24_RES_11 - Résolution Mathilde Marendaz et consorts au nom les députées et députés de l'arrondissement Jura Nord vaudois - Yverdon - Suppression de l'arrêt de train Yverdon-Champ Pittet : nous demandons une action du Conseil d'État (Développement et mise en discussion avec au moins 20 signatures).

Séance du Grand Conseil du mardi 24 septembre 2024, point 9 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les CFF projettent de supprimer temporairement (plusieurs années) l'arrêt de train d'Yverdon Champ Pittet dès le 15.12.24. Cette suppression affectera des institutions Nord vaudoises importantes : le Gymnase d’Yverdon, la HEIG-VD ou le Centre Pro-Natura. Cet arrêt de train bénéficie à de nombreux⸱ses employé⸱e⸱s en provenance de la Broye ou de Fribourg. Cette suppression les conduira à prendre la voiture plutôt que le train pour rejoindre Champ-Pittet/Est d'Yverdon, et sera par ailleurs une perte de temps pour les usager⸱e⸱s obligé⸱e⸱s de passer par la Gare d’Yverdon pour prendre un bus surpeuplé aux heures de pointe. C’est le plus grand centre nature de Suisse avec quelque 50000 visiteurs par an qui perd une connexion centrale pour sa mobilité. Le but des CFF étant de gagner 3 minutes sur la ligne en supprimant un arrêt pour garantir une meilleure correspondance pour Lausanne, supprimer d'autres arrêts moins isolés aurait été possible. La suppression a été annoncée pour 2 à 4 ans minimum, mais les CFF ne sont pas assez clair sur la suite.

 

Par cette résolution, le Grand Conseil invite le Conseil d'État de tout mettre en œuvre pour que la suspension de cet arrêt important pour le Nord vaudois, soit la plus brève possible et que les autorités vaudoises compétentes soutiennent la mise en place de solutions alternatives durant la suspension.

 

Pour l'arrondissement Jura Nord vaudois - Yverdon Agassis Olivier (UDC), Cachemaille Cendrine (SOC), Carrard Jean-Daniel (PLR), Dessemontet Pierre (SOC), Dubuis Géraldine (VER), Durussel José (UDC), Glauser Krug Sabine (VER), Marendaz Mathilde (EP), Paillard Jean-Franco (PLR), Petermann Olivier (PLR), Roten Cédric (SOC), Schelker Carole (PLR), Schenker Théophile (VER), Simonin Patrick (PLR), Tanner Fabrice (UDC).

 

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Romain PilloudSOC
Jean-Franco PaillardPLR
Nathalie VezVER
Carole SchelkerPLR
Yannick MauryVER
José DurusselUDC
Aurélien DemaurexV'L
Sébastien KesslerSOC
Théophile SchenkerVER
Olivier AgassisUDC
Jean-Daniel CarrardPLR
Sébastien CalaSOC
Patrick SimoninPLR
Yves PaccaudSOC
Jean-Louis RadiceV'L
Cloé PointetV'L
Fabrice TannerUDC
Laurent BalsigerSOC
Sébastien HumbertV'L
Sabine Glauser KrugVER
Hadrien BuclinEP
Olivier PetermannPLR
Eliane DesarzensSOC
Isabelle FreymondIND
Géraldine DubuisVER
Alberto MocchiVER
Pierre DessemontetSOC
Cédric RotenSOC
Vincent BonvinVER
Laure JatonSOC
Cendrine CachemailleSOC

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La résolution étant accompagnée de 31 signatures, le président ne demande pas l’appui de 20 membres.

