24_RES_10 - Résolution Joëlle Minacci et consorts au nom de Sébastien Cala, Nicolas Suter, Rebecca Joly, Aurélien Demaurex, Cédric Weissert - Pour que le Conseil d’Etat défende activement la pérennité de la filière verre dans le Canton (Développement et mise en discussion avec au moins 20 signatures).

Séance du Grand Conseil du mardi 28 mai 2024, point 38 de l'ordre du jour

Texte déposé

La fermeture de l'usine Vetropack de Saint-Prex a été annoncée la semaine passée après des mois d'incertitude.

 

La situation était préoccupante depuis le mois de mars. De nombreux moyens ont été mis en œuvre pour éviter la fermeture du site. Une task force a été constituée par le DEIEP en collaboration avec la commune de Saint-Prex pour évaluer les possibilités de sauvegarde de l'usine. Les partis politiques de tous bords ont défendu la nécessité de la survie du site, au niveau cantonal et national, en témoignent les divers dépôts et notamment la résolution votée au Grand conseil le 30 avril. Au vu des enjeux économiques et environnementaux, la pétition déposée en parallèle au Grand conseil a appelé “les autorités fédérales et cantonales à tout entreprendre pour maintenir une filière de recyclage et de production de verre en Suisse”1.

 

En effet, les arguments ne manquent pas. Laisser mourir la dernière verrerie suisse est  une absurdité économique et écologique. D'une part, cela augmenterait notre dépendance aux marchés internationaux, fragilisant le place de l'industrie suisse. Le recyclage du verre, filière d'avenir, nécessiterait de nombreux aller-retours transfrontaliers. Soulignons par ailleurs que la situation représente une occasion unique d'asseoir l'industrie locale du verre. L'ignorer serait saboter définitivement l'autonomie de la Suisse dans le domaine. Les investissements futurs pour reconstruire l'infrastructure et le savoir-faire seraient sans commune mesure.

 

Début mars, Vetropack avait activé une procédure de consultation sur l'avenir de l'usine vaudoise. Les représentants du personnel avaient présenté fin avril à la direction leurs propositions alternatives à une fermeture. Ils qualifiaient leur dossier de "solide économiquement et innovateur écologiquement", en proposant entre autres l'adoption d'une technologie de fusion de verre par oxy-combustion connectée à un générateur d'oxygène. Cette proposition avait été écartée par la direction du groupe2.

 

Vetropack a décidé de fermer son site, malgré le fait que l’entreprise dispose d’un bénéfice net en hausse de 2,8% en 2023 qui se chiffre à 63,3 millions de francs, malgré les conséquences immenses pour les employé.e.s et pour la filiale du verre en Suisse, malgré la mobilisation des employé.e.s de l’usine, du monde politique et des syndicats, malgré des propositions de toutes parts, dont des pistes d’aides fédérales pour l’achat d’un nouveau four à fusion en 2025, plus écologique et économique.

 

Le fait que les mesures d'incitation diverses n’aient pas convaincu l’entreprise Vetropack de maintenir le site de Saint-Prex est d’autant plus regrettable que des solutions viables semblent avoir été proposées, notamment par le syndicat UNIA comme l’explique Nicole Vassalli: "Selon la direction, les propositions que nous avons faites étaient suffisantes, mais pas assez rentables. Pourtant, ce sont des techniques qui sont utilisées par les concurrents européens. Ce sont des techniques qui sont plus rentables que celles utilisées à ce jour par Vetropack."3

 

Toutefois, d’autres solutions sont possibles pour maintenir la filière du verre et devraient être étudiées par le Conseil d’Etat qui selon nous ne doit pas s’arrêter à la décision de fermeture de Vetropack. Laissez passer aujourd'hui l’opportunité d’y réfléchir serait contraire à la volonté politique manifestée par la résolution du 19 mars. De plus, une motion est en cours au niveau fédéral pour garantir la survie des industries stratégiques. Le canton de Vaud peut ici faire figure d'exemple. Dans ce contexte, il paraît aussi important de savoir quel est le projet de Vetropack pour la suite du site de Saint-Prex.

