déclenchent pas de procédure administrative et ne sont pas facturés.
Le dialogue et la relation de confiance peuvent être difficiles à établir en raison de la peur du jugement moral et des discours stigmatisants.
- Il est important d’aller à la rencontre de l’usager et d’adopter une posture non jugeante. Ce dernier peut être acteur de sa santé, la dépendance à une substance n’a pas un caractère irréversible.
- La rencontre constitue un premier contact avec le réseau sanitaire. Pour cela, l'Office du médecin cantonal encourage les le travail de proximité (outreach : travailleurs de rue, équipes mobiles, centres bas seuil, etc .) Ce travail de proximité permet d’aller vers le consommateur, d'échanger avec lui, de l'orienter dans le réseau et de l'accompagner selon ses besoins. Il s’attache à améliorer leurs conditions de vie immédiates, à s’adapter aux besoins d’ici et maintenant des usagers et de les accompagner pas à pas.
Accompagnement de la personne : importance de la collaboration réseau
L’intervenant de premier recours s’intègre dans un réseau pluriprofessionnel, favorisant un accompagnement global et coordonné de la personne. En présence de situations complexes ou de besoins spécifiques, il est recommandé de solliciter d’autres acteurs ou institutions du réseau. Cette collaboration peut prendre la forme d’un soutien, de conseils ou d’une orientation vers des professionnels spécialisés, offrant des services complémentaires. La collaboration réseau permet d’assurer une articulation fluide, cohérente et efficace dans l’accompagnement de la personne souffrant de problèmes d’addiction.
Accompagnement d’une addiction : Ressources cantonales pour agir en réseau
En tant que professionnel de la santé ou du social, vous êtes en première ligne pour repérer une problématique d’addiction. N’hésitez pas à faire appel à d’autres acteurs ou institutions, en particulier face à des situations complexes ou des questions très spécifiques. Cette collaboration peut prendre la forme d’un soutien, de conseils ou d’une orientation vers des professionnels spécialisés, offrant des services complémentaires.
Une collaboration ajustée aux besoins identifiés permet ainsi d’assurer une articulation fluide, cohérente et efficace dans l’accompagnement de la personne.
- Addiction Suisse – ESC - UNISANTE : MARSTUP : Marché des stupéfiants dans le canton de Vaud
- Addiction Suisse – Stupéfiants : faits et chiffres
- Addiction Vaud : Site web
- DGEJ (Unité PSPS): Programme de prévention des conduites addictives
- GREA - Loi sur les stupéfiants (LStup)
- GREA – Principes de réduction des risques
- GREA - brochure « Méthode OSER : observer, situer, écouter, renseigner » ;
- GREA - brochure « Adolescences aux risques de l’addiction : manuel de réflexion et d’action à l’usage des professionnels »
- INFODROG – Réduction des risques
- INFODROG : Cannabis, cocaïne, ecstasy & Co.
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) – Réglementation dans le domaine des addictions
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) – Protection de la jeunesse
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) – Monitoring de la consommation de stupéfiants
- Office fédéral de la santé publique (OFSP) – Brochure : Intervention précoce - Définition harmonisée
- RELIER – Le travail social de proximité dans le canton de Vaud
- UNISANTE : Etude qualitative sur les pratiques de consommation des usagers de drogues dans l’espace public lausannois
- UNISANTE : Structures ambulatoires spécialisées dans les addictions (alcool et stupéfiants). La situation en 2020 dans le canton de Vaud
- Sois-prudent : Portail Internet pour prévenir les comportements à risque chez les jeunes : Reste cool, sois-prudent.