21_POS_38 - Postulat Léonard Studer et consorts - Pour renforcer la protection des narcisses dans nos prairies.

Séance du Grand Conseil du mardi 18 janvier 2022, point 9 de l'ordre du jour

Texte déposé

Narcissus radiiflorus est une très jolie plante qui, dans notre canton, fleurit en mai dans quelques prairies de la Riviera, du Pays d'Enhaut et du Jura. Cette floraison est un ravissement et attire chaque printemps de très nombreux promeneurs dans les préalpes vaudoises. Ces prairies à narcisses sont un trésor de notre canton. Malheureusement, année après année, on constate le déclin de ces fleurs.

 

Les pressions sur les prairies à narcisses sont nombreuses. Il y a la fauche, le pâturage en pleine période de floraison, les promeneurs au sens civique peu développé qui cueillent "malgré tout" cette plante, l'avancée de la forêt et, bien sûr, les changements climatiques.

 

Le déclin est sérieux et l'espèce est désormais considérée comme potentiellement menacée. Si l'on continue sur cette voie, l'espèce risque de devenir vulnérable, en danger ou au bord de l'extinction. Heureusement, nous n'y somme pas encore mais il est temps de réagir !

 

Quelques efforts de protection sont entrepris depuis quelques années. Il faut citer ici la réponse du Conseil d'Etat en février 2021 à la question orale d'Olivier Epars à ce sujet. En particulier, « [grâce à l'article 42 du règlement sur l’agro-écologie,] le service (DGAV) peut accorder une aide financière portant sur les frais d'étude de projets permettant la sauvegarde d'un patrimoine paysager rural typique, tels que les prairies à narcisses ou riches en orchidées".

 

Toutefois ce qui est actuellement fait en ce domaine repose essentiellement sur des démarches volontaires des exploitants de ces prairies. Cela peut être soutenu par l'Etat ou par quelques communes. Mais, la situation est assez sérieuse pour qu'on ne puisse pas se contenter de quelques mesures de protection légères. Aujourd'hui, face à ce déclin continu, il s'agit de se montrer plus volontaire et actif. Ainsi nous demandons au Conseil d'Etat d'étudier la faisabilité:


1) d'établir un inventaire complet et récurrent des prairies à narcisses dans le canton
2) de mettre en oeuvre des mesures de protection de ces prairies
3) de renforcer le soutien aux exploitants de ces prairies afin que les mesures de protection ne les impactent pas excessivement

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Felix StürnerVER
Anne-Laure Métraux-BotteronVER
Vincent KellerEP
Taraneh AminianEP
Blaise VionnetV'L
Rebecca JolyVER
Yves PaccaudSOC
Sabine Glauser KrugVER
David RaedlerVER
Anne Baehler Bech
Muriel ThalmannSOC
Stéphane MontangeroSOC
Jean-Louis RadiceV'L
Cendrine CachemailleSOC
Andreas WüthrichV'L
Cédric EchenardSOC
Séverine EvéquozVER
Cloé PointetV'L
Olivier Epars
Nathalie JaccardVER
Elodie LopezEP
Jean-Marc Nicolet
Alice GenoudVER

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Stéphane Montangero (SOC) — Rapporteur-trice

Nous nous sommes rencontrés le 30 novembre dernier pour débattre du postulat de notre collègue Léonard Studer pour renforcer la protection des narcisses dans nos prairies. A cette occasion, le postulant a rappelé que cette fleur est un emblème de notre canton, qui en endosse donc une certaine responsabilité s’agissant de sa préservation. Les Préalpes vaudoises constituant l’une des dernières zones en Suisse à en posséder une grande surface, cette fleur a encore une importance touristique et économique pour la Riviera. Il a aussi été fait mention du fait que ces narcisses figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et sont une espèce menacée qui risque l’extinction. Le postulant a conclu qu’une politique renforcée de la protection du narcisse pourrait s’appliquer à l’avenir à d’autres espèces menacées dans notre canton.

