23_MOT_15 - Motion Sébastien Cala et consorts - Mettons en lumière les sportives d'élite !.

Séance du Grand Conseil du mercredi 18 décembre 2024, point 37 de l'ordre du jour

Texte déposé

Au mois de septembre prochain, les amatrices et amateurs de sport auront la chance de pouvoir suivre le Tour de Romandie féminin (TDRF) aux bords des routes, sur leur télévision ou leur smartphone. Si la couverture médiatique de cette épreuve reste inférieure à celle du Tour de Romandie masculin, le TDRF est tout de même retransmis par la SSR ainsi que différents médias internationaux[1]. Ce n’est de loin pas le cas de nombre d’événements sportifs féminins d’importance.

 

Le décalage entre la couverture médiatique du sport féminin et masculin n’est pas une nouveauté. Il est même largement documenté à l’international, que ce soit pour la presse sportive, la télévision ou les nouveaux médias[2]. Si les raisons qui expliquent cet état de fait sont multiples, les conséquences pour le monde du sport féminin sont conséquentes.

La couverture médiatique permet en effet d’augmenter la visibilité d’un événement sportif ce qui est d’une part bénéfique pour les recettes (publicitaires, billetterie) et d’autre part pour la mise en valeur d’une discipline et d’athlètes modèles, souvent source d’inspiration pour les jeunes qui souhaitent débuter une pratique sportive.

 

Les parts de marché consacrées au sport féminin étant aujourd’hui très limitées, il est difficile pour un événement sportif féminin de vendre des droits de retransmission. De fait, nombre de ces manifestations ne bénéficient pas de production audiovisuelle car les coûts de production sont élevés pour les organisateurs qui ne prennent souvent pas le risque de financer la production de leur événement sans garantie de diffusion télévisuelle.

 

De leur côté, les diffuseurs ne souhaitent souvent pas acheter les droits ou financer la production d’un événement sportif s’ils n’ont pas de garanties concernant l’audience et la vente de publicité qui y est liée. Comme il subsiste passablement d’apriori concernant le sport féminin et que le marché est complexe, il est très difficile pour un événement sportif féminin d’être retransmis.  

 

Afin de favoriser la diffusion des événements sportifs féminins, il apparaît dès lors essentiel de couvrir les coûts de production audiovisuelle. Cela permettrait de réduire le risque pour les organisateurs et pour les diffuseurs. Le sport féminin en serait assurément bénéficiaire, que ce soit au niveau des organisateurs, des structures et des actrices.

 

Comme relevé précédemment, l’augmentation de la visibilité d’un événement ou d’une discipline permet en effet d’accroître ses revenus, ce qui favorise la professionnalisation, le renforcement des structures et de l’encadrement, sans oublier la mise en valeur des athlètes.

 

C’est pourquoi les soussignées et soussignés ont l’honneur de demander au Conseil d’Etat de :

 

  • Modifier la Loi sur l’éducation physique et le sport (LEPS) afin de permettre le subventionnement de la production audiovisuelle d’événements sportifs féminins ou mixtes.

 

[1]https://tourderomandiefeminin.ch/a-propos/ (Consulté le 21.05.2023)

[2] FINK Janet S., « Female athletes, women’s sport, and the sport media commercial complex : Have we really “come a long way, baby”? », Sport Management Review, vol. 18, n°3, 2015, pp. 331-342.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Felix StürnerVER
Jean TschoppSOC
Vincent KellerEP
Jean-Marc UdriotPLR
Isabelle FreymondIND
Alberto MocchiVER
Yves PaccaudSOC
Sébastien PedroliSOC
Maurice NeyroudPLR
Cédric RotenSOC
Julien EggenbergerSOC
Yannick MauryVER
Cloé PointetV'L
Sergei AschwandenPLR
Josephine Byrne GarelliPLR
Céline MisiegoEP
Alexandre RydloSOC
Cédric WeissertUDC
Jerome De BenedictisV'L
Jean-Daniel CarrardPLR
Olivier GfellerSOC
Hadrien BuclinEP
Carine CarvalhoSOC
Nathalie VezVER
Graziella SchallerV'L
Théophile SchenkerVER
Patricia Spack IsenrichSOC
Thanh-My Tran-NhuSOC
Regula ZellwegerPLR
Laurent BalsigerSOC
Romain PilloudSOC
Amélie CherbuinSOC
Jean-Louis RadiceV'L
Sandra PasquierSOC
Cendrine CachemailleSOC
Joëlle MinacciEP
Jean-Rémy ChevalleyPLR
Nathalie JaccardVER
Alice GenoudVER
Muriel ThalmannSOC
Pierre-François MottierPLR

