22_REP_181 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Alice Genoud et consorts - Interpellation – Je végétalise, tu végétalises, sauf Plateforme 10 ? (22_INT_118).

Séance du Grand Conseil du mardi 7 mai 2024, point 15 de l'ordre du jour

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Alice Genoud (VER) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse. Cette interpellation avait été déposée peu après l’inauguration de Plateforme 10 qui, malgré les aménagements réalisés notamment l’été passé, reste un îlot de chaleur important de la ville de Lausanne. Je peux comprendre la difficulté de végétaliser un endroit après coup et c’est précisément pour cette raison que nous, les Vertes et Verts, nous battons pour végétaliser les constructions avant que les projets soient terminés. Le résultat n’est pas bon à Plateforme 10, d’autant que cet îlot de chaleur est localisé à l’intérieur de l’autre îlot de chaleur qu’est le centre-ville. On a manqué l’occasion de rendre cet endroit agréable à utiliser. Je prédis que, cet été, vous ne verrez pas beaucoup de monde se balader tranquillement entre les musées ; vous verrez plutôt le monde courir d’un musée climatisé à l’autre ou d’un petit bout de terrasse avec quelques arbres à l’autre. Fondamentalement, c’est dommage, parce que Plateforme 10 est aussi l’image de notre canton. Nous avons la chance de pouvoir bénéficier du rayonnement international des musées − ce qui est normal au vu de la qualité du travail réalisé – et ne pas avoir profité de réaliser quelque chose de plus ambitieux en matière de végétalisation est extrêmement problématique. Aujourd’hui, il est difficile de tout refaire. J’entendrai avec plaisir Mme Moret parler de ses projets et réflexions sur la végétalisation.

Bien que je sois critique envers le projet actuel, j’ai l’espoir que la place devant Plateforme 10 – place utilisée par des conteneurs – sera occupé par autre chose quand la Place de la gare sera terminée. L’horizon temporel s’est éloigné ces derniers mois, depuis le dépôt de mon interpellation. Toutefois, il serait intéressant de connaître les projets pour cet espace par lequel nous arrivons à Plateforme 10. A cet endroit, il est possible de réaliser des choses, de réfléchir à la végétalisation et de créer – je l’espère − un endroit à s’approprier aussi en été pour ne pas utiliser l’espace muséal uniquement en hiver.

Je remercie d’avance Mme Moret pour ses éclaircissements, parce qu’entre la réponse du Conseil d’Etat et aujourd’hui, du temps est passé et de nouveaux aménagements ont été réalisés. Il serait intéressant de savoir où nous en sommes avec le projet de la place devant Plateforme 10.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Hadrien Buclin (EP) —

J’aimerais remercier l’interpellatrice d’avoir soulevé ces questions pertinentes en lien avec l’excès de bétonnage et l’insuffisance d’espaces verts aux abords des nouveaux musées de la gare. Je souscris totalement aux critiques développées par Mme Genoud. Les défauts de ce projet doivent nous servir de leçons pour de futures constructions. Actuellement, il n’est plus possible de prévoir des projets avec un recours aussi intense au béton, une place aussi faible accordée aux espaces de pleine terre, à des sols perméables et à des arbres aux abords du bâtiment.

Tirer un bilan est d’autant plus important que les pouvoirs publics ont un rôle d’exemplarité à jouer dans le développement de projets, dans l’utilisation de matériaux alternatifs au béton et dans les espaces réservés à la biodiversité. La demande est d’autant plus réaliste que, quand on veut, on peut. Pensons au bâtiment de l’avenue Valmont à Lausanne qui héberge la Direction générale de l’environnement. Ce projet de construction porté par le Canton est remarquable par le faible recours au ciment et par la végétalisation environnante. D’autres projets et modes de construction sont possibles. Il est donc urgent de tirer un bilan critique de Plateforme 10. Un autre projet à proximité de la gare de Lausanne m’inquiète : celui de la Rasude « tout béton », avec un bétonnage de grande ampleur. C’est un nouvel îlot de chaleur en puissance. Il est peut-être encore temps de corriger le tir du côté de la Rasude, même si le Canton n’est pas seul acteur du projet.

