Des produits menstruels gratuits dans les lieux de formation
Il existe peu de données concernant la précarité menstruelle en Suisse. Cependant, diverses études internationales sur cette thématique interpellent. Une enquête par sondage réalisée en France a montré que 10 % des femmes déclarent parfois renoncer, pour elles ou pour leurs filles, à changer de serviettes ou de tampons aussi souvent que nécessaire par manque d’argent. Et 6 % des femmes relèvent que leurs filles ont déjà manqué l’école ou les cours car elles n’avaient pas de protections menstruelles.
Sensibilisé à cet enjeu de santé publique par des groupes de jeunes en formation et invité par le postulat Muriel Thalmann à apporter des solutions, le DFJC a décidé de mener un projet pilote. L’objectif est de faciliter et garantir l’accès à des protections périodiques dans les lieux de formation de la scolarité obligatoire et postobligatoire. Dès la fin du mois de mai 2021, des distributeurs de protections menstruelles ont donc été installés dans sept écoles, gymnases et écoles professionnelles du canton. Il est prévu d’équiper progressivement 45 autres lieux de formation durant l’année scolaire 2021-2022. Puis un bilan sera tiré de cette phase pilote qui permettra de mesurer les besoins avant une éventuelle généralisation de la mise à disposition de protections menstruelles au niveau postobligatoire, puis à l’école obligatoire.
Désamorcer des tabous
Ce projet pilote est conduit par les équipes santé des écoles, avec la collaboration d’élèves et l’appui notamment de la fondation PROFA. D’emblée, il a été décidé de profiter de la mise à disposition gratuite des produits menstruels pour mener des actions de promotion de la santé et de prévention. Une réflexion sur les menstruations est faite avec tous les élèves. Elle souligne l’importance qu’il y a de garantir un accès à ces produits alors que les règles ne sont pas toujours régulières et peuvent arriver durant la journée d’école. Ainsi, l’expérience pilote vise non seulement des objectifs d’égalité entre femmes et hommes, mais aussi la diminution du tabou lié aux règles. Elle permet de lutter contre deux tabous, celui de la pauvreté et celui des règles.
L’installation des distributeurs dans les premiers établissements a donc été accompagnée par des animations. Des connaissances sont transmises sur l’anatomie, le cycle menstruel, ou encore les menstruations. C’est aussi l’occasion de montrer aux élèves les produits menstruels existants aujourd’hui, tant durables que jetables, et d’échanger sur leurs qualités et limites respectives. Dans les établissements du postobligatoire, un stand permet d’aborder ces questions avec les jeunes en formation. Des élèves, filles et garçons, sont impliqués dans ces actions. Ainsi, ce sont des groupes d’élèves qui ont trouvé le slogan pour accompagner l’arrivée des distributeurs dans leur école — C’est réglé ! — ou qui ont imaginé le logo signalant les lieux où les distributeurs sont installés.
Les produits distribués sont biologiques et garantis sans éléments toxiques. La fourniture des distributeurs dans les 45 prochains établissements doit passer par un marché public. Le coût de la phase pilote, estimé à 160 000 francs, est financé par la Direction générale de l’enfance et de la jeunesse.
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