24_REP_53 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Yolanda Müller Chabloz et consorts - Réseau cyclable utilitaire complémentaire, ou comment manquer les opportunités de bien faire (24_INT_26).
Séance du Grand Conseil du mardi 4 février 2025, point 43 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe remercie sincèrement le Conseil d’Etat pour sa réponse complète qui met bien en avant les difficultés actuelles auxquelles est confrontée l’Unité vélo dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie vélo. Cependant, j’avoue que la réponse ne m’a pas beaucoup rassurée et je souhaite vous faire part de quelques points de préoccupation.
Premièrement, dans sa réponse, le Conseil d’État annonce le début des études régionales pour 2025. C’est déjà bien que le début soit annoncé, mais j’ai quand même un petit pincement au cœur en pensant à tous ces plans d’agglomération qui sont sur le point d’être déposés et dans lesquels on peut constater le manque criant de maturité des mesures cyclables. Je prends l’exemple du Projet d’agglomération Lausanne-Morges (PALM) que je connais mieux que les autres plans d’agglomération. On voit qu’il y a une discrépance entre le réseau cyclable d’agglomération présenté et les mesures concrètes pour y arriver et pour développer concrètement ce réseau cyclable.
S’il y a des mesures qui existent dans ces plans, ce sont celles mises en avant par les communes et celles-ci sont assez partielles. La plupart sont à un horizon de réalisation « C », soit à partir de 2036. Elles sont ainsi très loin de l’objectif de permettre un réseau continu d’ici 2035 – l’objectif de la stratégie vélo.
Le Conseil d’Etat dit intégrer proactivement les mobilités actives dans le cadre de la planification des réaménagements routiers sur le réseau cantonal cyclable structurant. Néanmoins, on peut constater que les planifications des mêmes tronçons intégrées dans les plans d’agglomération ne permettront pas de réaliser l’ensemble du réseau structurant prévu d’ici à 2040. En effet, de nombreux tronçons ne sont pas inclus dans ces planifications.
Je constate aussi qu’en termes de promotion de la stratégie vélo, il y a un important travail à faire au niveau des communes. Celles-ci sont peu – voire pas de tout – familières avec la stratégie vélo et pas conscientes des objectifs et des besoins en la matière, y compris dans leur région et sur le territoire communal dont elles ont la charge. Elles sont donc loin de prioriser les mesures qui y sont liées.
Dans l’intervalle, les comportements évoluent et la part modale du vélo augmente, ce qui me réjouit. Pour rappel, l’objectif de la stratégie vélo était de passer de 2 à 10 % de part modale à l’horizon 2035. On peut constater qu’à fin 2022, nous approchons les 4 % – soit quasiment un doublement de la part modale du vélo – sans que cela puisse être directement lié à la stratégie vélo. On voit que les comportements évoluent plus vite que les infrastructures et cela a évidemment un coût : le nombre de victimes des accidents à vélo est également en augmentation et les chiffres sont inquiétants.
Je comprends les difficultés de recrutement auxquelles l’Unité vélo a été confrontée, je ne remets aucunement en question la qualité de son travail. On ne peut toutefois nier que cela a un impact sur sa capacité à réaliser les projets. C’est donc aussi une question de priorité que l’on se fixe et de moyens que l’on veut bien y mettre. A-t-on vraiment considéré les possibilités de réaffectation de personnel à l’interne de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) ou la possibilité de mandater des personnes externes, comme cela se fait sur d’autres projets menés par le Conseil d’État ?
On peut aussi considérer que le mieux est l’ennemi du bien ; par exemple, plusieurs projets dans l’agglomération Lausanne-Morges sont conditionnés à la réalisation des jonctions autoroutières, qui font l’objet de très nombreuses oppositions et qui ne seront pas réalisées avant des années. Ainsi, dans l’intervalle, ne pourrait-on pas envisager des aménagements temporaires qui permettent néanmoins de faciliter la vie des cyclistes en réalisant des modifications – certes non idéales – qui amélioreraient la situation ? Je pense notamment à des traversées de routes cantonales qui sont souvent un vrai problème et qui demandent aux cyclistes de faire de gros détours pour espérer une traversée sécurisée et légale. Des abaissements de vitesse sont aussi à considérer – cela est évoqué dans la réponse. Nous avons évoqué tout à l’heure l’horizon 2060 pour certains projets ferroviaires. J’espère que les trajets cyclables, qui sont de compétence cantonale et communale, pourront quand même avancer plus vite.
Je crois que le Conseil d’Etat est également adepte des quicks wins. Il me semble qu’en consultation avec les milieux cyclistes, il serait possible d’identifier plusieurs points du réseau qui pourraient bénéficier d’améliorations partielles en attendant la réalisation de voies séparées dans 10 ou 15 ans.