Mme Mathilde Marendaz (EP) —

Cette résolution, déposée en juin avec la députation de l’arrondissement Jura-Nord vaudois, revient sur le projet de suppression temporaire de l’arrêt de train d’Yverdon-Champ-Pittet dès le 15 décembre 2024, qui affectera la fréquentation du gymnase d’Yverdon, la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) ou le centre Pro Natura, trois institutions importantes pour notre région. Cette suppression aura des conséquences sur les employés en provenance de la Broye ou de Fribourg, les étudiants ou les visiteurs de Pro Natura – 80 quotidiennement – qui devront prendre un bus depuis Yverdon, dont on connaît la pénibilité aux heures de pointe, ce qui encouragera certainement certains à recourir à la voiture, développement regrettable d’un point de vue climatique. La conseillère d’Etat avait répondu, lors de l’heure des questions du mois de juin, que le canton de Vaud s’est engagé dès 2022, avec d’autres cantons romands, pour renforcer les dessertes, profitant à la population vaudoise en majorité, mais prétéritant une minorité ciblée par ces arbitrages opérés par le Conseil d’Etat, les autres cantons romands et les CFF. Je regrette pour ma part que ces arbitrages ciblent ainsi notre arrondissement et ses institutions. Il est toutefois tout à fait compréhensible de privilégier les 650 voyageurs par jour qui comptent sur la correspondance à Yverdon, principalement en direction de Lausanne. Néanmoins, il y a lieu aujourd’hui de demander que les conséquences de cette suppression importante soient moindres sur la durée comme sur les alternatives présentées. C’est le sens de cette résolution qui contient deux éléments : 

  1. Premièrement, le souhait que la suppression de l’arrêt soit la plus brève possible, puisqu’il y a un enjeu autour de la durée de cette suppression qui est pour l’heure inconnue – entre 2 et 4 ans. 
  2. Deuxièmement, la résolution demande le soutien à des solutions alternatives durant la suspension pour permettre aux usagers et aux usagères de continuer à avoir recours aux transports publics, soit le renforcement des solutions déjà été envisagées par le Conseil d’Etat, par exemple l’ajustement de la grille horaire des institutions comme le gymnase et la HEIG-VD, mais aussi d’autres solutions, par exemple la mise à disposition de liaisons de bus plus directes jusqu’à la gare aux horaires de pointe, afin de remédier aux trajets allongés et à la surpopulation des bus en question. 

Par cette résolution, le Grand Conseil invite le Conseil d’Etat à tout mettre en œuvre pour que la suspension de cet arrêt important pour le Nord vaudois soit la plus brève possible et que les autorités vaudoises compétentes soutiennent la mise en place de solutions alternatives durant cette suspension.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Jean-Daniel Carrard (PLR) —

Au-delà des clivages politiques, j’interviens au nom du groupe PLR, comme député du Nord vaudois et cosignataire de cette résolution. C’est un arrêt extrêmement pratique pour les visiteurs et aussi pour les élèves du Centre d’enseignement secondaire supérieur du Nord vaudois (CESSNOV) qui est très proche de cet arrêt. Les CFF ont annoncé une suppression provisoire sans garantie pour la suite. Afin que ceci ne soit pas du « provisoire qui dure » – un classique – le PLR soutient cette résolution pour que cette suppression soit la plus brève possible. Je vous invite à la soutenir également et j’invite aussi le Conseil d’Etat à défendre cette position.

M. Jerome De Benedictis (V'L) —

Je remercie Mme la députée Marendaz pour le dépôt de cette résolution. Permettez-moi encore de préciser que le cas soulevé concerne également d’autres gares, dans d’autres régions, qui ont été soit supprimées il y a plusieurs années – je pense notamment à la gare de Tolochenaz qui aujourd’hui se retrouverait au milieu d’un site stratégique de développement d’activité – soit qui font l’objet actuellement de réflexions au sein des CFF et de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) prévoyant un affaiblissement de l’offre. Le groupe vert’libéral soutiendra unanimement cette résolution et espère bien évidemment que le Conseil d’Etat considérera cette problématique pour la gare d’Yverdon, mais également pour les autres gares concernées par la même problématique dans le reste du canton. 

