24_PET_3 - Pétition Pour une liaison piétonne souterraine directe entre la Gare CFF et la Gare du Flon.

Séance du Grand Conseil du mercredi 18 décembre 2024, point 15 de l'ordre du jour

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Mme Isabelle Freymond (IND) — Rapporteur-trice

La Commission thématique des pétitions a siégé le jeudi 16 mai 2024 pour entendre les pétitionnaires ainsi que le directeur général de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR). Mme Marie Poncet-Schmid, secrétaire de commission parlementaire, a tenu les notes de séance et nous la remercions pour son travail. 

Munie de 1048 signatures, la pétition a été déposée le 26 mars 2024. Elle demande d’étudier la faisabilité d’une galerie piétonne souterraine directe et indépendante entre la gare de Lausanne et l’interface du Flon. Les pétitionnaires expliquent que le canton avait émis l’idée d’une liaison piétonne en 2007 déjà. En effet, le projet était inscrit dans la stratégie du développement de mobilité douce du Plan d’agglomération Lausanne-Morges (PALM) faisant suite à une inquiétude quant à une surcharge du tronçon entre la gare de Lausanne et celle du m2 au Flon. Cette solution de tunnel piéton visait à :

  1. réduire l’encombrement des stations et des rames de métro sur ce tronçon et par conséquent le temps d’attente aux stations ;
  2. réduire de moitié le temps de trajet à pied par rapport à la situation actuelle ;
  3. encourager la marche et la mobilité active.

L’avantage de cette option étant son indépendance vis-à-vis du métro, il n’y aurait pas d’interférence avec les travaux du m3 et de la gare souterraine prévue à l’horizon 2050. 

Le représentant de l’Etat indique qu’en 2012 – deuxième étape du projet d’agglomération – l’idée a été abandonnée au profit du développement de la complémentarité du m2 désormais en activité et du m3. Nouveau projet développé dans le cadre du PALM, le tunnel a été remplacé par la mixité des deux métros. Depuis 2014, le projet du programme des métros a été développé et la mise à l’enquête pour une première étape a été déposée, s’y est greffée la thématique des travaux de la gare et de leurs retards qui ont impacté le programme des métros du point de vue de la temporalité, de la complexité, de la technicité et des coûts. Début 2023, le département a décidé d’un temps mort pour procéder à une revue de projet. Il s’agit de reprendre le projet tel que développé au regard de la thématique de la gare CFF. Le département a intégré, dans sa réflexion et la revue de projet, la thématique du tunnel piéton qui fait l’objet d’analyses pointues. 

Les débats de la commission ont porté sur la construction de la gare de Lausanne, le manque de clarté dans les délais et le constat du peu d’influence que peut exercer le canton sur cette question. Une majorité des commissaires souligne l’intérêt de cette pétition et la mobilisation du mouvement citoyen qui l’a amenée devant la Commission des pétitions. Plusieurs commissaires estiment que transmettre la pétition n’apporterait pas grand-chose, qu’elle est superfétatoire. La commission recommande au Grand Conseil de renvoyer la présente pétition au Conseil d’Etat par 8 voix et 2 abstentions. 

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Guy Gaudard (PLR) —

Je décline mes intérêts, je fais partie de la Commission des pétitions et suis un Lausannois pure souche. Indépendamment du nouveau tracé du m3, nous nous devons de favoriser la mobilité dite piétonne entre la gare et le Flon. Cette pétition le demande à juste titre. Il est indispensable de favoriser le flux piétonnier entre ces deux gares, et une étude du tracé et des coûts doit être présentée rapidement, indépendamment des coûts liés aux travaux relatifs au m3. Une mutualisation des investissements doit être envisagée entre la ville de Lausanne, le canton et la Confédération. En effet, ce tunnel sera utilisé par de nombreux usagers du canton. Sa construction en devient stratégique. Il y a de nombreuses années, on se fichait de Renens, on se demandait si ce village serait un jour mis sous tutelle. Aujourd’hui, Renens est devenu une ville courtisée par de nombreux Suisses – alors qu’à l’époque, elle n’était pratiquement habitée que par des étrangers. Aujourd’hui, Renens s’est développée à tel point que sa gare en vient à supplanter celle de Lausanne. C’est un comble ! Il faut dire qu’à Renens, on décide, à l’inverse de Lausanne qui tergiverse même pour une galerie d’intérêt public… Je vous invite donc à renvoyer cette pétition au Conseil d’Etat.

