Favoriser la certification du Secondaire II pour tous les jeunes

Offrir à tous les jeunes la possibilité de décrocher une certification du Secondaire II est une priorité pour le DFJC. Cette étape est en effet un viatique indispensable pour réussir son intégration professionnelle et sociale. Avec un taux de 86 % des adultes de 25 ans au bénéfice d’une certification du Secondaire II, le canton de Vaud a une marge de progression pour atteindre l’objectif national de 95 %, adopté conjointement par la Confédération et la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP).

Choix des jeunes à la fin de leur scolarité : 2020, une année particulière

L’année scolaire 2019-2020, pour laquelle existent les statistiques consolidées les plus récentes, a été marquée par des mesures inédites en termes de certification (Décision 171 de la cheffe du DFJC). La fermeture de toutes les classes à cause de la pandémie a conduit à l’annulation des examens finaux. Les notes obtenues jusqu’au 13 mars 2020 ou à l’issue du premier semestre ont été décrétées décisives pour la réussite de l’année scolaire ou l’orientation. Il s’agissait de limiter les effets négatifs du confinement sur le parcours des élèves. Ces règles exceptionnelles se sont révélées plutôt en leur faveur, en particulier dans les situations dites limites. Sur les 7720 élèves sortis de l’école obligatoire en juin 2020, 47 % ont pu opter pour les formations générales (École de maturité, École de culture générale), soit 2 % de plus qu’un an plus tôt. Et 21 % des élèves ont choisi d’entamer directement une formation professionnelle initiale. C’est autant qu’en 2019, et ce résultat témoigne d’une certaine stabilité de cette filière en dépit des difficultés à trouver des stages et à postuler pour un apprentissage.

Tendance à la baisse des effectifs des jeunes en Transition 1 : le résultat d'une politique

Une fois retranchée la proportion des jeunes ayant opté pour une solution de raccordement au sortir de l’école obligatoire (Rac1 et Rac2, représentant 10 %), la part des élèves qui se sont inscrits à une mesure de Transition 1 s’est établie à 13 %. Ce groupe réunit essentiellement des jeunes qui rencontrent des difficultés à rejoindre directement la formation professionnelle à la sortie de l’école obligatoire. Les mesures T1 qui proposent une prise en charge collective à plein temps, comme l’École de la Transition (EdT), les semestres de motivation (SeMo) ou les préapprentissages en école des métiers, voient leur effectif diminuer régulièrement depuis 2016. Cette tendance semble se confirmer, avec 1345 bénéficiaires enregistrés en octobre 2020.

Les nouveaux modèles de formation professionnelle (formation mixte, Forma pro 150) sont la principale explication à la diminution du nombre de jeunes en T1. C’est le résultat d’une politique favorisant, autant que possible, l’insertion socio-professionnelle des jeunes dans une formation directement certifiante du Secondaire II. Les efforts dans ce sens se poursuivront ces prochaines années. La collaboration accrue avec l’Office AI pour les jeunes atteints dans leur santé contribue aussi à des réorientations hors T1. Par ailleurs, des élèves qui se dirigeaient auparavant vers l’École de la Transition accèdent désormais au Rac 1, qui leur permet d’améliorer leur certification du Secondaire I.

Un exemple innovant et vertueux de formation professionnelle

Pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes ayant connu un parcours scolaire difficile, le DFJC mise sur des dispositifs certifiants innovants. Le développement dans les établissements postobligatoires de restaurants placés sous l’égide du COFOP en est un exemple. Une restauration de qualité est préparée par des apprenties et apprentis pour d’autres jeunes en formation. Ce dispositif vertueux, déjà en place sur le site du COFOP de Vennes, à l’ETML et au Gymnase d’Yverdon, a été étendu au Gymnase de Nyon, site de La Côte, en 2020. Et en 2021, de nouveaux restaurants basés sur ce dispositif de formation ouvriront au Gymnase de Bussigny et au Gymnase de Nyon-Ville. Au total, ce sont 96 apprenties et apprentis qui se formeront ainsi dans le secteur de la restauration collective.

