21_LEG_24 - EMPD Exposé des motifs et projet de décret accordant au Conseil d'Etat un crédit d'investissement de CHF 7'000’000 pour financer la mise en œuvre de la première étape de la mesure d’impulsion « la formation, moteur du changement » du Plan climat cantonal (2e débat) (Majorité absolue requise).

Séance du Grand Conseil du mardi 16 novembre 2021, point 5 de l'ordre du jour

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

Il est passé à la discussion du projet de décret, article par article, en deuxième débat.

M. Nicolas Suter (PLR) — Rapporteur-trice

Je rappelle que la commission ayant statué sur cet objet a validé l’exposé des motifs et projet de décret par 6 voix contre 1 et 2 abstentions. A ce stade, je n’ai rien à ajouter.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

Les articles 1, 2 et 3, formule d’exécution, sont acceptés tels qu’admis en premier débat.

Le projet de décret est adopté en deuxième débat.

La discussion générale est ouverte.

M. Dylan Karlen (UDC) —

A l’occasion de ce deuxième débat, je trouve bon de revenir point par point sur ce qui a été dit en premier débat, ainsi que sur ce qui est mentionné dans l’exposé des motifs. Tout d’abord, je reviens sur la notion de révolution culturelle, qui a fait débat lors du premier débat. Il ne s’agissait évidemment pas d’une référence à l’histoire contemporaine chinoise et aux millions de morts qui en ont découlé, mais plutôt d’évoquer la définition littérale : une révolution est un changement politique, économique, social et culturel. En réponse à l’émotion de notre camarade Mischler quant aux propos tenus et l’autocritique qui en a découlé, je vous invite à prendre connaissance des termes employés par la jeunesse de son parti sur son site internet. Le programme évoque la volonté d’en finir avec le patriarcat, d’abolir le capitalisme, de promouvoir le multiculturalisme et de favoriser l’immigration de masse. Dans certaines mouvances du même type, les plus radicaux parlent de rebaptiser les rues et de déboulonner les statues. Bref, si l’on ne veut pas admettre la notion de révolution, admettons du moins que cela en a l’apparence, et lorsque l’on retrouve le goût et l’odeur, le doute n’est plus permis.

L’exposé des motifs est extrêmement clair concernant le projet. En page 5, on parle très clairement d’un changement culturel escompté. Le département ne s’en cache d’ailleurs pas : l’école doit être un instrument d’influence. Elle doit viser au changement de mode de vie et imposer ses valeurs, dont on ne sait toujours pas si elles sont celles de l’ensemble des Vaudoises et des Vaudois. Ainsi, le titre de l’exposé des motifs et projet de décret est sans équivoque : « La formation doit être un moteur du changement. »

En bref, le groupe UDC ne veut pas dépenser un seul centime dans une école qui n’est pas dévolue aux élèves et à l’instruction publique. Il trouve indécent de vouloir investir 7 millions pour alimenter une opération de matraquage d’une idéologie et d’instrumentation de nos enfants. Cinq millions sont prévus pour des projets pédagogiques dont on ignore tout : c’est un chèque en blanc. Aujourd’hui, dans ce canton, nous avons besoin d’ingénieurs, d’employés de commerce et de travailleurs dans le domaine de la santé, des services et de la technique, des jeunes qui savent écrire, compter et comprendre par eux-mêmes, et ayant une culture générale d’ici. Nous n’avons pas besoin de former de futurs Zadistes ! En conséquence, le groupe UDC vous propose de rejeter cet exposé des motifs et projet de décret et je vous propose de le suivre.

Mme Carole Schelker (PLR) —

Le PLR appréhende cet exposé des motifs et projet de décret avec un peu plus de retenue que mon préopinant. Sur le fond, nous sommes favorables à une prise de conscience précoce de nos jeunes pour faire face aux enjeux climatiques. Ainsi qu’il a été dit en premier débat, il est vrai que la façon dont les projets pédagogiques sont présentés dans l’exposé des motifs n’a toutefois pas tout à fait convaincu le PLR, puisque le projet se borne à de la sensibilisation, alors qu’il serait nécessaire de faire de la formation professionnalisante. Un vœu a d’ailleurs été formulé en ce sens, pour qu’une vraie orientation métier soit mise en avant dans tous les projets pédagogiques. Dans leur mise en œuvre également, il faut une vision transversale des problématiques qui touchent tous les départements, que ce soit l’aménagement du territoire ou le service de la durabilité. Nous estimons que cet aspect aurait dû constituer un des objectifs principaux du financement.

