21_HQU_37 - Question orale Didier Lohri - Ecole Lausanne 42 et ses investisseurs "privés".

Séance du Grand Conseil du mardi 9 février 2021, point 3.9 de l'ordre du jour

Texte déposé

En juin 2020, le directeur de l’Ecole Lausanne 42 expliquait à la presse son concept d’école informatique sans maître. Ce principe est connu depuis 2013 en France et aux Etats-Unis. Il offre très certainement des avantages. Son principe repose sur la gratuité de la formation.

 

A cette époque le directeur expliquait, au journal le Temps, chercher des partenaires financiers et je cite :

A combien s’élève le tour de table ?
Je recherche 9 millions de francs pour démarrer. Il faut comprendre que cette formation est entièrement gratuite et que nous visons des volées de 150 élèves.

Quand pourrait ouvrir cette école en Suisse romande ?
Mon objectif est de trouver les investisseurs pour un démarrage en juin 2021.

 

Le 20 janvier 2021, la presse se fait écho de l’ouverture de cette école en ces termes :

Le budget se monte à 1,5 million de francs par année pour former à terme 500 étudiants. Il est complètement couvert par des fonds privés. Le principe est que l’économie – qui a besoin d’informaticiens – finance l’école et qu’elle soit gratuite pour les étudiants….

Parmi les mécènes, le responsable cite Romande Energie et Swisscom ...

 

Il est connu que la formation professionnelle n’est pas en odeur de sainteté dans les milieux économiques et start-up.

 

Ma surprise est assez grande d’apprendre que des entreprises financées par les deniers publics cantonaux et communaux financent cette école.

 

De plus, en analysant la situation un peu plus pertinemment, il semblerait que Romande Energie ne forme pas d’apprentis dans la filière des métiers de l’informatique.

 

C’est ainsi que j’ai l’honneur de déposer la question suivante :

Est-ce acceptable que le canton de Vaud, principal actionnaire de la Romande Energie ne formant AUCUN apprenti informaticien CFC, cautionne le financement d’une école privée pour une formation non reconnue par la Confédération sans bénéficier des subventions fédérales pour la formation professionnelle ?

 

Transcriptions

M. Didier Lohri (VER) —

Ecole Lausanne 42 et ses investisseurs « privés »

Ma question concerne l’Ecole Lausanne 42, école qui est gratuite. Cette gratuité se monte à hauteur de 9 millions de francs. C’est un système de formation connu dans les pays qui ne possèdent pas une formation professionnelle de notre qualité. Le problème de cette Ecole 42, c’est qu’elle a besoin de ressources et de mécènes externes à l’Etat. On s’aperçoit que Romande Energie et Swisscom participent au financement de cette école. Je vous fais grâce de toutes les informations transcrites dans ma question orale pour aller directement à l’objectif : est-il acceptable que le canton de Vaud, principale actionnaire de la Romande Energie ne formant aucun apprenti informaticien CFC, cautionne le financement d’une école privée pour une formation non reconnue par la Confédération, sans bénéficier des subventions fédérales qui sont accordées à la formation professionnelle ?

Mme Béatrice Métraux — Conseiller-ère d'État

Il est en effet de pratique constante pour le Conseil d’Etat de ne pas subventionner les écoles privées et, dans le cas de l’école que vous citez, c’est également le cas. Il convient toutefois de préciser qu’il s’agit d’une offre en formation qui s’adresse à un public bien spécifique, autonome, et dont les prestations ne revêtent pas le caractère spécifique de la formation professionnelle de base.

Ceci étant précisé, l’Etat en tant qu’actionnaire, n’a pas à interférer avec les décisions opérationnelles de la société en question. En outre, les administrateurs désignés par le Conseil d’Etat ont un devoir de fidélité qui leur impose de privilégier les intérêts de la société, tout en veillant à ce que les intérêts de l’Etat et ceux de la société convergent.

Dans le cas précis, il s’agit d’un soutien à une école d’informatique d’un nouveau type, dont la pédagogie est basée sur l’apprentissage entre pairs, sans professeur et sans cours. La formation est entièrement gratuite et basée sur les projets et la pratique, afin de développer des compétences techniques et sociales proches des conditions réelles au sein d’entreprises ayant opéré le virage numérique. Il apparaît donc que les intérêts de l’Etat et ceux de la société ne divergent pas de manière manifeste !

Romande Energie est par ailleurs une entreprise formatrice dont le nombre de places d’apprentissage a doublé ces deux dernières années. 48 apprenti-e-s sont en formation dans le groupe : 23 dans le domaine de l’électricité, 11 dans la technique du bâtiment, 12 dans l’administration et 2 dans la géomatique, totalisant 14 professions, auxquelles vont bientôt s’ajouter les technologies de l’information. Des étudiants dans le domaine de l’informatique vont également être accueillis et depuis peu un étudiant en informatique de l’Ecole technique - Ecole des métiers de Lausanne (ETML) y effectue son stage en entreprise.

Romande Energie Holding SA, société faîtière du groupe, est une société cotée en bourse. Bien que principalement détenue par l’Etat de Vaud (38,6%) et par les communes vaudoises (21,9%), celle-ci n’en demeure pas moins une société indépendante dont les revenus proviennent de son activité propre et non d’une utilisation de fonds publics. Les bénéfices qu’elle dégage lui permettent non seulement de verser un dividende à tous ses actionnaires — publics et privés — mais également de contribuer à l’assiette fiscale du canton.

L’Ecole 42 de Lausanne a été notamment soutenue par Romande Energie, et ce dans une proportion fort modeste en regard des financements obtenus, pour contribuer à une forme d’influence positive, même indirecte, auprès des talents qui viendront renforcer les équipes des technologies de l’information de gestion des données des entreprises de la région. Dans ce secteur, en plein essor, les besoins sont en forte croissance, avec d’immenses défis à relever, tels que le développement de meilleures manières d’écrire du code afin qu’il consomme moins d’énergie à l’exécution.

Le Conseil d’Etat abordera donc la question avec le Conseil d’administration de Romande Energie lors de leur prochaine rencontre, afin de mieux apprécier les enjeux liés à ce soutien à une formation somme toute très innovante.

M. Didier Lohri (VER) —

Je remercie la Conseil d’Etat pour sa réponse. Elle me convient. Nous veillerons à ce que la Romande Energie forme des apprentis informaticiens CFC et que la qualité de notre formation professionnelle soit ainsi sauvegardée. En cette période de COVID, nous veillerons aussi à ce qu’un coup de pouce soit donné aux jeunes en formation.

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