23_REP_12 - Réponse du Conseil d'Etat au Grand Conseil à l'interpellation Patrick Simonin et consorts - Sortie de route pour les courses sportives populaires ? (22_INT_173).
Séance du Grand Conseil du mardi 8 octobre 2024, point 30 de l'ordre du jour
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe remercie le Conseil d’Etat pour ses réponses. Toutefois, s’il ne voit aucun problème, il s’agit tout de même d’un sujet récurrent : mon interpellation date du 20 décembre 2022, une question orale de notre collègue, Carole Schelker, a été déposée le 5 décembre 2023 et une interpellation de notre collègue, Monique Hofstetter, a été déposée le 16 avril dernier. Il y a certes eu une séance d’informations pour ces organisateurs sportifs début mars 2024, mais celle-ci a surtout été l’occasion de répéter aux organisateurs – comme dans la réponse du Conseil d’Etat – leurs devoirs et responsabilités et tous les documents à remplir, alors que les participants espéraient surtout des procédures simplifiées et proportionnées par type et ampleur de l’événement. On leur a dit, par exemple, qu’il y aurait beaucoup d’entités prêtes à s’occuper des aspects sanitaires de leur manifestation, mais pas de liste disponible. On m’a aussi rapporté que si le questionnaire Pocama avait comme première intention de réunir la totalité des demandes couvrant une manifestation, ce n’est malheureusement plus le cas. Dorénavant, il faut aussi remplir le questionnaire du Bureau sanitaire des manifestations (BUSAMA), remplir les données pour trouver une entité s’occupant des Dispositifs médico-sanitaires (DMS), cas échéant, remplir les documents pour un parcage dans l’herbe ou dans des champs. Il s’agit souvent trois fois des mêmes indications à donner.
En résumé, les organisateurs agissent toujours avec une bonne volonté, mais ils sont toujours démunis face à des demandes administratives grandissantes. Ils passent beaucoup de temps pour des tâches administratives, alors qu’ils souhaiteraient pouvoir en consacrer davantage à la promotion de leur relève, par exemple. La réponse du Conseil d’Etat « tout va bien, car il y a une augmentation du nombre de manifestations » est un peu courte. C’est surtout le nombre de communes qui obligent dorénavant à remplir le questionnaire Pocama qui a augmenté. L’autre grande raison est de ne pas engorger les urgences des hôpitaux. Mais le Conseil d’Etat pense-t-il sérieusement qu’il y a plus de risques de finir à l’hôpital en faisant de la course à pied ou de la marche que de faire n’importe quelle autre activité en privé ? D’autre part, il est noté une augmentation des risques. C’est bien, mais on souhaiterait plutôt connaître les statistiques des accidents. Sont-elles à la hausse ? Aucune indication en ce sens.
C’est le moment de déclarer mes intérêts – ce que je n’avais pas en déposant cette interpellation – depuis le 1er janvier 2024, je suis président bénévole de Vaud Associations, représentant 80'000 membres dans des structures bénévoles – ces milieux associatifs qui sont découragés face à l’augmentation des demandes en tous genres de notre administration, quand bien même le préposé à la cellule cantonale manifestations s’emploie à essayer de les aider. Les sports associatifs reviennent d’ailleurs souvent dans les objectifs de législature, voire aux tribunes de ces mêmes manifestations, et il serait opportun que les services cantonaux en soient conscients.
Le fait de ne pas avoir traité cette réponse de suite m’a permis d’entendre parler d’un dernier cas ce week-end : la onzième édition d’une course pour deux cents coureurs-marcheurs en contre-la-montre sur les pentes du Jura. Le dispositif prévu par les Samaritains de six personnes ne convient pas au BUSAMA qui impose un ambulancier à la place de deux samaritains, ce qui fait augmenter les coûts à 1’700 francs pour deux cents coureurs, soit plus de 30 % du prix d’inscription, qui est promotionnel, car il y a aussi des courses pour les jeunes et un prix souvenir issu du terroir vaudois. Comme la répartition des forces sanitaires sur le parcours était en deçà des éditions précédentes, l’addition risque encore de monter pour la prochaine édition. Il ne faudra pas s’étonner si dorénavant des courses à pied s’organisent de la même manière que des rave parties dans les alpages. Cela s’appelle de la prohibition. En plus de décourager les forces samaritaines, c’est devenu un business. Preuve en est le fait que, pour deux courses cyclistes, BUSAMA a refusé la collaboration de médecins bénévoles. Si la perspective du canton n’est d’organiser que des événements en adéquation avec son olympique statut, il faut le dire. Et s’il n’y a qu’une chose à entendre, c’est celle-ci : sans manifestation populaire par des organisations bénévoles, pas de promotion de la relève. Et sans promotion de la relève, pas de sport d’élite.
