22_REP_154 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Julien Eggenberger et consorts - Variole du singe : une urgence sanitaire qui appelle des réponses ! (22_INT_97).
Séance du Grand Conseil du mardi 22 novembre 2022, point 10 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse ainsi que la cheffe du Département de la santé, de l’action sociale qui s’est engagée fortement pour que le Canton de Vaud puisse proposer une solution le plus rapidement possible. La réponse est convaincante, les difficultés rencontrées n’étant manifestement pas de la responsabilité de notre canton. Entre-temps, le Conseil d’Etat a indiqué que la vaccination avait pu démarrer. Je souhaiterais donc que Mme la conseillère d’Etat nous éclaire sur la situation en cours. Je me permets également d’exprimer ma frustration liée au décalage considérable entre la réponse sanitaire en Suisse et celle de l’Union européenne. Cela donne une leçon pratique à celles et ceux qui pensent que la Suisse peut vivre indépendamment du monde qui l’entoure. L’isolationnisme, parmi de nombreuses conséquences, a aussi un impact concret sur la santé de la population.
La discussion est ouverte.
Je remercie le Conseil d’Etat pour ses réponses sur ce sujet important qui préoccupe beaucoup de personnes. Malgré les développements plus rassurants de ces dernières semaines, je souhaite poser quelques questions, un rebond de l’épidémie étant encore possible notamment en raison d’une potentielle circulation silencieuse par des personnes asymptomatiques. Ces questions portent notamment sur le dispositif de vaccination qui laisse encore planer quelques interrogations et inquiétudes relevées par des personnes actives autour de la prévention de cette maladie.
L’obligation de passer par le compte d’une entreprise privée pour obtenir un rendez-vous est problématique. J’aurai en effet préféré que la vaccination soit directement gérée par les pouvoirs publics, ce qui est plus judicieux lorsque des données personnelles sont traitées. Au-delà de cette problématique, la nécessité de donner des données personnelles peut être dissuasive pour certaines personnes craignant de révéler des informations sur leur orientation sexuelle ou leur sexualité. Une possibilité de vaccination sans rendez-vous devrait être mise sur pied, et ce pour éviter tout obstacle. C’est une possibilité prévue dans d’autres pays et je me demande si elle pourrait s’appliquer dans le dispositif cantonal.
Concernant la répartition géographique de l’offre de vaccination, la plupart des rendez-vous sont proposés par l’Hôpital de Morges, alors qu’une petite partie peut être prise au Checkpoint de Lausanne. Il me semble peu incitatif de proposer la plupart des rendez-vous dans un lieu peu centralisé du canton. Ne faudrait-il pas améliorer l’offre et renforcer les lieux de rendez-vous dans des endroits facilement accessibles, par exemple à Lausanne, à Unisanté, ou encore à La Source ? Cela supposerait de renforcer la communication autour de l’offre de vaccination.
Dans d’autres cantons, il est possible de privilégier une vaccination intradermique qui permet, avec une seule dose, de réaliser cinq vaccinations. Dans le Canton de Vaud, si je suis bien renseigné, on applique une vaccination intramusculaire, soit une dose de vaccin équivaut à une personne vaccinée. Zurich pratique la vaccination intradermique; cette option est-elle prévue dans le Canton de Vaud ? Elle permettrait en effet d’augmenter le nombre de personnes vaccinées et il s’agit d’un enjeu au vu du petit nombre de doses de vaccin reçues.
Enfin, quant aux critères d’éligibilité de la vaccination, le Canton de Vaud va-t-il aligner ses critères d’éligibilité aux recommandations nationales qui recommandent d’ouvrir la vaccination aux personnes trans ou à celles qui ont déjà reçu une vaccination contre la variole durant leur enfance ? Cet alignement permettrait d’étendre les paramètres des personnes vaccinées. Je suis conscient de la technicité de ces questions et du fait qu’il ne sera peut-être pas possible d’y répondre immédiatement, mais il me semblait intéressant de les soulever afin que le département soit au courant de ces problématiques.
