La consolidation de la LEO

Six années après l’entrée en vigueur (2013) de la loi sur l’enseignement obligatoire (LEO), et forte des fructueux échanges qu’elle a eus à l’occasion de ses visites dans de nombreux établissements, la cheffe du DFJC a lancé des travaux de réflexion visant à affiner certains aspects de la mise en œuvre de cette loi.

Refonte du Cadre général de l’évaluation

Une première consultation lancée à l’été 2018 a mis en évidence les axes prioritaires méritant une refonte de la directive intitulée Cadre général de l’évaluation. En particulier, des remarques ont été formulées concernant le principe de distribution des disciplines dans des groupes, le nombre important d’évaluations auxquelles sont soumis les élèves ainsi que l’impossibilité pour les élèves performants dans les disciplines du domaine Arts de compenser certaines insuffisances dans les autres disciplines. Il est aussi apparu que le document pouvait être sensiblement allégé ou encore que certaines formules faisant référence à la posture des enseignant·e·s pouvaient être supprimées. Enfin, dans le contexte de la mise en œuvre du Concept 360 pour progresser vers une école inclusive, le chapitre 5 traitant de l’évaluation et de la certification des élèves à besoins particuliers requiert une révision complète. Une consultation large sera menée à l'automne 2019 sur un projet de refonte et des propositions concrètes.

Préciser les programmes personnalisés

La révision du chapitre 5 du Cadre général de l’évaluation suppose une réflexion particulière s’agissant des programmes personnalisés. Ceux-ci consistent en l’adaptation des objectifs du plan d’études dans une ou plusieurs disciplines de la grille horaire pour certains élèves. Les statistiques de la DGEO de mai 2019 ont mis en évidence que 2’626 élèves suivent un programme personnalisé (64% sont scolarisés au primaire et 36% au secondaire). Suivant les années de scolarité, entre 1% et 7% des élèves sont mis au bénéfice d’un programme personnalisé. Ce taux est plus élevé au degré primaire dans les années 4P, 6P et 8P, et au degré secondaire en voie générale. La moitié des élèves est au bénéfice d’un programme personnalisé dans une seule discipline. Pour 21% d’entre eux, les adaptations portent sur deux disciplines et pour 10% sur trois. Ces adaptations de programme concernent le plus fréquemment le français (23%), les mathématiques (14%) et l’allemand (14%). En parallèle des travaux autour du Concept 360, des précisions concernant les programmes personnalisés seront émises. De même, les conditions et modalités d’octroi du certificat de fin d’études secondaires aux élèves à besoins particuliers seront définies, la LEO confiant au département la responsabilité de fixer ce cadre.  

Réaménager les Épreuves cantonales de référence

Le groupe de travail ad hoc a été chargé de proposer des solutions visant à la fois à alléger les épreuves cantonales de référence et à ajuster la communication aux parents. De plus, des solutions seront amenées pour permettre aux épreuves de servir d’outil de diagnostic visant à repérer des difficultés spécifiques des élèves, en particulier auprès des plus jeunes, afin de leur offrir des appuis adéquats. 

Renforcer la maîtrise de classe en voie générale

Durant l’année scolaire écoulée, la perméabilité souhaitée par la LEO a pu à nouveau se vérifier et bon nombre d’élèves ont pu en bénéficier. Cependant, un effet de la LEO sur l’enseignement en voie générale est que la notion de classe est affaiblie par l’effet conjugué de l’enseignement à niveaux dans trois branches majeures et des options. Plusieurs établissements ont cherché à atténuer l’éclatement de la classe, de sorte qu’un seul maître puisse à nouveau enseigner au minimum six à huit périodes par semaine dans la même classe et jouer son rôle de maître référent. En juin 2018, après des discussions avec les associations professionnelles au sein du groupe de travail « Suivi de la scolarité », la cheffe du DFJC validait trois modèles d’organisation de la VG pour aller vers la présence renforcée du maître de classe sur au moins huit périodes par semaine. 

La Direction générale de l’enseignement obligatoire a procédé à une analyse statistique des périodes d’enseignement partagées entre les élèves de voie générale et l’enseignant·e titulaire de la maîtrise de classe. L’étude a été menée sur la base des données de l’année scolaire 2018-2019. Les données réunies concernent les élèves, les titulaires de la maîtrise de classe et les établissements. Le bilan intermédiaire met en évidence des organisations diverses au sein des établissements. En substance, les résultats obtenus sont encourageants : une comparaison avec les données de 2015-2016 met en évidence une augmentation de la moyenne des périodes d’enseignement dispensées par le·la titulaire de la maîtrise de classe, passant de huit à neuf périodes hebdomadaires. Concernant les établissements, 80% d’entre eux offrent un minimum de huit périodes d’enseignement en moyenne, assurées par le·la titulaire de la maîtrise de classe à ses élèves. La proportion des 12'750 élèves de VG ayant un minimum de huit périodes de cours avec l’enseignant·e titulaire de la maîtrise de classe est de 63%. Ce taux est un peu plus élevé (66%) en 9VG, il tend à diminuer en 10VG (62%) et en 11VG (61%). La situation la plus courante est celle où les élèves ont sept périodes d’enseignement avec le·la titulaire de la maîtrise de classe (2'048 élèves, soit 16,1% des effectifs de la VG). La moitié des élèves de VG dispose d'au moins neuf périodes d’enseignement avec le·la titulaire de la maîtrise de classe. 

