20_LEG_47 - Exposé des motifs accordant au Conseil d'État un crédit d’ouvrage de CHF 3'800’000.- pour financer les travaux de réhabilitation de la RC 253-C-P entre le lieu-dit La Merlaz et Baulmes sur le territoire de la commune de Baulmes (1er débat).
Séance du Grand Conseil du mardi 16 mars 2021, point 34 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourCet exposé des motifs et projet de décret concerne un tronçon de route qui se situe entre Baulmes et l’autoroute. Il s’agit d’une route principale. La géométrie actuelle ne permet pas le croisement de deux véhicules. Le revêtement de la chaussée est fortement dégradé. L’évacuation des eaux et les accotements ne sont plus aux normes. Ce projet tient compte d’une solution pour réduire au maximum l’emprise sur les surfaces d’assolement (SDA). Pour ce qui est des aménagements cyclables, cette route ne fait pas partie du réseau cyclable cantonal. Elle n’est pas non plus située en agglomération et il ne s’agit pas non plus d’une route de rabattement sur une gare. Le surcoût serait disproportionné pour financer des expropriations des SDA. La piste cyclable n’a donc pas été retenue. La solution proposée a été largement étudiée et motivée par Mme la conseillère d’Etat et la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) lors de la commission.
En discussion générale, la commission partage la préoccupation de la nécessité de refaire ce tronçon fortement dégradé. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) — comme à chaque fois que l’on refait un revêtement de route — et leurs incidences ont largement été débattus. Une question s’est posée au sein de la commission pour savoir pourquoi ce tronçon de route ne fait pas partie du budget général d’entretien et pourquoi un exposé des motifs et projet de décret est proposé. Mme la conseillère d’Etat a expliqué la motivation de cette façon de faire. Un vœu a été déposé et discuté concernant un soutien aux piétons, mais il n’a pas été retenu par la commission pour ce cas précis. Il en va de même d’un amendement pour financer le marquage de bandes cyclables sur son tronçon. La commission n’a pas jugé utile de marquer ce tronçon de route par des lignes jaunes. En vote final, c’est à l’unanimité que la commission vous propose d’accepter le projet tel que présenté par le Conseil d’Etat, sans amendement. C’est également à l’unanimité que je vous recommande l’entrée en matière sur ce projet de décret.
La discussion sur l’entrée en matière est ouverte.
Il est important de soutenir toutes les régions de notre vaste canton, y compris l’extrême nord. Cette route cantonale mérite d’être améliorée en largeur, vu l’importance du trafic de poids lourds. Il y a aussi lieu d’améliorer l’évacuation des eaux de ruissellement afin de respecter les instructions de l’Office fédéral de l’environnement. Cette route mérite notre confiance. Au nom du groupe UDC, je vous recommande d’accepter ce crédit d’ouvrage.
Je déclare mes intérêts : je suis le syndic de Baulmes, le lieu où se situe cette route. Je remercie le Conseil d’Etat pour ce projet de réfection de ce tronçon qui est enfin mis à l’ordre du jour. J’espère qu’il va bientôt se réaliser, puisque cela fait bien 40 ans que des discussions tournent autour de cette route qui est vraiment en mauvais état.
Je ne m’étonne pas qu’il n’y ait pas de pistes cyclables — étant donné le surcoût et les emprises sur les SDA — mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi il a été renoncé à marquer des bandes cyclables sur son tronçon qui sera refait. Cette route est empruntée par de nombreux camions et, pour la sécurité des cyclistes, je souhaiterais que des bandes cyclables soient tout de même marquées.
Le groupe PLR va évidemment soutenir ce projet de réfection de la route cantonale. Cela permet de sécuriser la route, notamment grâce à l’élargissement et la réfection de la chaussée. Je voudrais dire quelques mots relativement aux points particuliers qui ont été discutés en commission. En ce qui concerne l’amendement concernant les aménagements cyclables, le rapporteur a bien rappelé que ce tronçon ne fait pas partie d’un réseau cyclable cantonal. Il est hors agglomération et ne fait pas office de route de rabattement sur une gare. Pour toutes ces raisons, mais aussi en raison de la faible circulation sur ce tronçon, le PLR vous invite à refuser cet amendement visant à mettre une piste cyclable à cet endroit.
