21_REP_117 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Yves Paccaud et consorts - La fracture numérique va-t-elle exclure les personnes âgées des bus ? (21_INT_68).
Séance du Grand Conseil du mardi 31 janvier 2023, point 16 de l'ordre du jour
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe remercie le Conseil d’Etat de sa réponse qui me satisfait. Je prends bonne note que le Conseil d’Etat, par la Direction générale de la mobilité et des routes, a donné une orientation générale aux entreprises vaudoises de transports publics afin de cadrer le passage au numérique.
Il est vrai que les automates à billets sont sous-utilisés et qu’ils coûtent cher aux compagnies de transport. En conséquence, si on veut les faire disparaître, il faut mettre en place plusieurs mesures d’accompagnement afin de faciliter la transition vers le numérique et procurer de nouvelles alternatives de paiement aux passagers, même s’ils ne disposent pas de téléphone portable.
Le rapport du Conseil d’Etat note que les entreprises doivent proposer des solutions simples et accessibles pour l’achat de titres de transport, y compris pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas recourir aux canaux numériques de distribution notamment en maintenant une possibilité d’acquérir des titres de transport d’une manière physique – guichet, automate ou autre solution – ainsi qu’au moyen d’un simple SMS qui ne nécessite pas l’utilisation d’un smartphone.
Des solutions variées existent et je pense que les compagnies de transport pourraient s’inspirer de ce qui se fait dans plusieurs pays voisins ou dans d’autres contrées plus éloignées, comme l’Argentine où les usagers peuvent acheter et recharger des cartes magnétiques à prépaiement dans les kiosques, les gares ou les bureaux de poste, à l’instar des cartes à dix francs que nous utilisions naguère pour téléphoner, puis badgent en entrant dans le transport public.
La discussion est ouverte.
J’aimerai appuyer ce que mes collègues Paccaud et Thalmann ont dit, car la situation est très inégale dans le canton d’une entreprise de transport public à l’autre. J’aimerais revenir sur ce qu’avait mis en lumière le quotidien La Côte, il y a environ 3 mois, concernant mon district dans lequel les habitantes et habitants de plusieurs communes restent actuellement dans l’impasse. L’exemple qui avait été donné est le cas d’un habitant de Cottens qui n’a pas accès aux outils numériques ni aux moyens de paiement adaptés et qui doit se rendre dans l’urgence à Morges en bus : absolument rien n’est prévu dans ce cas-là. L’entreprise Morges-Bière-Cossonay dont le Conseil d’Etat est représenté au sein du Conseil d’administration, admet elle-même qu’une situation existe pour laquelle il n’y a actuellement pas d’alternative valable. De ce point de vue, je trouve la situation insatisfaisante et je partage ce que dit Mme Thalmann. Pourtant nous avons évoqué des alternatives concrètes. L’une d’entre-elle que l’on peut citer existe et qui est mise en place au sein des Transports publics de la région nyonnaise (TPN) : les distributeurs embarqués à bord des véhicules en remplacement de la vente auprès des conductrices et conducteurs. Ces appareils ont été installés – si mes informations sont bonnes – en mars 2022 à bord de tous les véhicules TPN, avec une excellente acceptation de la part de la clientèle. Les TPN, en parallèle, ont lancé une carte à prépaiement gratuite, anonyme et rechargeable qui permet de payer son titre de transport directement à la borne du bus. Le système de borne, notamment, et de carte prépayée existe dans d’autres pays, comme en Argentine comme l’a dit M. Paccaud, ou même au Japon et en Corée du Sud, qui sont certainement les pays les plus numérisés dans le monde. Il est intéressant de constater que ces deux pays fonctionnent avec le système qu’on vient d’évoquer avec M. Paccaud, preuve que numérisation forte n’est pas synonyme de bannissement, comme le démontrent certains Etats d’Extrême Orient.
Pour information, nous recevons ce lundi en séance de municipalité, à Echandens, le directeur de l’entreprise MBC. Des solutions sont mises en place, et notamment des solutions individualisées où les personnes n’ayant pas accès aux solutions numériques peuvent téléphoner à la société de transport, qui enverrait des titres de transport, par avance, aux personnes le désirant qui n’auront qu’à y inscrire l’heure et le jour de départ. Des solutions sont également étudiées pour des ventes dans des locaux tiers sont étudiées. Toutes ces solutions existent contrairement à ce qui a pu être affirmé. À ce sujet j’encourage plutôt les entreprises de transport public, et par analogie le Conseil d’Etat, à bien vouloir communiquer sur ces solutions, car elles existent. Je crois que l’une des problématiques auxquelles nous faisons face concernant la solution de badger à l’entrée des transports publics et celle de préimprimer des tickets et de les envoyer aux personnes nécessitant des billets en avance, c’est le nombre de zones qui constitue notre réseau Mobilis. Or ce nombre de zones entraine une confusion énorme, et une difficulté pour préimprimer des billets.
Vos interventions vont dans le même sens que l’avis du Conseil d’Etat, qu’il a d’ailleurs exprimé à l’ensemble des représentant-es de l’Etat au sein des entreprises de transports publics. Pour rappel, elles ne sont pas dirigées par l’Etat de Vaud, mais ce sont des compagnies de transport dotées d’une autonomie de gestion et au rang desquelles siègent beaucoup des municipalités. J’encourage donc vivement les représentants de cette région qui se sont exprimés à s’adresser directement à la compagnie de transports ou à leurs propres représentants des municipalités pour appuyer cette vision, c’est-à-dire que le passage au numérique est vraisemblablement inéluctable mais qu’il doit s’accompagner de mesures pour venir appuyer celles et ceux qui se sentent moins à l’aise, pour une raison ou une autre. J’aimerai tout de même citer à cette tribune un élément qui n’a pas été souligné, mais qui me semble essentiel : la fracture numérique, citée dans l’interpellation de M. Paccaud ne frappe pas que les personnes âgées et j’aimerais beaucoup que l’on ne catégorise pas les « compétents du numérique » comme étant des personnes jeunes et les « incompétents du numérique » comme étant des personnes âgées. Cette réduction ne correspond pas à la réalité ; certaines personnes âgées sont totalement à l’aise avec les outils informatiques et je pense que d’autres dimensions interviennent, et notamment le niveau de formation. Avec les primo-arrivants, et toute la question des personnes migrantes qui y sont moins habituées, cela n’a rien à voir avec de l’âgisme. C’est donc vrai que la question de la fracture numérique est beaucoup plus complexe ; elle fait donc l’objet d’un examen très attentif, dans un autre de mes services – la DGNSI – qui essaie justement de travailler pour réduire la fracture numérique ainsi que de la comprendre.
Je me permets de parler après madame la conseillère d’Etat, en vous priant de m’excuser. Je voulais ajouter qu’il ne s’agit pas seulement de personnes âgées, mais qu’il ne s’agit non plus d’une question d’incompétence ; il peut aussi s’agir d’une question de choix.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Ce point de l’ordre du jour est traité.