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Vincent Bonvin (VER) — Rapporteur-trice

La motion proposée vise à favoriser la médiatisation des événements sportifs féminins et mixtes. Elle découle des constats du motionnaire, également vice-président de Sport Vaud et impliqué dans l’initiative « Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse ». L’objectif est clair : combler le déséquilibre entre le sport masculin, largement diffusé, et le sport féminin, qui souffre d’une moindre visibilité médiatique. La médiatisation est vue comme un levier pour la valorisation des disciplines sportives et la croissance des revenus, notamment par la vente d’espaces publicitaires. Le motionnaire propose donc une modification de la Loi sur l’éducation physique et le sport (LEPS) pour permettre des subventions destinées à la production audiovisuelle des événements sportifs féminins ou mixtes.

Les discussions en commission ont été riches et ont mis en lumière plusieurs points essentiels. Tout d’abord, la position du Conseil d’Etat est la suivante : il a reconnu l’importance de promouvoir le sport féminin, tout en soulignant que le problème principal réside dans la reprise médiatique et non dans la production d’images. De plus, le Conseil d’Etat travaillant actuellement sur un contre-projet à l’initiative pour le sport, l’idée est d’adopter une approche globale et structurée pour le soutien aux manifestations sportives. Enfin, des actions sont en cours, comme des formations pour encourager les femmes dans des fonctions dirigeantes ou le soutien à l’Euro féminin 2025.

La discussion entre les commissaires peut se résumer ainsi : premièrement, tous les commissaires s’accordent sur la nécessité de promouvoir le sport féminin tant en matière de médiatisation que de pratiques. Deuxièmement, certains commissaires ont élargi la discussion en insistant sur l’intérêt promotionnel et touristique des événements sportifs citant des exemples comme le Tour de Romandie féminin. Finalement, plusieurs interventions ont mis en avant la mixité des événements comme une solution efficace pour valoriser les sports féminins et réduire les coûts de production audiovisuelle. Les commissaires ont également eu un débat sur les moyens. En effet, le Conseil d’Etat a rappelé que le subventionnement actuel prend déjà en compte les frais de production audiovisuelle, 17 manifestations étant subventionnées à ce titre. Toutefois, les coûts d’une couverture télévisée sont importants. Pour que la subvention couvre l’entier des frais, il faudrait une augmentation significative des aides, ce qui impliquerait des budgets multipliés par six ou dix. De plus, rien ne permet de penser que l’augmentation de la subvention permettrait de produire – et surtout de diffuser – les images de ces événements. 

En conclusion, au terme des échanges, le motionnaire propose de reformuler sa motion afin d’élargir la réflexion. Sa proposition est la suivante : « Favoriser le sport féminin en renforçant notamment le subventionnement d’événements sportifs féminins ou mixtes, par exemple en regard de leur intérêt promotionnel, touristique et économique. »

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Sébastien Cala (SOC) —

En préambule, je déclare mes intérêts en tant que vice-président de Sport Vaud et vice-président du Comité d’initiative « Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse ».

A l’exception d’une ou deux disciplines sportives marquantes, les compétitions féminines sont globalement moins visibles médiatiquement que les compétitions masculines. L’objectif initial du texte est de favoriser la visibilité du sport féminin par des mesures ciblées et incitatives. Lorsqu’un événement sportif est visible médiatiquement, la discipline est valorisée et l’événement voit souvent ses revenus croître. C’est une sorte de cercle vertueux qui s’enclenche. Finalement, les structures s’améliorent et les sportives en sont bénéficiaires. Actuellement, des organisatrices et organisateurs n’ont pas toujours les ressources pour se lancer dans la production d’images ou ils craignent les coûts financiers. En même temps, des diffuseurs ne sont pas toujours très enclins à prendre ces images, car ils ont des inquiétudes sur leur capacité à vendre des publicités. Cela crée une sorte de blocage. 

Initialement, mon texte ciblait les coûts de production audiovisuelle des événements sportifs. Toutefois, comme l’a rappelé le rapporteur, après les échanges très constructifs entre membres de la commission, Mme la conseillère d’Etat et ses services, la commission a proposé une prise en considération partielle, pour une approche plus large de la problématique soulevée et tout à fait intéressante, à mon sens, et que je soutiens. Ce texte s’insère parfaitement dans les réflexions en cours avec le contre-projet « Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse ». A l’image de la commission, unanime, je vous encourage à renvoyer ce texte au Conseil d’Etat. 

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close.

Le Grand Conseil prend la motion en considération partiellement à l’unanimité.

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