Mme Graziella Schaller (V'L) —

Comme cela a été rappelé par la rapportrice de la commission, l’idée de ce tunnel avait été lancée en 2007, mais elle a ensuite été abandonnée, sous prétexte qu’une mixité entre le m2 et le m3 pourrait à terme assurer la circulation entre le Flon et la gare. Le rapport de la commission indique clairement que cette liaison sera étudiée. Par ailleurs, nous savons qu’à Lausanne, un postulat a aussi été renvoyé à la municipalité pour étudier la faisabilité de cette liaison. Or, lors de la présentation par le canton et la task force en début d’année, nous avons appris que le m3 n’allait plus s’arrêter au Flon et que la galerie piétonne ne faisait plus partie du projet étudié. Bien qu’elle se soit totalement réalisable, selon le Conseil d’Etat, elle ne répondrait pas aux besoins. Cette suppression de l’arrêt du m3 au Flon est un argument supplémentaire pour créer une galerie piétonne : elle deviendra d’autant plus nécessaire, parce que les gens auront moins de possibilités de circuler que dans le projet initial. La suppression de cette mixité entre la ligne m2 et m3, qui avait été une des raisons de l’abandon de la galerie, disparaît. Cette galerie sera d’autant plus importante, puisqu’il n’y aura plus que l’actuelle liaison qui est actuellement complètement surchargée. Ceux d’entre vous qui ont l’occasion d’emprunter cette liaison se rendent bien compte qu’elle est déjà complètement saturée. Nous avons beaucoup parlé des goulets d’étranglement pour des voitures, il s’agit ici d’un goulet d’étranglement pour les piétons, et pas uniquement aux heures de pointe. 

Nous venons de parler de toutes ces nouvelles constructions qui sont en train de sortir de terre dans le quartier de la Bourdonnette, ce qui va encore surcharger le m2. Evidemment, il y a aussi l’arrivée du tram qui est imminente. On nous a aussi dit que s’agissant d’un problème lausannois, c’est Lausanne qui devait financer cette liaison. Dans les faits, on se rend très bien compte que ce passage entre la gare et le Flon est principalement utilisé par des gens qui ne viennent pas de Lausanne. Ce n’est donc pas du tout un problème lausannois. Je pense que c’est vraiment un problème d’agglomération et que ceci doit être considéré au-delà des lunettes lausannoises. D’autant plus que, comme je viens de le dire, un postulat a été renvoyé en 2011 à la municipalité de Lausanne pour demander cette galerie piétonne et que la municipalité n’y a malheureusement pas encore répondu – on se demande un peu pourquoi. 

Nous l’avons aussi entendu, le nouveau tracé du m3 devrait générer une économie de plus de 370 millions. Je pense que cela permettrait quand même de financer les 50 millions estimés pour cette galerie. Je me réjouis d’entendre la suite des débats. Je rappelle que la population et notre Parlement ont soutenu cette idée, notamment lors des discussions sur la motion que j’avais déposée au Grand Conseil pour étudier la faisabilité de cette liaison. Le renvoi de la motion avait été unanime, si je me rappelle bien. Je me réjouis d’entendre les réponses et les arguments de notre conseillère d’Etat concernant ce changement de position par rapport à cette liaison. Si cette galerie n’était pas sérieusement étudiée, je pense que cela pourrait générer une opposition au projet du m3.