 

Face à l'urgence de la situation, nous avons l'honneur, par cette résolution, d’appeler le Conseil d'État à continuer à mener une politique active en étudiant toutes les options possibles avec les acteurs concernés. Nous lui demandons de tout entreprendre pour maintenir une filière industrielle de recyclage et de production de verre en Suisse.

 

(1) https://vaud.unia.ch/actualites/article/a/20724

(2) https://www.rts.ch/info/regions/vaud/2024/article/le-plan-social-de-vetropack-ne-satisfait-pas-le-personnel-de-st-prex-28506381.html

(3) https://www.rts.ch/info/regions/vaud/2024/article/vetropack-ferme-son-site-de-production-de-verre-a-st-prex-28501854.html

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Théophile SchenkerVER
Alexandre DémétriadèsSOC
Vincent JaquesSOC
Nicola Di GiulioUDC
Alexandre BerthoudPLR
Josephine Byrne GarelliPLR
Claire Attinger DoepperSOC
Nathalie VezVER
Pierre FonjallazVER
Julien EggenbergerSOC
Marc MorandiPLR
Nicolas SuterPLR
Guy GaudardPLR
Sébastien HumbertV'L
Géraldine DubuisVER
Jean-Rémy ChevalleyPLR
John DesmeulesPLR
Stéphane JordanUDC
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Yves PaccaudSOC
Yannick MauryVER
Isabelle FreymondIND
Céline MisiegoEP
Eliane DesarzensSOC
Sébastien KesslerSOC
Florence Bettschart-NarbelPLR
Denis DumartherayUDC
Aurélien DemaurexV'L
Felix StürnerVER
Circé FuchsV'L
Jean-Louis RadiceV'L
Muriel ThalmannSOC
Michael WyssaPLR
Patricia Spack IsenrichSOC
Laure JatonSOC
Pierre-Alain FavrodUDC
Anne-Lise RimePLR
Vincent BonvinVER
Carine CarvalhoSOC
Martine GerberVER
Arnaud BouveratSOC
Cédric EchenardSOC
Vincent KellerEP
Elodie LopezEP
Marc VuilleumierEP
Cédric RotenSOC
Olivier PetermannPLR
Olivier AgassisUDC
Valérie ZoncaVER
Cendrine CachemailleSOC
Laurent BalsigerSOC
Sandra PasquierSOC

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La résolution étant accompagnée de 52 signatures, le président ne demande pas l’appui de 20 membres.

 

Mme Joëlle Minacci (EP) —

Je vous présente une résolution signée par tous les partis politiques et qui s’intitule « Pour que le Conseil d’Etat défende activement la pérennité de la filière verre dans le canton », une résolution qui montre que l’ensemble des partis a voulu se réunir autour d’un plus petit dénominateur commun pour envoyer un message au Conseil d’Etat après l’annonce de fermeture de la dernière usine de production de verre. La fermeture de Vetropack a été annoncée la semaine passée après des mois d’incertitude. De nombreux moyens ont été mis en œuvre pour éviter la fermeture du site. Une task force a été constituée par le Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine (DEIEP), en collaboration avec la commune de Saint-Prex, pour évaluer les possibilités de sauvegarde de l’usine. Les partis politiques de tous bords ont défendu la nécessité de la survie du site au niveau cantonal et national, en témoignent les divers dépôts et notamment la résolution votée au Grand Conseil le 30 avril. Au vu des enjeux économiques et environnementaux, la pétition déposée en parallèle au Grand Conseil a appelé les autorités fédérales et cantonales à tout entreprendre pour maintenir une filière de recyclage et de production de verre en Suisse. En effet, les arguments ne manquent pas. Laisser mourir la dernière verrerie suisse est une absurdité économique et écologique. D’une part, cela augmenterait notre dépendance aux marchés internationaux, fragilisant la place de l’industrie suisse. Le recyclage du verre, filière d’avenir, nécessiterait de nombreux allers-retours transfrontaliers. 