En résumé, je remercie sincèrement le Conseil d’Etat pour sa réponse, je reste toutefois préoccupée par la lenteur de la mise en place de la stratégie vélo. Je ne pense pas être la seule dans ce cas. Néanmoins, pour varier des trois réponses aux interpellations précédentes, je ne déposerai pas de détermination.
La discussion est ouverte.
Je remercie la conseillère d’État pour la stratégie vélo mise en place, pour ce qui a été réalisé et sera réalisé. C’est vrai, je reste également sur ma faim quant à la mise en place de ces infrastructures et au temps nécessaire pour cela. Je ne peux qu’inviter le Conseil d’État à y mettre les moyens nécessaires.
Nous l’avons vu tout à l’heure, nous avons un bon train de retard par rapport aux autres régions de Suisse dans les transports publics. Malheureusement, nous avons aussi quelques bonnes longueurs de retard par rapport à la Suisse alémanique en ce qui concerne le réseau cyclable. Mais dans ce cas, nous ne pouvons servir les mêmes excuses que pour les transports publics au niveau national, puisque ce domaine est entre nos mains. Je sais que cela nécessite des finances, mais je profite de cette occasion pour faire un appel pour que les fonds nécessaires soient donnés à la DGMR pour pouvoir mettre en œuvre cette politique et même aller au-delà.
Encore une fois, j’ai déposé un postulat sur ces voies structurantes, ces véloroutes qui commencent à naître en Suisse alémanique pour relier les grands centres. Ici aussi, nous n’en sommes qu’aux balbutiements, mais je me réjouis de voir ce que le Conseil d’État a prévu. J’encourage ce dernier à accélérer cette mise en œuvre de la stratégie vélo dans notre canton.
Bien sûr, je comprends les impatiences. Voilà une politique publique qui a connu une accélération fulgurante ces derniers temps. J’ai en mémoire, il y a deux ans, un discours assez difficile pour faire adopter la stratégie vélo de 2035 : à l’époque, presque la moitié de cet hémicycle avait considéré que cette stratégie était trop ambitieuse. Aujourd’hui, nous sommes dans un trend un peu différent, mais les moyens qui nous ont été accordés restent les mêmes. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de mettre la priorité sur le réseau structurant, c’est-à-dire là où nous disposons d’un véritable levier pour influencer les comportements et les choix modaux ; là où il y a un véritable potentiel d’utilisation du vélo comme alternative à la voiture. Cela correspond à l’objectif du Plan climat pour améliorer la transition en faveur de modes actifs et moins gourmands en émission de gaz à effet de serre. Cela n’a pas empêché la stratégie vélo d’inclure, aux côtés de ce réseau structurant, un réseau complémentaire.
Celui auquel vous faites référence passe par une saine collaboration avec les communes, puisque ces dernières sont à l’origine de l’impulsion en ce qui concerne l’opportunité de créer un réseau complémentaire au réseau structurant. Vous l’avez rappelé, nous avons commencé à engager du personnel il y a un an seulement. En effet, en raison d’une pénurie de personnel, nous ne sommes actuellement pas encore à 100% des postes octroyés par le Grand Conseil. Ainsi, nous devons prioriser nos interventions et logiquement nous tranchons en faveur du réseau structurant qui présente le plus grand levier de transfert modal.
Il n’en demeure pas moins que je peux lever votre préoccupation en ce qui concerne les planifications dans les agglomérations de ces réseaux. Je peux vous assurer qu’elles n’ont pas été suspendues et qu’elles sont accompagnées par l’Unité vélo et la DGMR, qui prévoient des réseaux structurants et complémentaires.
Le travail le plus difficile à faire, vous l’avez souligné, reste en dehors des agglomérations. Raison pour laquelle, toute l’année dernière, nous avons organisé avec la DGMR, l’Unité vélo et les préfectures, une tournée de tous les districts de notre canton pour présenter la stratégie, les objectifs, mais aussi les moyens à disposition des communes, les moyens que vous avez votés pour donner cette information et prendre les contacts nécessaires pour accompagner les communes dans leur planification des réseaux structurants.
Sur les quick wins que vous avez appelés de vos vœux, je partage votre préoccupation. Nous les avons prévus, nous avons une liste de projets à réaliser. Nous avons établi une liste de compléments d’aménagement que nous pourrions entreprendre pour réaliser des améliorations simples en dehors des procédures. Pour cela, nous avons réservé un montant au budget 2025 et cela sera conduit durant cette année. Voilà les compléments que je peux apporter aux éléments que nous avons transmis dans cette réponse.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Ce point de l’ordre du jour est traité.