24_INT_102 - Interpellation Romain Pilloud et consorts au nom du groupe socialiste - Diète postale à marche forcée - Stop ! (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 11 juin 2024, point 4 de l'ordre du jour
Texte déposé
La Poste a annoncé mercredi 29 mai dernier la fermeture de quelque 170 filiales qu’elle exploite elle-même. Il s’agit d’une décision lourde de conséquences pour la population, le service public, les entreprises locales, les liens sociaux et le personnel du géant jaune, et qui n’est qu’une étape de plus dans l’étiolement de ce service public.
Le Grand Conseil a déjà, a plusieurs reprises, évoqué le sujet et l’enjeu du maintien d’un service postal de qualité et de proximité (09_INT_229, 09_RES_017, 13_HQU_100, 13_INT_155, 15_INT_351, 19_INT_379, 20_POS_191).
Force est de constater que malgré les multiples interventions, la Poste poursuit sa diète à marche forcée. L’impact d’une telle décision pourrait être grand. Les villages et quartiers tiennent à avoir un accès à une filiale postale. Le lien social y est important, qu’un service à domicile ne remplace pas.
Quant aux emplois, la Poste a annoncé que plusieurs départs se feraient naturellement. Or, cela n’empêchera pas une diminution du nombre d’emplois dans le Canton et en Suisse d’une part. D’autre part, plusieurs employé·es du géant jaune seront relocalisé·es ailleurs, ce qui posera problème puisque cela les éloignera d’autant de leur domicile. Dans certains cas, la contrainte sera trop lourde et il est à craindre que des licenciements auront bel et bien lieu, contrairement à ce qu’indique la Poste à ce stade. Si Syndicom est évidemment attentif à ces différents aspects, il nous paraît important que le Conseil d’Etat soit aussi engagé sur ces questions, puisque cela aura un impact sur la situation de l’emploi dans le Canton.
En outre, il semble avec les années que lorsque les offices postaux sont remplacés par des des agences en collaboration avec notamment des commerçant·es, cela contribue parfois à affaiblir le service postal. Plusieurs commerçant·es se plaignent souvent des fortes contraintes liées à un tel mandat, expliquant que la rémunération de la Poste est insuffisante et les contraintes logistiques trop importantes. Souvent, les commerçant·es renoncent donc à gérer les activités déléguées par la Poste après un certain temps ou alors le service public disparaît en cas de fermeture du magasin. Bien entendu, il convient néanmoins de rappeler que certains commerces, en fonction de leur localisation, du type d’activité et de leur organisation, sont au contraire plutôt satisfaits de pouvoir compter sur une collaboration avec la Poste et il s’agit de prendre cet aspect en considération.
Le Canton dispose d’un lien privilégié avec la Poste, puisque l’Ordonnance sur la Poste (OPO) donne les prérogatives suivantes :
Art. 33 OPO al. 4: Le réseau d’offices de poste et d’agences postales doit être conçu de telle sorte que 90 % de la population résidante permanente d’un canton puisse accéder à un office de poste ou à une agence postale, à pied ou par les transports publics, en 20 minutes. Si la Poste propose un service à domicile, l’accessibilité doit être assurée en 30 minutes pour les ménages concernés
Art. 33 OPO al. 8: La Poste et les cantons mènent un dialogue régulier sur la planification et la coordination du réseau d’offices de poste et d’agences postales sur le territoire cantonal. Les cantons assurent la communication avec leurs communes.
Art. 34 OPO al. 1 : La Poste consulte les autorités des communes concernées au moins six mois avant de fermer ou de transférer un office de poste ou une agence postale. Elle s’efforce de parvenir à un accord avec celles-ci.
Art. 34 OPO al. 2 :La Poste informe le service cantonal compétent du début des entretiens et de leur résultat.
Cette situation ne peut plus durer, raison pour laquelle le groupe socialiste pose les questions suivantes :
- Quelle est l’appréciation du Conseil d’Etat de la situation annoncée par la Poste ?
- Comment le Conseil d’Etat, dans le respect de l’OPO, compte-t-il intervenir auprès de la Poste suite à cette annonce ?
