24_INT_145 - Interpellation Martine Gerber et consorts au nom Martine Gerber, d’Eliane Desarzens, Circé Fuchs. - Corbeyrier- fermeture d’une école, un parti pris anachronique! (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 29 octobre 2024, point 5 de l'ordre du jour

Texte déposé

"Fermer une école, c'est tuer un village (…) » écrit la Municipalité de Corbeyrier, commune du Chablais dont la fermeture de son établissement a été annoncée pour la rentrée 2026. L’école de Corbeyrier compte une seule classe unique dont l’effectif pour la rentrée prochaine n’est que de 11 élèves allant de la première à la quatrième année Harmos. Or, selon la Direction générale de l'enseignement obligatoire, une classe doit compter 19,6 élèves pour atteindre l'équilibre financier. 

Les habitants de cette commune, située à 1000 mètres d’altitude, veulent se battre pour maintenir leur école et ont lancé une pétition qui a reçu 1600 signatures en deux semaines alors que la commune compte 460 habitants. La Municipalité, elle, souhaiterait un moratoire jusqu’à la rentrée 2028 afin d’étudier de nouvelles solutions pour sauver son établissement.

Si la classe de Corbeyrier ferme à la rentrée 2026, il est prévu que les élèves soient enclassés dans les nouveaux locaux d’Yvorne. Or actuellement, rien ne laisse présager qu’ils soient terminés. Cela laisse supposer que des enfants de 4 ans vivant à Corbeyrier devront effectuer 4 trajets par jour pour se rendre dans des portacabines aiglons (cette commune étant en manque de classes actuellement), alors qu’ils disposent d’une magnifique classe dans leur village.

A l’instar des arguments de la Municipalité, il semble insuffisant d’invoquer pour seul argument la question financière qui laisse supposer que l’enseignement public et obligatoire doit être rentable. Par ailleurs, il n’est pas certain que le bilan financier soit vraiment en faveur d’une telle centralisation. En outre, du point de vue social, la Municipalité dit notamment craindre « que la fermeture de l'établissement entraîne la fin de "l'intergénérationnel", dissuade les jeunes familles de venir s'installer et impacte la vie économique, notamment l'épicerie et le restaurant du village. » (RTS, 19h30 du 4 septembre 2024).

Selon nous, la fin de la scolarisation des jeunes enfants, dans un village périphérique, va à l’encontre des tendances actuelles en terme de développement de la vie locale, de besoins en nouvelles classes d’école, en logement, en terme d’accueil de familles et d’emplois en zone périphériques, par exemple. Par ailleurs, la délocalisation des élèves génère des déplacements importants, en temps, en argent et n’est pas, du point de vue écologique, une orientation durable. L’existence et le maintien de petites structures scolaires peut sembler anachroniques ou lourds, dans une perspective d’efficience de service. Cependant, ce parti pris reste à vérifier, tant il se pourrait que ce choix soit, au contraire, une alternative réaliste pour répondre aux problèmes à venir. C’est-à-dire pour les raisons sociales et d’éducation, d’économie et de durabilité, comme évoqués.

Face à cette décision unilatérale de projet de fermeture de l’école de Corbeyrier et dans le but de questionner la DGEO sur la pertinence actuelle et future de centraliser les élèves, les signataires ont l’honneur de poser au Conseil d’Etat les questions suivantes : 

 

  1. Quelle est le nombre actuel de communes disposant de bâtiments initialement dédiés à l’enseignement public et aujourd’hui vides ou affectées à d’autres buts, et de combien de classes et de bâtiments s’agit-il ? 
  2. Des études scientifiques démontrent-elles des effets néfastes sur le développement et la santé des jeunes enfants, en lien avec les effets de la centralisation des lieux de scolarisation ? 
  3. Quelles sont les arguments avancés par la DGEO ainsi que par les Directions des écoles s’agissant de fermetures récentes de classes d’école et de transferts d’élèves, en particulier dans les communes qui se voient amputées de toute infrastructure scolaire ?
  4. Quelles ont été les incidences financières pour les communes et le bilan financier pour le Canton à la suite d’une fermeture de classe ?
  5. Quelles alternatives stratégiques la DGEO propose-elle pour maintenir les classes ou /et infrastructures scolaires décentrées et souvent moins rentables financièrement à court terme, sans qu’une telle stratégie de maintien impacterait le budget et le fonctionnement des autres établissements scolaires d’arrondissements ?

 

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Cédric EchenardSOC
Géraldine DubuisVER
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Claude Nicole GrinVER
Nathalie JaccardVER
Nicola Di GiulioUDC
Anna PerretVER
Joëlle MinacciEP
Circé FuchsV'L
Felix StürnerVER
Oleg GafnerVER
Yves PaccaudSOC
Cendrine CachemailleSOC
Hadrien BuclinEP

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Martine Gerber (VER) —

« Fermer une école, c’est tuer un village » écrit la municipalité de Corbeyrier. La fermeture de l’école de cette commune a été annoncée pour la rentrée 2026. L’école de Corbeyrier compte une seule classe, dont l’effectif pour la rentrée prochaine n’est plus suffisant du point de vue financier, selon les attentes de la Direction générale de l’école obligatoire (DGEO). Les habitants de cette commune veulent se battre pour maintenir leur école et la pétition qu’ils ont lancée pour cela a récolté 1600 signatures, alors que la commune ne compte que 460 habitants. La municipalité souhaiterait un moratoire jusqu’à la rentrée 2028 afin d’étudier de nouvelles solutions pour sauver son établissement. 

A l’instar des arguments de la municipalité, il semble insuffisant d’évoquer la question financière pour seul argument, laissant ainsi supposer que la rentabilité économique est le seul critère déterminant pour l’enseignement public obligatoire ! Et même si c’était le cas, rien ne prouve que le bilan financier de cette opération de centralisation scolaire soit réellement et durablement rentable. On peut en effet craindre que la fermeture de l’école dissuade de jeunes familles de s’installer au village, que cette décision impacte l’économie locale et en conséquence induise un désinvestissement de la vie sociale en général. In fine, cela va à l’encontre des besoins actuels en bâtiments dédiés à l’enseignement et aux impérieuses nécessités de logement. Par ailleurs, la délocalisation des élèves génère des déplacements importants en temps et en argent, et n’est donc pas une orientation durable du point de vue écologique. Si l’existence et le maintien de petites structures scolaires peuvent sembler lourds, financièrement, dans une perspective d’efficience de service, ce parti pris reste toutefois à vérifier, tant il se pourrait que ce choix soit au contraire une alternative réaliste pour répondre aux problèmes complexes à venir. 

Face à la décision unilatérale de fermeture de l’école de Corbeyrier et dans le but de questionner la DGEO sur la pertinence actuelle et future de la centralisation des sites scolaires aux points de vue financier, social et pédagogique, nous demandons au Conseil d’Etat de nous renseigner notamment sur les incidences financières pour les communes, ainsi que sur le bilan financier pour le canton d’une fermeture de classe. Nous lui demandons quelles pourraient être les alternatives stratégiques de la DGEO pour maintenir les infrastructures scolaires décentrées sans péjorer le budget et le fonctionnement des autres établissements scolaires d’arrondissement. 

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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