23_INT_127 - Interpellation Jean-Rémy Chevalley et consorts - Occupations illicites d'immeubles. Quelles actions cantonales dans l'attente de la nouvelle législation fédérale? (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 29 août 2023, point 11 de l'ordre du jour

Texte déposé

La question de l’occupation illicite d’immeubles par des squatters fait régulièrement la une des médias. Au cours des dernières années, le canton de Vaud a connu plusieurs situations de maisons occupées illégalement, notamment dans la région de Nyon dans le nord vaudois à Lavaux.

 

Ces occupations illicites retardent souvent des travaux de rénovations ou de transformations empêchant ainsi la mise sur le marché de l’immeuble comme à Grandvaux ou à Puidoux, sans compter l’état lamentable des lieux souvent laissés par ces occupants pour qui le terme « propriété privée » n’a aucune valeur.

 

Le phénomène du squat est incompatible avec la garantie de la propriété et tend à créer un sentiment d’incompréhension, voire de malaise, au sein de la population.

 

Le conseiller national Olivier Feller a déposé au Conseil national, en juin 2015, une motion (15.3531) demandant au Conseil fédéral de prendre les mesures nécessaires pour que les propriétaires d’immeubles occupés illégalement puissent exercer le droit de reprise prévu à l’article 926, alinéa 2, du Code civil à des conditions moins restrictives notamment concernant les délais à respecter. Le Conseil national puis le Conseil des Etats ont accepté cette motion en 2017.

 

Le Conseil fédéral s’est alors mis à rédiger un avant-projet de révision du Code civil et un rapport explicatif en vue de mettre en œuvre la motion. Cet avant-projet et le rapport explicatif ont fait l’objet d’une consultation publique entre le 2 septembre et le 23 décembre 2020. Depuis lors, le Message du Conseil fédéral destiné aux Chambres fédérales est en préparation. Compte tenu de la durée des procédures parlementaires fédérales, et pour autant que le Conseil fédéral dépose le Message promis dans les semaines à venir, les mesures prévues ne pourront pas entrer en vigueur avant le 1er janvier 2025 voire avant le 1er janvier 2026.

 

Le rapport explicatif mis en consultation par le Conseil fédéral en 2020 relève que l’obtention de l’évacuation d’un immeuble occupé constitue un énorme défi pour les propriétaires. Il existe des problèmes notamment en ce qui concerne la notification des jugements ou des décisions à des occupants dont il est quasiment impossible de connaître précisément l’identité. En outre, les cantons ont des pratiques diverses, plus ou moins restrictives. Le rapport explicatif du Conseil fédéral relève par exemple, au chapitre 1.2.7, que « les autorités de police du canton de Vaud semblent n’être enclines à évacuer un immeuble occupé que si une décision d’un tribunal ou d’une autre autorité les y invite ».

 

Selon le Conseil fédéral, le problème principal qui se pose en lien avec le droit de reprise porte sur le moment à partir duquel le délai commence à courir. En d’autres termes, il s’agit de clarifier pendant combien de temps le propriétaire peut attendre avant d’intervenir pour récupérer son bien. Le Conseil fédéral propose ainsi de compléter l’article 926, alinéa 2, du Code civil en précisant que le propriétaire doit agir « après avoir eu connaissance de l’usurpation en ayant fait preuve de la diligence requise ». Autrement dit, le début du délai de réaction pour exercer le droit de reprise correspond au moment où le propriétaire a eu connaissance de l’usurpation ou aurait dû en avoir connaissance en ayant fait preuve de la diligence requise.

 

Le Conseil fédéral propose également de préciser, à l’article 926, alinéa 3, du Code civil que les autorités compétentes assurent au propriétaire en temps utile l’intervention requise par les circonstances. 

 

Par ailleurs, le Conseil fédéral propose de modifier le Code de procédure civile afin de le rendre plus favorable aux propriétaires. Ainsi, il propose de créer un nouvel instrument, l’ordonnance judiciaire, qui pourra être demandée au juge en cas d’occupation illicite mais aussi pour tout acte de trouble ou d’usurpation d’un immeuble.

 

Ainsi j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

 

Le Conseil d’Etat considère-t-il que les occupations illégales d’immeubles sont admissibles ?

 

Le Conseil d’Etat, considère-t-il que le cadre réglementaire cantonal actuel concernant l’évacuation des squatters est efficace ?

 

Dans l’attente de la nouvelle législation fédérale, le Conseil d’Etat est-il prêt à revoir la pratique restrictive actuelle telle que décrite dans le rapport explicatif mis en consultation par le Conseil fédéral en 2020 ?

 

 

Fait à Puidoux le 15 août 2023

 

 

Jean-Rémy Chevalley

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Josephine Byrne GarelliPLR
Jacques-André HauryV'L
Laurence CretegnyPLR
David VogelV'L
Elodie Golaz GrilliPLR
John DesmeulesPLR
Mathieu BalsigerPLR
Gérard MojonPLR
Georges ZündPLR
Jerome De BenedictisV'L
Fabrice TannerUDC
Alexandre BerthoudPLR
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Yvan PahudUDC
Florence GrossPLR
Olivier PetermannPLR
Nicole RapinPLR
Charles MonodPLR
Guy GaudardPLR
Nicolas BolayUDC
Patrick SimoninPLR
Jean-Marc UdriotPLR
Florence Bettschart-NarbelPLR
Jean-Daniel CarrardPLR
Aurélien DemaurexV'L
Sergei AschwandenPLR
Loïc BardetPLR
Michael WyssaPLR
Jean-François CachinPLR
Pierre-André RomanensPLR
Maurice NeyroudPLR
Jean-Franco PaillardPLR
Grégory BovayPLR
Marc MorandiPLR
Anne-Lise RimePLR
Pierre-François MottierPLR
Laurence BassinPLR

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Jean-Rémy Chevalley (PLR) —

Comment déloger un squatter ? Voilà un défi pour Ethan Hunt, le héros de la saga « Mission Impossible », car c’est bien d’une mission impossible qu’il s’agit. Des personnes qui occupent une propriété privée ne peuvent pas être expulsées. Elles n’ont même pas l’obligation de décliner leur identité ! S’enfermant dans les appartements ou locaux, nul n’a le pouvoir de les déloger sans risquer d’enfreindre la loi. Surprenant ! Alors que si vous décidez de vous installer sur la pelouse de votre voisin pour pique-niquer, vous pouvez vous faire expulser manu militari, avec le risque d’encourir des suites pénales pour violation de la propriété privée. Ces deux poids et deux mesures laissent perplexes les propriétaires de ces occupations. Hier encore, à Puidoux, un groupe de squatters avait promis de quitter, le 28 août au matin, un bâtiment industriel qu’ils occupent depuis deux ans, pour que les travaux de rénovation en attente depuis deux ans également puissent débuter. Résultat des courses : ils se sont barricadés durant la nuit et n’ont aucune envie de quitter les lieux… C’est donc reparti pour un tour.

Ces actions sont inacceptables. Certes, une motion a été déposée au niveau fédéral par le conseiller national Olivier Feller dans le but de modifier l’article 926, alinéa 2, du Code civil, mais le sujet semble être tombé dans les oubliettes du Conseil fédéral. C’est pour attirer l’attention de notre Conseil d’Etat que je dépose ce texte, au nom du groupe PLR, avec l’espoir qu’un ajout législatif simplifie la procédure et que les occupations de propriétés privées puissent être résolues beaucoup plus rapidement.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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