Par rapport au cheminement piétonnier en bordure de route — qui a longuement fait parler de lui durant la séance de la commission — le vœu formulé avait une portée bien plus large que ce simple tronçon. Il n’est donc pas acceptable du point de vue procédural. Si l’on y revient, ce cheminement piétonnier — M. Cuérel doit le savoir encore mieux que moi — sur la route cantonale entre Baulmes et L’Abergement dont il est question, aucun arrêt de bus ou autre point d’intérêt n’est présent sur son tronçon. Par ailleurs, il existe un sentier bucolique, qui offre une magnifique vue sur la plaine, à quelques pas de la route cantonale et qui permet justement de passer d’un village à l’autre en toute sécurité, ce qui ne serait pas le cas le long de la route cantonale. C’est un exemple concret qui montre que ce vœu n’a pas un objectif cohérent. En tant qu’automobilistes, nous nous sommes tous retrouvés face à un piéton, souvent habillé en noir, qui chemine la nuit le long de la route cantonale. Cela donne un sentiment d’insécurité au piéton en question, mais aussi au conducteur.
Au nom du groupe PLR, je vous invite donc à accepter ce projet de décret tel quel, en refusant à la fois l’amendement et le vœu.
Pour clarifier le débat, l’amendement a été discuté en commission, mais il n’a pas été déposé formellement devant le plénum.
La discussion est close.
L’entrée en matière est admise à l’unanimité.
Il est passé à la discussion du projet de décret, article par article, en premier débat.
Art. 1. —
Pour une piste cyclable, je comprends bien qu’il y aurait un surcoût non négligeable. En revanche, je pense qu’une bande cyclable marquée en jaune ne nécessite pas un amendement. J’aurais bien aimé obtenir une réponse de la part de Mme la conseillère d’Etat sur cette question. Il s’agit d’une route sur laquelle il y a du trafic, sur laquelle roulent de nombreux camions. Il paraît dès lors important qu’une protection soit marquée pour les cyclistes. Je ne pense pas que cela nécessite un amendement de mettre de la peinture jaune sur la route, sans élargissement, pour un marquage de protection pour les cyclistes. J’aurais bien aimé avoir l’avis de Mme la conseillère d’Etat à ce sujet : est-ce qu’une bande cyclable — pas une piste cyclable — pourrait être envisagée sur ce tronçon ? Dans la logique des choses, il faudrait que cette bande cyclable soit prolongée jusqu’au carrefour de la route Vallorbe-Orbe pour que les cyclistes soient protégés.
Je suis d’accord avec Mme Schelker lorsqu’elle dit qu’il n’y a pas de piétons qui marchent le long de cette chaussée. Il y a de nombreux petits chemins et sentiers qui longent cette route. En revanche, en ce qui concerne les vélos, il n’y a pas de chemin en béton qui longe cette route sur l’ensemble du trajet. Il serait donc faux de dire qu’il n’y a pas de cyclistes qui empruntent cette route. Bien au contraire, il y a de nombreuses personnes à vélo qui empruntent ce tronçon de route. Aujourd’hui, elles ne sont pas protégées. Elles le seront un peu plus demain, puisque la route sera élargie, mais je trouverais dommage de refaire une route de cette importance sans prévoir une bande cyclable marquée au sol.