Soulignons par ailleurs que la situation représente une occasion unique d’asseoir l’industrie locale du verre. L’ignorer serait saboter définitivement l’autonomie de la Suisse dans le domaine. Les investissements futurs pour reconstruire l’infrastructure et le savoir-faire seraient sans commune mesure. Début mars, Vetropack avait activé une procédure de consultation sur l’avenir de l’usine vaudoise. A la fin du mois d’avril, les représentants du personnel avaient présenté à la direction leurs propositions alternatives à une fermeture. Ils qualifiaient leur dossier de « solide économiquement et innovateur écologiquement » en proposant, entre autres, l’adoption d’une technologie de fusion de verre par oxycombustion connectée à un générateur d’oxygène. Cette proposition avait été écartée par la direction du groupe. Vetropack a décidé de fermer son site malgré le fait que l’entreprise dispose d’un bénéfice net en hausse de 2,8% en 2023 – qui se chiffre à 60,3 millions de francs – malgré les conséquences immenses pour les employés et pour la filiale du verre en Suisse, malgré la mobilisation des employés de l’usine, du monde politique et des syndicats, malgré des propositions de toutes parts, dont des pistes d’aides fédérales pour l’achat d’un nouveau four à fusion en 2025, plus écologique et économique. 

Le fait que les mesures d’incitation diverses n’aient pas convaincu l’entreprise Vetropack de maintenir le site de Saint-Prex est d’autant plus regrettable que des solutions viables semblent avoir été proposées, notamment par le syndicat Unia, comme l’explique Nicole Vassalli, qui dit « Selon la direction, les propositions que nous avons faites étaient suffisantes, mais pas assez rentables. Pourtant, ce sont des techniques qui sont utilisées par les concurrents européens. Ce sont des techniques qui sont plus rentables que celles utilisées à ce jour par Vetropack. » Toutefois, d’autres solutions sont possibles pour maintenir la filière du verre et devraient être étudiées par le Conseil d’Etat, qui selon nous, ne doit pas s’arrêter à la décision de fermeture de Vetropack. Laisser passer aujourd’hui l’opportunité d’y réfléchir serait contraire à la volonté politique manifestée par la résolution du 19 mars. De plus, une motion est en cours au niveau fédéral pour garantir la survie des industries stratégiques. Le canton de Vaud peut ici faire figure d’exemple. Dans ce contexte, il paraît aussi important de savoir quel est le projet de Vetropack pour la suite du site de Saint-Prex. 

Face à l’urgence de la situation, nous avons l’honneur d’appeler le Conseil d’Etat à continuer à mener une politique active en étudiant toutes les options possibles avec les acteurs concernés. Nous lui demandons de tout entreprendre pour maintenir une filière industrielle de recyclage et de production de verre en Suisse.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte. 

M. Philippe Miauton (PLR) —

Evidemment, cette situation malheureuse sera tragique pour tous les collaborateurs de cette entreprise qui faisait la fierté du canton. Néanmoins, j’ai l’impression que, comme souvent, nous arrivons comme la grêle après les vendanges : tout d’un coup, il faut parler de politique industrielle – et définir quelles sont les priorités pour la Suisse et pour le canton – et on s’étonne que les notions de rentabilité et de bénéfice d’une entreprise ne se situent pas que dans le canton de Vaud, mais à une échelle évidemment beaucoup plus large. Lorsque ce genre d’événement arrive, on se rend compte que l’électricité est chère – c’est le fruit d’une politique « de beau temps » qui a été menée ces dix dernières années. Pour les industries – qui sont des grosses consommatrices d’électricité – les factures deviennent difficiles à supporter. On se rend compte, tout d’un coup, que les charges salariales dans le canton de Vaud sont les plus hautes de toute la Suisse romande. Finalement, on peut être déçu… Je suis le premier à l’être. 

En tant que directeur de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), je trouve cela regrettable, mais ce sont les conséquences malheureuses de politiques qui ont été menées durant les dernières années. Nous nous sommes engagés dans énormément de politiques qui coûtent cher et ne nous rendent pas compétitifs. Je pense qu’il faut garder cet élément en tête, lorsqu’une situation comme celle-ci arrive. Chacun est libre de juger des politiques managériales qui ont été menées, mais j’espère qu’il n’y aura pas d’autres entreprises vaudoises ou suisses qui seront contraintes de prendre la même décision en raison d’une compétitivité qui est en train de chuter dans l’ensemble du pays, notamment en raison du prix de l’électricité, de cette politique énergétique qui a été un peu mise en stand-by, et de la question des charges salariales qui sont en train d’exploser en comparaison avec tous les pays qui nous entourent. Je comprends cette résolution, mais j’aimerais remettre l’église au milieu du village : on se réveille tout d’un coup avec la gueule de bois, alors que cela fait quand même un certain nombre d’années que les entreprises nous parlent de ces éléments.