Je vous remercie pour ces nombreuses questions. Je vais tenter d’y répondre dans la mesure de mes possibilités. Comme l’a indiqué M. Eggenberger, la vaccination est possible, dans notre canton, depuis le 15 novembre. Il est important de souligner que le Canton de Vaud fait partie des quatre cantons recevant des doses de vaccins. Plusieurs cantons n’y ont donc pas accès et il est fort probable que leurs ressortissants demandent à se faire vacciner dans notre canton. Ce fait est important. Pour l’heure, plus de 300 personnes ont d’ores et déjà pu être vaccinées. S’agissant du dispositif prévu et pour répondre aux interrogations de M. Buclin, cette vaccination se déroule effectivement au Checkpoint de Lausanne et à l’Hôpital de Morges. Par ailleurs, l’outil utilisé pour la prise de rendez-vous – Onedoc – est le même que celui utilisé par les médecins, les centres médicaux, mais aussi certains centres de vaccination, lors de la période COVID.
Concernant l’aspect dissuasif lié à la divulgation de données personnelles, un identifiant ainsi qu’une adresse électronique et un numéro de téléphone sont effectivement nécessaires pour prendre rendez-vous. La Confédération demande que les personnes souhaitant se vacciner signent un consentement écrit, ce qui se fait au travers de la prise de rendez-vous. Or, ce consentement exige l’obtention des données personnelles qui vont ensuite rester dans les registres des centres de vaccination. Ce point est important et doit être souligné. En revanche, les données ne sont pas centralisées et ne sont pas transmises à la Confédération. Dans tous les cas, une personne qui souhaiterait se vacciner sans prendre rendez-vous devrait également signer un consentement et donc, d’une manière ou d’une autre, communiquer son nom. Cela étant, avec les doses limitées actuellement en notre possession, il est difficile de prévoir, comme cela a été le cas pour la pandémie de COVID, des vaccinations sans rendez-vous. Nous espérons toutefois pouvoir mettre en place ce système, dès l’obtention de doses supplémentaires.
S’agissant de la répartition géographique, deux entités vaccinent actuellement. Le choix de ces structures s’est fait en concertation avec les différents milieux concernés, en tenant compte du nombre de doses limité – nous ignorions le nombre de doses qui nous seraient livrées – ainsi que des différentes capacités de vaccination des centres spécialisés tels que le Checkpoint et autres centres de santé sexuelle. Nous avons également tenu compte des souhaits exprimés par les populations cibles qui préfèrent, a priori, des centres spécialisés. Mon souhait était d’instaurer tant un centre spécialisé qu’un lieu plus neutre, tels un centre de vaccination ou un hôpital, partant du principe que certaines personnes ne voudraient pas être vues au Checkpoint, lequel peut avoir une connotation et révéler des éléments sur la vie sexuelle des personnes concernées. Nous avons mis en place ces deux centres pour offrir un choix et pour ne pas obliger les personnes à aller dans un centre tel que le Checkpoint, évitant ainsi des appréhensions potentielles. En ayant davantage de doses, nous ferons tout notre possible pour étendre les lieux de vaccination. Nous avons toutefois remarqué que la demande pour le Checkpoint est très importante et que Morges est privilégié pour les demandes urgentes. Pour le Checkpoint, les gens font le choix d’attendre un certain temps avant de pouvoir bénéficier de la vaccination. Les discussions se poursuivent avec les milieux concernés et, dès que nous obtiendrons plus de doses, nous étudierons l’opportunité d’étendre ou non les lieux de vaccinations tant à Lausanne qu’à d’autres régions du canton.
Sur la question technique de la vaccination intramusculaire versus intradermique, la manière dont on injecte ce vaccin est liée à une injonction de la Confédération qui discuterait actuellement avec le Canton de Zurich pour que ce dernier change sa pratique. Le Canton de Vaud a choisi de s’en tenir aux injonctions de la Confédération, plus particulièrement de l’Office fédéral de la santé publique. Quant à votre question sur un éventuel changement des recommandations cantonales, il est actuellement recommandé de ne pas se faire vacciner dans certaines situations, c’est le cas par exemple pour les personnes vaccinées durant leur enfance. Cette recommandation est encore liée à la disponibilité des doses. Nous concentrons nos efforts sur les personnes qui sont les plus à risque et potentiellement les moins protégées en raison de l’absence d’une vaccination infantile. Dès que nous aurons obtenu des doses de vaccin supplémentaires, nous adapterons nos recommandations pour aller dans le sens que vous préconisez. J’espère avoir répondu à toutes vos interrogations et, si vous avez besoin de plus de précision, nous sommes à votre disposition.
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Ce point de l’ordre du jour est traité.