Je remercie M. Cuérel pour ses interventions. Par cohérence avec ce qui a été dit dans le débat animé de tout à l’heure, le marquage des bandes jaunes, pour la stratégie cantonale de 2010, doit s’inscrire dans le réseau cyclable identifié. Comme l’a très justement relevé Mme la députée Schelker, tout à l’heure, la RC 253 ne figure pas dans le réseau cyclable cantonal qui a été défini. Elle n’est pas non plus inscrite dans un réseau cyclable d’agglomération ; elle n’a pas de fonction de rabattement vers une gare ou un centre régional. Elle ne constitue pas non plus une liaison complémentaire et elle n’est pas non plus parcourue par un itinéraire de loisirs « La Suisse à vélo ». Or, ce sont tous ces critères qui fondent le marquage. Qui plus est, cette route connaît un faible trafic ; elle a une topographie assez favorable et elle offre de très bonnes conditions de visibilité. Par ailleurs, le fait qu’il n’y aura pas de marquage central permet déjà une circulation des voitures et des camions au centre de la route. Le « guichet vélo » a examiné cette question, mais n’a pas jugé nécessaire de procéder au marquage sur cette route. Dans le cadre de l’exposé des motifs, nous regarderons si cette opportunité est jugée nécessaire. Vous le savez très bien, ce qui importe surtout lorsqu’on trace des réseaux, c’est qu’ils s’inscrivent justement dans un réseau. C’est la raison pour laquelle nous avions, à l’époque, répondu à l’intervention du député Devaud en disant que nous le faisons si cela a du sens, dans un itinéraire en réseau cyclable. S’il s’agit juste de tracer deux lignes jaunes « out of the blue », sur une route qui n’est pas reliée à un réseau, ça n’a pas de sens pour les cyclistes. Nous allons donc procéder à cet examen. Nous prenons votre remarque comme un vœu. La DGMR l’appréciera en fonction des caractéristiques. Néanmoins, je le répète, ce tronçon n’est pas identifié dans le réseau cyclable cantonal tel que nous l’avions identifié en 2010 déjà.
Le tracé de cette route — qui sera élargie afin de pouvoir croiser correctement et en toute sécurité les poids lourds et les cars postaux qui passent seize fois par jour — n’a pas le profil type pour que l’on puisse y tracer des bandes cyclables. Ce tracé remplit une fonction de liaison directe avec l’autoroute N9. Il ne sert à rien de vouloir absolument peindre des bandes jaunes sur tous les tronçons de routes cantonales, surtout que le département doit être en rupture de stock de peinture depuis le temps qu’il en utilise. (Rires.) Pour ma part, je ne suis pas favorable à marquer des bandes jaunes sur ce tronçon.
Madame la présidente du Conseil d’Etat, lors du précédent débat, vous avez loué les qualités, les compétences et le professionnalisme de la DGMR. Vous avez certainement raison s’agissant des 100 km de bandes cyclables qui ont été tracées durant la pandémie. Maintenant, nous parlons d’une route que nous allons rénover et sur laquelle ne pourrait pas prendre place une bande cyclable. Vous avez expliqué que le réseau cyclable cantonal n’a pas identifié cette route avec les critères qui sont les siens et qui permettent un marquage de bande cyclable. Je suis plutôt partisan d’écouter les locaux de l’étape. M. le député Cuérel, qui connaît bien cette route, l’a dit : beaucoup de cyclistes utilisent cette route. Rénover cette route à grands frais sans prendre en compte les cyclistes serait une erreur. Je fais confiance à M. le député Cuérel, tout en louant les qualités, la compétence et le professionnalisme de la DGMR. Je vous propose donc d’accepter l’amendement visant à installer une bande cyclable — même si j’aurais préféré une piste cyclable — sur le tronçon de la route concernée.
Au risque de me répéter, aucun amendement n’a été officiellement déposé pour l’instant.
J’ai bien entendu les arguments expliquant qu’il n’y avait pas besoin de protection pour les cyclistes sur ce tronçon de route une fois qu’il serait refait. Si vous l’empruntez, vous vous rendrez vite compte qu’il y a une nécessité de prévoir une bande cyclable. Si je prends le réseau cycliste « La Suisse à vélo », l’itinéraire numéro 7, la route du Jura, n’emprunte pas cette route, mais une route qui n’est pas bétonnée. C’est assez compliqué pour les personnes qui utilisent un vélo de course. Si l’itinéraire n’emprunte pas cette route, c’est vraisemblablement pour des raisons historiques de qualité du revêtement, de la largeur de la route ou pour la sécurité des cyclistes. Elle figure en traittillés sur un tronçon, puisqu’il n’y avait pas de route qui pouvait être empruntée de manière satisfaisante en termes de sécurité. Par ailleurs, la boucle de la plaine de l’Orbe — l’itinéraire numéro 487 — emprunte une partie du tronçon, celui qui a déjà été rénové. Il n’est donc pas tout à fait exact de dire que ce tronçon n’est pas utilisé par les cyclistes. S’il ne figure pas sur les itinéraires, c’est sûrement parce que sa sécurité ne pouvait pas être assurée. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il est vraiment nécessaire de marquer cette bande cyclable sur ce tronçon de route.