M. Sébastien Cala (SOC) —

La situation sur le site de Vetropack est très critique. Le sort des 180 employés et employées du site nous inquiète grandement, et le groupe socialiste est solidaire avec le personnel dans cette période très difficile. L’annonce de la fermeture du site, la semaine dernière, et le refus des propositions soumises à la direction par les partenaires syndicaux et par les pouvoirs publics font craindre la fermeture définitive de la dernière verrerie de Suisse et la perte irrémédiable d’un savoir-faire stratégique pour le canton et plus globalement pour l’ensemble de l’économie helvétique. A l’heure où la Confédération a récemment voté un cadre légal favorisant l’économie circulaire, il est incompréhensible de laisser ce site être définitivement fermé. Pour la sauvegarde des emplois, pour la place industrielle vaudoise, pour les enjeux environnementaux liés au recyclage et à la production de verre, il nous apparaît essentiel que le Conseil d’Etat mette tout en œuvre afin qu’un repreneur soit trouvé et que le site puisse poursuivre son activité. En ce sens, le groupe socialiste vous encourage à soutenir la présente résolution.

M. Philippe Jobin (UDC) —

J’étais présent dimanche à Saint-Prex, non pas sur le site de Vetropack, mais au stand d’Unia. Nous avons pu échanger avec diverses personnes qui font partie de l’entreprise. Je vais soutenir cette résolution pour la raison suivante : les communes ont signé avec Vetropack – et ceux qui reprennent les déchets du verre – des contrats extrêmement précis quant au recyclage dans la maison Vetropack. Je pense qu’à ce niveau, il pourrait y avoir une pression des communes en fonction des contrats qui ont été signés par rapport à la maison Vetropack. Je ne me fais pas trop d’illusion sur une reprise globale du site, mais nous avons beaucoup discuté des démarches pour un plan social. Je pense que c’est sur ce dernier point qu’il faut que les syndicats – avec le centre droit, pour une fois – puissent travailler pour obtenir un plan social que je qualifierai de « raisonnable ». A l’heure actuelle et pour être très clair, il n’y a rien ! Cela m’a extrêmement fâché dimanche, mais également les jours d’avant. Enfin bref, je reste tout de même en contact avec le syndic de Saint-Prex que je connais bien. 

Je pense que cette résolution est bienvenue à l’heure actuelle. Je ne sais pas si Mme la conseillère d’Etat pourra nous donner des nouvelles à ce sujet. Pour ma part, je reste convaincu que les communes qui ont signé des contrats doivent faire le nécessaire de leur côté pour faire pression sur le site ainsi que sur les dirigeants. Il s’agit tout de même de contrats en cours et je ne sais pas jusqu’à quand ils pourront être maintenus en l’état. Ce qui arrive est assez frustrant et je vous encourage à soutenir cette résolution.

M. Marc-Olivier Buffat (PLR) —

Tout ce qui a été dit est infiniment juste, notamment l’absence d’un plan social digne de ce nom ou la perte d’un fleuron de l’économie vaudoise, avec les suppressions d’emplois que cela implique. En tant que député vaudois, je suis très intéressé par ce qui se passe en Suisse, mais avant tout par ce qui se passe dans mon canton. Or, le texte qui nous est proposé m’interpelle un peu, en particulier la seconde phrase. J’imagine que l’intention de l’auteure est évidemment de maintenir le site de Saint-Prex et les emplois qui s’y trouvent. On peut parler, durant tout l’après-midi, de la fermeture de ce fleuron vaudois qu’est Vetropack et de la perte d’emplois qui en découle – et Dieu sait si c’est difficile à vivre socialement pour toutes les personnes concernées – mais il faut inscrire cela dans l’environnement économique du canton. Comme le disait Philippe Miauton, ce qui est préoccupant, c’est que cette première fermeture en annonce peut-être d’autres, en raison de la perte d’attractivité du canton de Vaud – une question qui me préoccupe beaucoup. 