M. Alberto Mocchi (VER) —

Il en va aussi de la cohérence des politiques publiques. Il y a un peu plus d’une année, nous avons voté en faveur d’un crédit qui vise à subventionner, dans les communes, les actions de perméabilisation des sols en ôtant le bitume là où c’est possible pour faire respirer le sol et le rendre à nouveau perméable. Malheureusement, par le passé, nous avons connu des constructions de l’Etat comme celles dont il est question – ou d’autres dont l’Etat n’est pas directement le maître d’ouvrage, mais à la conception desquelles il a participé, comme la rénovation de plusieurs gares dont celle de Cossonay-Penthalaz. Cette dernière a d’ailleurs donné lieu à d’immenses étendues de bitume. Les quelques rares endroits avec encore un peu de perméabilité ont été goudronnés sans réflexion sur la plantation d’arbres ou d’autres actions en faveur d’un peu de biodiversité. Il n’y a pas de sens à inciter d’autres pouvoirs publics à mener des politiques dans un sens, mais à ne pas réaliser soi-même ce devoir d’exemplarité.

J’ai l’impression que les choses changent tranquillement, ce qui est bénéfique. Espérons que nous continuions dans cette direction avec un changement de paradigme et que nous appliquions nous-mêmes, à l’Etat, ce que nous demandons à d’autres !

Mme Graziella Schaller (V'L) —

Je remercie également Mme Genoud d’avoir déposé cette interpellation. En effet, entre le projet qui avait gagné le concours et ce qui s’est fait, il y a beaucoup moins de végétalisation. Il existe un autre endroit, où l’on a créé une passerelle de mobilité douce depuis Plateforme 10 jusqu’au pont Marc Dufour. Sauf erreur, il y avait eu des recours pour laisser de la végétation et des arbres. Ce sera également un endroit non arborisé ni ombragé. Il est difficile de revenir en arrière lorsque de telles erreurs ont été commises. J’espère qu’il sera possible d’agir pour tirer des leçons de ces erreurs et améliorer les protections également sur cette partie goudronnée reliant la gare au pont Marc Dufour. Je saisis l’opportunité pour remercie Mme la conseillère d’Etat d’avoir intégré, beaucoup plus que par le passé, ces questions de végétalisation dans les projets actuels.

Mme Claire Attinger Doepper (SOC) —

Le parti socialiste se joint aux doléances exprimées dans l’interpellation. En effet, le « tout béton » doit cesser. Nous ne sommes plus dans cette situation. Je me permets de revenir à la question 4 de l’interpellation : « Est-ce qu’une attention particulière sera donnée à la végétalisation lors du projet autour de l’ancien poste directeur des CFF et de l’entrée de Plateforme 10 ? ». Il est répondu : « Oui. Comme pour tous les projets ». Cette réponse est arrogante. En effet, l’interpellation dit précisément que les projets « tout béton » ne doivent plus exister et qu’une attention particulière doit être portée à la végétalisation des alentours. Pour cette raison, j’attends avec impatience la réponse de Mme la conseillère d’Etat.

Mme Rebecca Joly (VER) —

Il y a dix ans, nous ne concevions pas les projets comme aujourd’hui. La plupart des personnes, comme moi, en charge de fonctions exécutives sont en prise avec ces réalités, qui sont de devoir rattraper, selon les préoccupations actuelles, les projets conçus il y a dix ou quinze ans. Nous faisons ce que nous pouvons, ce qui n’est pas forcément idéal. Le message déjà exprimé et que je répète est qu’il faut faire mieux pour l’avenir, ce qui semble être le chemin emprunté par le Conseil d’Etat. Toutefois, je prends la parole, car je tiens à rappeler qu’au moment où Mme Genoud déposait son interpellation sur Plateforme10, je déposais une motion visant à introduire une base légale obligeant l’Etat à réfléchir à la végétalisation quand il conçoit un projet. Je demandais le renvoi en commission, mais il n’a jamais eu lieu. Entre-temps j’ai été absente, en congé maternité, raison pour laquelle, sans doute, ma motion s’est perdue dans les méandres administratifs. Quoi qu’il en soit, il importe de réfléchir à ancrer les bonnes pratiques dans les bases légales, notamment. S’il y a une volonté du Conseil d’Etat, volonté que nous saluons et qui sera confirmée dans quelques instants – je l’espère − cela ne doit pas dépendre du Conseil d’Etat en place, mais être systématique. Un projet n’est pas uniquement de construire des murs, mais aussi réfléchir aux alentours.