Je confirme les propos de Mme la présidente : cet amendement a été déposé uniquement en commission. Il a été largement discuté et Mme la présidente du Conseil d’Etat et ses services nous ont expliqué pourquoi cette solution n’était pas possible. En commission, cet amendement a été refusé par 8 voix contre 6.
Je pense que l’analyse de M. Keller est pertinente : nous avons mené un débat sur le vélo et sur les aménagements cyclables tout à l’heure et maintenant que la question se pose de manière plus concrète, il serait intéressant de pouvoir répondre par la positive à la demande de M. Cuérel. Je crois que Mme la conseillère d’Etat a entendu sa demande, je pense que je n’ai pas besoin d’en dire plus.
Comme dirait mon brigadier-chef de l’Etat-major cantonal de conduite : si cet amendement passe, ce sera l’occasion d’un test à l’échelle à 1 :1. Je déclare mes intérêts, je fais partie de la Commission cantonale immobilière et j’ai participé, en compagnie de ma collègue, à l’estimation et à la négociation pour l’achat de ces terres. Pourquoi s’agirait-il d’un exercice à l’échelle 1 :1 ? Il faut savoir que l’on retarderait le projet d’une année, mais qu’est-ce qu’une année de retard face à l’éternité, surtout si on peut sauver des vies ? De ce point de vue, nous n’allons pas recommencer le débat. Néanmoins, ce tronçon est relativement sinueux. Il s’approche surtout d’un certain nombre de propriétés construites. Cela signifie donc qu’il faudra renégocier 1,5 m à 2 m de large, ce qui risque de causer de fortes résistances. Personnellement, je ne suis pas opposé à mettre en pratique nos bonnes résolutions. Je crois que le débat que nous avons eu a débouché sur un certain consensus, mais il faut savoir que ce serait presque une première qui poserait un certain nombre de questions et de problèmes. Mais pourquoi pas… toutes les questions et tous les problèmes sont destinés à trouver des réponses.
Je comprends mon collègue Cuérel, mais rien n’est figé. Il est évident que la réfection de la route doit être entreprise. Je me suis moi-même rendu sur place, et il est vrai que cette route est devenue impraticable. Néanmoins, rien n’empêche que si la circulation des vélos devait augmenter à l’avenir — ce qui n’est pas le cas aujourd’hui selon les comptages de la DGMR — nous pourrions par la suite prévoir une bande cyclable. Aujourd’hui, je trouve que c’est un peu prématuré d’investir 15 000 francs par kilomètre supplémentaire pour tracer des bandes jaunes. Encore une fois, cela pourra très bien se faire par la suite.
Je dépose formellement un amendement. Refaire la route, puis revenir par la suite pour essayer de marquer des bandes jaunes pour les cyclistes, ce n’est pas la bonne solution, parce que cela prendra énormément de temps… Si cela se fait. Je préfère qu’au moment de la réfection de la route, on marque directement ces bandes cyclables.
« Art. 1. — Al. 2 (nouveau) : Une bande cyclable sera marquée sur le tronçon. »
Les Verts avaient soutenu cet amendement en commission, dans l’idée de ce qu’a dit M. Cuérel : quitte à faire des travaux, autant marquer cette bande cyclable. Je voudrais aussi revenir sur ce qu’a dit M. Chollet : il s’agit d’une bande cyclable et non pas d’une piste cyclable. Cela veut dire que les gabarits ne sont pas forcément les mêmes, que la mise en place est peut-être plus facile et donc que les coûts de réalisation sont moindres et les réflexions par rapport aux SDA moins importantes. Les Verts soutiendront cet amendement qui va dans le sens de ce qui a été débattu il y a quelques dizaines de minutes.