Alors non, rien n’est résolu, sans compter les entraves administratives qui augmentent dans nos lois et/ou règlements. Plutôt que des mots, une photo pour montrer l’absurdité de ce qui est imposé loin du terrain :
* Insérer photo
On ne voit pas très bien, à part le soleil du Nord vaudois. Le dernier dimanche de juillet, sur l’axe de circulation Yverdon-Moudon – qui n’est pas connu pour être un grand axe de villégiature – il était impossible, selon les représentants des autorités, de dévier la route pendant deux heures pour un cortège. Alors que cela n’arrive qu’une fois par génération et par village, il est imposé de faire traverser la route à plus de 2500 personnes qui vont voir ou participer à ce cortège qui aura lieu dans le village de l’autre côté de la place des fêtes. J’ai pris cette photo à la fin du cortège, lorsque ces 2500 personnes retournent sur la place de fête, que certains chars veulent rentrer, qu’il y a le flux ordinaire de véhicules étrangers à la manifestation et que – un autre exercice également imposé – la sortie du parking de la manifestation se trouve également dans le même giratoire. Bref, un triomphe. J’ai une grande compassion pour les deux agents postés en amont et en aval de ce numéro de cirque, sans doute lié au thème de la manifestation. Un grand moment de solitude pour eux qui ont eu tout le temps de penser qu’il ne fallait pas être ingénieur en trafic pour savoir que cela allait finir ainsi. Cela a duré près d’une demi-heure. C’était la même chose à l’aller, sans les chars – heureusement, sans incident. Et ce, alors qu’un cortège se terminant sur les terrains de sport à proximité de la place des fêtes, évite ce genre de situation depuis des décennies.
En conclusion, nous demandons seulement un peu de considération, de collaboration entre partenaires. Les organisateurs et leurs faitières ont aussi une grande expérience. Ils sont souvent précurseurs de nouvelles règles pour le bien de leur manifestation, avant l’administration. Ils espèrent tous que cette dernière soit une facilitatrice pour les aider à faire vivre bénévolement le riche monde associatif et le patrimoine vaudois si souvent mis en avant, y compris dans les discours du Conseil d’Etat. J’ai bien pris note des réponses apportées à mon interpellation, mais force est de constater, avec les nombreux messages reçus ces derniers jours, qu’elles ne me satisfont pas. Après concertation avec mes collègues, nous allons revenir avec un texte plus contraignant pour le Conseil d’Etat.
La discussion est ouverte.
Tout d’abord, je déclare mes intérêts : je suis président ad intérim de Sport Vaud, la faitière du sport associatif vaudois – président bénévole, comme mon collègue Simonin, je le précise. A ce titre, j’aimerais quand même corroborer les éléments qui sont rapportés par notre collègue Simonin. On relève de nombreuses inquiétudes dans le domaine des sports cyclistes, de la course à pied ou des sports nautiques. Ces milieux rapportent de nombreuses problématiques en lien avec l’organisation de manifestations sportives populaires. Je ne parle pas ici que du sport d’élite, comme M. Simonin l’a soulevé, mais aussi beaucoup de compétitions de sports populaires qui sont favorables à l’encouragement de la pratique d’activités physiques et sportives.
Personnellement, j’ai été très, très choqué par une phrase qui apparaît dans cette réponse du Conseil d’Etat. Dans cette réponse, il est écrit : « Le Bureau sanitaire des manifestations constate qu’en plus de l’augmentation du nombre de manifestations, celles-ci tendent à présenter toujours plus de risques pour les participants, par exemple, en raison du type d’activité, de la consommation d’alcool et/ou d’autres substances illicites. » Je trouve sincèrement que c’est une piètre image du sport populaire qui est montrée dans cette réponse – c’est même regrettable de la part de l’exécutif vaudois. Pour avoir participé à diverses courses populaires, il me semble qu’au départ, les coureurs consomment surtout des boissons énergisantes, des barres de céréales, des gels énergisants et peu de substances illicites. Je ne sais pas sur quoi se base cette analyse, mais je trouve qu’elle renvoie une image très négative du sport populaire et du sport associatif. Je voulais quand même le souligner ici.