Le texte de cette résolution parle de : « continuer à mener une politique active en étudiant toutes les options possibles avec les acteurs concernés ». J’imagine bien que le Conseil d’Etat est actif. Je n’ai pas forcément beaucoup de sympathie pour les propositions de type « sémaphore » : on fait beaucoup de signaux, on se donne bonne conscience, mais sans que cela ne débouche sur beaucoup d’engagement. Mais au fond pourquoi pas ! La seconde partie mentionne : « Nous lui demandons de tout entreprendre pour maintenir une filière industrielle de recyclage et de production de verre en Suisse. » J’aurais préféré : « dans le canton de Vaud ». En effet, ce que nous devons sauver, c’est le site de Saint-Prex. Je me demande si nous ne serions pas bien inspirés de maintenir une activité à Saint-Prex. Comme l’a dit Philippe Jobin, il y a tout un microcosme économique qui tourne autour de cette entreprise et qui doit être maintenu dans le canton de Vaud. On parle de 180 places de travail perdues, mais il en aura certainement beaucoup d’autres. Je pense aux personnes qui travaillaient avec Vetropack à Saint-Prex, notamment des fournisseurs ou des transporteurs. Potentiellement, c’est peut-être le double d’emplois que nous risquons de perdre dans ce canton. Personnellement, je verrais bien une résolution qui incite à maintenir une production à Saint-Prex et dans le canton de Vaud.

Mme Joëlle Minacci (EP) —

Monsieur Buffat, je parlais de la production de verre en Suisse, mais cela désigne évidemment Vetropack, puisque c’est le seul site de ce genre en Suisse. 

Par ailleurs, je suis un peu surprise : cela fait plusieurs jours que cette résolution circule dans les groupes politiques – il me semble avoir obtenu la validation du PLR. Il aurait peut-être été judicieux de demander ces précisions auparavant. Maintenant, je ne m’oppose pas à votre proposition. Si vous voulez formellement demander un amendement pour remplacer « en Suisse » par « dans le canton de Vaud et sur le site de Saint-Prex », je n’ai pas de problème avec cette proposition. Dans tous les cas, si vous vouliez une précision, je parlais bien du site de Vetropack.

Mme Laure Jaton (SOC) —

Je déclare mes intérêts : je suis municipale à Morges, notamment en charge de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Notre commune, qui est voisine de Saint-Prex, se bat pour conserver sur son territoire des industries du secteur secondaire dans des endroits où elles existent déjà et qui sont particulièrement bien connectés aux différents réseaux de mobilité. Depuis plusieurs années, le canton développe aussi le concept d’un Système de gestion des zones d’activité (SRGZA), qui au niveau cantonal rejoint la volonté des communes de maintenir des activités secondaires dans des poches du territoire déjà urbanisé. Nous avons aujourd’hui l’occasion de prouver notre attachement à une activité industrielle dans notre canton qui fonctionne, qui dégage des bénéfices et qui assure un traitement durable dans l’exploitation du verre. Les travailleurs et travailleuses de Vetropack comptent sur notre soutien pour empêcher la spéculation immobilière et pour respecter le SRGZA mis sur pied par l’Etat lui-même. Je vous encourage donc à soutenir cette résolution.

M. Alexandre Berthoud (PLR) —

Je vous informe que la quasi-majorité du groupe PLR soutiendra la résolution de notre collègue Minacci, résolution qui a effectivement circulé dans les groupes. A l’instar de M. Jobin, j’ai malheureusement peu d’espoir pour l’activité de cette industrie. Contrairement aux propos de Mme Jaton, je pense qu’elle n’est pas rentable dans le canton de Vaud. Le groupe est rentable, mais hélas pas ses activités dans le canton de Vaud. Si les patrons écoutent ce débat, ils doivent tout mettre en œuvre – peut-être avec l’entremise du Conseil d’Etat – pour que le plan social mis en place soit responsable, digne et qu’il concerne l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs du site. Il est extrêmement important de soutenir tout le monde et de ne laisser personne au bord de la route, comme l’a dit notre collègue Cala. 