Attention à l’amendement de M. Cuérel ! Les explications sont données dans l’exposé des motifs et projet de décret qui vous est soumis, en page 8 : on ne peut pas simplement tracer des bandes, parce que la largeur de la route, même après réfection, ne serait pas suffisante. Cela a été dit par Mme Schelker et M. Chollet à l’instant. Si vous entendez « forcer la main » pour la réalisation de ces deux bandes cyclables qui doivent respecter un certain gabarit — je vous renvoie au débat que vous avez eu lors de l’objet précédent sur la sécurité des cyclistes — le « guichet vélo » dit que pour permettre la création de deux bandes cyclables, il sera nécessaire de porter la largeur de la chaussée à 9 m. Dans le cas présent, il serait nécessaire d’élargir la chaussée de plus de 2,5 m. Les travaux ne seraient donc plus du tous les mêmes et le coût d’une telle opération est estimé à 1'115’000 francs. Cela signifie que vous devez aussi amender le crédit pour l’augmenter de 1,1 million, en plus de la réalisation des aménagements. Comme l’a indiqué M. Chollet, cela nécessiterait de reprendre complètement la mise à l’enquête de ce projet, parce qu’il y a une procédure d’expropriation à mener et une reprise de 3600 m² sur des SDA. La pesée d’intérêts qui doit être la vôtre est celle qui a été menée par la commission et par le « guichet vélo » ; elle considère que, sur ce tronçon, qui n’est pas identifié comme un itinéraire cyclable de la stratégie cantonale, avec une faible fréquentation, il est disproportionné d’investir 1 million de francs pour élargir ce tronçon et qu’il ne convient pas de retarder les travaux d’aménagement et de réfection de la route qui seraient rendus nécessaires par une procédure d’expropriation et de compensation des SDA. Si vous entendez néanmoins modifier ce projet, vous devez aussi modifier le montant que vous mettez à disposition de la DGMR pour réaliser ces travaux. Il ne suffit pas simplement de poser un peu de peinture, il faut que le gabarit de la route soit suffisant. C’est la préoccupation qui doit être la vôtre tout au long de cet après-midi et pas uniquement lors du premier débat.
Je voudrais savoir si, pour toutes les bandes cyclables qui ont été marquées dans le canton, les chaussées font bien 9 m de large ? J’en doute… Etant donné qu’un doute subsiste sur cette obligation légale que la chaussée fasse 9 m de large et étant donné que nous en sommes au premier débat, je vais maintenir mon amendement et prendre les renseignements nécessaires. Si cet amendement devait être accepté aujourd’hui, nous aurons peut-être des réponses lors du deuxième débat.
J’ai une question technique à poser avant que nous votions cet amendement « à la hussarde » : nous sommes au pied du Jura, dans des endroits propices à la promenade, est-ce qu’il existe des itinéraires de délestage — sur des chemins AF par exemple — aptes à supporter sans danger ce trafic cycliste ?
Visiblement, pour arriver à rénover cette route qui n’est presque plus utilisable pour les vélos, comme l’a dit l’un de mes préopinants, Mme la conseillère d’Etat a précisé qu’il faudrait reprendre le dossier et que les premières estimations faites montraient un surcoût de 1'115’000 francs, notre groupe dépose donc le sous-amendement suivant :
« Art. 1. — Al. 1 : Un crédit d’ouvrage de CHF
3’800’000.-4’915’000.- est accordé. »Cela permettrait d’élargir la route et de rouvrir les procédures d’expropriation, comme cela a été dit par Mme la conseillère d’Etat. Les procédures d’expropriation se dérouleront probablement sans le moindre problème, puisqu’il s’agit d’une politique publique de mobilité douce.
Monsieur Chollet, comme je l’ai déjà dit, il y a deux itinéraires cyclables : le 487 et le 7, la boucle de la plaine de l’Orbe et la route du Jura. Vous pouvez voir, sur SuisseMobile par exemple, qu’un tronçon figure en traittillés : cela signifie que ce n’est pas un chemin AF, mais un sentier dans la forêt, ce qui n’est pas vraiment adapté pour tous les types de vélo. Le sous-amendement de M. Keller peut me convenir. Il y a la légalité et il y a les recommandations relatives à la conception de la mobilité douce, mais ce ne sont que des recommandations. Y a-t-il une obligation légale que la chaussée fasse 9 m ou est-ce simplement une recommandation que l’on est en droit d’appliquer et de respecter, mais une recommandation qui ne fait pas force de loi ? Si j’ai bien compris, nous pourrions marquer des bandes cyclables sans que la chaussée ne fasse 9 m de large.