M. Alexandre Rydlo (SOC) —

la problématique de la gare de Lausanne, la problématique du métro m2 et de son développement, la problématique du m3 et, de manière plus générale, sur les transports publics dans la région lausannoise. Nous avons aussi parlé de l’horizon 2050 pour le développement successif de la gare de Lausanne. Je ne parle pas des travaux en cours – même s’ils prennent du retard et seront probablement achevés en 2036-2037, plutôt qu’en 2030 – mais l’objectif est d’avoir une nouvelle gare supplémentaire – une gare souterraine – dans le secteur de la gare actuelle de Lausanne. S’y ajoute encore la problématique du développement d’une potentielle nouvelle liaison entre Lausanne et Berne. Passera-t-elle par Fribourg ou pas ? Tout est encore ouvert, mais il devrait y avoir un nouveau tronçon pour gagner du temps, notamment entre Lausanne et Berne. Forcément, tout cela nécessite une nouvelle réflexion, notamment sur les modifications du tracé du métro m3 qui ne passera plus par le Flon. Il faudra aussi mener une réflexion sur la problématique des flux piétonniers entre le secteur Flon, le secteur Chauderon, le secteur de cette nouvelle gare souterraine – qui devrait voir le jour dans le secteur de la colline de Montbenon – et l’actuelle gare de Lausanne qui restera en place. 

Tous ces éléments doivent être repensés. Aujourd’hui, nous savons qu’il y a des ruptures de charges en gare de Lausanne avec les transports publics, notamment avec le métro m2. Je l’ai toujours dit, un train Twindexx Swiss Express qui contient 1000 passagers ne peut pas être absorbé en intégralité par une rame du métro m2, ni même par plusieurs. Forcément, nous devons réfléchir à ce flux piétonnier, sachant qu’aujourd’hui, beaucoup de gens transitent entre Lausanne-Gare et Lausanne-Flon en utilisant le métro m2. Bien évidemment, on peut monter le Petit Chêne, en termes de temps, c’est tout aussi rapide que de prendre le métro m2, surtout quand il est saturé. 

Aujourd’hui, nous devons encore revoir une autre problématique : le nouvel horaire de la gare de Renens va peut-être pousser les gens à changer leurs habitudes et ne plus passer par Lausanne pour se rendre aux hautes écoles, mais bien par Renens, parce que ce sera bien plus rapide avec les nouvelles liaisons grandes lignes mises en place depuis ce dimanche. Forcément, nous devrons mener toutes ces réflexions. Par conséquent, de manière générale, cette pétition a du sens entre deux réflexions concernant ces différents secteurs des transports publics. En revanche, il est évident qu’une telle galerie engendrera des coûts importants. La construction ne sera pas aisée, puisque l’on se trouve dans une zone urbaine, une zone dans laquelle il y a déjà de nombreux trous – et d’autres qui vont encore venir s’y ajouter. Forcément, cela demandera des réflexions plus conséquentes et ce n’est pas quelque chose qui se fera en 3 minutes.

Mme Nuria Gorrite (C-DCIRH) — Conseiller-ère d’Etat

Cela a été dit, pour cet objet, la Commission des pétitions a auditionné la DGMR. Nous étions alors en plein travaux de révision du projet des métros et cette question a évidemment fait l’objet d’une analyse approfondie de la part de l’équipe de projet. Aujourd’hui, nous avons les résultats de cette étude, des résultats assez exhaustifs d’ailleurs. Au fond, nous avons pris l’option suivante : l’année prochaine, de toute façon, vous serez nantis d’un exposé des motifs et projet de décret concernant la modernisation du métro m2 – notamment pour l’augmentation de ses capacités – et la poursuite des études pour la réalisation du métro m3. Dans le cadre de ce paquet, nous entendons aussi répondre à la motion Graziella Schaller et consorts qui nous avait soufflé cette idée qui a donné lieu à une étude assez approfondie sur la pertinence de la réalisation de cette infrastructure. Ce que je peux d’ores et déjà vous indiquer – bien entendu, le rapport in extenso vous sera remis dans le cadre du décret que nous vous soumettrons – c’est que l’affirmation qui consiste à dire « le métro m2 est déjà saturé et il n’y a pas d’alternative » est fausse. Je viens de le dire, d’une part, nous viendrons précisément solliciter le Grand Conseil pour une adaptation, une modernisation et un accroissement de capacité du métro m2 en début d’année prochaine. D’autre part, l’étude que nous avons menée a conduit à déterminer que la plupart des usagers ne se rendent pas au Flon, mais du côté de Chauderon qui deviendra à l’avenir un hub de mobilité aussi important que le Flon. Envoyer l’entier du trafic pédestre et du trafic du métro sur le Flon ne va donc pas résoudre la question. En effet, aujourd’hui, la demande de mobilité se distribue autrement en ville de Lausanne et le hub de Chauderon est appelé à prendre une importance tout aussi forte que celui du Flon. Dans cette optique, une fois ces chiffres posés et une fois que nous avons réalisé que le m3 ne devait plus aller en direction du Flon, mais de Chauderon – pour desservir de manière aussi importante ce futur hub de mobilité aussi important que celui du Flon – la réalisation de cette galerie piétonne a perdu de son sens et de son attrait. 

