24_INT_99 - Interpellation Julien Eggenberger et consorts - Quelles sont les collaborations entre les hautes écoles vaudoises et les institutions académiques en Israël et en Palestine ? (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 28 mai 2024, point 6 de l'ordre du jour
Texte déposé
La situation à Gaza et dans les territoires occupés est dramatique. Les crimes de guerre sont quotidiens. Il convient aussi de relever que le procureur de la cour pénal international a sollicité un mandat d’arrêt contre les dirigeant-e-s du Hamas, le premier ministre israélien et son ministre de la défense pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Au-delà de la nécessité pour la Suisse de faire face à ses responsabilités et de prendre les mesures nécessaires pour sanctionner les criminels, comme cela a été fait avec raison pour la Russie, et au-delà de la nécessité pour la Suisse d’assurer un soutien humanitaire, en particulier en rétablissement le financement de l’UNRWA, il nous appartient comme autorité politique cantonale d’examiner notre rôle. C’est pourquoi mardi 14 mai, la question suivante était posée au Conseil d’État : Quelles sont les collaborations existantes entre les hautes écoles vaudoises et des institutions académiques israéliennes ? La réponse du Conseil d’État appelant à être complétée, cette interpellation la poursuit.
Le 6 mai, le rectorat de l’Université de Lausanne communiquait l’existence de trois accords d’échange impliquant deux hautes écoles israéliennes (Université hébraïque de Jérusalem et l’Ashkelon Academic College) et de six projets de recherche, sans donner de détails sur la nature de ces projets. Il annonçait aussi que ces six projets feraient l’objet d’une analyse.
Le mercredi 15 mai, le collectif occupant pacifiquement le bâtiment Géopolis rendait public le résultat de ses recherches concernant les deux hautes écoles concernées par les accords d’échange. Il mettait en avant plusieurs informations importantes et listait neuf projets de recherche impliquant des universités israéliennes.
De nombreuses informations, faciles à trouver sur internet, laissent penser que les interactions entre l’appareil militaire et les universités sont largement répandues (par exemple entre l’Ashkelon Academic College et le fabricant d’armement Rafael Advanced Defense Systems fondé par le ministère israélien de la Défense ou des programmes de formation de l’armée pour l’Université de Tel Aviv). Parmi les informations révélées, l’existence d’un campus de Université hébraïque de Jérusalem sur des terres occupées (Mont Scopus) est en contradiction avec les dispositions du droit international et l’appréciation du Conseil fédéral. Cette même université a développé plusieurs programmes d’enseignement militaire sur mandat du ministère de la défense (ingénierie, renseignement militaire,…) suivis par des étudiant-e-s en uniforme sur un secteur militarisé du campus. Ces programmes sont interdits d’accès aux personnes exclues du service militaire, dont les arabes israélien-ne-s. Par ailleurs, depuis le début de l’opération militaire à Gaza, elle promeut un programme « L’université sur tous les fronts » visant à soutenir activement ses étudiant-e-s engagés. Ces différents éléments tendent à prouver que ces accords ne respectent pas les engagements de neutralité des hautes écoles.
Aucun accord ou projets de recherche ne semble lier des hautes écoles vaudoises avec des établissements situés à Gaza ou en Palestine.
Dans le respect des compétences dévolues par la loi aux organes des hautes écoles, mais aussi dans le respect de l’ordre juridique et du droit international, la mission de l’État de Vaud est d’assurer la surveillances des institutions académiques. Nos Hautes écoles ne devraient pas collaborer directement ou indirectement avec des armées étrangères ou des fabricants d’armement. Elles ne devraient pas non plus collaborer avec des institutions qui sont établies sur des territoires confisqués au mépris du droit international. Dès lors, il nous semble d’utilité publique de faire preuve de transparence sur les activités de nos hautes écoles. Dans ce contexte, les soussigné-e-s ont l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’État :
- Quelles sont les procédures, et en particulier l’examen de la conformité au droit et aux normes éthiques, suivies par les hautes écoles vaudoises pour la signature d’accords académiques et l’établissement de projets de recherche ?
- Le Conseil d’État peut-il faire la liste exhaustive de tous les accords d’échange et de collaboration ainsi que de tous les projets de recherche qui associent les hautes écoles vaudoises directement ou indirectement à des activités militaires ?
- Le Conseil d’État peut-il faire la liste exhaustive de tous les accords d’échange et de collaboration ainsi que de tous les projets de recherche entre les hautes écoles vaudoises et des institutions académiques en Israël ou en Palestine ?
- Le Conseil d’État considère-t-il comme acceptables des collaborations avec une haute école dont un campus est construit sur des territoires occupés, donc illégalement au sens du droit international ?
- Le Conseil d’État considère-t-il comme acceptables des collaborations avec des hautes écoles dont une partie des cursus est militaire ?
- Quelles mesures le Conseil d’État entend-il prendre afin de faire cesser les collaborations identifiées comme problématiques ?
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Céline Misiego | EP |
Sébastien Kessler | SOC |
Elodie Lopez | EP |
Cédric Roten | SOC |
Cédric Echenard | SOC |
Eliane Desarzens | SOC |
Romain Pilloud | SOC |
Yves Paccaud | SOC |
Muriel Thalmann | SOC |
Sandra Pasquier | SOC |
Marc Vuilleumier | EP |
Théophile Schenker | VER |
Sébastien Cala | SOC |
Laure Jaton | SOC |
Patricia Spack Isenrich | SOC |
Claire Attinger Doepper | SOC |
Sylvie Pittet Blanchette | SOC |
Valérie Zonca | VER |
Joëlle Minacci | EP |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Alexandre Rydlo | SOC |
Nathalie Vez | VER |
Isabelle Freymond | IND |
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLa situation à Gaza et dans les territoires occupés est dramatique ; les crimes de guerre sont quotidiens. Ce dimanche encore, l’armée israélienne a bombardé un camp de déplacés, pourtant situé en safe zone. Chaque jour, les horreurs sont plus grandes, sans que des changements ne soient perceptibles. Il convient aussi de relever que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a sollicité un mandat d’arrêt contre les dirigeants du Hamas, contre le Premier ministre israélien et contre son ministre de la défense, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Au-delà de la nécessité, pour la Suisse, de faire face à ses responsabilités et de prendre les mesures nécessaires pour sanctionner les criminels, comme cela a été fait avec raison pour la Russie, et au-delà de la nécessité pour la Suisse d’assurer un soutien humanitaire, en particulier en rétablissant le budget de l’United nations relief and works agency (UNRWA), il nous appartient d’examiner notre rôle en tant qu’autorité politique cantonale. C’est pourquoi, le mardi 14 mai, la question suivante était posée au Conseil d’Etat : quelles sont les collaborations existantes entre les Hautes écoles vaudoises et des institutions académiques israéliennes ? La réponse du Conseil d’Etat appelant à être complétée, nous poursuivons avec cette interpellation. Entre-temps, des informations publiées par l’Université et par le collectif qui occupait pacifiquement le bâtiment Geopolis ont soulevé de nombreuses questions. Forts de tous ces éléments, nous remercions d’avance le Conseil d’Etat pour les réponses et clarifications qu’il ne manquera pas de nous apporter.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.