L’École de l’Accueil ouvre pour les allophones de 15 à 25 ans

Initiée en 2018 par la DGEP, sur mandat de la cheffe du DFJC, la réforme des classes d’accueil de l’École de la transition (EdT) a abouti à la création d’une nouvelle école dédiée aux jeunes allophones en recherche d’une voie de formation. Dès la rentrée 2021, l’École de l’Accueil (EdA), située dans le bâtiment du Belvédère à Lausanne, comptera une vingtaine de classes de douze élèves. Elle permettra à des primo-arrivants de 15 à 25 ans d’acquérir un niveau de français suffisant pour entrer en formation. L’enseignement du français langue étrangère constituera l’axe central du dispositif pédagogique et conduira à une certification. Les élèves suivront aussi des cours de mathématiques, de connaissance des institutions et de TIC (technologies de l’information et de la communication), ainsi que des branches d’expression (arts visuels par exemple). Enfin, l’approche du monde professionnel fera partie intégrante du programme afin de les préparer à leur future formation. Le cursus est en général prévu sur deux ans. L’École de l’Accueil continuera à collaborer activement avec les autres instances impliquées dans la prise en charge et l’intégration des personnes allophones dans le canton de Vaud.

« J’ai toujours su que je voulais faire un métier manuel, mais ça n’a pas été évident de trouver lequel. J’ai commencé par un apprentissage de charpentier. Des éléments me plaisaient, d’autres moins. Ma motivation a progressivement diminué puis j’ai arrêté pour des raisons personnelles. Pendant trois ans, je me suis cherché, en passant d’une structure à l’autre. Finalement, un ami qui faisait son apprentissage à l’ETML m’a dit que le COFOP cherchait à engager des apprentis cuisiniers au nouveau restaurant du Gymnase de Nyon, site de La Côte. On m’a invité à faire un stage de deux semaines et j’ai immédiatement croché. J’aime les aspects techniques et créatifs du métier, mais aussi le rythme intense qui me met au défi. Je trouve qu’on a aussi une grande responsabilité. Si on ne travaille pas, les élèves n’auront pas à manger, ce n’est pas rien ! J’apprécie de préparer des repas pour d’autres jeunes, c’est motivant et on peut créer des liens. »

Loan Roubin
Apprenti cuisinier CFC de 1re année Restaurant du Gymnase de Nyon

Nouveau préapprentissage à l’École de la Transition

Dès la rentrée 2021, un préapprentissage dans le domaine commerce-bureautique verra le jour à l’École de la transition (EdT) de Bussigny. Dans la perspective d’un COFOP II, ce projet pilote vise au rapprochement du COFOP et du Secteur Appui en orientation et Soutien scolaire (SAS) de l’EdT, et répond à quatre objectifs : orientation, insertion, formation scolaire, formation pratique. Il concernera huit élèves qui auront un statut de préapprenti·e en école des métiers. Le COFOP, porteur du contrat, assurera la partie pratique, tandis que l’EdT assurera la partie scolaire. L’objectif de cette année de préapprentissage est que ces jeunes trouvent une place de formation AFP ou CFC dans le premier marché.

Vigilance pour les élèves « sans solutions référencées »

Depuis 2018, le DFJC porte une attention soutenue aux élèves qui, à la sortie de la scolarité obligatoire, n’entament pas immédiatement une formation postobligatoire. L’objectif est double : identifier les jeunes menacés de décrochage et leur apporter un soutien adéquat. Le DFJC a le souci de permettre à toutes et tous de s’engager dans une formation conduisant à une certification du Secondaire II. Cette étape est vue partout en Suisse comme un prérequis pour réussir durablement son intégration professionnelle et sociale. Les chiffres montrent que plus de 70 % des personnes émargeant à l’aide sociale ne possèdent pas de titre du Secondaire II.

Vers la fin de la 11S, le corps enseignant et les directions d’école mènent un sondage auprès de tous les élèves sur leur proche avenir. Seule une centaine d’élèves — chiffres stables d’une volée à l’autre — se déclarent alors spontanément sans solutions pour la suite de leur parcours. L’OCOSP dispose de la liste de ces élèves et les contacte individuellement durant l’été pour leur proposer du soutien en vue de décrocher encore une place d’apprentissage à la rentrée. L’OCOSP peut aussi orienter ces élèves vers des mesures de transition qui leur permettront d’accéder plus tard à une formation certifiante du Secondaire II.