J’aimerais encore rappeler que le PLR a déposé nombre d’interventions parlementaires spécifiques pour la formation duale. Cet exposé des motifs et projet de décret aurait justement dû et pu servir aussi à la reconversion professionnelle dans les métiers de l’environnement. Nous allons donc accepter cet exposé des motifs et projet de décret, mais du bout des lèvres, voire avec de nombreuses abstentions ou même oppositions, ainsi que nous le verrons au vote tout à l’heure.

M. Maurice Mischler —

Je ne vais pas directement répondre à M. Karlen, mais je tiens quand même à dire : quand on n’a pas d’idées, on déclenche une polémique. Comme on le sait, l’outrancier est négligeable. M. Karlen propose à nouveau un cloisonnement des fronts, ce qui me semble très dommageable. En effet, nous sommes « tous dans le même bateau » si j’ose m’exprimer ainsi. Vous savez que les inondations de cet été, en Allemagne, ont coûté 20 milliards, c’est-à-dire deux fois le budget du canton de Vaud. C’est afin d’éviter ce genre d’excès que nous avons eu l’idée de revenir sur les faits scientifiques afin de parler de durabilité de manière non émotionnelle, mais en partant de chiffres donnés, qui sont des faits. Envoyer simplement quelques anathèmes ne va pas aider le débat. Le but est justement que le débat puisse se faire de manière coordonnée, au sein des écoles, plutôt que crisper les fronts et en arriver à des discussions aussi stériles que ce que l’on entend ici. Les propositions du département sont pensées et réfléchies. Surtout, si je reprends les mots de Mme la conseillère d’Etat, tout ce qui n’est pas scientifique n’a rien à faire dans le débat.

Mme Sonya Butera (SOC) —

Quant à moi, je vais répondre directement à M. le député Karlen : c’est une bonne chose que l’école accompagne les jeunes Vaudoises et Vaudois dans le développement d’une pensée critique et d’une réflexion liée à la durabilité dans notre canton. C’est grâce à une exposition sur ce type de thématique, avec un accompagnement fait par des professionnels de la pédagogie, que des jeunes Vaudoises et Vaudois pourront développer une pensée adéquate pour faire face aux défis du futur et appréhender les formations dont vous faites état, d’ingénieur par exemple ou d’autres professionnels qui se préoccupent de l’avenir dans notre canton. Je ne peux que vous inviter à vous rendre sur le site internet du canton de Vaud. Sur le site www.ecolevaudoisedurable.ch, vous trouverez les projets déjà déposés auprès du département, par exemple « La montagne qui bouge », « La découverte des Préalpes vaudoises », pour ne citer que deux thématiques, développées dans votre district, monsieur le député. Je ne puis qu’appeler le plénum à voter pour le Plan climat au sein du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture.

M. Stéphane Balet (SOC) —

J’interviens à titre personnel, par rapport à ma fonction au sein de l’Ecole des Métiers, à Lausanne où, pour rappel, je forme des apprentis électroniciens. Monsieur Karlen, pour faire de bons ingénieurs, il faut commencer par former de bons praticiens. Les bonnes pratiques s’apprennent souvent lors de l’apprentissage. Pour avoir pratiqué quelques années, dans l’industrie, je sais que les contraintes n’y sont pas du tout les mêmes que celles que l’on rencontre dans l’enseignement : on est censé produire, dégager du bénéfice et avoir un produit rentable, et alors les questions de durabilité passent parfois au second plan. Si l’on veut réussir à modifier durablement – sans mauvais jeu de mots – les bonnes pratiques, dans l’industrie et dans la construction, cela passera forcément par la formation des jeunes ; cela ne peut se faire autrement. L’avenir n’est pas dans les mains des gens qui sont actuellement aux commandes, mais dans celles de ceux qui arriveront dans quelques années, ayant acquis de bonnes habitudes.