Mme Séverine Evéquoz (VER) —

Je rappelle la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage, à l’article 18b, alinéa 2, qui oblige les cantons et, par conséquent, les communes à veiller à une compensation écologique. Dans les régions où l’exploitation du sol est intensive à l’intérieur et à l’extérieur des localités, les cantons veillent à une compensation écologique sous forme de bosquets champêtres, de haies, de rives boisées ou de tout autre type de végétation naturelle adaptée à la situation. Un article de l’ordonnance fédérale détaille la mise en réseau de ces surfaces ; dès lors, le cadre légal existe. Je remercie donc le Conseil d’Etat d’en tenir compte.

Mme Isabelle Moret (C-DEIEP) — Conseiller-ère d’Etat

*Insérer image .png

Vous connaissez cette image, c’est avec elle que vous avez pris connaissance, à l'époque, du fameux projet Plateforme 10. Vous avez toutes et tous pensé : « Ah, ce sera comme ça ». Toutefois, je dois vous dire que, dans les concours d'architectes, seul le bâtiment est contractuel ; tout ce qu'il y a autour est là pour « faire joli. » Evidemment, lorsqu'on présente un tel bâtiment de cette manière, en conférence de presse, on crée des attentes. Je vous avoue avoir, moi aussi, découvert qu'en réalité le bâtiment est contractuel, mais pas ce qui est organisé autour ; cela fera l'objet de décisions et d'aménagements ultérieurs. Par conséquent, même si vous avez cette image en tête, l’engagement du Conseil d'Etat ne peut pas concerner cette image de verdure. D'ailleurs, ce n’est pas la version qui a été ensuite convenue avec la Ville de Lausanne. Je peux donc comprendre la déception de tous ceux qui imaginaient que le projet final ressemblerait à cela. Là où vous voyez l'immeuble du fond, sur l’image, normalement il y a une route, mais avec un tel petit passage pareillement entouré de verdure, il ne serait techniquement pas possible aux pompiers d'arriver très rapidement auprès des œuvres d'art.

Vous avez dit qu’il faut désormais penser à l'avenir et c'est effectivement ce que nous faisons. Au sein du Conseil d'Etat, nous souhaitons désormais que les questions de verdure et les autres éléments de ce type soient pris en compte dès le début d’un projet, plutôt qu’ultérieurement. Il faut admettre que le choix architectural fait pour Plateforme 10 est éminemment minéral, de même que la place choisie ; c’est un choix fait au siècle passé. Maintenant, nous ne faisons plus ce type de choix ; cela ne correspond plus à ce que nous souhaitons, notamment avec notre deuxième axe durabilité. Mme Gorrite, qui est ministre de la culture, et moi-même travaillons ensemble sur les espaces de Plateforme 10. Lorsque nous avons chacune repris notre département – Mme Gorrite pour la culture et moi pour la Direction générale des immeubles et du patrimoine (DGIP) – nous nous sommes toutes les deux dit :« Il faut faire quelque chose pour ce lieu et apporter un maximum de verdure. » Ainsi, notre intention politique et le message étaient clairs : ajouter un maximum de verdure. Toutefois, s'il est possible d'intervenir sur un projet en cours et sur de futurs projets, lorsqu’un bâtiment et tout un quartier sont déjà construits, vous vous heurtez aux contraintes existantes.

*Insérer image .pdf

Commençons par la partie 1 et la partie 2 qui est un peu décalée. De ce côté-là, il y a de la verdure, mais il faut aussi tenir compte du fait qu'il y a des voisins. Pour certains éléments, il a fallu tenir compte des négociations avec les voisins qui se trouvent au nord, en particulier en matière de hauteur d'arbres. Sur les parties 1 et 2, de la verdure est posée et vous la voyez notamment par cette arrivée de mobilité douce que nous avions tous utilisée lors de la fête de la présidente Evéquoz. Ensuite, si on se décale un peu, on arrive sur la partie intermédiaire où les petits points rouges signalent la mobilité douce. Or, comme je vous l'ai dit, c'est en fait une route qui doit en particulier servir aux pompiers pour arriver rapidement auprès des différents musées en cas de catastrophe ou de feu.

Ensuite, partout où les petits points rouges se trouvent au milieu, on se dit qu’on aurait peut-être pu mettre plus d'arbres, mais pour cela, il faut notamment que le sous-sol le permette. Or, en dessous de toutes ces plaques, vous n'avez que des canalisations. Vous ne pouvez donc pas mettre les arbres que vous souhaitez, à moins d’enlever toutes les canalisations et de tout refaire, ce qui n'est franchement pas possible. Il n’était donc pas possible d’ajouter tous les arbres que nous aurions souhaités. Des arbres ont pu être ajoutés à la partie 4, parce qu’il y avait là suffisamment de terre pour les poser. Evidemment, maintenant, ils ont l'air petits et il faudra attendre quelques années pour qu'ils prennent la dimension souhaitée, mais ils pourront apporter la verdure nécessaire à ces endroits.