M. Théophile Schenker (VER) —

Au nom du groupe des Verts et des Vertes, et en tant que député du Jura-Nord vaudois, je vous invite également à soutenir cette résolution. L’arrêt concerné est actuellement utilisé par des étudiants et employés de l’HEIG-VD ou du gymnase, mais également par le personnel et les visiteurs du Centre Nature de Champ-Pittet. Comme cela a été dit, sa suspension aura pour conséquence d’augmenter de manière importante le temps de trajet de certains usagers, les conduisant à privilégier la voiture. 

Concernant le Centre Pro Natura de Champ-Pittet, les alternatives en transports publics demandent une marche supplémentaire de quelque 600 mètres, avec des pentes importantes, ce qui en complexifie évidemment l’accès pour les personnes à mobilité réduite. Même si les raisons s’expliquent, la suspension d’un arrêt de train pour une longue durée n’est ni anodine ni facile à comprendre pour ses utilisateurs et utilisatrices. Le flou lié au fait que la durée d’interruption n’est pas clairement connue est notamment problématique. 

A noter que dans le Nord vaudois, la suspension de l’arrêt de Champ-Pittet n’est pas un cas unique. Sur la ligne Yverdon-Sainte-Croix, quatre arrêts consécutifs sont également supprimés entre Yverdon et Vuiteboeuf, parce que les CFF ont anticipé de nouvelles contraintes horaires initialement prévues pour 2035, alors que les travaux régionaux permettant de respecter ces contraintes ne sont prévus qu’autour de 2028. En conclusion, si je regrette que cette résolution se concentre uniquement sur le cas de Champ-Pittet, je vous invite toutefois à la soutenir pour encourager le Conseil d’Etat à poursuivre ses actions à ce sujet afin de minimiser la durée de la suspension et de prévoir des solutions alternatives.

M. Fabrice Tanner (UDC) —

Supprimer une halte CFF, même temporairement, n’est pas un acte anodin. Les usagers doivent changer leurs habitudes et certaines fois leur mode de transport. Les infrastructures régionales de substitution doivent être modifiées, créées ou améliorées : arrêts de bus supplémentaires, horaires changés, peut-être même pistes piétonnes ou cyclables provisoires, parkings, etc. Dans le cas qui nous occupe, cette halte dessert le Centre Pro Natura de Champ-Pittetet ; bon nombre de touristes s’y arrêtent également. Cette halte est également utilisée par les étudiants pour rejoindre l’école d’ingénieurs ou le gymnase. Les habitants de Cheseaux-Noréaz sont aussi des habitués de cette halte. Supprimer un arrêt de train ne va pas dans le bon sens par rapport au défi de la mobilité qui nous attend durant les prochaines années. Notre groupe soutiendra donc cette résolution.

M. François Cardinaux (PLR) —

C’est vrai, nous devons répondre à la question qui nous est posée. En revanche, je me permets de m’inscrire en faux avec ce qu’a dit mon préopinant, M. de Benedictis. Nous parlons aujourd’hui d’un cas précis. Si nous voulons englober tous les autres cas, ce n’est pas ce genre de résolution qu’il faut proposer. Nous sommes ici pour répondre à une question précise et non pour parler de l’ensemble de la problématique.

Mme Nuria Gorrite (C-DCIRH) — Conseiller-ère d’Etat

Je remercie la députée Marendaz de mettre en lumière ce que le Conseil d’Etat dénonce depuis de nombreux mois, à savoir que les retards pris dans les investissements en matière d’entretien du rail en Suisse romande pèsent doublement sur nos infrastructures. Tout d’abord, nous ne pouvons pas nous passer d’entretenir le rail, nous ne pouvons pas nous passer de moderniser nos infrastructures, notamment les installations de sécurité. Par ailleurs, ces chantiers d’une valeur d’environ 6 milliards de francs vont devoir se dérouler dans notre coin de pays entre 2024 et 2030. C’est une obligation. Le rattrapage du défaut d’investissement en Suisse romande durant de nombreuses d’années entrainera un cumul de chantiers qui vont entraver le passage des trains et donc nécessiter un nouvel horaire, le plus grand bouleversement d’horaire depuis RAIL 2000. Je vous prie de croire que ce nouvel horaire – dit « de chantier » – ne découle pas d’une volonté d’améliorer la situation. C’est d’habitude le cas lorsqu’un nouvel horaire est présenté : on cherche à améliorer les dessertes et les cadences. Ici, l’exercice est tout autre : il s’agit de limiter les impacts négatifs de cet horaire 2024 à l’époque et maintenant 2025. 