Merci pour vos différentes interventions. Vous avez raison, le Conseil d’Etat le reconnaît d’ailleurs dans sa réponse. Je me permets de donner une précision au député Cala, la réponse porte sur les manifestations au sens large. Bien évidemment, le Conseil d’Etat ne sous-entend pas que ceux qui pratiquent le cyclisme ou l’aviron dans ce canton sont des « trognes à goutte ». On parle des manifestations au sens large. Evidemment, entre une barre de céréales et un pichet de bière, on ne parle pas tout à fait du même type de manifestation. La remarque que vous citez concerne l’ensemble des manifestations. Dans notre canton, il y a aussi des rave parties, des concerts de musique – avec beaucoup d’ambulances, me souffle ma collègue Ruiz. C’est le rôle et la responsabilité de l’Etat d’assurer sa capacité à venir en aide, à venir en secours en cas de nécessité. C’est tout le sens du dispositif mis en place.
Maintenant, j’entends que M. Simonin va venir avec un certain nombre de propositions dont je me réjouis de prendre connaissance. Peut-être que certains éléments peuvent être améliorés ou fluidifiés. La volonté du Conseil d’Etat est de faire en sorte que ces manifestations populaires puissent se déployer le plus facilement possible ; il vient en appui et en soutien lorsque c’est nécessaire, mais il doit aussi – c’est son rôle – garantir une certaine sécurité dans l’organisation de ces manifestations. Nous aurons un débat sur la proposition que déposera M. Simonin. Encore une fois, s’il y a des pistes d’amélioration, je suis prêt à les entendre et à les prendre en compte pour faire en sorte que, dans certaines situations, le dispositif envisagé soit assoupli, si c’est pertinent, si c’est nécessaire, et surtout, si la manifestation peut se dérouler en toute sécurité, parce que le Conseil d’Etat a un devoir de haute surveillance par rapport à l’organisation de ces manifestations.
Je remercie le conseiller d’Etat pour sa précision. J’avoue que, dans le cadre de la réponse qui était spécifiquement liée à des manifestations sportives, j’avais peut-être mésinterprété la position du Conseil d’Etat. Je suis rassuré : l’opinion du Conseil d’Etat n’est pas celle que j’avais comprise à la première lecture. Pour ce qui est des pistes d’amélioration, Sport Vaud se porte volontaire pour en discuter avec le Conseil d’Etat.
A qui pense le conseiller d’Etat quand il parle d’alcool ou de substances illicites ? C’est lourd de sous-entendus… Je parlais des sports populaires qui ont fait l’objet d’autres interpellations ultérieurement.
Vous parlez des rave parties : merci de nous mettre dans le même panier. Vous mettez toutes les manifestations légales dans le même panier que les rave parties ? Je vous invite à essayer de faire remplir un questionnaire Pocama aux organisateurs de rave parties, pour que vous puissiez également les encadrer de la même manière que nous. S’il vous plaît, ne comparez pas cela avec ceux qui essayent de faire leur travail le mieux possible dans un cadre bénévole.
Encore une fois, monsieur le député Simonin, j’ai le plus grand respect pour toutes les personnes qui, dans ce canton, s’engagent bénévolement pour organiser des manifestations. D’ailleurs, en tant que citoyen vaudois, j’apprécie moi-même d’y participer aussi fréquemment que possible. Je profite de l’occasion pour saluer l’engagement de tous les bénévoles dans ce canton.
Il n’y avait aucun sous-entendu dans mes propos – je suis désolé si vous avez compris le contraire. Il est clair que le passage ciblé par le député Cala ne concerne pas les manifestations sportives. La réponse porte sur l’ensemble des manifestations. Il y a un dispositif qui est mis en place avec les différents responsables de toute la chaîne de secours. Ici, il s’agit du BUSAMA. C’est ce bureau qui va évaluer le dispositif sanitaire qui doit être mis en place en fonction de la manifestation. Evidemment, une pesée d’intérêts est effectuée en fonction du profit des participants et du type de manifestation. Ne faites pas dire au Conseil d’Etat ce qu’il ne veut pas dire. Le Conseil d’Etat a le plus grand respect pour les organisations de toutes les manifestations, mais il relève néanmoins qu’en fonction du type de manifestation, il peut y avoir des risques avérés et qu’il relève de sa responsabilité d’assurer la bonne marche de ces manifestations et d’assurer la sécurité de la population.
Encore une fois, s’il y a des points d’amélioration ou des nuances à apporter en fonction du profit de manifestation, le Conseil d’Etat est tout à fait prêt à entendre vos propositions et à les intégrer si elles sont pertinentes et qu’elles permettent de garantir la sécurité de la population.
Retour à l'ordre du jourLa discussion est close.
Ce point de l’ordre du jour est traité.