22_INT_44 - Interpellation Muriel Thalmann et consorts - Santé pelvienne, parlons-en ! (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 22 mars 2022, point 4 de l'ordre du jour
Texte déposé
Des milliers de femmes souffrent en silence :
- d’incontinence, de fuites urinaires, de douleurs au périnée, qui peuvent avoir de graves conséquences sur leur santé, comme le prolapsus (descente d’organes) ainsi que
- de douleurs, qui peuvent affecter leur pratique sportive et leur sexualité.
Ces souffrances font principalement suite à des pressions engendrées sur le plancher pelvien ; ce dernier est composé de 20 muscles, qui soutiennent l’utérus, la vessie et le rectum et permettent de retenir l’urine, les selles et les gaz. Ce groupe musculaire subit une tension colossale dans le cadre de la grossesse et de l’accouchement. L’absence de prise en charge peut engendrer d'importantes conséquences sur la santé et donc des coûts supplémentaires, supportés par les collectivités.
L’incontinence urinaire (pour ne citer qu’elle) touche au moins 50% des femmes à l’âge adulte et ce problème semple sous-évalué selon les rares études existantes à ce sujet.[1] La majorité des femmes évitent d’en parler par pudeur et parce qu’elles croient qu’il n’existe pas de traitement spécifique.[2] Cependant, il s’avère que l’information, la prévention et la prise en charge par une physiothérapie de rééducation du périnée[3] peuvent améliorer de manière sensible la situation et qu'elles permettraient d’éviter des opérations beaucoup plus conséquentes (prolapsus, ablation de l’utérus, bandelettes sous-urétrales, etc.). Par ailleurs, les gynécologues-obstétriciens de plusieurs hôpitaux suisses[4] la recommandent fortement. Les sociétés de gynécologues-obstétriciens d’autres Etats comme la France et le Canada estiment même que cette prévention constitue une « recommandation de première ligne pour les femmes qui présentent des symptômes d'incontinence urinaire d'efforts. »[5]
Il semblerait, enfin, que les gynécologues et médecins généralistes, ne jouent pas nécessairement leur rôle de premier pôle d’information et de redirection vers des spécialistes du périnée. Ainsi, selon l’Office fédéral de la statistique, seules 1639 femmes ont consulté un/une spécialiste en milieu hospitalier pour un traitement ciblé en 2020 alors que le nombre de diagnostics y est environ deux fois plus élevé.[6]
Ce constat est d’autant plus surprenant lorsque l’on sait que les frais de physiothérapie sont pris en charge par la loi sur l’assurance maladie (ci-après LAMal) à hauteur de 90 %, une fois la franchise payée, si elle a été prescrite par le/la médecin généraliste ou le/la gynécologue.
S’agissant de la prise en charge post-partum, l'instauration de l'art. 64, al. 7, let. b LAMal[7] concernant la participation aux coûts de maternité accorde une exemption de participation aux coûts pour toutes les prestations durant les 8 semaines post-accouchement. Ce délai est très court, notamment pour les raisons suivantes :
- les séances ne sont pas recommandées avant 6 semaines post-accouchement car il faut laisser du temps au corps de se remettre, pour autant qu’il n’y ait pas de complications ;
- les jeunes mamans font face aux difficultés liées à l’allaitement et aux cicatrices durant les premières semaines qui suivent l’accouchement ;
- les jeunes mamans sont accaparées par les soins à donner au nouveau-né et sont en période d’apprentissage.
Les jeunes mamans ayant donc d’autres priorités durant les 8 semaines qui suivent l’accouchement, elles devront donc payer de leur poche un traitement qu’elles n’ont pas eu le temps d’effectuer en raison du délai restreint.
Au vu de ce qui précède, j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :
- le CE est-il au courant de cette problématique?
- le CE est-il en possession des chiffres précis sur cette thématique?
- le CE envisage-t-il de mettre sur pied une campagne d’information afin de renseigner sur les prises en charge disponibles?
Je remercie à l’avance le CE pour sa réponse.
[1]Incontinence urinaire chez la femme : prise en charge en médecine de premier recours (revmed.ch), Revue médicale suisse, 26 novembre 2008.
[2] Idem.
[3]physiomag_2_2016_F_web.pdf, février 2016.
[4] CHUV, HUG, Hôpital de la Tour, notamment.
[5]La rééducation périnéale avant de tenter la pose de bandelettes d’incontinence ? | Radio-Canada.ca, article du 12 octobre 2020.
[6]Office fédéral de la statistique, Division Santé et affaires sociales, Statistiques médicales des hôpitaux 2022 : chiffres transmis sur demande
[7]RS 832.10
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Cendrine Cachemaille | SOC |
Jean-Claude Glardon | SOC |
Cédric Echenard | SOC |
Muriel Cuendet Schmidt | SOC |
Claire Attinger Doepper | SOC |
Eliane Desarzens | SOC |
Alexandre Rydlo | SOC |
Sébastien Cala | SOC |
Delphine Probst | SOC |
Claude Nicole Grin | VER |
Blaise Vionnet | V'L |
Léonard Studer | |
Hadrien Buclin | EP |
Stéphane Balet | SOC |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourCette interpellation adresse une problématique qui touche de nombreuses femmes et qui pourrait être facilement résolue s’il y avait une meilleure sensibilisation et aussi un meilleur soutien de la possibilité de rééducation pelvienne. Nous posons donc quelques questions au Conseil d’Etat pour voir dans quelle mesure il est possible d’améliorer la situation.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.