23_RES_4 - Résolution Hadrien Buclin et consorts - Pour une aide humanitaire extraordinaire de l’État de Vaud en faveur des victimes du séisme en Turquie et en Syrie (Développement et mise en discussion avec au moins 20 signatures).

Séance du Grand Conseil du mardi 28 février 2023, point 14 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le bilan humain des séismes qui ont touché le Sud de la Turquie et le Nord de la Syrie est catastrophique. On dénombre plus de 44'000 morts et des millions de personnes sans abri en période hivernale, dans une zone qui compte par ailleurs plus d’1,7 million de réfugié­·es suite au conflit en Syrie. Le secrétaire général de l’ONU a exhorté les États à fournir sans délai plus d’un milliard de dollars pour garantir une aide, à commencer par des abris, des soins médicaux, de la nourriture. Au niveau vaudois, relevons que la Commune de Lausanne a entre autres débloqué une aide à travers un soutien aux organisations d’aide humanitaire Medair et au Croissant rouge du Kurdistan.

Le Grand Conseil souhaite que le Conseil d’État débloque une aide financière extraordinaire conséquente, en plus du budget ordinaire déjà prévu pour l’aide au développement en 2023. Cette aide devra aller à des organisations non-gouvernementales qui garantissent un soutien aux populations sans discrimination religieuse ou politique.

Enfin, le Grand Conseil souhaite que le Conseil d'État s'engage auprès de la Confédération pour un assouplissement temporaire des dispositions en matière de visas afin de faciliter les regroupements familiaux pour des personnes touchées par le séisme ayant des proches en Suisse ainsi que pour la suspension des renvois de personnes originaires des zones sinistrées.

Documents

• 23_RES_4-Texte déposé

Transcriptions

La résolution étant accompagnée de 33 signatures, la présidente ne demande pas l’appui de 20 membres.

Les séismes qui ont frappé le Sud de la Turquie et le Nord de la Syrie le 6 février dernier et les jours suivants constituent, avec plus de 50’000 décès comptabilisés à ce jour, l’une des pires catastrophes de l’histoire récente. Cette catastrophe s’est déroulée dans une région où vivent plus de 1,7 million de réfugiés à la suite du conflit en Syrie, région déjà marquée par d’importants besoins sociaux et humanitaires avant cette catastrophe. La destruction de milliers d’habitations accroît de manière dramatique les difficultés des populations concernées. L’ONU a lancé un appel de fonds de 1,4 milliard en premier lieu pour favoriser l’accès à la nourriture, aux soins médicaux et à des abris. De nombreuses collectivités publiques de par de le monde y ont répondu, tels des gouvernements nationaux et des collectivités locales. Dans le canton de Vaud, plusieurs communes ont suivi le mouvement : Lausanne a débloqué des fonds via un soutien aux organisations humanitaires Medair et le Croissant Rouge du Kurdistan. A ma connaissance, les communes de Vevey, Renens et le Mont-sur-Lausanne ont également débloqué des soutiens financiers, notamment via la Chaîne du Bonheur.

Ma résolution propose que l’Etat de Vaud, dont on connaît la marge de manœuvre confortable, emboîte le pas à ces collectivités et accomplisse lui aussi un effort humanitaire en réaction à cette catastrophe de grande ampleur. Ma résolution propose également d’exprimer le soutien du Grand Conseil à une politique que j’ai eu, entre-temps, le plaisir de voir initiée par le Conseil fédéral, preuve qu’elle est réaliste. Cette politique consiste à assouplir les demandes de visa pour les personnes originaires des régions touchées par les séismes et qui ont de la famille en Suisse, afin qu’elles puissent résider temporairement dans le pays. Il s’agit aussi de se prononcer contre le renvoi de personnes vers les régions sinistrées qui paraît peu raisonnable dans les circonstances actuelles.

J’espère que le Grand Conseil fera bon accueil à cette résolution qui permettra de manifester concrètement notre solidarité avec des populations d’une région pas si lointaine, qui vivent des heures très sombres.

La discussion est ouverte.

Le groupe des Vertes et Verts soutient évidemment cette résolution et cet acte de solidarité envers les populations touchées par cette catastrophe naturelle d’une ampleur tristement gigantesque. Notre collègue a signalé que plusieurs collectivités publiques font un geste à la hauteur de leurs moyens. Nous espérons donc que celui du canton de Vaud sera à la hauteur de ses moyens.

En effet, la situation est dramatique en Syrie, déjà frappée par une guerre depuis douze ans. Les populations ont tout perdu, à commencer par leur logement, et se retrouvent dans des situations épouvantables. La Suisse a une tradition humanitaire forte qui fait sa réputation et celle de ses autorités. Il y a un geste à faire. La population suisse et vaudoise a aussi fait preuve de générosité, comme le montrent les montants récoltés par la Chaîne du Bonheur. La population a été marquée par la catastrophe et a démontré sa solidarité envers ces populations. Comme l’a dit notre collègue Hadrien Buclin, notre canton a les moyens de faire un geste à la hauteur de la situation. Il faudra plusieurs années pour reconstruire ce qui a été détruit. La solidarité à l’endroit des populations en difficulté est aussi inscrite dans la Constitution fédérale. Face à l’ampleur du drame, il y a un geste à faire, ainsi que des assouplissements temporaires à envisager pour le regroupement familial des personnes endeuillées et concernées, comme indiqué dans le dernier paragraphe de la résolution. Je vous incite à soutenir la résolution.

Je me joins à mes préopinants et à l’auteur de la résolution pour exprimer notre compassion face à l’ampleur de la catastrophe. C’est une évidence. Comme relevé, la Confédération met déjà en œuvre des assouplissements, ce qui nous semble relever de la tradition de notre pays et de ses institutions. Par ailleurs, de nombreux dons sont effectués, notamment via la Chaîne du Bonheur qui a déjà levé 27 millions de francs. Ce n’est pas suffisant, certes, mais les dons arrivent de toutes parts et vont encore arriver.

La question qui peut se poser est de savoir si l’on a besoin d’une telle résolution, car nos institutions fonctionnent, et la Confédération et les collectivités publiques jouent leur rôle. J’ose imaginer que le Conseil d’Etat prendra ses responsabilités. Adopter une résolution qui demande un assouplissement temporaire des dispositions, alors qu’il est déjà en place, nous semble particulier. Par conséquent, une partie du groupe PLR s’abstiendra lors du vote.

La discussion est close.

La résolution est adoptée par 63 voix contre 28 et 33 abstentions.