Enseignement consolidé et année de rattrapage pour les élèves de VG

Dans le cadre de ses visites des établissements de la scolarité obligatoire, la cheffe du département a été régulièrement informée des problèmes que représente l’organisation de la voie générale (VG) pour les élèves les plus en difficulté orientés en niveau 1 dans les trois disciplines à niveaux. Pour ces élèves, la LEO prévoit la mise en place d’un enseignement « consolidé ». Celui-ci peut prendre des formes diverses, allant de cours d’appui à la constitution d’entités-classes offrant un encadrement et une grille horaire spécifique à ces élèves. Pour favoriser un développement harmonisé de cette forme d’enseignement, un groupe de travail a été mis sur pied. Il prépare les moyens de garantir la mise en place de cet enseignement consolidé dans chaque établissement. En collaboration avec la DGEP, et pour améliorer la transition vers la formation postobligatoire, ce groupe est aussi chargé de créer des classes de rattrapage permettant aux élèves issus de l’enseignement consolidé d’obtenir un certificat de fin de scolarité obligatoire. La mise en œuvre étendue de l’enseignement consolidé est planifiée pour la rentrée scolaire d’août 2020, et celle des classes de rattrapage dès 2021.

Des pistes pour améliorer l’enseignement des mathématiques

Afin de bénéficier d’un point de situation sur les éléments de satisfaction de l’enseignement des mathématiques dans le canton et pour proposer des améliorations possibles, la cheffe du DFJC a demandé qu’une évaluation large soit menée. Au terme de la démarche, un rapport détaillé a été élaboré par un groupe de travail du DFJC. Le processus d’évaluation qui a été conduit s’appuie sur une méthodologie en quatre phases : la parole aux acteurs du système, le point de vue des enseignants, l’avis des experts et la rédaction du rapport. Ce travail rigoureux de recueil de données qualitatives puis quantitatives a été mené en suivant des méthodes d’analyse éprouvées scientifiquement afin de garder le plus d’objectivité possible.

Ce rapport donne treize pistes d’amélioration possibles pour l’enseignement des mathématiques. Les informations qu’il contient seront spécialement utiles pour aider les élèves en difficulté, en particulier dès leur plus jeune âge, mais aussi en vue d’améliorer cet enseignement pour les élèves de voie générale qui sont en difficulté. Des propositions sont également faites pour donner aux mathématiques l’image positive qu’elles méritent auprès de tous les élèves en montrant que la manipulation ou le jeu ne sont pas incompatibles avec l’entraînement et la répétition.

Une place spéciale est faite à la stimulation et l’encouragement des apprentissages des filles en mathématiques qui, si elles réussissent autant que les garçons dans cette discipline, ont souvent besoin d’un coup de pouce supplémentaire dans la valorisation de leur travail et dans leur sentiment d’efficacité. C’est notamment par un discours explicite des enseignants sur le potentiel et les capacités de réussite des filles en mathématiques que sont possibles des améliorations dans ce domaine. L’ensemble des acteurs et actrices du système éducatif doivent se mobiliser sur ce sujet sensible et important pour viser une représentation féminine à sa juste valeur dans les rangs des étudiant·e·s scientifiques au-delà du secondaire 2.

Les treize propositions développées dans le rapport sont les suivantes : 

Formation et accompagnement

• Créer un statut d’enseignant référent (le « chef de file ») dans chaque établissement

• Faciliter le travail collaboratif dans les établissements

• Renforcer la formation initiale en mathématiques pour les enseignant·e·s du primaire

• Faciliter l’accès à une formation complémentaire spécifique en mathématiques pour les enseignant·e·s du secondaire 1

• Renforcer la formation sur les difficultés d’apprentissage en mathématiques

Ressources professionnelles

• Envisager la création de moyens d’enseignement complémentaires en collaboration avec des professionnels de l’édition scolaire

• Créer des ressources dédiées à l’entraînement au calcul

• Soutenir les dispositifs qui donnent une image positive des mathématiques

Enseignement, apprentissage, évaluation

• Valoriser la diversité des méthodes d’enseignement et d’apprentissage

• Encourager les filles dans leurs apprentissages mathématiques en mettant en évidence leurs réussites

• Mettre en évidence les connaissances algorithmiques en mathématiques

• Encourager le développement des aides ponctuelles en mathématiques pour tous les élèves qui en ont besoin

• Revoir le cadre général de l’évaluation en diminuant le nombre d’évaluations exigées

Apprendre des tests nationaux évaluant les compétences fondamentales

Les résultats des premiers tests nationaux de vérification de l’atteinte des compétences fondamentales (COFO) ont été publiés par la CDIP en mai 2019. Mesurant les compétences découlant directement des objectifs nationaux de formation, ils montrent que les élèves vaudois de 11e année sont, en moyenne, plus nombreux à maîtriser ces compétences en mathématiques que la moyenne des élèves suisses. Ce constat encourageant ne doit pas masquer les différences observées entre les élèves fréquentant des voies et des niveaux différents en mathématiques. Une attention toute particulière doit notamment être accordée aux élèves de niveau 1 en voie générale pour leur permettre de combler leurs difficultés dans ce domaine. Outre les pistes d’amélioration de l’enseignement des mathématiques évoquées ci-devant, la démarche de renforcement de la voie générale entreprise récemment va précisément dans ce sens.

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