23_INT_123 - Interpellation Hadrien Buclin et consorts - Transformation de l’îlot Rasude à Lausanne : un projet immobilier en décalage avec les besoins des locataires, la protection du patrimoine et l’adaptation au dérèglement climatique ? (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 29 août 2023, point 7 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le groupe immobilier Mobimo, les CFF et la Municipalité de Lausanne prévoient une transformation du quartier de l’îlot de la Rasude, à proximité de la gare de Lausanne. Ce projet suscite un vif débat dans le chef-lieu vaudois et une association d’habitant·es s’est constituée pour le contester. Les critiques formulées à l’encontre de ce projet sont en particulier de trois ordres. Premièrement, le projet réserve la part belle à des surfaces administratives et commerciales (au moins 80% des 73'000 m2 prévus). Cette priorité est hautement contestable à l’heure où l’agglomération lausannoise est frappée par une grave pénurie de logements et où l’offre de surfaces commerciales est en revanche excédentaire. Deuxièmement, le projet implique la destruction d’un bâtiment aux qualités patrimoniales importantes conçu par le fameux architecte Alphonse Laverrière. La construction de deux tours de 12 et 15 étages inquiète également les riverain·es. Enfin, il est à craindre que le projet, en faisant la part belle au béton et à des tours de verre climatisées, sans espace de pleine terre aux abords, constitue un ilot de chaleur supplémentaire à Lausanne.

La présente interpellation vise à interroger la manière dont le Canton pourrait influencer ce projet afin de répondre aux préoccupations énoncées ci-dessus. Il est clair en effet que l’autorité cantonale a son mot à dire sur le plan légal car la Commune soumet au Canton un plan de quartier. Les soussigné·es adressent par conséquent les questions suivantes au Conseil d’État :

 

1) La Commune de Lausanne semble décidée à déroger à son propre plan général d’affectation pour autoriser des hauteurs particulièrement élevées. Le Conseil d’État a-t-il l’intention de s’opposer à cette dérogation afin de répondre aux inquiétudes exprimées par les riverain·es ?

 

2) Le Conseil d’État est-il prêt à demander que le projet soit revu pour réduire l’espace bétonné et prévoir des surfaces en pleine terre au nom de la compatibilité du projet avec l’urgence climatique proclamée par le Grand Conseil ?

 

3) La Constitution vaudoise, en son art. 52, prévoit que l’État conserve et protège le « patrimoine culturel ». Le Conseil d’État n’est-il pas d’avis qu’il devrait intervenir afin de protéger de la destruction le bâtiment construit par Alphonse Laverrière comme partie prenante de ce patrimoine culturel ?

 

4) En lien avec la question précédente, le Conseil d’État peut-il évaluer la compatibilité du projet avec l’inventaire des sites construits ISOS ?

 

5) La Constitution vaudoise, en son art. 67, charge l’État et les communes d’encourager « la mise à disposition de logements à loyer modéré ». Compte tenu de la pénurie de logements aiguë qui frappe l’agglomération lausannoise, le Canton est-il prêt à refuser le plan de quartier dans la forme actuelle afin d’obliger les promoteurs à y prévoir davantage de logements à loyer modéré ?

 

6) Le Conseil d’État, en collaboration avec les autres acteurs compétents, a-t-il évalué la possibilité d’utiliser la parcelle concernée pour un usage lié à l’agrandissement de la gare plutôt que pour un projet immobilier ?

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Géraldine DubuisVER
Valérie ZoncaVER
Martine GerberVER
Céline MisiegoEP

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Hadrien Buclin (EP) —

Ma deuxième interpellation porte aussi sur le thème du logement. Elle est davantage localisée que la précédente, puisqu’elle concerne un grand projet immobilier à proximité de la gare de Lausanne, porté par un grand acteur privé, en partenariat avec les CFF. Ce projet suscite une certaine inquiétude dans le quartier et au-delà, pour au moins trois raisons. La première, c’est qu’à Lausanne, il y a une forte pénurie de logements, de biens locatifs et que ce grand projet de la Rasude se concentre presque exclusivement sur des surfaces commerciales. On se demande donc si ce n’est pas en décalage avec les besoins des habitants à l’heure actuelle. La deuxième question touche à la protection du patrimoine, puisque ce projet inclurait la démolition du bâtiment construit dans les années 50 par l’architecte Alphonse Laverrière. Et troisièmement, une interrogation porte sur la dimension environnementale du projet. Ce sont deux tours construites en hauteur, climatisées, avec très peu d’espace, et même, à ma connaissance, pas du tout d’espace de pleine terre. Par conséquent, n’est-on pas en train de préparer un nouvel îlot de chaleur ? On se rappelle le débat intervenu à propos de Plateforme 10. Le projet n’est-il pas très minéral, très bétonné ? N’est-on pas en train d’aller vers un deuxième îlot de chaleur au centre de la ville ?

Voilà certaines des questions que je soulève. Je pense que le canton a une marge de manœuvre, puisque le plan de quartier va lui être soumis. Il pourrait aussi poser certaines conditions. C’est pour cette raison que j’interviens aussi à l’échelon cantonal, même si le projet est essentiellement lausannois.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

Retour à l'ordre du jour

Partager la page

Partager sur :