21_HQU_68 - Question orale Sacha Soldini - Combien de demandes de congé accordées le 21 mai 2021 ?.

Séance du Grand Conseil du mardi 8 juin 2021, point 3.1 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le vendredi 21 mai dernier, une « grève du climat » s’est tenue dans les rues de Lausanne dès 13h30.

Les élèves et étudiants ont été autorisés à manquer les cours sur inscription du motif « grève du climat ».

Aussi, je dépose la question suivante : combien de demandes de congé ont été accordées sur l’ensemble des écoles et gymnases vaudois le vendredi 21 mai ?

Transcriptions

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M. Sacha Soldini (UDC) —

DFJC

Question orale Sacha Soldini - Combien de demandes de congé accordées le 21 mai 2021 ? (21-HQU_68)

Le vendredi 21 mai dernier, une « grève du climat » s’est tenue dans les rues de Lausanne dès 13h30. Les élèves et étudiants ont été autorisés à manquer les cours sur inscription du motif « grève du climat ». Aussi, je dépose la question suivante : combien de demandes de congé ont été accordées sur l’ensemble des écoles et gymnases vaudois le vendredi 21 mai ?

Mme Cesla Amarelle — Conseiller-ère d'État

Permettez-moi tout d’abord de préciser les dispositions organisationnelles qui ont été appliquées à l’école obligatoire et postobligatoire lors de toutes les dernières mobilisations et qui sont systématiquement rappelées par écrit aux établissements. Les élèves ne peuvent pas demander congé ; ils peuvent remplir un justificatif d’absence avec pour motif « grève pour le climat ». Tous les cours ont lieu de manière régulière, quel que soit le nombre d’élèves en classe, et les élèves absents ont la responsabilité de rattraper le contenu des heures manquées. Si un test est planifié pendant l’absence, les élèves absents doivent le rattraper selon les règles propres à chaque établissement.

Monsieur le député, les informations que je vous donne concernent donc bien des justificatifs d’absence et non des demandes de congé, comme vous le demandez. A l’école obligatoire, la base de données centralisée gérée par la Direction générale de l’école obligatoire (DGEO) ne renseigne pas sur le motif précis et il nous aurait fallu dépouiller les justificatifs les uns après les autres, établissement par établissement, pour établir une liste précise ; ce qui nous paraît disproportionné. Nous pouvons néanmoins vous dire que, ce jour-là, 6594 élèves de l’école obligatoire, parmi les 92 000 élèves, ont remis un justificatif d’absence, tous motifs confondus. Comparativement à la même période des années précédentes, nous ne constatons aucune augmentation significative du nombre des justificatifs remis, ce qui tend à démontrer que le phénomène a été marginal à l’école obligatoire. Au niveau du postobligatoire, 1299 élèves – sur 35 000 – ont remis un justificatif d’absence qui mentionnait « grève pour le climat », ce qui représente environ 3 % des élèves. Les absences ne pouvaient être justifiées qu’à partir de 13 h 30 et permettaient aux élèves de se joindre aux mobilisations de l’après-midi qui ont eu lieu partout dans le canton : à Lausanne, Yverdon, Vevey, Nyon ou Aigle par exemple. J’aimerais aussi souligner, comme nous l’avons dit aux grévistes pour le climat, que le Département de la formation, de la jeunesse et la culture regrette leur choix d’une mobilisation qui impacte le temps scolaire. C’est un temps précieux pour les élèves et nous sommes persuadés qu’il n’y a pas de meilleur endroit que l’école pour permettre aux jeunes de se saisir des grands enjeux du XXIe siècle, dont la lutte contre le réchauffement climatique fait bien entendu pleinement partie.

Si je vous dis cela, c’est parce qu’il me semble important de rappeler la distinction entre une posture pédagogique et une posture militante. Une récente intervention de votre même groupe politique, monsieur le député, peut laisser croire que le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture ne tire pas une frontière claire entre ces deux postures. J’aimerais profiter de l’occasion qui m’est donnée de m’exprimer sur le sujet pour vous dire que cette frontière est très clairement tracée, et cela à tous les niveaux. Le département a fait le choix de ne pas sanctionner la démarche militante des élèves, tout en leur faisant porter la responsabilité individuelle des conséquences de leur absence. Les syndicats, notamment enseignants, se sont également joints à la mobilisation du 21 mai, avec les canaux d’information qui sont les leurs. Ces démarches sont légitimes et doivent être respectées, mais elles n’ont évidemment pas leur place dans nos salles de classe. Je dis ici toute ma confiance aux enseignantes et enseignants de ce canton qui savent faire la distinction entre les deux postures ; l’une pédagogique et l’autre militante. Si un problème survient, je peux compter sur les directions pour faire respecter la posture adéquate à chacun. Cela s’est vérifié le 21 mai dernier, lorsqu’un directeur s’est rendu compte qu’un message problématique avait été adressé par erreur aux élèves, ce qui a conduit à l’envoi immédiat d’un rectificatif.

Quant aux multiples rumeurs d’ateliers de fabrication de pancartes en classe ou d’enseignants profitant de leur cour pour donner rendez-vous à leurs élèves à la manifestation, elles se sont – pour l’instant et en l’état de nos connaissances – toutes révélées fausses jusqu’à présent. L’écho médiatique et politique ne les rend pas plus vraies. Je peux vous assurer que si l’une d’elles devait se vérifier, vous avez toute mon assurance qu’elle sera traitée avec le plus grand sérieux.

Si je me suis permis d’élargir brièvement mon propos, c’est parce que les récentes prises de position et de parole sur le sujet ont amené de la confusion que je souhaite dissiper : parler de réchauffement climatique en classe n’est pas du militantisme – je ne vous apprends rien. Ce Parlement a lui-même voté à une écrasante majorité, le 19 mars 2019, une résolution reconnaissant l’urgence climatique. La lutte contre le réchauffement de notre planète n’est pas une opinion à laquelle on pourrait opposer le climatoscepticisme, au même titre que la théorie de l’évolution n’est pas une opinion à laquelle opposer le créationnisme. Le réchauffement climatique, comme la théorie de l’évolution, sont tous les deux établis et scientifiquement documentés. Il est de notre devoir de parler du réchauffement climatique en classe, mais nous devons le faire avec un cadre, dans une démarche pédagogique construite et avec le professionnalisme qui est celui des enseignantes et des enseignants de ce canton. Dans cette démarche, ils peuvent continuer à compter sur l’appui complet et déterminé du département et du Conseil d’Etat.

M. Sacha Soldini (UDC) —

Je remercie Mme la Conseil d’Etat pour sa réponse. Si j’ai bien compris et pour être bien clair, pour les prochaines grèves climatiques à venir, les justificatifs d’absence pour les élèves vaudois seront toujours systématiquement tolérés ? Il faut savoir que la grève du 21 mai était une grève du climat, mais aussi une grève pour l’avenir qui ne traitait pas que du climat. Ma question subsidiaire est la suivante : le Conseil d’Etat a-t-il une position concernant les grèves qui ne sont pas uniquement dédiées au climat, qui mêlent d’autres sujets, comme la migration ou le féminisme ? Est-ce que cela sera pris en compte de la même manière qu’une grève pour le climat ?

Mme Cesla Amarelle — Conseiller-ère d'État

Non, chaque demande est traitée au cas par cas. Pour l’instant, il n’est pas possible de vous dire ce qui sera décidé pour l’avenir.

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