RAP_680807 - Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur le postulat Sergei Aschwanden et consorts - Etudier ou courir, faut-il choisir ?!.
Séance du Grand Conseil du mardi 27 août 2024, point 19 de l'ordre du jour
Documents
- Rapport de la commission - RAP_680807 - Sylvie Pittet-Blanchette
- Texte adopté par CE- Rap-CE POS Aschwanden 21_POS_37 - publié
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourCet objet a été examiné en commission le 15 juin 2023. Pour rappel, à l'origine, il s'agissait d'une motion transformée en postulat, qui soulevait deux points principaux. Le premier visait à permettre aux élèves suivant une filière sport, art et études au niveau postobligatoire de redoubler en cas d’échec. Le second proposait de mettre des moyens supplémentaires pour soutenir ces filières, notamment dans les écoles de culture générale et de commerce.
Le Conseil d'Etat a relevé les contraintes liées à la nécessité de disposer d’un nombre minimal d’élèves supplémentaires pour justifier la mise en place de tels programmes. En ce qui concerne la possibilité de redoublement, cette question relève d’une modification réglementaire à l’échelle des gymnases. D’ailleurs, le chef du département a signé une proposition de modification de règlement, laquelle devrait être validée par le Conseil d'Etat afin de permettre dès la rentrée scolaire 2023 aux nouveaux élèves inscrits en filière sport, art et études (SAE) de redoubler sans être exclus de la filière. Il est cependant à noter que les élèves actuellement en filière SAE restent soumis au régime en vigueur.
Le deuxième point, relatif à l'instauration de moyens supplémentaires pour ces filières, a rencontré des difficultés en raison de la composition hétérogène des effectifs dans ces formations, comparativement aux écoles de maturité. Une tentative d’ouverture d’une classe dédiée s’était soldée par un échec, en raison de la dispersion des effectifs et des différentes orientations suivies au sein des écoles de commerce et de culture générale. Le département a donc jugé impossible de transposer le modèle existant basé sur des classes spéciales centralisées. Cependant, une directive à l’intention de toutes les écoles est en cours d’élaboration.
Le postulant constate que les choses évoluent lentement, mais sûrement. Il s’interroge encore sur plusieurs points, notamment sur l’impossibilité de rendre certaines mesures rétroactives, notamment en ce qui concerne le redoublement. Compte tenu du nombre restreint de cas concernés, il estime que cela aurait pu être envisagé. Il a également soulevé la question des athlètes qui ne pratiquent pas de disciplines sportives spécifiques, mais qui souhaitent bénéficier d’aménagements horaires.
Lors de la discussion générale, la directrice générale adjointe de la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP) a expliqué qu’une application rétroactive poserait certaines difficultés, notamment en termes de places disponibles pour les élèves redoublants, particulièrement cette année, en raison de circonstances exceptionnelles. Elle a également précisé que l’interdiction d'entrer directement en troisième année dans les filières SAE avait été motivée par le fait qu'il s'agit de l’année la plus sélective. Une double réussite, à la fois sportive et scolaire, apparaissait peu probable à ce stade du cursus. Dans les structures SAE, un coordinateur scolaire et un partenaire du club de formation sont toujours présents pour assurer le lien avec l’école.
Un commissaire a exprimé son inquiétude quant à une éventuelle baisse des exigences gymnasiales. Toutefois, il lui est répondu que les exigences sont fixées par les règlements fédéraux et qu’aucune baisse de standards n’a été observée. Un autre commissaire s’est interrogé sur le soutien accordé aux entreprises formatrices qui favorisent la pratique sportive de haut niveau. Il lui a été répondu que les entreprises engageant un de ces jeunes comme apprenti peuvent obtenir un label Swiss Olympic « Entreprise formatrice favorable au sport de performance », similaire au label « Entreprise formatrice », en reconnaissance de leurs efforts pour libérer des moments pour les entraînements.
Suite à ces discussions, après avoir répondu encore à d'autres questions, la commission recommande au Grand Conseil d’accepter le rapport du Conseil d'Etat, par 14 voix et 1 abstention.
La discussion est ouverte.
Je remercie la rapporteuse pour ses explications approfondies. Permettez-moi d'ajouter quelques éléments complémentaires. Etant donné le nombre élevé d'élèves inscrits en filière sport-études et le niveau de performance sportive requis, il me semble pertinent d'envisager la création d'un poste de coordinateur sportif, comme Mme la rapporteuse l'a suggéré. Je suis toutefois conscient que cette mise en place pourrait nécessiter un certain délai, notamment en raison de son lien potentiel, direct ou indirect, avec l'initiative « Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse ».