Au 15 novembre de chaque année, cependant, ce sont de fait entre 600 et 700 jeunes sortis de scolarité quatre mois plus tôt qui n’apparaissant dans aucun référentiel statistique. Ils ne sont ni au gymnase, ni en formation professionnelle initiale, ni au bénéfice d’une mesure de transition. Pour la volée terminant la scolarité en juillet 2018, ce groupe représentait 9,1 % du total des élèves, soit 683 jeunes. En 2020, ce ratio avait baissé d’un point, à 8,1 % (628 jeunes).

Le besoin de mieux cerner le profil de ces jeunes « sans solutions référencées » reste avéré. L’Unité de recherche pour le pilotage des systèmes pédagogiques (URSP) a été chargée de suivre celles et ceux qui étaient dans cette situation a priori inconfortable à la fin de leur scolarité en juillet 2019. Une première enquête a été menée en mars 2020 par questionnaire puis par appel téléphonique auprès de ces jeunes et de leurs parents. La démarche a été répétée en mars 2021. La prise de contact direct et le recul de 18 mois livrent aujourd’hui de précieuses informations. Parallèlement, l’URSP a aussi procédé à un suivi statistique sur quatre ans de la trajectoire des jeunes ayant terminé leur scolarité en juillet 2015. Ces deux enquêtes se recoupent et livrent les constats suivants :

  • Les élèves « sans solutions référencées » à la sortie de l’école obligatoire ne sont de loin pas tous en décrochage. Ils composent un groupe hétérogène, marqué il est vrai par une surreprésentation de jeunes ayant connu un parcours scolaire plus difficile que la moyenne (orientation plus fréquente dans les classes à exigences élémentaires pour les enseignements à niveau, davantage de mesures d’appuis et de redoublements).
  • De fait, la grande majorité de ces jeunes poursuivent leur formation et cheminent vers un diplôme certifiant du Secondaire II (un CFC ou une AFP dans 80 %des cas). Ceci quand bien même beaucoup sortaient fragilisés de leur scolarité.
  • Toutefois, pour différentes raisons, ces jeunes ont besoin de davantage de temps pour entrer en formation certifiante. Entre 60 et 65 % d’entre eux ont franchi cette étape seulement deux ans après la fin de leur scolarité obligatoire.
  • Pour les moins rapides, l’entrée en formation certifiante peut s’étaler sur quatre ou même cinq ans. Dix-huit mois après leur sortie de l’école, ils sont 20 % à devoir prolonger cette phase intermédiaire durant laquelle ils mènent des activités diverses en général en lien avec un projet de formation : stages, activités préprofessionnelles, emploi.
  • Parfois, l’entrée retardée en formation n’est pas le résultat d’un choix délibéré. Des filières de formation imposent un âge à l’entrée : il faut avoir 18 ans révolus pour entamer l’apprentissage conduisant au CFC d’assistante et assistant socio-éducatif, par exemple.
  • Des jeunes répertoriés comme « sans solutions référencées » sont pourtant bel et bien en formation. C’est le cas de jeunes qui suivent un apprentissage dans un autre canton. Ou de jeunes suivant une formation qui ne conduit pas à une certification fédérale, par exemple des modules de formation dans le domaine musical ou pour exercer le coaching sportif.
  • Sur la population de départ de 600 à 700 élèves « sans solutions référencées » par volée terminale, c’est une minorité de15 à 20 % — entre 90 et 140 élèves — qui paraissent effectivement concernés par le risque de décrochage. Soit ces jeunes restent durablement sans activité de formation ou sans emploi ; soit ils sortent complètement du « radar » du DFJC sans pour autant avoir quitté le canton de Vaud.

Dans l’ensemble, ce constat est plutôt rassurant puisqu’il démontre que les efforts déployés portent leurs fruits. Ces chiffres démontrent la nécessité de travailler toujours plus finement pour trouver des solutions pour celles et ceux, parmi ces jeunes, qui sont durablement en grande difficulté. Par ailleurs, avec le programme cantonal d’insertion socio-professionnelle FORJAD, l’Etat dispose d’un instrument efficace pour accompagner ces jeunes s’ils émargent à l’aide sociale au moment d’atteindre l’âge adulte.

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