Avant le vote sur cet amendement, j’aimerais revenir sur un ou deux points. Je rejoins M. Cuérel lorsqu’il dit qu’aujourd’hui, pour les vélos, il est très inconfortable de circuler sur cette route. Il y a des nids de poule sur les bordures. J’utilise fréquemment ce cheminement à vélo : aujourd’hui, il est extrêmement désagréable de l’emprunter. Demain, avec cette réfection de chaussée qui est déjà prévue dans l’exposé des motifs et projet de décret, nous aurons non seulement un élargissement, mais aussi une réfection globale de la chaussée qui permettra aux cyclistes de rouler dans de bonnes conditions. Je vous rappelle les chiffres donnés dans l’exposé des motifs : aujourd’hui, il y a 1050 véhicules par jour qui empruntent ce tronçon, dont 20 véhicules légers. Il s’agit donc d’un trafic faible. Ces 20 véhicules légers doivent pouvoir circuler dans de bonnes conditions. Il est prévu, dans l’exposé des motifs et projet de décret, d’élargir et de refaire la chaussée. Je vous propose donc de refuser le sous-amendement de 1'115’000 francs et ces bandes cyclables.
Je me suis rendu sur cette route et j’ai vu que la moitié du tronçon, entre les deux communes, est déjà restauré. M. Keller est maintenant en train de jongler avec les millions, mais cela ne concernerait que le tronçon en question. Il serait dommage de ne pas aller jusqu’à la partie de la route qui a déjà été refaite il y a quelques années. Si j’ai bien compris, nous parlons donc de 1’115’000 francs pour la moitié de la route, depuis la gravière jusqu’à Baulmes ? Peut-être que M. Cuérel pourra me répondre. Il faudrait donc rajouter encore de l’argent à ce montant supplémentaire pour que tout le tronçon soit sécurisé pour les cyclistes.
On parle de la largeur de cette route, mais on ne demande pas d’avoir une route de 9 m de large. L’année passée, lors de la conférence de presse pour la mobilité cyclable, on parlait de bandes cyclables qui matérialisent la présence des cycles et sensibilisent au partage de l’espace. Des exemples étaient donnés avec des routes d’une largeur de 6,5 m. Il y a donc des tronçons de route de 6,5 m sur lesquels il y a des bandes cyclables. Si je me réfère à l’exposé des motifs et projet de décret, il est fait mention de 20 vélos par jour, mais le comptage n’a pas eu lieu en période estivale. En effet, ce tronçon est très utilisé. Qu’il s’agisse d’un itinéraire balisé ou pas, qu’il s’agisse d’un axe de report multimodal ou pas, des vélos empruntent ce parcours à la belle saison. Si on accède à cette demande de bande cyclable, j’espère que celle-ci ne s’arrêtera pas à la frontière de Baulmes — je déclare mes intérêts, j’habite la commune suivante — cela pourrait même continuer jusqu’à la Croisée des Clées. Un tronçon parfaitement rénové inciterait également les cyclistes à une plus grande utilisation.
Mme Schelker a raison : lorsqu’on passe sur les routes de notre canton en voiture, on ne s’aperçoit pas de l’état réel de la bordure de ces routes. Il faut les parcourir à pied, comme je le fais plusieurs fois par année lorsque je dois aller négocier des achats de terrains pour la DGMR, pour se rendre compte de leur état. A pied, on se rend compte que ces accotements sont défoncés par le passage et le croisement de poids lourds ou de véhicules agricoles. Ces bordures sont dangereuses. Il faut être à pied pour se rendre compte qu’un vélo peut devoir faire un écart pour éviter un nid-de-poule. C’est pour cela que la réfection d’une route peut paraître chère, parce que l’accotement est refait en profondeur jusqu’au bord de la route. Après ces travaux, la route est parfaitement plane et elle permet aux cyclistes de se déplacer dans des conditions de sécurité incomparables avec ce qui avait lieu auparavant. A ce moment-là, on peut raisonnablement peindre une ligne jaune sur la chaussée, parce que nous sommes en mesure de garantir que la route est plate et sûre, y compris à l’intérieur de l’espace délimité par cette bande jaune. Rajouter 1'115’000 francs me paraît être un luxe par rapport à l’état incomparable dans lequel sera la route après les travaux.