- Le Conseil d’Etat prévoit-il d’intervenir auprès d’Albert Rösti, le Conseiller fédéral en charge des télécommunications, pour que la Poste stoppe cette stratégie délétère au service public, aux emplois et à la vie locale ?
- Quelle appréciation fait le Conseil d’Etat des difficultés rencontrées par les acteur·trices (souvent les commerçant·es) pour reprendre durablement certains services postaux ?
- Le cas échéant, le Conseil d'Etat serait-il prêt à échanger avec la Poste afin que les conditions-cadres des agences postales tenues par les commerces soient améliorées en leur faveur ?
- Dans certains contextes, serait-il envisageable d'assurer la présence de guichets ou de services postaux gérés par l'administration publique lorsqu'aucune autre solution privée n'est possible ou souhaitée ?
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Amélie Cherbuin | SOC |
Carine Carvalho | SOC |
Arnaud Bouverat | SOC |
Martine Gerber | VER |
Laure Jaton | SOC |
Yannick Maury | VER |
Olivier Gfeller | SOC |
Cédric Echenard | SOC |
Géraldine Dubuis | VER |
Felix Stürner | VER |
Monique Ryf | SOC |
Thanh-My Tran-Nhu | SOC |
Yves Paccaud | SOC |
Patricia Spack Isenrich | SOC |
Vincent Jaques | SOC |
Oriane Sarrasin | SOC |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Claire Attinger Doepper | SOC |
Alexandre Rydlo | SOC |
Joëlle Minacci | EP |
Marc Vuilleumier | EP |
Théophile Schenker | VER |
Alexandre Démétriadès | SOC |
Valérie Zonca | VER |
Céline Misiego | EP |
Laurent Balsiger | SOC |
Muriel Thalmann | SOC |
Sébastien Pedroli | SOC |
Sébastien Kessler | SOC |
Isabelle Freymond | IND |
Sandra Pasquier | SOC |
Sébastien Cala | SOC |
Cédric Roten | SOC |
Eliane Desarzens | SOC |
Julien Eggenberger | SOC |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourCent-septante filiales postales dans tout le pays, c'est beaucoup trop ! Cette annonce de la Poste enfonce encore plus le clou dans le cercueil des bureaux de poste et du service public. Loin de moi l'idée d'être conservateur, car je suis conscient que le trafic de courrier continuera à diminuer. Je ne suis pas conservateur au point d'ignorer l'importance croissante des services numériques postaux – que j'utilise moi-même – mais la suppression des filiales entraînera des conséquences significatives. Ces fermetures conduiront à des licenciements, malgré les promesses de la Poste. Lorsqu’une filiale ferme, l'employé doit accepter de ne plus travailler à une demi-heure de chez lui, mais à une heure et demie. Vous imaginez bien que beaucoup ne pourront pas accepter de telles conditions. Les enjeux sociaux et l'importance des filiales dans les villages ne sont plus à prouver. La Poste aurait pu développer un véritable service public dans les filiales pour leur permettre de survivre.
L'autre problème est le devenir, à terme, des agences postales. Si certains commerces y voient un soutien à leur attractivité, ce n'est pas le cas pour beaucoup d'autres. Les agences postales ne durent souvent pas. Plusieurs commerçants et commerçantes se plaignent de fortes contraintes liées à ce mandat, expliquant que la rémunération offerte par la Poste est insuffisante et que les contraintes logistiques sont trop importantes. Par conséquent, les commerçants renoncent à gérer les activités déléguées par la Poste après un certain temps, ou alors le service public disparaît purement et simplement en cas de fermeture du magasin. Il est donc temps de stopper cette saignée.
Dès lors, je pose plusieurs questions au Conseil d'Etat concernant l'appréciation de ce dernier quant aux annonces de la Poste, la nécessité d'intervenir auprès du conseiller fédéral Albert Rösti, ainsi que la possibilité de protéger les filiales gérées par les commerces. En particulier, il me semble utile et nécessaire de questionner d'éventuels soutiens de l'Etat, soit directement auprès des commerces contribuant à maintenir un service public, soit en chargeant les administrations cantonales des activités postales. Je remercie d'avance le Conseil d'Etat pour les réponses qu'il pourra apporter.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.