La conseillère d’Etat a souligné que les prairies à narcisses constituent un patrimoine naturel et paysager important qu’il convient de protéger. Aujourd’hui, au vu du changement des pratiques agricoles, les surfaces dépourvues de narcisses ne semblent pas en mesure d’en présenter dans le futur. Reste à savoir si celles qui en abritent encore pourront les sauvegarder sur le long terme. Il a aussi été fait mention du fait que le parc Gruyère-Pays d’Enhaut a conduit un inventaire, en 2016 et 2017, sur près de 15’000 hectares de surface agricole, ce qui est conséquent. Cela a donné une meilleure vue du sujet. Le suivi ou la répétition d’un inventaire seraient pertinents dans un espace-temps d’une dizaine d’années. Comme le dernier a eu lieu en 2016 et 2017, il y aurait lieu de le mener en 2026 ou 2027 et d’évaluer l’efficacité des mesures instaurées dans le cadre des projets de qualité du paysage et des réseaux agroécologiques, un des objectifs étant de mettre sous protection paysagère le secteur Villard-sur-Chamby qui abrite la plus grande proportion de praires à narcisses.

Lors de la discussion générale, plusieurs commissaires ont souligné l’importance de délimiter les zones de protection en concertation avec les agriculteurs et agricultrices. Il a aussi été fait mention des diverses mesures évoquées par Mme la conseillère d’Etat et ses services. Un inventaire ayant déjà été effectué, il conviendrait de modifier le postulat, ce qui a été reconnu par l’ensemble des commissaires. D’autres commissaires ont relevé l’importance d’effectuer un inventaire complet, au-delà de la Riviera, notamment dans le Jura vaudois, où il y a également de magnifiques prairies à narcisses. Cela entraîne un coût, mais le retour sur investissement est quasi garanti, ne serait-ce que par l’attrait touristique des narcisses.

Finalement, le texte a été modifié pour tenir compte du premier inventaire. Le point 1, qui demandait « d’établir un inventaire complet et récurrent des prairies à narcisses dans le canton », demande désormais « d’assurer la récurrence d’un inventaire complet dans les prairies à narcisses dans le canton ». La modification a été acceptée par l’ensemble de la commission, ainsi que par le postulant. A l’unanimité, la commission recommande au Grand Conseil de prendre partiellement en considération ce postulat et de le renvoyer au Conseil d’Etat.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Léonard Studer —

Je remercie mes collègues, ainsi que la conseillère d’Etat et ses collaboratrices et collaborateurs pour les discussions constructives menées en commission. Elles ont abouti à une recommandation de prise en considération partielle de mon postulat et à un renvoi au Conseil d’Etat. Il s’agit d’un problème de biodiversité pour lequel il y a urgence. Je vous invite donc à renvoyer ce postulat au Conseil d’Etat.

M. François Cardinaux (PLR) —

Certes, il est important de soutenir ce texte, ce que nous avons fait en commission. Toutefois, cessons de demander à l’Etat de refaire ce qu’il a déjà fait. Heureusement, nous avons évité de lui demander de faire ce qu’il avait déjà prévu. Evitons les doublons et laissons aller les choses. Je remercie le Conseil d’Etat pour son travail. Je soutiens le postulat dès lors qu’il a été modifié – et heureusement qu’il l’a été.

M. Jean-François Thuillard (UDC) —

Heureux canton ! On veut surprotéger les narcisses. Et après ? Les marguerites, les coquelicots, etc. ? Les normes de protection sont déjà plus que restrictives pour toutes sortes de prairies fleuries. Par chance, je n’ai pas de narcisses sur mon exploitation. Merci de ne pas ajouter de mesures déjà très restrictives et de refuser ce postulat… fleuri.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est close.

Le Grand Conseil prend le postulat en considération partiellement avec plusieurs abstentions.

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