22_REP_83 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Sylvain Freymond et consorts au nom Groupe UDC - Le canton est-il prêt à faire face à la pénurie d' électricité qui se profile? (22_INT_48).

Séance du Grand Conseil du mardi 30 août 2022, point 5 de l'ordre du jour

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M. Sylvain Freymond (UDC) —

Je remercie le Conseil d'Etat pour ses réponses plutôt fournies qui complètent la réponse à l’interpellation de notre éminent collègue Marc-Olivier Buffat. Les coupures d’électricité dues à une pénurie semblaient impossibles dans notre pays, il n’y a pas si longtemps. Malheureusement, dans la situation actuelle, il paraît possible que des mesures drastiques d’économie d’énergie soient nécessaires. Si les entreprises qui consomment plus de 100'000 kilowattheures par année devaient être également touchées par des coupures d’électricité, il me paraît indispensable qu’elles puissent recevoir de l’aide, notamment financière, pour compenser leurs éventuelles pertes. Il est également indispensable que les fournisseurs d’électricité tiennent au courant leurs clients au fur et à mesure que la situation évolue, cet hiver surtout. J’espère que nous n’aurons pas à regretter notre politique énergétique cet hiver.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Vassilis Venizelos (C-DJES) — Conseiller-ère d’Etat

Sans anticiper le débat de cet après-midi sur les deux résolutions et la gestion de la pénurie, je vous répète que le Conseil d'Etat prend la situation très au sérieux. Il a mis en place un dispositif très précis et étroit qui permettra d’assurer la continuité des prestations et des activités de l’Etat. Quant à la question de l’impact sur les entreprises et sur l’économie, le Conseil d'Etat est préoccupé par la situation. Toutefois, il s’agit d’une compétence fédérale, et l’impulsion doit à tout prix venir de la Confédération et du Conseil fédéral.

Je tiens à apporter une précision : nous avons tendance à confondre pénurie et black-out. Or, il n’est pas encore question de ce dernier, même s’il n’est pas impossible. Il s’agit de pénurie et par conséquent de possibles contingentements, de réductions de l’approvisionnement énergétique et de la puissance qui pourrait être utilisée par les différentes entreprises. A l’évidence, cela aurait un impact sur la productivité des entreprises. Une incertitude existe sur la façon dont ce contingentement – le plan OSTRAL – pourrait être décidé par la Confédération. Ainsi, le canton attend de la part de la Confédération et du Conseil fédéral des précisions sur la façon dont seraient accompagnés de potentiels impacts sur l’économie. Vous avez par conséquent parfaitement raison de vous en soucier, mais à nouveau, je vous le répète, nous nous trouvons face à une compétence fédérale. Le canton assure une coordination avec les autres cantons pour faire en sorte que la Confédération apporte des réponses fortes et précises afin de savoir comment ce contingentement pourrait être déployé et comment les entreprises qui seraient impactées pourraient être aidées et accompagnées au niveau fédéral, sur le modèle de ce que nous avons pu vivre dans le cas de la crise sanitaire, mais à la grande différence qu’il s’agit d’approvisionnement énergétique de compétence fédérale stricte.

M. Guy Gaudard (PLR) —

Je vous présente mes excuses pour m’exprimer après le conseiller d’Etat, nous avons dû demander la parole de façon synchronisée.

Je déclare mes intérêts comme maître électricien, titulaire d’une maîtrise fédérale. Je suis impressionné par le nombre d’initiatives, motions, postulats et autres qui fusent de tous partis sur ce soi-disant black-out, d’éventuelles pénuries d’électricité. A force d’en parler et d’effrayer nos concitoyens, allons-nous parvenir à la fin de l’année avec une multitude d’initiatives qui se limitent à demander à l’Etat ce qu’il a entrepris pour éviter cette improbable situation mais sans jamais que les initiateurs n’esquissent de solutions pour pallier ce risque d’ailleurs plutôt dû à l’état déplorable de certains réseaux électriques, notamment à Lausanne, et non à la distribution des réseaux câblés sur pylônes ? C’est le praticien et non l’ingénieur électricien qui s’adresse à vous.

Chacun apprécierait que nous nous montrions plus raisonnables et moins alarmistes sur ce sujet énergétique. Il se trouve qu’aujourd'hui chaque consommateur a pris conscience des conséquences d’un black-out. Il est vrai que les énergies ont trop souvent été méprisées, qu’il était normal, pour tout un chacun, d’arriver chez soi, d’allumer la lumière, de ne pas l’éteindre, de chauffer à 23 degrés et de payer ce confort à des prix dérisoires. Ainsi, il est temps de donner le juste prix à toutes ces sources d’énergie et de cesser de les dilapider. Augmentons le prix du kilowattheure depuis un seuil de consommation excessive ! En effet, il serait aisé de fixer un seuil maximal en kilowattheures depuis lequel l’électricité serait payée plus cher. Posons des limiteurs de courant chez chaque abonné ; cela se faisait à l’époque, il y a une trentaine d’années. Dès que l’abonné avait dépassé 20 ampères, le disjoncteur déclenchait, ce qui permettait à l’abonné de choisir quels appareils il allait débrancher. Nous pourrions aussi diminuer l’intensité d’introduction de chaque immeuble de 10 %.

Et, surtout, arrêtons de croire que les véhicules électriques, les pompes à chaleur résoudront tous nos problèmes. Le tout électrique est un leurre. La motion de mon collègue Romanens acceptée par ce Grand Conseil en est une preuve. De grâce, chères et chers collègues, restez les pieds sur terre en rassurant nos concitoyens par des propositions concrètes et non inutilement alarmistes. En outre, je réitère ma certitude qu’un huitième conseiller d’Etat en charge de l’énergie a sa place et sa légitimité dans notre exécutif. Il est temps que notre députation soit positive relativement à un problème créé par des affirmations qui restent à prouver et à étayer. L’importance actuelle et future consiste à consommer moins. Quant à l’augmentation du prix du kilowattheure, elle est aujourd'hui chiffrée à 25 %, soit 25 % de 25 centimes : un coût qui n’est pas exorbitant.

Enfin, j’aimerais terminer mes propos en vous lisant une partie du texte que vous avez tous certainement reçu de la part de la Romande Energie. « Risque-t-on de manquer d’énergie ? Souvent confondues avec les blacks-out qui consistent en une panne générale d’électricité due à des aléas météorologiques, ou encore à des défaillances techniques, les pénuries correspondent à un manque d’énergie. Dans notre cas, la Suisse dispose d’énergie en suffisance pour le moment, et les prévisions pour l’avenir restent positives. Bien évidemment, une pénurie ne peut pas être exclue, mais plusieurs solutions existent : augmenter la production d’énergie en Suisse et réduire notre dépendance aux pays voisins ; diminuer notre consommation ; limiter l’utilisation de l’énergie par priorités. » Ces propos sont conclus de la manière suivante : l’ensemble de ces mesures se veut donc rassurant tout en rappelant plus que jamais l’importance de consommer moins. 

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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