Quelques questions m’ont été adressées, je vais tenter d’y répondre. On m’a demandé s’il existait un chemin parallèle alternatif : oui, il s’agit du chemin AF qui accueille l’itinéraire de SuisseMobile. Ce tronçon est tout à fait adapté à la pratique du vélo, notamment du vélo de loisirs. Il existe donc déjà une alternative praticable.
Ce que viennent de dire les députés Bezençon et Chollet est tout à fait exact : nous sommes manifestement ici en présence d’un tronçon de route qui, pour les deux tiers, a déjà été refait. Nous sommes en train de parler du dernier tiers. S’il n’y a pas de bandes cyclables, c’est parce qu’il y a eu une appréciation quant à la proportionnalité de l’engagement public. Nous ne sommes pas du tout dans un trafic d’agglomération ; ce tronçon n’est pas identifié comme faisant partie du réseau cyclable structurant. Il n’est pas dans un centre régional et il ne fait pas partie d’une liaison complémentaire, comme l’a dit Mme Schelker précédemment.
Ce que vient de dire M. Chollet est juste. Nous allons refaire cette route sans marquage au centre. Etant donné le très faible trafic, y compris des cyclistes, ce tronçon sera sécurisé. La voilure d’intervention nous paraît disproportionnée en matière d’engagement des finances publiques. Nous allons engager de l’argent pour sécuriser ce tronçon, pour le rendre praticable à tous les trafics. Il existe un tracé alternatif. Engager plus d’un million de francs pour un morceau de tronçon qui n’est pas identifié comme un réseau structurant ne nous semble pas la meilleure manière de répondre à l’attente en matière de stratégie générale cycliste du canton de Vaud. Nous avons engagé cette réflexion, avec la participation de tous les acteurs politiques ou de la société civile, pour définir précisément le futur réseau structurant qui ne comprendra pas uniquement les réseaux d’agglomération, qui ira dans d’autres régions pour permettre la pratique du vélo, notamment du vélo électrique qui élargit les périmètres concernés. Aujourd’hui, parce qu’il y a une opportunité sur le moment et sur cette région, en s’affranchissant totalement des règles que vous avez validées en matière de stratégie d’accessibilité au vélo, avec un coût de plus d’un million de francs pour une solution définitive, alors même que celle-ci peut tout à fait être convenable une fois les travaux de réaménagement de 3,8 millions effectués, un tel investissement pour une bande cyclable nous semble disproportionné. Nous ne sommes pas dans un réseau d’agglomération. J’ai reçu d’autres demandes émanant d’autres régions du canton pour lesquelles nous pouvons entrer en matière, parce qu’il s’agit d’un besoin avéré. Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, il s’agit de prendre en considération le fait que la pratique du vélo sera tout à fait possible, soit sur le chemin AF alternatif, soit sur cette route qui sera refaite et qui offrira les conditions de sécurité suffisante à la pratique du vélo. Je vous remercie donc de refuser cet amendement.
Je rappelle que, sur ce genre de routes, les véhicules circulent généralement assez rapidement. C’est aussi sur ce genre de routes que la pratique sportive du vélo est idéale. Les routes AF sont idéales pour faire du vélo en famille, mais lorsqu’on veut pratiquer le vélo sportif — ce qui est de plus en plus le cas — ce genre de routes, typiquement dans la région du pied du Jura, est idéal. Comme les voitures circulent à grande vitesse, des aménagements pour les vélos sont souhaitables.
Je pense que l’ensemble de mon groupe soutiendra les amendements déposés par MM. Cuérel et Keller. Malgré les priorités que je comprends bien, je pense que nous devons mettre les moyens pour favoriser la pratique du vélo.
Je mets en garde les députés qui s’apprêtent à voter cet amendement de plus d’un million de francs — que nous n’avons pas étudié lors des travaux de la commission — pour ce projet de décret : l’exposé des motifs et projet de décret suivant dans l’ordre du jour parle d’entretien de revêtement de 25 tronçons pour 32 km de route. Va-t-on augmenter d’environ 1 million chacun de ces tronçons pour permettre le marquage de lignes jaunes ? Je crois qu’en pratiquant de la sorte, nous allons dans une impasse. Je vous remercie de faire confiance à la DGMR, qui a étudié ce projet, et d’accepter ce dernier tel que présenté par le Conseil d’Etat.
