23_INT_41 - Interpellation Martine Gerber et consorts au nom Les Vert.e.s - La laine, une ressource agricole gaspillée ! (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 21 mars 2023, point 14 de l'ordre du jour

Texte déposé

Valoriser la laine locale, c’est respecter et s’intéresser à l’environnement, à l’élevage et aux métiers de la terre. C’est aussi soutenir l’agriculture avec des projets novateurs, ancrés socialement et économiquement dans une perspective de durabilité́ en cette période de changement climatique et de crise énergétique.

La laine est un matériau noble et utile, valorisons-la !Ses propriétés sont nombreuses : ignifuge, analergène, régulatrice, respirante (température, humidité) biodégradable, résistante et isolante.

 Les principales étapes de la filière laine sont :

 

  • L’élevage : dans le canton de Vaud, en 2020, on recensait 15'000 bêtes pour quelques 490 détenteurs/trices dont 10’600 bêtes détenues en petits troupeaux.
  • La tonte, la récolte et le tri: En Suisse, un mouton produit entre 2 et 5 kg de laine brute par année. En moyenne, les moutons du canton de Vaud produisent annuellement environ 50 tonnes de laine brute. Rappelons que le canton de Vaud est le 3ième canton en surface d’alpage de Suisse.
  • La transformation : lavage, cardage, peignage.
  • La valorisation : isolation, fils, feutrage maraîcher, etc.

 

Des projets de valorisation de laine voient le jour dans notre canton, mais ailleurs aussi en Suisse et en Europe, pour tenter de faire renaître cette filière.  Des questions complexes d’éthique, de science, de durabilité, d’économie circulaire, s’agissant de la production textile, sont en effet d’une grande actualité, à laquelle la laine est le plus souvent associée.

Des voix s’élèvent dans les milieux agricoles ou artisans pour appeler à la valorisation de ce produit agricole. La laine vaudoise, peut aussi répondre à d’autres usages, adaptés à sa spécificité. Elle peut notamment être transformée en matériaux d’isolation pour nos bâtiments, ou en feutre maraîcher.

 

 Ces projets et questions se heurtent à une même difficulté :  faute d’infrastructures régionales de traitement, ce produit agricole précieux continue d’être considéré, par les éleveurs et éleveuses, à leur insu, comme un déchet. Il est jeté, incinéré ou acheminé à l’étranger, dans le meilleur des cas, pour être valorisé et à son retour, vendu en suisse. C’est une aberration. 

 

En Suisse et a fortiori dans le canton de Vaud, depuis près de 30 ans, la récolte, le tri et le traitement des laines suisses se sont arrêtés. Les mesures de soutien de L’OFAG à la valorisation de la laine sont à la mesure du marché, quasi inexistantes, elles ne prennent pas véritablement en compte la situation d’effondrement de cette filière agricole.

 

Actuellement, le prix du kilo de laine varie entre 0.20ct et 1.80fr et celui de la tonte entre 4-8fr par bête. La tonte est donc plus couteuse que le prix de la laine. A cela s’ajoute le prix du stockage avant acheminement vers les lieux d’incinération ou de récolte annuelle. Ces prix sont donc dérisoires, compte tenu de la masse de travail que représente l’élevage ovin et l’importante concurrence internationale pour la viande.

 

Dans la Banque de Données de Trafique des Animaux (BDTA), les ovins ne sont pas considérés comme producteur de laine, cette ressource agricole n’est pas prise en compte dans le rendement agricole. Et pour cause…

 

Bien que la politique agricole relève de la compétence nationale, le canton de Vaud pourrait jouer un rôle pionnier dans ce secteur, car la valorisation de la laine pourrait représenter une alternative très intéressante pour l’élevage ovin, du point de vue économique et écologique.

Actuellement, la laine est produite en vain et à perte, c’est pourquoi dans ce contexte, j'ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d'Etat:

 

  • Comment le Conseil d’Etat entend-il soutenir les agriculteurs/trices détenteur/trice      d’ovin s’agissant de la production de laine et ainsi diversifier la vocation de l’élevage ovin ?
  • Quels sont les outils de production existants dans le canton, de recyclage et de valorisation de la laine vaudoise (isolation, feutre maraîcher, feutre à fumière, engrais organique, fils…) ?
  • Quelles sont les possibilités de reconnaissance de certains de ces produits en termes de labels locaux et régionaux, type AOP/IGP ?