D’autre part, s’agissant du rapport coût-efficacité, je précise que la construction de ce tunnel souterrain – puisque c’est de cela qu’il s’agit – est à peu près aussi importante que la construction d’un tunnel pour un métro. En revanche, avec un tapis roulant, ce tunnel n’aura pas du tout les mêmes capacités qu’un métro. En effet, la capacité d’une liaison souterraine avec un tapis roulant reste très faible : elle est estimée à 4’000 personnes par heure et par sens, alors que le métro doit être en mesure de transporter environ 18’000 personnes par heure et par sens. On le voit bien, le rapport coût-efficacité à l’investissement n’est pas pertinent. Et je ne vous parle pas non plus de l’entretien de ce type d’infrastructure, ce n’est pas non plus un aspect à négliger. 

J’ajoute que nous aurions pu imaginer que cette infrastructure puisse se réaliser pour désengorger l’accessibilité pendant la durée de construction du métro. Or, nous voyons bien que cette procédure concernerait la même temporalité. Dans la planification temporelle, cette liaison ne serait donc pas opérationnelle avant les besoins de substitution liés aux travaux du m2. Il n’est donc pas non plus pertinent de penser que cette idée va décharger les besoins, parce qu’on ne pourra pas la réaliser préalablement. 

La réponse que nous apporterons consiste à dire qu’une liaison souterraine sera intéressante – c’est d’ailleurs ce que vient d’ailleurs de dire le député Rydlo – le jour où la Confédération donnera au canton de Vaud les moyens d’examiner le projet de future gare souterraine qui devra inéluctablement être réalisé à terme. Dans ce cadre, une liaison souterraine – comme il en existe aujourd’hui dans d’autres grandes gares ou de grands aéroports – pourrait utilement relier la gare actuelle en souterrain qui sera agrandie et la future gare souterraine. Dans ce cadre, nous retenons cette idée qui facilitera les flux de passagers entre une gare souterraine et l’autre. Voilà ce que le Conseil d’Etat apprécie dans le cadre de cette pétition. Néanmoins, dès lors qu’une motion Graziella Schaller et consorts nous a été adressée, nous entendons y répondre de manière plus exhaustive. Vous recevrez tous les chiffres et tous les documents qui vous démontreront que, du point de vue de la logique d’accessibilité au plan cantonal – puisqu’il s’agit bien de faire financer cet objet au plan cantonal –le rapport coût-efficacité n’est pas suffisant pour être retenu à ce stade.

Mme Graziella Schaller (V'L) —

Madame la conseillère d’Etat, je vous remercie pour vos réponses qui me laissent très songeuse et je regrette l’option qui est en train d’être prise. Par rapport à ce que vous avez dit sur les réflexions futures liées à la gare souterraine, je voudrais ajouter que nous avons tous entendu qu’elle allait se réaliser. Ce n’est un secret pour personne, des études sont menées dans ce sens et je pense que nous pourrions être visionnaires et anticiper ces questions de liaison. Je regrette que cela ne soit pas dit aujourd’hui, mais j’espère que, dans la réponse que vous apporterez au projet à venir, tout cela sera encore évoqué et que nous aurons alors l’occasion d’en rediscuter.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close. 

Le Grand Conseil décide de classer la pétition par 66 voix contre 53 et 8 abstentions.

M. Jacques-André Haury (V'L) —

Je demande un vote nominal.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

Cette demande est appuyée par au moins 20 membres.

Celles et ceux qui acceptent la pétition votent oui ; celles et ceux qui la refusent votent non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, le Grand Conseil décide de classer la pétition par 68 voix contre 52 et 7 abstentions.

*introduire vote nominal

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