22_POS_51 - Postulat Cédric Roten et consorts au nom SOC - Maturité professionnelle : Des conditions d’admission qui influencent la réussite.

Séance du Grand Conseil du mardi 16 janvier 2024, point 17 de l'ordre du jour

Texte déposé

En Suisse, deux tiers des jeunes obtiennent un certificat fédéral de capacités (CFC) et environ un quart d’entre eux le complète par une maturité professionnelle (MP), 13% pendant leur apprentissage (MP1) et quelque 10% après (MP2). La MP est une composante centrale de la perméabilité de notre système éducatif : elle complète la formation professionnelle initiale avec une culture générale élargie afin de permettre à ses titulaires d’entreprendre des études dans une haute école spécialisée (HES). Cette perméabilité du système de formation suisse a été identifiée comme étant l’un des facteurs qui permet de maintenir le taux de chômage des jeunes à un bas niveau et qui explique la compétitivité et la capacité d’innovation de la Confédération. [1]

 

Une étude de l’Observatoire suisse de la formation professionnelle (OBS HEFP) a démontré que le pourcentage de jeunes qui effectuent une MP stagne. Il n’a augmenté que de 7% au cours des huit dernières années. [2]

 

Les MP1 et les MP2 s'adressent en partie à des groupes cibles différents. La MP2 semble être le modèle le plus intégratif. L’octroi de MP2 a augmenté de presque 21% entre 2012 et 2019, tandis que le pourcentage de MP1 a légèrement reculé. La question se pose de savoir comment développer ces deux modèles de façon à mieux exploiter leurs potentiels respectifs.

 

Si L’offre de places d’apprentissage MP1 dépend fortement de la disposition des entreprises, elle permet aux jeunes qui ont de bons résultats d'enchaîner directement avec des études au degré tertiaire. Elle s’adresse aux apprenti.e.s qui pourraient tout aussi bien opter pour le gymnase, mais qui aimeraient acquérir des connaissances pratiques en plus de celles théoriques. Les apprenti.e.s de la MP1 se caractérisent par leur motivation et leur volonté de s’investir.

 

Parmi celles et ceux qui obtiennent une MP, les deux tiers poursuivent des études supérieures dans les secteurs de l’économie où les diplômes HES sont importants pour la prospérité de notre canton et du pays (technique et technologies de l’information, architecture, construction et planification, chimie et sciences de la vie, et santé).

 

Dans le cadre d’une analyse générale de la situation mandatée par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), il est ressorti une très grande disparité cantonale au niveau du taux d’obtention de la MP pour les personnes en formation. Les cantons du Tessin (42%) et de Neuchâtel (38%) sont ceux qui affichent les taux de MP les plus élevés, alors que la part des apprentis et des apprenties titulaires d’une MP est la plus faible dans les cantons d’Uri et de Schwyz (16%). On ne constate pas de concurrence directe entre la maturité gymnasiale et la MP : au Tessin par exemple, le taux de maturités gymnasiales est lui aussi élevé. [3]

 

Un rapport de la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP) publié le 30 août 2022 a confirmé que plus les conditions d’admission réduisent la probabilité de commencer une maturité professionnelle plus les chances de succès sont réduites. Cette étude suggère que les perspectives de formation sont déterminées par le canton de résidence, indépendamment des aptitudes individuelles. [4]

 

Les critères d’admission à la MP varient selon les cantons. Pour le canton de Vaud, ce sont les articles 112 intitulé “Admission modèle intégré” et 113 intitulé “Admission en modèle post-CFC” du règlement d'application de la loi vaudoise du 9 juin 2009 sur la formation professionnelle (RLVLFPr/VD; RSVD 413.01.1) qui fixent ces critères d’admission. [5]

 

La comparaison des procédures d’admission avec les taux de MP met en évidence que les cantons qui ne prévoient pas d’examen d’admission obligatoire, ce qui n’est pas le cas du canton de Vaud, présentent, de manière générale, un taux de MP plus élevé que les autres.

 

Au vu de l’étude du SEFRI et de la HEFP qui ont clairement mis en évidence que les cantons qui ne brident pas l’accès à la maturité professionnelle sont les cantons qui ont le plus de succès dans cette orientation, j'ai l'honneur de demander au Conseil d'Etat d'étudier les différentes pistes qui permettraient de réévaluer les conditions d'admission à la maturité professionnelle afin de faciliter l’accessibilité à cette filière et la rendre plus attrayante.

 

Je remercie d'avance le Conseil d’Etat pour sa réponse.
Cédric Roten, membre du Grand Conseil – groupe socialiste

 

[1]http://ncee.org/wp-content/uploads/2015/03/SWISSVETMarch11.pdf
      https://cemets.ethz.ch/cemets-news/2017/08/entry-10--building-permeability-modern-reforms-in-switzerland.html
[2]https://www.ehb.swiss/sites/default/files/trendbericht_4_fr_v2-web.pdf
[3]https://www.sbfi.admin.ch/sbfi/fr/home/formation/maturite/maturite-professionnelle/renforcement-de-la-maturite-professionnelle.html
[4]https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-90101.html
[5]https://www.lexfind.ch/fe/fr/tol/19342/fr


 

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Didier LohriVER
Oriane SarrasinSOC
Alberto CherubiniSOC
Felix StürnerVER
Yannick MauryVER
Sonya ButeraSOC
Patricia Spack IsenrichSOC
Claire Attinger DoepperSOC
Sébastien CalaSOC
Claude Nicole GrinVER
Géraldine DubuisVER
Jean TschoppSOC
Joëlle MinacciEP
Muriel ThalmannSOC
Carine CarvalhoSOC
Denis CorbozSOC
Romain PilloudSOC
Marc VuilleumierEP
Cendrine CachemailleSOC
Valérie InduniSOC
Sandra PasquierSOC
Théophile SchenkerVER
Monique RyfSOC
Valérie ZoncaVER
Julien EggenbergerSOC
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Pierre WahlenVER
Amélie CherbuinSOC
Yves PaccaudSOC
Sylvie PodioVER
Nathalie JaccardVER
Nathalie VezVER

Documents

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