24_HQU_103 - Question orale Elodie Lopez au nom EP - Anticiper l'augmentation de consommation de crack pour éviter le crash.
Séance du Grand Conseil du mardi 10 septembre 2024, point 4.18 de l'ordre du jour
Texte déposé
Cet été, dans sa réponse à mon interpellation sur la consommation de substances illicites, le Conseil d’État mentionnait rapidement l’augmentation de la consommation de crack, phénomène documenté à Lausanne par Le Temps en juillet. L’explosion de ce "poison" est très inquiétante, et pas uniquement dans la capitale lausannoise. Ses conséquences sont dévastatrices pour les consommateurs et se répercutent également sur l’espace public. Anticiper est donc crucial, notamment pour que les acteurs concernés ne se retrouvent dans des situations de crises. Ainsi, le Conseil d’Etat peut-il renseigner plus précisément le Grand Conseil sur la manière dont il anticipe l’explosion de la consommation de cette substance dans le Canton, notamment afin que les autorités territoriales et acteurs concernés soient prêts et outillés pour y faire face ?
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourDépartement de la santé et de l’action sociale
Question orale Elodie Lopez au nom EP – Anticiper l’augmentation de consommation de crack pour éviter le crash (24_HQU_103)
Cet été, dans sa réponse à mon interpellation sur la consommation de substances illicites qui demandait un point de situation sur les mesures sociosanitaires cantonales et le soutien apporté aux communes concernées par le canton, le Conseil d’Etat mentionnait rapidement l’augmentation de la consommation de crack, phénomène documenté à Lausanne par Le Temps en juillet. L’explosion de ce « poison » est très inquiétante, et pas uniquement dans la capitale lausannoise. Ses conséquences sont dévastatrices pour les consommateurs et se répercutent également sur l’espace public. Anticiper est donc crucial, notamment pour que les acteurs concernés ne se retrouvent dans des situations d’urgence ou de crise.
Ainsi, le Conseil d’Etat peut-il renseigner plus précisément le Grand Conseil sur la manière dont il anticipe l’explosion de la consommation de cette substance dans le canton, notamment afin que les autorités territoriales et les acteurs concernés soient prêts et outillés pour y faire face ?
(remplaçant Mme Rebecca Ruiz) Le Conseil d’Etat confirme que la consommation de crack a augmenté ces trois dernières années. Plus de 30 % des consommateurs fréquentant les structures à bas seuil d’accès consommaient déjà du crack entre 2017 et 2019, et cette proportion est passée à 44 % en 2022 et 2023. Cette évolution est associée à la forte disponibilité de la cocaïne sur le marché, à un prix particulièrement attractif, et ce, même pour des personnes avec très peu de ressources.
Sur le plan sociosanitaire, les professionnels de la réduction des risques et les soignants sont pleinement mobilisés pour répondre au surplus de travail qu’occasionnent ces situations très difficiles. Avec l’appui du canton, la Ville de Lausanne a ouvert, fin mai, un nouvel espace de consommation qui est déjà fortement utilisé et qui vient en complément à l’espace de consommation sécurisé du Vallon. Ensemble, ces deux structures ont permis de soustraire à la rue plus de 20’000 actes de consommation sur les trois derniers mois et de rapprocher les consommateurs des structures sociosanitaires. L’évaluation en cours livrera des renseignements importants pour ajuster au mieux le dispositif.
Le service de médecine des addictions du CHUV a, quant à lui, mis en place une filière de soins spécifiques dans le secteur centre qui donne des résultats, mais qui doit pouvoir se développer et acquérir l’expérience nécessaire face à cette situation inédite. Dans les autres villes concernées, comme Yverdon-les-Bains ou Vevey, le Département de la santé et de l’action sociale soutient les centres de traitement et les centres d’accueil à bas seuil. Or, force est de reconnaître que les besoins augmentent et que le travail se complexifie dans un environnement de plus en plus sous tension.
S’agissant du marché du crack, le Conseil d’Etat estime que le programme de réduction des risques contribue déjà, pour une bonne part, à prévenir l’apparition d’un marché commercial du crack à plus grande échelle. En effet, grâce notamment au dispositif en place, les consommateurs ont pris des habitudes de consommation, non seulement moins néfastes pour leur santé, mais qui rendent également plus difficile l’implantation d’un marché du crack dit « prêt à l’emploi ».
Afin de suivre de près l’évolution de la consommation de crack, des sondages sont effectués auprès des usagers et usagères des centres d’accueil à bas seuil – à Lausanne, Yverdon-les-Bains, Vevey, Morges ou Nyon. Les analyses du drug checking dans les espaces de consommation permettent de mieux connaître les différents produits présents sur le marché et leur dangerosité. Ainsi, en termes d’anticipation, la collaboration entre le Département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité, notamment pour les aspects sécuritaires, et le Département de la santé et de l’action sociale, ainsi que les acteurs de la réduction des risques doivent permettre d’identifier des changements de pratique et d’adapter rapidement le dispositif en conséquence, en particulier si la vente de crack déjà manufacturé devait augmenter.
Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse fournie. Face au constat des besoins qui augmentent dans le cadre des contacts et du soutien qui sont apportés aujourd’hui par le département aux structures à bas seuil, le Conseil d’Etat envisage-t-il de renforcer ce soutien, au vu des besoins en augmentation ?
Retour à l'ordre du jour(remplaçant Mme Rebecca Ruiz) Ce renfort a déjà eu lieu, non seulement sur les aspects sociosanitaires, mais également sur le plan répressif, de la sécurité. Des collaborations étroites sont déployées avec les communes concernées, depuis plusieurs mois. Elles sont renforcées, compte tenu des éléments que je viens de développer.