Le groupe PLR est solidaire avec l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs touchés par cette décision. Il est également extrêmement important que des solutions de reconversion puissent être proposées, possiblement avec les associations économiques, peut-être la Fédération des entrepreneurs. Aujourd’hui, il appartient aussi à ce groupe Vetropack de trouver des solutions de reconversion ou de formation. Je pense que le plan social doit également s’y atteler pour ne laisser personne au bord de la route. Je rappelle que nous sommes en situation de plein emploi et il faut que ces collaboratrices et collaborateurs puissent retrouver un travail et qu’elles et ils soient traités de manière digne.

M. Hadrien Buclin (EP) —

Je souhaite appuyer cette résolution en amenant quelques arguments complémentaires, mais également répondre à M. Miauton. Tout d’abord, j’aimerais souligner le fait que les salariés de Vetropack ont réalisé un très grand travail pour proposer à la direction de l’entreprise des propositions réalistes, chiffrées de manière précise et qui visent à maintenir une production viable à Saint-Prex. Ce travail, effectué en un temps record, est tout de même assez rare. Il est rare de voir des salariés se mettre ensemble et travailler d’arrache-pied pour faire une contre-proposition. Je pense que nous devons saluer et respecter cette démarche. Les propositions formulées par les salariés incluent notamment des idées pour réduire la consommation d’énergie et pour mieux la récupérer, notamment par le chauffage à distance. Il est aussi question d’acheter une machine pour la production en petite quantité afin de mieux s’adapter aux besoins locaux des vignerons ou d’autres types de producteurs. Parmi les idées évoquées, il y a aussi celle d’ouvrir une ligne de lavage de verres consignés afin de réduire le gaspillage de verre. Des propositions très intéressantes ont donc été faites par les principales et principaux concernés. Le Conseil d’Etat devrait prendre ces propositions au sérieux, les examiner et, sur cette base, favoriser la recherche d’un repreneur, pourquoi pas en soutenant cette reprise à travers des cautionnements ou d’autres formes de soutien. J’irai même plus loin, en dernière instance, dans le cas où la quête d’un repreneur échoue, pourquoi ne pas mettre sur pied une entreprise publique de recyclage et de lavage du verre qui pourrait être développée en partenariat avec les déchetteries intercommunales qui traitent des très gros volumes de verre, à l’image de celle de Malley par exemple. 

Monsieur Miauton, je ne partage pas votre vision : derrière la décision de la direction de Vetropak, il n’y a pas une logique liée à des spécificités de la Suisse – des salaires élevés – mais bien une politique de maximisation des profits de l’entreprise à l’échelle globale. C’est un processus que l’on voit malheureusement dans de nombreux pays et qui ne relève pas du tout de spécificités suisses. D’ailleurs, si vous voulez faire des comparaisons entre la Suisse et les pays voisins, vous ne devez pas seulement mentionner les salaires plus élevés en Suisse, mais aussi d’autres types d’atouts qui compensent largement ces salaires élevés, notamment une fiscalité significativement plus basse que dans les pays voisins, un temps de travail souvent plus élevé, une productivité et un niveau de formation aussi très élevés. Bref, autant d’atouts qui, je pense, font que ce n’est pas la compétitivité du canton qui est en cause, mais bien la logique d’une entreprise qui cherche à rationaliser, à compresser les coûts dans une finalité d’augmentation des profits. 

De notre côté, nous ne nous résignons pas à accepter cette logique – ce diktat – pour des raisons sociales, pour ne pas laisser sur le carreau des salariés qui ont travaillé parfois des décennies dans cette entreprise de manière très dévouée, mais aussi parce qu’il serait absurde de dilapider ce précieux savoir-faire. D’un point de vue environnemental, il serait aussi absurde de devoir importer du verre d’usines qui en produisent à des centaines, voire à des milliers de kilomètres. Pour toutes ces raisons, je vous invite à soutenir cette résolution et j’invite le Conseil d’Etat à faire preuve d’audace et à examiner toutes les solutions possibles, y compris celle d’une filière publique qui pourrait être le prolongement des centres intercommunaux de gestion des déchets.

