23_INT_159 - Interpellation Nathalie Vez et consorts - Quelles nuances de gris pour la Route Blanche et les accès routiers a l’autoroute A1 ? (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 31 octobre 2023, point 5 de l'ordre du jour
Texte déposé
Le Journal La Côte le dévoilait dans son édition du 20 septembre 2023, le canton prévoit de doubler le nombre de voies de la Route Blanche (RC) en direction de Nyon depuis la sortie de l’autoroute A1. L’objectif poursuivi par le Canton serait de décongestionner la sortie de l’autoroute, notamment en vue de l’augmentation du trafic que la troisième voie sur l’autoroute A1 ne manquerait pas de générer.
Dans un entretien relayé dans l’édition du Journal La Côte susmentionnée, la DGMR indique que la stratégie est de concentrer le trafic routier sur les grands axes. C’est ce qu’elle appelle le « report spatial ». Cela implique selon elle de prévoir des accès routiers adéquats à ces grands axes, ce qui explique en l’occurrence le projet d’augmenter le nombre de voies de la Route Blanche. Toutefois, dans les faits, de nombreuses études ont démontré qu’une telle augmentation entraîne du « trafic induit ». En d’autres termes, l’élargissement de l’autoroute et de ses accès comme remède aux bouchons aura pour conséquence d’inciter un nombre encore plus grand d’automobilistes à emprunter ces artères, ce qui créera de nouveaux embouteillages. Effet boule de neige, il faudra alors songer à augmenter encore le nombre de voies autoroutières et élargir encore les routes d’accès.
On rappellera que le trafic routier est responsable de près de 30% des émissions de gaz à effet de serre totale en Suisse, ce malgré les progrès technologiques des nouveaux véhicules et la hausse de la part de véhicules électriques.
On rappellera également l’objectif affiché du Plan Climat Vaudois de modifier les pratiques de mobilité et de réduire la nécessité de se déplacer ainsi que l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60% d’ici 2030.
Cela ne manque pas de susciter de vives réactions à Nyon et environs, notamment compte tenu du risque que l’augmentation du nombre de voitures induit par le projet ne se déverse dans les centres urbains, entraînant des problèmes importants en termes de bruit, de pollution, de sécurité, d’infrastructures et d’espace occupé pour absorber ce trafic supplémentaire.
La Région de Nyon a engagé depuis 2010 un vaste programme de réorganisation du réseau de transports publics. De nouvelles lignes de bus ont été expérimentées et créées, la cadence aux heures de pointe a été renforcée et de nombreux aménagements ont été réalisés. Ces améliorations ont résulté en une augmentation de 64% de la fréquentation des transports publics entre 2012 et 2019. Les 41 communes membres sont aujourd’hui appelées à faire adopter par leur organe délibérant un deuxième volet de ce programme pour la période 2024-2034. La volonté manifeste de l’ensemble des acteurs est de poursuivre les efforts afin de favoriser une mobilité moins polluante et multimodale, dont les transports publics constituent la colonne vertébrale.
Par ailleurs, à la sortie de l’autoroute A1 à Nyon en direction de Saint-Cergue se trouve le quartier des Fléchères qui est en plein développement. Ce quartier accueille un Centre Commercial comprenant 52 commerces, 6 cafés et restaurants et un hypermarché, un hôtel, un centre de conférence, un bowling et, depuis peu un parc administratif implanté sur un terrain de 73'000 m2. Outre des bureaux, des zones de production et des laboratoires médicaux, une école privée internationale emménagera dans ces nouveaux locaux dès la rentrée 2024 avec une capacité d’accueil de 600 élèves, de la 1P à la maturité.
Or, le projet d’élargissement de la Route Blanche entre Nyon et l’autoroute ne comporte aucune voie dédiée aux transports publics, au motif … qu’il n’y a pas de bus qui passe par là aujourd’hui.
De même, ce projet ne comporte aucune piste cyclable, au motif qu’un franchissement de la jonction autoroutière par des modes doux n’est pas une bonne option pour des questions de sécurité.
Deux arguments particulièrement inquiétants à l’heure où la question du report modal doit être au centre de la stratégie des mobilités du Canton.
Cela ne tient compte ni de l’important développement du quartier des Fléchères et de la prochaine ouverture d’une école de 600 élèves, ni des efforts continus de toute une région pour favoriser le report modal. D’ailleurs, dans l’entretien mentionné ci-dessus, la DGMR confirme l’objectif « de laisser davantage de place aux transports publics et à la mobilité douce sur le territoire ».
L’élargissement de la Route Blanche afin de donner encore plus de place à la voiture - et uniquement à la voiture - est en contradiction manifeste avec la volonté de réduire le transport individuel motorisé et de prioriser le report modal. Il y a là un double discours déconcertant !
Au vu de ce qui précède, les signataires de la présente interpellation ont l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :
- Le projet d’élargissement de la Route Blanche est-il compatible avec l’objectif cantonal de réduire les émissions de gaz à effet de serre de – 60% d’ici à 2030 ainsi que le transport individuel motorisé ?