Chère collègue Evéquoz, avec vous, on quitte le domaine de l’utilisation parcimonieuse des deniers publics pour entrer dans celui des enfants gâtés. Excusez-moi, mais je n’irai pas plus loin…
Voilà, on y est ! Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, chaque projet doit être étudié pour son coût financier et son coût écologique, parce qu’on prend des SDA. Tout cela est étudié, dossier par dossier, secteur par secteur. Comme je l’ai dit tout à l’heure, il n’est pas possible de tout arroser sans réfléchir. Il s’agit des deniers publics. Je suis le premier à dire qu’il faut prévoir des pistes pour les vélos, mais tout cela a un coût. Par ailleurs, il faut mettre tout cela en balance : 20 cyclistes par jour pour 1'115’000 francs… Si on commence ainsi, il faudra bientôt doubler le budget du canton. Je crois qu’il faut mettre 20 % de notre énergie et de nos finances pour régler 80 % des pistes cyclables et non pas l’inverse. Si vous mettez 80 % de notre énergie pour régler 20 % des pistes cyclables, cela ne sert à rien. C’est exactement ce que je vous disais tout à l’heure, mais les gens n’écoutent pas…
Monsieur Chollet, je suis un peu déçue que vous ayez cette image de ceux qui veulent plus pour la santé, pour le tourisme et pour le vélo. Je ne pense pas que ce sont des enfants gâtés, mais chacun son avis…
Il n’y a pas 20 cyclistes qui empruntent cette route chaque jour, il y en a beaucoup plus. Par ailleurs, je répète qu’il n’y a pas de chemin AF qui reprend l’ensemble de ce tracé. Il y a seulement une route forestière, puis un sentier et une piste forestière qui reprennent ce tracé.
Je suis un des régionaux de l’étape. Il y a la théorie et la pratique : lorsque j’étais garde-frontières à Vallorbe, tous les services de jour, j’allais travailler à vélo et j’empruntais cette route. Je peux vous dire que je n’ai jamais eu de souci sur cette route, que ce soit en VTT ou en vélo de route. Il y a très peu de trafic ; la route est large et les véhicules ont la place pour se déplacer. Ceux qui veulent s’adonner au vélo sportif ou qui veulent simplement se rendre sur leur lieu de travail à vélo ne rencontreront jamais de problème sur cette route. Je rejoins ce que nous disent nos collègues Volet et Chollet : mettre 1 million supplémentaire, c’est gaspiller de l’argent pour rien. Je vous remercie de refuser ces amendements.
J’ai peut-être mal formulé ma question auparavant. Madame la conseillère d’Etat, vous avez dit que cette route devrait faire 9 m de large pour que l’on puisse y peindre des bandes cyclables, mais lorsque vous avez fait 100 km supplémentaires de pistes cyclables, l’année passée, il était possible de le faire sur des routes de 6,5 m de largeur. Cette année, les règles seraient donc différentes ?
Comme je l’ai longuement expliqué dans le cadre de la première discussion en lien avec le postulat Botteron, les interventions sur les routes cantonales hors traversée de localités de l’étape du post confinement se sont faites de manière provisoire. Nous avons dit que, pour toutes les étapes définitives, il y aurait une correction pour celles qui ne présentent pas les gabarits suffisants. Par ailleurs, elles appartiennent toutes au réseau cyclable structurant identifié par le canton de Vaud, ce qui n’est pas le cas ici. C’est d’autant moins le cas que nous ne sommes pas dans le cadre d’un trafic important. Je réitère ma demande de faire confiance à l’examen qui a été fait par la DGMR et par la Commission des infrastructures qui a traité de cette question qui lui a été soumise comme option possible par la DGMR dans le cadre de l’exposé des motifs et projet de décret. Cette question a été refusée par la commission, je vous propose donc de voter en cohérence avec le choix de votre commission.
Retour à l'ordre du jourLe sous-amendement Vincent Keller est refusé par 100 voix contre 31 et 4 abstentions.
L’amendement Julien Cuérel est refusé par 90 contre 43 et 4 abstentions.
L’article 1 est accepté par 118 voix contre 8 et 8 abstentions.
Les articles 2 et 3, formule d’exécution, sont acceptés à une large majorité.
Le projet de décret est adopté en premier débat.
Le deuxième débat interviendra ultérieurement.