M. Yann Glayre (UDC) —

Cela fait maintenant très longtemps que l’UDC Vaud et l’UDC Suisse martèlent sans relâche : « Attention aux charges, attention à notre compétitivité ! » En parallèle, des partis votent des congés toujours plus longs, des charges salariales en constante augmentation, rendant le travail plus cher et nuisant de manière franche à notre objectif de rester compétitifs. Et après cela, on entend des interventions lunaires, comme celle de M. Cala qui dicte ses exigences. (Réactions.) Comme l’a dit M. Miauton, c’est trop tard, il fallait agir avant. Notre rôle est de prévoir, pas d’agir en réaction aux problèmes de société. Je vais accepter cette résolution et je me réjouis de lire les textes des partis de gauche visant à diminuer le coût du travail, diminuer les taxes sur les carburants, sur l’électricité. C’est ainsi que nous favoriserons l’emploi et pas autrement.

M. Fabrice Moscheni (UDC) —

Je m’inscris dans la droite ligne de mon préopinant qui a effectivement mis le doigt sur le point critique : les entreprises restent parce qu’elles ont un avantage en termes de productivité et non pas parce qu’elles ont un devoir par rapport à un pays. Je voudrais quand même souligner un changement de paradigme que je salue : je remercie M. Buclin qui nous a clairement dit qu’une fiscalité basse est un atout. Je le remercie d’avoir finalement admis ce point et je me réjouis d’avoir son soutien dans le cadre des prochains débats sur une baisse de la fiscalité, entre autres des personnes physiques.

Mme Isabelle Moret (C-DEIEP) — Conseiller-ère d’Etat

J’entends toutes les propositions que vous faites, j’entends aussi la résolution et son contenu – j’y reviendrai. Aujourd’hui, la priorité c’est la négociation d’un plan social solide et respectueux des travailleurs. Avec mes équipes, nous sommes en permanence en contact avec les deux parties – Vetropack et les représentants des employés – mais la situation est tendue. Dimanche, plusieurs députés de la région étaient sur place, j’y étais également pour rencontrer les représentants des employés. D’après les informations qui me parviennent depuis, la situation continue à être tendue, le climat s’est même détérioré. Cette situation m’inquiète, parce que la tension doit absolument redescendre. Pour le bon déroulement des négociations, il faut un climat serein. 

Je rappelle que le canton de Vaud est attaché au partenariat social. Le partenariat social, c’est la direction d’une entreprise qui discute avec ses employés. C’est dans le cadre de ce partenariat social que doit avoir lieu la négociation d’un plan social. Or, pour négocier un plan social, il faut un minimum de confiance. Avant toute chose, il faut restaurer cette confiance entre les différents partenaires, recréer un climat serein et propice au déroulement des négociations. Voilà pourquoi j’appelle l’entreprise Vetropack à agir comme une entreprise responsable, à se souvenir de ses racines vaudoises. A plusieurs reprises, Vetropack s’est d’ailleurs présentée comme une entreprise responsable ; elle a annoncé publiquement qu’elle souhaitait un plan social. 

Deux semaines après l’annonce de la fermeture du site de Saint-Prex, il est donc temps que de véritables négociations aient lieu dans un environnement sécurisé. Je rappelle que les travailleurs doivent être traités avec respect et que cela relève de la responsabilité de l’entreprise de s’assurer de la sécurité et du respect de la dignité de ses propres employés. Voilà pourquoi le Conseil d’Etat appelle toutes les parties prenantes à se mettre autour de la table et à négocier dans le calme. Mesdames et messieurs les députés, j’ai entendu tout ce que vous avez proposé tout à l’heure. Je rappelle que la task force du Conseil d’Etat continue à travailler, notamment à l’accompagnement des personnes, à l’avenir de ce site industriel de Saint-Prex, mais aussi à l’avenir de l’industrie dans le canton de Vaud. Néanmoins, je le répète, la priorité concerne avant tout la négociation d’un plan social.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

La résolution est adoptée avec 1 avis contraire et 6 abstentions.

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