- Le Conseil d’Etat peut-il confirmer que des voies réservées aux transports publics et des pistes cyclables seront intégrées au projet d’élargissement de la Route Blanche ?
- A défaut, le Conseil d’Etat peut-il expliquer comment il entend atteindre les objectifs de report modal sans de tels aménagements ?
- Quelles mesures sont prévues pour éviter les effets délétères du « trafic induit » qui seraient liés aux travaux envisagés ?
- Quelles mesures sont prévues pour permettre aux communes concernées de faire face à l’accroissement de trafic qui sera engendré par le projet prévu ?
- D’une manière générale, combien de jonctions autoroutières et routes cantonales d’accès à l’autoroute A1 devront être élargies dans le canton en conséquence des projets de développement et d’extension autoroutiers ?
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Oriane Sarrasin | SOC |
Yves Paccaud | SOC |
Anna Perret | VER |
Oscar Cherbuin | V'L |
Jerome De Benedictis | V'L |
Hadrien Buclin | EP |
Yolanda Müller Chabloz | VER |
Muriel Thalmann | SOC |
Didier Lohri | VER |
Martine Gerber | VER |
Marc Vuilleumier | EP |
Laurent Balsiger | SOC |
Nathalie Jaccard | VER |
Alexandre Démétriadès | SOC |
Géraldine Dubuis | VER |
Valérie Zonca | VER |
Joëlle Minacci | EP |
Sébastien Humbert | V'L |
David Vogel | V'L |
Théophile Schenker | VER |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Cloé Pointet | V'L |
Yannick Maury | VER |
Graziella Schaller | V'L |
David Raedler | VER |
Felix Stürner | VER |
Amélie Cherbuin | SOC |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourC’est un fait connu et prouvé – presque une Lapalissade : ajouter ou élargir une route ne réduit pas le trafic, et bien au contraire cela génère du trafic additionnel. Ajouter ou élargir une route est une invitation, pour ne pas dire un encouragement fait aux automobilistes de l’utiliser, ce qui engendre une augmentation des voitures, avec à la clé des embouteillages et des accidents supplémentaires. Or – faut-il encore le rappeler ? – le Plan climat vaudois ambitionne de modifier les pratiques de mobilité, notamment par le report modal et la réduction du transport individuel motorisé, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 % d’ici à 2030. Par ailleurs, on le sait : tout accroissement du maillage routier et donc du trafic a des effets délétères sur les surfaces d’assolement, le bruit, la sécurité, les quantités de résidus d’abrasion des pneus dans les eaux de ruissellement, la sauvegarde de la biodiversité, etc. Mais malgré les objectifs affichés et les connaissances avérées, tous les voyants semblent être au vert – en l’occurrence un beau gris vert ou vert-de-gris – pour ajouter des voies sur l’autoroute A1 entre Lausanne et Genève, ce qui implique de prévoir des accès routiers adéquats à ces grands axes, puisque jusqu’à nouvel ordre, les voitures ne tombent pas toutes seules sur l’autoroute.
Le trafic dans les centres urbains est déjà saturé, mais on prévoit d’y déverser encore plus de trafic avec l’élargissement des routes d’accès cantonales à la sortie des autoroutes. Le cas de l’élargissement de la Route Blanche à la sortie de l’autoroute, à Nyon, sur lequel mon interpellation se concentre soulève également d’autres questions, le projet présenté ne prévoyant aucune voie réservée aux transports publics ni de piste cyclable, quand bien même une école d’une capacité de 600 élèves ouvrira à la rentrée 2024 et que tout un quartier commercial, administratif et de laboratoires se développe sur un terrain de plus de 70’000 m2 précisément à cet endroit. Cette approche passéiste de la modalité engendre plus de problèmes qu’elle n’en résout et ne répond ni aux objectifs du Plan climat vaudois ni aux besoins des générations futures. En conséquence, j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :
- Le projet d’élargissement de la Route Blanche est-il compatible avec l’objectif cantonal de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 60 % d’ici 2030, ainsi que le transport individuel motorisé ?
- Le Conseil d’Etat peut-il confirmer que des voies réservées aux transports publics et des pistes cyclables seront intégrées au projet d’élargissement de la Route Blanche ?
- A défaut, le Conseil d’Etat peut-il expliquer comment il entend atteindre les objectifs de report modal sans de tels aménagements ?
- Quelles mesures sont prévues pour éviter les effets délétères du trafic induit qui serait lié aux travaux envisagés ?
- Quelles mesures sont prévues pour permettre aux communes concernées de faire face à l’accroissement de trafic qui sera engendré par le projet prévu ?
- D’une manière plus générale, combien de jonctions autoroutières et de routes cantonales d’accès à l’autoroute devront être élargies, dans le canton, en conséquence des projets de développement et d’extensions autoroutiers ?
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.