Je constate également que persiste une certaine difficulté à concilier sport d'élite et parcours scolaire. En effet, les élèves en troisième année qui rencontrent des difficultés scolaires – ce qui peut être le cas pour tout élève – se voient dans l'incapacité de redoubler leur année tout en restant dans la filière sport-études, une situation qui me semble difficile à comprendre. Monsieur le conseiller d'Etat, pourriez-vous éclairer ce point ? Il semble peu probable que le nombre d'élèves par classe soit un facteur déterminant, étant donné que parmi les plus de 300 élèves en sport-études, seuls d’un à trois élèves pourraient rencontrer des difficultés. Il me semble donc possible d'aménager une solution pour permettre à ces élèves de poursuivre à la fois leur sport et leurs études.
Je souhaite également exprimer ma sincère gratitude au conseiller d'Etat pour les efforts déployés, bien que je doive rappeler que cette motion, déposée en 2019 et transformée en postulat, n’est examinée que cinq ans plus tard. Si les exigences en sport d'élite étaient aussi laxistes, nous aurions peu de médailles à dénombrer, en Suisse et particulièrement dans le canton de Vaud ! Vive le sport !
Lors de l'introduction de la filière sport-art-études, le règlement régissant les gymnases avait judicieusement stipulé que si un élève échouait au cours de son année, il pouvait redoubler, mais en quittant la filière. Les exigences au niveau sportif étant également très élevées, cette condition avait un effet très positif sur les gymnasiens : elle les incitait à fournir un effort considérable pour maintenir leur place dans cette filière, considérée comme un privilège en raison de son emploi du temps spécifique.
Le fait que seulement environ 1 % des élèves de cette filière échouaient et devaient redoubler sans les avantages liés au sport-art-études est un indicateur du bon fonctionnement de ce système. Un taux d'échec de zéro serait suspect, tandis qu'un taux de 50 % serait inacceptable. Le fait que ce taux soit aussi faible montre que le système est efficace. En supprimant cette exigence et en permettant aux élèves de redoubler tout en continuant à bénéficier de la filière sport-art-études, on risque de diminuer leur motivation à réussir leur année de gymnase. Cette réduction des exigences constitue une régression et envoie un signal regrettable concernant l'évolution du dossier des gymnases.
La présidente-rapporteuse a évoqué la modification du règlement qui est désormais réalisée. Un élève a le droit de redoubler la troisième année, mais il n’a alors pas le droit de commencer une année en sport-art-études. C’est refusé, car il s’agit de la dernière année ; il peut attendre la fin de son gymnase. On ne veut pas mettre en péril cette dernière année de gymnase, qui est assez complexe. Dès lors, on refuse qu’il commence la filière sport-art-études en troisième année ; il peut commencer en deuxième ou en première, mais pas en troisième année. En revanche, il a le droit de redoubler, mais il ne peut le faire qu’une seule fois. Il peut redoubler en troisième, en deuxième ou même en première année, mais contrairement aux autres gymnasiens, il ne peut pas redoubler deux années. En effet, on estime qu’un jeune peut avoir un « coup de mou » et vivre une année difficile.
Suite au dépôt de ce postulat et à la demande de plusieurs représentants des milieux sportifs, nous avons accepté l'idée que l'empêcher de faire ou l'un ou l'autre pour une année était peut-être un peu sévère. Mais nous n’avons pas reproduit simplement l'article qui permet de redoubler deux fois. Ainsi, s'il a redoublé la première ou la deuxième, il ne peut pas redoubler la troisième. Mais s'il n'a pas redoublé du tout, il peut redoubler la troisième. A ce stade, nous n’avons pas l'intention de changer ce point, parce que notre objectif reste la formation des jeunes. Durant la vie, il est plus facile de pratiquer du sport après le gymnase que de faire le gymnase après avoir fait du sport. Dès lors, on considère que la priorité est de donner la possibilité à ces jeunes de faire les deux choses dans les meilleures conditions possibles. Nous avons procédé à un assouplissement, parce que la demande, notamment de M. Aschwanden, était légitime. Cela se joue parfois à un demi-point et il faut laisser une chance. L’école de maturité est une école fondamentale, car elle mène aux hautes études. La maturité de fin d’études est notre priorité !
J’interviens sur un détail, monsieur le conseiller d’Etat. Lorsque l’échec se joue à un demi-point, on peut très bien laisser l’élève continuer. Dès lors, il n'y a même plus de redoublement et il n’est pas question de quitter la filière SAE.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé avec quelques abstentions.