24_POS_11 - Postulat Alice Genoud et consorts - Le ski, c’est fini ? Pour une stratégie d'avenir pour nos stations Développement et demande de renvoi à commission avec au moins 20 signatures).

Séance du Grand Conseil du mardi 19 mars 2024, point 18 de l'ordre du jour

Texte déposé

Cela n’aura échappé à personne, le changement climatique frappe désormais la Suisse de plein fouet - avec notamment une température extrêmement chaude ces mois d’hiver et une influence notable sur la couche de neige présente sur nos montagnes.

 

On l’a lu dans tous les scénarios de MétéoSuisse et dans les rapports spécialisés: même si l’enneigement reste tributaire de phénomènes locaux, les traditionnels hivers blancs sont inexorablement appelés à diminuer. Depuis 1850, les glaciers alpins ont perdu près de 60 % de leur volume et depuis 1970. Le nombre de jours de neige a été divisé par deux dans les zones au-dessous de 800 mètres d’altitude. 

 

Regardons en face la réalité des chiffres. En 2050, il faudra compter avec 30 jours de moins de neige fraîche dans les Alpes centrales par rapport à aujourd’hui1

 

Ces données alarmantes ont un impact concret sur notre offre touristique, notamment sur l’avenir des stations de basses, moyennes mais aussi hautes altitudes. 

 

La réalité, c’est que de nombreuses stations en Suisse sont vulnérables au réchauffement climatique. C’est ce qui ressort de l’étude “Climate change exacerbates snow-water-energy challenges for European ski tourism”2qui teste les possibilités économiques des stations européennes de survie au réchauffement climatique ainsi que leur impact sur l’environnement.

 

La Suisse est déjà à 1,15° supplémentaire par rapport à l’ère pré-industrielle. Si nous continuons sur cette tendance, cela signifie 3° de réchauffement en 2050, avec un isotherme du 0° qui sera 450-650 m plus haut qu’aujourd’hui en hiver. Dans les faits, cela se traduit par 87% de nos stations qui ne seront plus exploitables.

 

Un recours important à la neige artificielle peut réduire ce pourcentage, réduisant à 27% le nombre de stations qui ne pourront plus être exploitées. Mais il est nécessaire de rappeler ses lourds coûts en termes d’infrastructure, ainsi qu’évidemment son fort impact environnemental. En dépit des évolutions technologiques, l’enneigement artificiel va continuer à augmenter le besoin d’eau en altitude, alors que nous allons inexorablement en en manquer en altitude comme en plaine, mettant en jeu notre système de production électrique.

 

Il est indispensable dès aujourd’hui de préparer “l’après-ski” en collaboration avec tous les acteur.trice.s du domaine: l’avenir de nos stations de montagne et de leur modèle économique. Nous le voyons dans des pays voisins: des stations ont été obligées de fermer presque du jour au lendemain car la neige n’est plus au rendez-vous, laissant des centaines d’emplois sur le carreau - sans aucune vision d’avenir. La thématique a fait tellement parler d’elle en France voisine que la Cour des comptes s’est saisie du dossier, en développant un indice de vulnérabilité des différentes stations de ski, afin de permettre aux autorités locales et aux acteurs économiques d’altitude se projeter dans le futur de leur région3

 

En Suisse, la fin des sports de neige est encore un tabou. Si le Canton de Vaud a empoigné cette thématique dans le cadre de son aide aux stations de montagne, notamment en promouvant depuis de très nombreuses années le tourisme 4 saisons - une réelle vision politique basée sur les scénarios de l’horizon 2050 et sur les effets du réchauffement climatique sur nos stations fait encore défaut. 

 

Des stations, parfois à basse altitude, ont récemment ou sont aujourd’hui en train de réaliser de forts investissements, notamment pour pouvoir maintenir une pratique du ski d’ici 2050. Mais à quel prix et à quoi bon ? Les pouvoirs publics ont le devoir de se doter d’un programme cohérent à l’échelle du canton, afin d’éviter des disparités régionales et de ménager des projets de reconversion. De nombreuses localités vont devoir réinventer leur infrastructure ces prochaines années et il est important de les accompagner.  

 

Ce postulat demande au Conseil d’Etat d’élaborer une stratégie anticipant la fin des sports de neige sur le Canton de Vaud, en partenariat avec les différents acteurs (stations de ski, acteurs touristiques, milieux environnementaux). 

 

1: https://www.nccs.admin.ch/nccs/fr/home/changement-climatique-et-impacts/scenarios-climatiques-suisses/messages-cles/hivers-peu-enneiges.html

2: François, H., Samacoïts, R., Bird, D.N. et al. Climate change exacerbates snow-water-energy challenges for European ski tourism. Nat. Clim. Chang.13, 935–942 (2023). https://doi.org/10.1038/s41558-023-01759-5

3:https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/02/20/les-stations-de-ski-les-plus-menacees-par-le-dereglement-climatique-en-france_6217553_3234.html#:~:text=La%20Cour%20des%20comptes%20a,r%C3%A9sister%20%C3%A9conomiquement%20%C3%A0%20ce%20d%C3%A9fi

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Muriel ThalmannSOC
Nathalie JaccardVER
Joëlle MinacciEP
Pierre FonjallazVER
Thanh-My Tran-NhuSOC
Théophile SchenkerVER
Cédric EchenardSOC
Laurent BalsigerSOC
Laure JatonSOC
Monique RyfSOC
Sébastien HumbertV'L
Patricia Spack IsenrichSOC
Sylvie PodioVER
Didier LohriVER
Aude BillardSOC
Claude Nicole GrinVER
Felix StürnerVER
David RaedlerVER
Rebecca JolyVER
Yannick MauryVER
Géraldine DubuisVER
Yolanda Müller ChablozVER
Denis CorbozSOC
Séverine EvéquozVER
Oriane SarrasinSOC
Martine GerberVER
Alberto MocchiVER
Céline MisiegoEP

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Alice Genoud (VER) —

Ce postulat part d’un constat que nous avons toutes et tous pu faire cet hiver : nous n’avons plus beaucoup de neige, voire plus du tout. Ce constat frappe surtout dans les petites stations de basse altitude qui souffrent, aujourd’hui. Il faut regarder la réalité en face : nous n’aurons pas plus de neige ces prochaines années, le réchauffement climatique est là. C’est la raison pour laquelle, par ce postulat, je demande que nous ayons une stratégie sur la question de l’après-ski. Nous avons beaucoup parlé du tourisme quatre saisons, qui est une solution à quelques problématiques. Aujourd’hui nous devons réfléchir à ce que nous allons pouvoir faire des stations qui n’auront plus la possibilité d’exploiter le ski et les autres sports hivernaux, ces prochaines années. Comment aborder une transition sereine dans ces lieux ? Ce postulat vise donc à réfléchir à une stratégie globale et je me réjouis d’en discuter en commission.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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