 

Nous remercions par avance le Conseil d’Etat pour ses réponses apportées à nos questions.

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Alberto MocchiVER
Théophile SchenkerVER
Didier LohriVER
Hadrien BuclinEP
Blaise VionnetV'L
Anna PerretVER
Valérie ZoncaVER
Kilian DugganVER
Felix StürnerVER
Denis DumartherayUDC
Circé FuchsV'L
Pierre WahlenVER
Nathalie VezVER
Sylvie PodioVER
Rebecca JolyVER
Pierre ZwahlenVER
Denis CorbozSOC
José DurusselUDC
Andreas WüthrichV'L
Sébastien HumbertV'L
Yannick MauryVER
Jacques-André HauryV'L
Yolanda Müller ChablozVER

Documents

Transcriptions

Mme Martine Gerber (VER) —

Je déclare mes intérêts : je suis détentrice de moutons et préside une association de valorisation de laine locale. Valoriser la laine locale, c’est respecter et s’intéresser à l’environnement, à l’élevage et aux métiers de la terre. C’est aussi soutenir l’agriculture. L’élevage ovin est utile, il est de tradition ancestrale. Il est pourtant plus que jamais nécessaire de repenser ces vocations ; elles sont multiples : la gestion de certains pâturages et de la fumure, l’usage de la viande, l’usage du lait, mais aussi l’usage de la laine. Pour un élevage raisonné, ancré socialement et économiquement dans une perspective de durabilité, il est impérieux de ne rien laisser perdre de ce qu’une bête nous apporte. Dans ce canton, en 2022, on recensait environ 15'000 moutons pour 490 détenteurs ou détentrices. Ces moutons vaudois produisent annuellement 54'000 kg de laine brute. Des questions complexes d’éthique, d’écologie et d’économie s’agissant de la production textile sont d’une grande actualité, à laquelle la laine est la plus souvent associée. Toutefois, avant d’être un textile, la laine est d’abord un produit agricole. Des voix s’élèvent dans le milieu agricole pour appeler à la valorisation de ce produit. La laine vaudoise pourrait notamment être transformée en matériau d’isolation pour nos bâtiments ou en feutre maraîcher. Le prix du kilo de laine varie aujourd’hui entre 20 centimes et 1,80 franc. La laine est produite à perte et ne couvre même pas les frais de tonte. Ces prix sont dérisoires et la concurrence internationale pour l’élevage ovin est féroce. Faute d’infrastructures régionales de traitement, ce produit agricole précieux continue d’être considéré comme un déchet ; il est jeté, incinéré ou, dans le meilleur des cas, acheminé à l’étranger pour être valorisé et, à son retour, vendu en Suisse comme produit suisse, et ce, sans reconnaissance pour les éleveuses et les éleveurs. C’est une aberration écologique, sociale et économique ! En Suisse, et a fortiori dans le canton de Vaud, depuis près de 30 ans, le marché de la laine a disparu. Les mesures de soutien de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) pour sa valorisation sont quasiment inexistantes et ne s’adressent pas directement aux éleveuses et éleveurs. Dans la banque de données du trafic des animaux, les ovins ne sont pas considérés comme producteurs de laine. Bien que la politique agricole relève de la compétence nationale, le canton de Vaud pourrait jouer un rôle pionnier dans ce secteur, car la valorisation de la laine pourrait représenter une alternative très intéressante pour l’élevage ovin du point de vue économique et écologique. Actuellement, la laine vaudoise est produite à perte et en vain. C’est pourquoi il est important d’avoir des réponses aux questions posées, sur le potentiel de la production de la laine et sur la diversification de l’élevage ovin, sur les structures existantes et/ou à mettre en place, et toute autre possibilité de mise en valeur de ce produit agricole négligé.  

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

Retour à l'ordre du jour

Partager la page

Partager sur :