23_INT_88 - Interpellation Romain Pilloud et consorts au nom du groupe socialiste - Agir face aux attaques transphobes dans les établissements de formation du post-obligatoire (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 30 mai 2023, point 10 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le mardi 23 mai, le quotidien « 24 heures » faisait écho de l’existence d’un blog tenant des propos transphobes et favorisant des appels à la haine envers certaines personnes ou catégories de personnes. Ce blog, tenu vraisemblablement par des étudiant·es au Gymnase de Burier, est intitulé « Groupe d’action conservateur suisse » (GACS). Selon le quotidien précité, il y est notamment évoqué que les personnes transgenre sont des « malades mentaux ». Ce type d’écrit s'inscrit dans un climat général de plus en plus délétère, marqué par une augmentation, notamment en Suisse, des attaques envers des groupes en fonction de leur orientation affective, sexuelle ou leur identité de genre.

 

A ce titre, les interpellateur·trices apportent tout d’abord leur plein et entier soutien aux personnes visées par ces violences transphobes, mais aussi toutes les autres formes d’appels à la haine qu’aurait pu générer et que pourrait générer ce type de blog. Il est scientifiquement établi que l’exposition à des actes ou paroles transphobes est correlé à des atteintes à la santé mentale, allant jusqu’à un risque accrû de tentative de suicide. Les conséquences peuvent être particulièrement néfastes lors du passage de l’adolescence à l’âge adulte, période charnière en termes de construction de l’identité, de l’importance accordée aux pairs et de la prise de confiance en soi. Chaque parole remettant en question le droit des un·es et des autres d’exister et d’être soi-même est à même d’ébranler la confiance de jeunes de l’âge de l’établissement considéré et d’impacter leur santé mentale.

 

L’article du 24 heures précise que le Canton a considéré qu’il n’y avait, selon leur analyse, rien de répréhensible. Il semble que l’affaire se soit arrêtée là.

 

Les interpellateur·trices ont donc l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat : 

 

  1. En quoi les propos proférés sur le blog susnommé ne seraient-ils pas pénalement répréhensibles ?

  2. La DGEP a-t-elle connaissance d’autres propos attentatoires à l’honneur dans le cadre de ce blog ?

  3. Lorsque des cas de discriminations avérées ou suspectées sont identifiées en lien avec les établissements de formation post-obligatoire, quelles sont les démarches mises en oeuvre par les établissements de formation et la DGEP afin d’identifier les auteur·trices de ces discriminations et prendre toute mesure qui s’imposent ? 

  4. Quelles sont les démarches mises en place par les établissements de formation post-obligatoire et/ou par la DGEP afin de protéger et d’accompagner les personnes ou groupes de personnes potentiellement touchées par des discriminations (personnes ressources, procédures, communication des procédures auprès des étudiant·es et du personnel…) ? 

  5. Le Conseil d’Etat a-t-il connaissance de statistiques relatives aux propos (oraux, écrits) discriminatoires et comportements de discrimination touchant les personnes LGBTIQ+ dans le domaine de la formation post-obligatoire ?  

 

D’avance, nous vous remercions pour les réponses qui seront apportées à cette interpellation.

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Marc VuilleumierEP
Jean TschoppSOC
Sébastien CalaSOC
Yannick MauryVER
Cendrine CachemailleSOC
Sandra PasquierSOC
Muriel ThalmannSOC
Cédric RotenSOC
Claire Attinger DoepperSOC
Oriane SarrasinSOC
Yves PaccaudSOC
Hadrien BuclinEP
Elodie LopezEP
Patricia Spack IsenrichSOC
Valérie ZoncaVER
Pierre ZwahlenVER
Alberto CherubiniSOC
David RaedlerVER
Rebecca JolyVER
Valérie InduniSOC
Vincent BonvinVER
Carine CarvalhoSOC

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Romain Pilloud (SOC) —

Il y a quelques jours, le gymnase de Burier, à la Tour-de-Peilz, a fait les titres concernant la parution d’un blog. Ce dernier, tenu vraisemblablement par des gymnasiens – du moins en partie – a plus que largement dépassé les bornes. Ses auteurs y ont notamment tenu des propos violents et transphobes pouvant être qualifiés d’attentatoires à l’honneur. Si j’ai pu m’en procurer quelques extraits, il en va de même pour des centaines de gymnasiens. Permettez-moi de citer quelques extraits et j’avoue avoir hésité à le faire en raison de la violence des propos, le but ici n’étant pas de publiciser leur violence, mais bien de démontrer que ces propos sont inacceptables et qu’ils peuvent avoir de graves conséquences pour les personnes touchées et leur santé mentale : « Les transgenres, des personnes soi-disant marginalisées, persuadées qu’elles ne sont pas le genre qu’elles sont vraiment. Ces individus mènent, pour la plupart, une vie misérable, d’ailleurs pourquoi se mutiler en se coupant ses organes reproducteurs pour en mettre de faux afin de soigner une dysphorie de genre qui est une maladie mentale ».

Comme vous pouvez le constater, les propos sont violents et interpellent. Il est donc particulièrement étonnant de constater que le Canton n’a rien trouvé de répréhensible dans ces propos et surtout qu’aucun processus concret n’a pu être mis en place. Il est également inquiétant de savoir le nombre de personnes que peut toucher ce blog : s’agit-il de la pointe de l’iceberg ou non ? Les échos sont nombreux dans les gymnases : drapeaux déchirés ou croix gammées lors de la Journée de lutte contre l’homo-bi-trans-phobie, en sont quelques exemples.

Connaître les procédures permettant d’identifier les auteurs de violence haineuse, mais aussi celles permettant d’accompagner les adolescents ou jeunes adultes victimes de ces attaques est particulièrement important. En effet, il s’agit d’un stade de vie où l’on construit son identité et sa confiance en soi et cette dernière peut être complètement annihilée par ce genre de propos et de violence qui passent aujourd’hui par des mots et des actes symboliques, mais qui pourraient demain prendre la forme d’actes de violence physique. C’est la raison pour laquelle je pose différentes questions au Conseil d’Etat, spécifiquement quant au cas de Burier, et de manière générale sur la pratique du Canton en la matière et dans les différents établissements de formation postobligatoire.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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