23_REP_9 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Yvan Pahud et consorts - Les réfugiés ukrainiens sont les bienvenus chez nous, mais un bilan provisoire le serait également. (22_INT_176).
Séance du Grand Conseil du mardi 7 novembre 2023, point 39 de l'ordre du jour
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Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe remercie le Conseil d’Etat pour les réponses apportées à cette interpellation, avec un bilan au 31 décembre 2022 et un autre au 27 juin, soit la date de la réponse à l’interpellation. Le titre évoquait tout à fait le fond de mes pensées : les réfugiés ukrainiens sont les bienvenus chez nous, mais un bilan provisoire le serait également. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le total des coûts consacrés aux réfugiés accueillis dans notre canton depuis le début de la crise ukrainienne s’élève à 310,6 millions de francs, dont 176 millions pour la Confédération et 134,6 millions pour notre canton. Les chiffres sont donc importants et les sommes considérables. Et il faut s’attendre à des sommes à peu près similaires, puisque la Confédération a décidé de prolonger d’une année le permis S. Par conséquent, attendez-vous encore à des montants similaires qui vont impacter fortement les finances de notre canton. Donc, à un certain moment, il faudra aussi se poser des questions sur les choix que nous devrons faire.
La discussion est ouverte.
Effectivement, les montants sont importants ; ils sont à la hauteur de la tradition humanitaire de la Suisse. Nous sommes ici face à deux phénomènes. Suite à la guerre en Ukraine, nous avons accueilli plusieurs milliers de personnes dans le canton de Vaud et, actuellement, nous avons un peu moins de 6000 personnes en provenance d’Ukraine. Parallèlement, il y a également une augmentation du nombre de personnes qui demandent l’asile dans notre canton, et en particulier une très importante augmentation du nombre des mineurs non accompagnés. En tout, plus de 12’000 personnes sont dans le Canton de Vaud, dans le cadre des attributions au canton, et environ 900 personnes en phase fédérale sont aussi dans le Canton de Vaud.
Et vous avez vu que le statut S pour les Ukrainiens a été prolongé, c’est-à-dire qu’ils vont encore rester en tout cas encore une année et demie dans le canton. Néanmoins, la Confédération a déjà mis en place les différents éléments visant à la révocation du permis S, c’est-à-dire les mesures qui seront prises lorsque ce statut sera révoqué. En effet, une fois que le statut sera révoqué, les personnes en provenance d’Ukraine devront retourner chez elles, où elles devront participer à la reconstruction de leur pays. En fait, l’aide et le soutien que nous leur apportons maintenant, lorsque nous les accueillons dans notre pays, est notre manière de participer à la reconstruction de l’Ukraine. Le Canton de Vaud se prépare donc à la levée du statut S, et nous mettons déjà en place les différents éléments qui devront être mis en œuvre lorsque ce statut sera levé. Néanmoins, ces personnes restent chez nous, en tout cas pendant une année et demie. Pendant ce temps, il s’agit pour elles de continuer à apprendre le français et à s’intégrer sur le marché du travail, c’est-à-dire aussi à participer à la vie de notre canton. Pour l’instant, si l’on regarde le nombre de personnes en âge de travailler – entre 18 et 65 ans – actuellement seuls 12 % des personnes en provenance d’Ukraine ont effectivement un travail. La Confédération nous a fixés pour objectif d’arriver à 40 %, alors avec 12 %, nous en sommes encore loin.
Alors, qu’a fait mon département ? Nous avons décidé de prendre les choses en main et avons vraiment investi sur les cours de français. En effet, nous avons vu qu’il était difficile pour les personnes en provenance d’Ukraine de trouver un travail rapidement du fait qu’elles ne maîtrisaient pas suffisamment le français. Celles qui maîtrisaient l’anglais ont pu trouver un travail en relation avec leurs compétences, s’il y avait un travail possible qui permettait l’usage de l’anglais. Pour les autres, il s’agit d’apprendre le français, mais cela ne suffit pas. Voilà pourquoi, au sein de mon département, nous avons développé des projets pilotes. Vous en avez peut-être vu un, aujourd’hui encore, dans le 24 heures ? Ces projets pilotes proposent une formation courte permettant de s’insérer très rapidement sur le marché du travail, dans des branches où nous manquons de main-d’œuvre, et dans des branches où il n’est pas problématique, pour l’employeur, d’engager quelqu’un qui ne va pas forcément rester 10 ans. En effet, on peut comprendre les employeurs qui se disent que les personnes qui ont un permis S vont repartir bientôt, et donc ne voudront pas les engager.
Pourtant, certaines branches comme l’hôtellerie et la restauration, la construction, la pose de panneaux solaires, notamment, ou encore le domaine médico-social, manquent de main-d’œuvre. Dans ces domaines, il est possible de faire des formations courtes, sans qu’il soit forcément nécessaire de s’engager ensuite pour 10 ans dans une carrière. Voilà pourquoi, avec HotellerieSuisse, GastroSuisse et GastroVaud, nous avons développé un projet pilote d’aide-cuisine et d’aide-intendant. La première volée vient de sortir et nous repartons avec de nouvelles volées. Ces personnes ont atteint un niveau de français suffisant dans cette branche pour pouvoir travailler immédiatement. Je lance donc maintenant un appel à la branche de l’hôtellerie et de la restauration qui se plaint du manque de main-d’œuvre : nous avons formé des personnes qui répondent à vos besoins. Je vous encourage à vous adresser aux Offices régionaux de placement (ORP) pour les engager. Avec la Fédération vaudoise des entrepreneurs, nous développons un deuxième projet pilote dans le domaine de la construction pour former des aides-maçons. Nous pensons que cela permettra d’apporter une réponse particulière à la situation des Ukrainiens et à leur intégration sur le marché du travail.
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Ce point de l’ordre du jour est traité.