Je rappelle que ce qui est proposé ici ne concerne pas uniquement l’école obligatoire, mais aussi le niveau postobligatoire. Nous avons besoin de ces ressources pour y amener ces notions. Comment voulez-vous que l’industrie et le bâtiment changent de pratiques si les jeunes qui y sont formés apprennent la même chose qu’il y a vingt ans ? Ce n’est pas possible. De nombreux éléments ont été développés dans le même ordre d’idées. Il me semble donc vraiment important d’accepter un signe clair et de voter ce montant. Nous avions discuté d’amender éventuellement le projet et d’en augmenter le montant. J’y étais presque favorable, mais ce qui est proposé aujourd’hui est raisonnable. Je ne soutiendrais donc pas un amendement qui proposerait d’augmenter le montant, mais ce qui est proposé est, à mon avis, tout à fait raisonnable. Je ne puis donc que vous inciter à accepter cette proposition.

Mme Cesla Amarelle — Conseiller-ère d’Etat

J’avais espéré, lors de la séance du 12 octobre, avoir amené des réponses quant aux dernières insatisfactions exprimées au sujet de cet exposé des motifs et projet de décret. Je me permets tout de même d’intervenir maintenant et je le répète : avec cet exposé des motifs et projet de décret, le canton utilise toute la marge de manœuvre dont il bénéficie pour favoriser et promouvoir les métiers qui engagent à la transition énergétique. Cette semaine encore, madame la députée, je suis particulièrement heureuse, car je reviens du Salon des métiers auquel nous participons de manière active. Une conférence y prendra place, à laquelle nous invitons les élèves à participer, portant précisément sur les métiers de l’environnement, en Suisse. Si vous êtes intéressés, vous pouvez y participer le samedi 20 novembre prochain. C’est une conférence à laquelle les élèves sont invités à participer et dont on voit d’ores et déjà qu’elle a un grand intérêt.

Soutenir des projets pédagogiques, c’est permettre aux jeunes en formation de mettre concrètement en action leurs connaissances et leurs compétences, y compris professionnelles, et de montrer la faisabilité des changements requis face au changement climatique. J’évoque une série d’exemples : le climathon des jeunes, le camp d’étude sur le changement climatique dans les forêts vaudoises, la rencontre des groupements forestiers, une machine testant les cellules solaires et des études sur la création de milieux humides favorables à la diversité. Il s’agit de nombreux projets collaboratifs, positifs et concrets que nous nous devons de multiplier. D’ailleurs, il faut que ce soit très clair : sur le plan idéologique, c’est tout simplement une application du Plan d’études romand. Ainsi que je vous l’ai dit, le 12 octobre dernier, il y a aussi le projet Jurassic test créé par le Centre professionnel du Nord vaudois. Ce laboratoire pour la mobilité électrique et solaire permet chaque année aux apprentis de s’investir dans la construction d’un équipement mobile et solaire à destination d’un acteur du territoire. Dans beaucoup d’endroits, les apprentis se livrent justement à ce type de pratiques, notamment avec des triporteurs solaires pour la récolte des déchets. Dans le cadre de cet exposé des motifs et projet de décret, ce type de projet pourra obtenir un financement et, le cas échéant, être généralisé dans le canton. Alors madame la députée, comme je vois que vous n’êtes visiblement toujours pas convaincue, je veux bien faire la liste de tous les projets qui existent actuellement, qui vont pouvoir être encouragés dans ce cadre et qui font clairement partie de la mesure d’impulsion sur la formation, du plan climat. Cet exposé des motifs et projet de décret envisage aussi de soutenir la mise en place de référents. Evidemment, cet élément va coïncider avec les projets pédagogiques qui pourront être mis en place.

En conclusion, j’aimerais vous dire que le Conseil d’Etat vous invite clairement à soutenir cet exposé des motifs et projet de décret, qui va produire des effets très concrets et visibles dans les lieux de formation vaudois, afin de permettre à ces lieux de se saisir du défi capital qu’est le dérèglement climatique. Cela n’est ni de la militance ni de la rééducation, ainsi que cela a pu être dit lors de la séance du 12 octobre dernier, mais cela s’appelle simplement avoir le sens des responsabilités par rapport à des jeunes générations qui ont bien besoin d’adultes responsables.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est close.

Le projet de décret est refusé par 74 oui, 39 non et 20 abstentions.

M. Alexandre Démétriadès (SOC) —

Je demande un vote nominal.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

Cette demande est appuyée par au moins 20 membres.

Celles et ceux qui acceptent le projet de décret votent oui ; celles et ceux qui le refusent votent non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, le projet de décret est refusé par 74 oui, 51 non et 13 abstentions.

* introduire vote nominal

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