23_POS_19 - Postulat Maurice Neyroud et consorts - Pour conserver du raisin de table vaudois sur les étalages des commerces (Développement et demande de renvoi à commission avec au moins 20 signatures).
Séance du Grand Conseil du mardi 14 mars 2023, point 14 de l'ordre du jour
Texte déposé
Le règlement du 01 avril 2021 sur la limitation de la production et le contrôle officiel de la vendange, stipule, à son article 34 Raisin de table, que la récolte de raisin de table est englobée dans les droits de production ! C’est une nouveauté qui n’est pas sans conséquences :
Jusqu’à aujourd’hui, dans chaque village et dans toutes les régions viticoles du canton, nombre de vignerons cueillent un peu de raisin qu’ils proposent à la vente devant leur cave ou dans les commerces locaux.
La population est très heureuse de pouvoir trouver du Chasselas local pendant cette période traditionnelle de vendange et apprécie de trouver un fruit local et de saison.
Le changement opéré dans le règlement en 2021 et qui impose de mettre le raisin de table dans les quotas a donc les conséquences suivantes :
- Le vigneron, sa récolte terminée, dans le cas d’une année climatiquement favorable comme en 2022, aura utilisé tout son droit de production pour élaborer du vin. Il est possible qu’il se retrouve avec une petite parcelle non vendangée, avec du magnifique raisin pendu. Il ne pourra donc pas proposer un seul kg à la vente sous peine de se faire déclasser l’entier de sa récolte !!!
- Les vignerons, confrontés à ce risque, ne proposeront donc plus de raisin à la vente, le besoin de remplir le quota étant prioritaire pour faire du vin.
- Si le vigneron doit inclure le raisin de table dans son quota, il devra donc baisser la quantité encavée pour sa production de vin. Il y renoncera et ne proposera plus de raisin de table puisque le coût de vente d’un kg de raisin de table (entre 4 et 6.- selon les régions) ne couvre pas les frais de production auquel il faut ajouter les frais de récolte. Personne ne veut travailler à perte.
- Il en résulte une mauvaise image vis-à-vis du consommateur qui ne comprendra pas pourquoi il ne trouvera pas de raisin local à acheter alors qu’il pourra constater qu’il en reste à la vigne et qu’il entend parler de la difficulté générale pour la viticulture.
Par ce postulat, je demande au Conseil d’Etat d’étudier la possibilité de modifier le règlement sur la limitation de la récolte pour permettre aux producteurs de proposer du raisin de table sans pénaliser le quotas affecté à la production de vin, en utilisant par exemple le ratio entre le quota viticole vaudois et le quota fédéral de 1.4 kg pour les cépages blancs.
Conclusion
Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Oriane Sarrasin | SOC |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Guy Gaudard | PLR |
Patricia Spack Isenrich | SOC |
Josephine Byrne Garelli | PLR |
Marc Morandi | PLR |
Pierre Fonjallaz | VER |
Grégory Bovay | PLR |
Pierre-François Mottier | PLR |
Laurence Cretegny | PLR |
Nicole Rapin | PLR |
Patrick Simonin | PLR |
Jean-Louis Radice | V'L |
Denis Dumartheray | UDC |
Marc Vuilleumier | EP |
Marion Wahlen | PLR |
Charles Monod | PLR |
Jean-Marc Udriot | PLR |
Anne-Lise Rime | PLR |
John Desmeules | PLR |
Julien Eggenberger | SOC |
Mathieu Balsiger | PLR |
Florence Gross | PLR |
Gérard Mojon | PLR |
Nicolas Suter | PLR |
Alice Genoud | VER |
Aurélien Demaurex | V'L |
Elodie Golaz Grilli | PLR |
Pierre Zwahlen | VER |
Sergei Aschwanden | PLR |
Jean-Rémy Chevalley | PLR |
Thierry Schneiter | PLR |
Stéphane Jordan | UDC |
Blaise Vionnet | V'L |
Jacques-André Haury | V'L |
Cédric Roten | SOC |
Didier Lohri | VER |
Denis Corboz | SOC |
Théophile Schenker | VER |
Fabrice Neyroud | UDC |
Jean-François Cachin | PLR |
Jean-Daniel Carrard | PLR |
Laurent Balsiger | SOC |
Michael Wyssa | PLR |
Marc-Olivier Buffat | PLR |
Philippe Germain | PLR |
Chantal Weidmann Yenny | PLR |
David Raedler | VER |
Florence Bettschart-Narbel | PLR |
Anna Perret | VER |
Stéphane Montangero | SOC |
Jerome De Benedictis | V'L |
Aliette Rey-Marion | UDC |
Georges Zünd | PLR |
Regula Zellweger | PLR |
Laurence Bassin | PLR |
Fabrice Tanner | UDC |
Monique Hofstetter | PLR |
Cédric Weissert | UDC |
Alberto Mocchi | VER |
Jean-Bernard Chevalley | UDC |
Olivier Petermann | PLR |
Valérie Zonca | VER |
Carole Dubois | PLR |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourJe déclare tout d’abord mes intérêts : je suis vigneron-encaveur. Les quotas ont été mis en place principalement pour réguler le marché et éviter une chute des prix en cas d’année trop généreuse. Pendant de nombreuses années, le raisin de table n’était pas compté dans les quotas de production, ce qui a poussé beaucoup de viticulteurs vaudois à en proposer à la vente devant leur cave, sur les marchés ou dans des commerces. En 2021, le règlement cantonal sur la limitation de la récolte a changé, plaçant le raisin de table dans les quotas viticoles. Qu’est-ce que cela change ? Le vigneron doit valoriser sa récolte au mieux et a besoin de son quota pour faire du vin ; c’est bien compréhensible. Mais il faut aussi bien comprendre que régler la récolte pour atteindre le quota exact autorisé est une mission impossible. Les simples variations météorologiques peuvent faire varier la quantité de récolte produite de manière importante, alors qu’on ne maîtrise pas la nature. Une différence de 5 % correspond à plus de 500 kilos de raisin par hectare ! Il arrive donc que le vigneron, une fois les vendanges terminées et la récolte encavée, ait atteint son quota autorisé ; il ne peut alors plus rien cueillir, même s’il reste du raisin pendu à la vigne, sous peine de voir l’entier de sa récolte déclassée, ce qui serait une catastrophe pour lui. Et pourtant, le raisin est là et – il faut bien l’avouer – le proposer à la vente comme raisin de table ne pèsera en aucun cas sur le marché viticole.
Par ce postulat, je demande au Conseil d’Etat de modifier le Règlement sur la limitation de la production et le contrôle officiel de la vendange, dans le but de permettre la mise sur le marché de raisin de table en dehors du quota autorisé pour le vin. Cette mesure, qui ne coûterait rien au canton, ferait du bien à la profession et ferait plaisir au consommateur. Par ailleurs, elle irait dans le sens du développement durable et des circuits courts que l’on souhaite encourager.
Retour à l'ordre du jourLe postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.