20_REP_80 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Monique Ryf et consorts au nom du groupe socialiste - Drame du camp de Moria : Le Canton de Vaud est-il prêt à accueillir plus de réfugié.e.s, en particulier des familles avec enfants et des mineur.e.s non accompagné.e.s ? (20_INT_32).

Séance du Grand Conseil du mercredi 30 juin 2021, point 26 de l'ordre du jour

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Mme Monique Ryf (SOC) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse détaillée, notamment en ce qui concerne les places potentielles d’accueil  à disposition, dans le canton, tant pour les mineurs non accompagnés que pour les familles. J’apprécie à sa juste valeur la phrase qui indique que : « Le Conseil d’Etat n’a pas de marge de manœuvre pour traiter d’une question qui touche à la politique internationale, cependant, si des décisions devaient aller dans le sens d’une augmentation des contingents de réfugiés, notre canton saura trouver les capacités nécessaires pour héberger et assister ces personnes. » Malheureusement, il faut le constater au niveau suisse et européen, à l’heure actuelle il n’y a aucune volonté d’accueillir plus de personnes, en particulier des enfants, des jeunes ou des familles, comme nous le demandions. Bien plus, la politique actuelle consiste à verser des soutiens à la Grèce et à se référer à l’accord de Dublin pour que la Grèce se débrouille avec ces réfugiés, sans prêter aucune attention aux conditions dans lesquelles vivent ces personnes. Nous parlions de Lesbos avec le camp de Moria : 12'700 personnes, dont 4000 enfants et jeunes, tous dans des abris de fortune aujourd’hui encore. Une émission Temps présent intitulée « Le camp de la honte aux portes de l’Europe » a été consacrée à cette problématique, le 8 avril dernier. Il ne s’agissait pas de Lesbos, mais de Samos, où 3500 réfugiés vivent dans des conditions que personne dans cette salle n’oserait imaginer ou ne pourrait supporter. Voilà, c’est comme ça. Je remercie donc le Conseil d’Etat, mais je ne peux m’empêcher d’avoir de la désolation et de m’indigner devant l’attitude de notre pays, une attitude qui contredit en fait toutes ses valeurs d’accueil de longue date.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Hadrien Buclin (EP) —

Les conditions extrêmement mauvaises dans le camp de Moria, sur l’île de Lesbos, sont la conséquence directe des politiques extrêmement restrictives en matière d’accueil des migrants menées par l’Union européenne (UE) et par la Confédération suisse. Suite à l’incendie du camp, en septembre 2020, le Conseil fédéral n’a accordé qu’une aide d’une ampleur dérisoire de la part d’un des Etats les plus riches d’Europe, en décidant d’accueillir seulement 20 personnes mineures. Pourtant, la Confédération aurait eu les moyens d’accueillir bien davantage de réfugiés, en particulier mineurs, ne serait-ce que parce que le nombre de demandes d’asile en Suisse a très fortement baissé durant ces dernières années. En 2020, la Confédération a enregistré 11'000 demandes d’asile, contre près de 40'000 en 2015. Le nombre de demandes par année a donc été divisé par près de 4 par rapport à 2015, ce qui dégage bien sûr des marges et des places d’accueil dans les différents centres du pays.

J’ajoute que la situation des réfugiés sur l’île de Lesbos reste très mauvaise. En préparant cette discussion, j’ai eu l’occasion de lire un reportage paru dans le quotidien belge L’Echo, le 19 juin dernier, que vous pouvez lire en libre accès sur internet. Ce reportage sur l’île de Lesbos, où un nouveau camp a été construit à la hâte à la suite de l’incendie de celui de Moria, montre que 5500 personnes y vivent toujours, dont 1700 enfants, sur un sol boueux et pollué, concentrés sur un petit espace, enfermées derrière des barbelés et surveillées par la police. Une action de la Confédération pour accueillir des personnes bloquées sur cette île resterait donc toujours utile, pour ne pas dire indispensable. Je reste amèrement déçu de l’indifférence des autorités fédérales par rapport à cette situation sur l’île de Lesbos qui demeure dramatique.

S’agissant de l’action du Conseil d’Etat vaudois, je trouve que ce dernier adopte une attitude trop passive. Je serais donc un peu plus critique que notre collègue Monique Ryf. Certes, la décision d’accueillir un contingent plus élevé de réfugiés est de la compétence exclusive de la Confédération, mais cela ne veut pas dire que le canton ne peut pas interpeller la Confédération et chercher à l’influencer dans un sens conforme aux valeurs humanistes et progressistes qui devraient animer un Conseil d’Etat à majorité de gauche. Plusieurs grandes villes ont agi en ce sens, comme le rappelle Monique Ryf dans son interpellation. Plusieurs villes suisses se sont déclarées prêtes à accueillir des réfugiés en provenance de l’île de Lesbos. Dans l’histoire des politiques d’asile en Suisse, on a pu voir à plusieurs reprises que la mobilisation non seulement d’acteurs associatifs, mais aussi de villes ou de cantons avait un réel impact sur la politique menée par les autorités. En ce sens, on aurait pu attendre un peu plus du canton de Vaud puisque, comme nous l’apprend l’interpellation, la seule action des autorités cantonales a été de poser une question au chef du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) lors de l’Assemblée suisse des chefs des services des migrations. Poser une question peut être considéré comme le service le plus minimal du minimal que l’on puisse imaginer, alors qu’on aurait pu attendre du Conseil d’Etat qu’il interpelle publiquement le Conseil fédéral ou qu’il propose concrètement des solutions d’accueil sur son territoire. Je suis donc assez insatisfait de la réponse du Conseil d’Etat.

M. Marc-Olivier Buffat (PLR) —

La réponse à cette interpellation pose la difficile question de la migration et de la prise en charge des migrants. Nous avons récemment appris que le problème s’accentuait en raison des difficultés économiques résultant de la pandémie mondiale. Je tenais tout de même à apporter une précision, car à entendre ceux qui se sont exprimés avant moi, on a l’impression que personne ne fait rien ou reste les bras ballants, alors que ce n’est pas tout à fait vrai. Au mois de mai, une délégation parlementaire s’est précisément rendue en Grèce et sur l’île de Lesbos pour examiner ces camps, faire des observations, intervenir auprès du Conseil d’Etat et des autorités européennes. Nous avons des parlementaires fédéraux – puisque le sujet est de compétence exclusivement fédérale – qui font leur travail, interpellent le Conseil fédéral qui est attentif à cette situation. Je ne voulais pas laisser dire qu’il ne se passe rien du tout et que la Suisse est totalement indifférente au sort dramatique de ces migrants. Des choses se passent, des gens font leur travail parlementaire à Berne. J’estime qu’il faut respecter ce travail et l’apprécier à sa juste valeur.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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