Nous nous sommes ensuite demandé que faire sur la zone qui est une route. Le revêtement a été changé de manière à ne plus être aussi foncé qu'avant ; avec du gravillon, et notamment avec des cailloux, la réflexion sera moins forte. Nous avons aussi eu l’idée – ou plutôt, l'idée a été proposée par les équipes et notamment par l'architecte cantonale, que je remercie – de faire une fontaine du type de celle de Berne. Vous connaissez la fontaine, sur la place fédérale, avec les 26 jets d'eau qui reprennent les 26 cantons et où de nombreux enfants s'amusent en été ? Ici, des rails ont été dessinés sous forme de jets d'eau. Ces jets d'eau rappellent que, à une époque, cet endroit était utilisé par les CFF. Cela permet aussi de continuer les projections sur le bâtiment et de faire des partenariats, comme avec le festival de Locarno. C'était-là le maximum qu’il était possible de faire. Très clairement, les trois quarts des projets proposés par la DGIP étaient impossibles à réaliser en raison des différentes conditions techniques dont je viens de vous parler, y compris le fait qu'il faut faire attention à ne pas amener trop d’humidité à proximité des bâtiments à cause des collections qui s'y trouvent.

Nous allons maintenant parler du futur et de la partie située le plus à l'est. La partie 7 est celle sur laquelle portent tous nos espoirs, puisque c'est le lieu d'arrivée dans le quartier de Plateforme 10. C’est là qu’il faudrait de la verdure. L'avenir du bâtiment que vous voyez juste sous le numéro 7 – le poste directeur – n’est pas encore connu exactement. Nous attendons la décision des CFF afin de savoir si ce poste directeur peut être maintenu ou non. Ainsi, l'avenir de ce quartier changera beaucoup en fonction de la décision des CFF sur l'entier des travaux de la gare de Lausanne. Enfin, il faut dire ce qui est : devant cela, il y a quelque chose d’assez moche, à savoir les Portakabin, à propos desquels nous essayons de discuter avec les CFF ; nous leur demandons de ne pas laisser ces Portakabin durant toute la durée des travaux de la gare de Lausanne. Voilà où nous en sommes dans les discussions avec les CFF pour trouver une solution, en tout cas pour la période transitoire, jusqu'à ce que les travaux de la gare de Lausanne soient terminés.

Ainsi, en résumé, la partie ouest a été verdurisée de la manière proposée, avec les contraintes notamment de voisinage. La partie du milieu a été faite au maximum de ce qui était faisable et il faut un peu de patience pour voir les arbres pousser. A l'est, nous sommes en attente de l’évolution des discussions avec les CFF. Encore une fois, je pense que si ce projet de verdurisation avait été entrepris depuis le début, le lieu n'aurait pas cet aspect au final, mais les mentalités ont évolué elles aussi.

Mme Graziella Schaller (V'L) —

J’aimerais poser une question complémentaire, à la suite des explications de Mme Moret. J'ai eu l'occasion de découvrir les plantations d'arbres dont vous parlez et je vous remercie de vos efforts pour améliorer cet endroit. J'ai aussi constaté que de nombreuses familles – et heureusement – vont maintenant sur le site du MUDAC et du Musée de l'Elysée. Récemment, je me demandais s’il ne serait pas possible d'y installer quelques jeux ou activités pour enfants – des balançoires ou ce genre d’installations. Actuellement, à cet endroit, se trouve une belle mosaïque avec un serpent qui n’est certainement pas du tout destinée à être utilisée comme jeu, mais c'est le seul endroit où les enfants peuvent un peu se divertir. Ma question est donc la suivante : est-il possible d’envisager de mettre quelques activités simples pour occuper les enfants quand les familles viennent visiter les expositions ?

Mme Isabelle Moret (C-DEIEP) — Conseiller-ère d’Etat

Madame la députée, je vous remercie pour cette suggestion. Je vous propose d'en parler avec ma collègue, avec les utilisateurs du site et avec la ville de Lausanne, puisque tout se fait en coordination avec ces partenaires, pour que nous puissions réfléchir à la question.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.    

Ce point de l’ordre du jour est traité.

Retour à l'ordre du jour

Partager la page

Partager sur :