Que s’est-il passé entre deux ? Nous nous sommes opposés au premier projet d’horaire présenté par les CFF, tellement les conséquences auraient été dommageables pour l’ensemble des régions, notamment vaudoises. A la faveur de ce travail de concert entre les CFF et les cantons de Suisse occidentale, validé par l’Office fédéral des transports (OFT), nous arrivons à cette solution dite de l’horaire 25, qui d’un point de vue général, apporte de nombreuses améliorations pour le canton de Vaud. Je pense notamment aux améliorations en direction de la Broye ou, sur la ligne du Simplon, en direction de la Riviera et du Chablais, qui vont connaître des augmentations importantes de dessertes. Yverdon va également doubler sa liaison en direction de Lausanne. Néanmoins, sur la ligne du pied du Jura, il y aura effectivement des conséquences négatives. 

Sur la base de ces constats, le canton de Vaud a été extrêmement clair dans ses positions vis-à-vis des CFF. Nous avons admis la nécessité des chantiers et admis qu’il s’agissait d’un horaire provisoire pour lequel des pesées d’intérêts avaient été faites. Vous l’avez rappelé, pour l’arrêt de Champ-Pittet, la pesée d’intérêts a consisté à privilégier les 650 personnes concernées à Yverdon versus les 80 personnes concernées à Champ-Pittet. C’est finalement la loi des nombres qui a été privilégiée, tout en indiquant aux CFF deux éléments :

Premièrement, que nous n’accepterions cette péjoration de desserte que pour une période provisoire. Nous exigeons que soit analysée la réalisation des chantiers de manière progressive et que les CFF examinent la possibilité de rétablir les dessertes et les arrêts de manière progressive à chaque nouvel horaire. Nous savons que ces travaux prennent du temps, raison pour laquelle nous avons aussi accompagné ces pertes ou ces dégradations d’horaires par des augmentations de dessertes en bus. C’est la raison pour laquelle le canton de Vaud a commandé beaucoup de dessertes en bus additionnels pour limiter, autant que faire se peut, les péjorations de dessertes localisées. Il y a trois suppressions de haltes dans notre canton, mais nous espérons que les CFF tiendront leurs engagements et rétabliront ces dessertes le plus rapidement possible, au fur et à mesure que les chantiers seront réalisés. 

Le canton a pris un deuxième engagement auprès de la région, plus précisément de l’agglomération yverdonnoise : il s’agit d’accompagner les travaux – nous parlons de dix chantiers – qui sont sous la responsabilité des CFF et de Travis pour que nous puissions garantir une bonne cadence des travaux et faciliter les procédures, de manière à limiter les durées de traitement de ces travaux. C’est un engagement que nous avons pris avec les syndics de la région, et nous savons que nous pourrons poursuivre nos échanges toujours fructueux dans ce cadre. 

En conclusion, le canton de Vaud continuera à s’engager dans le sens de la résolution de Mme Mathilde Marendaz et consorts, pour que nous puissions continuer à profiter des améliorations amenées par cet horaire 25 dans le reste du canton, mais aussi rétablir les desserts qui ont été péjorées de manière à ce qu’elles soient à la hauteur des réponses que nous espérons, compte tenu notamment non seulement de la demande des voyageurs, mais aussi de nos engagements climatiques.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

La discussion est close.

La résolution est adoptée par 111 voix contre 1 et 8 abstentions.

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