23_POS_60 - Postulat Jean Tschopp et consorts - Vers un service public de la petite enfance (Développement et demande de renvoi à commission avec au moins 20 signatures).

Séance du Grand Conseil du mardi 12 septembre 2023, point 7 de l'ordre du jour

Texte déposé

La création de places supplémentaires pour l’accueil de jour se poursuit: 7119 entre 2015 et 2021. La population a eu l’occasion de plébisciter cette offre pour le domaine parascolaire (plus du 70% de oui à la votation cantonale du 27.09.2009 pour l’Ecole à journée continue; art. 63a de la Constitution vaudoise). Cette politique repose sur la Loi cantonale sur l'accueil de jour (LAJE) et sur un financement impliquant communes, canton, parents et employeurs. Ces créations de places supplémentaires restent pourtant encore loin des 20 429 places supplémentaires à créer entre 2015 et 2020 selon l’étude mandatée par la Fondation pour l’accueil de jour des enfants (FAJE). L’exposé des motifs du projet de budget 2016 annonçait quant à lui 11 000 places subventionnées supplémentaires.

 

Les collectivités publiques ne parviennent pas à répondre entièrement aux demandes de places des parents et aux besoins. D’une région et d’une commune à l’autre, l’offre varie fortement. Les barèmes de contribution des parents diffèrent aussi largement d’un réseau d’accueil de jour à l’autre. Dans son programme de législature 2022-2027, le Conseil d’Etat s’est engagé à « tendre à une offre de qualité et suffisante afin de répondre aux besoins des parents vaudois » et à « oeuvrer à une meilleure harmonisation des politiques tarifaires » (mesure 3.11). La demande actuelle est sans doute encore en deçà des besoins en raison de freins chez plusieurs parents liés à des considérations financières. Pour de nombreux parents, les niveaux de contribution demandés par certains réseaux font qu’ils arrivent à la conclusion que financièrement, il ne vaut pas toujours la peine de placer son enfant en structure d’accueil de jour ou de l’y ajouter un jour supplémentaire pour démarrer une activité professionnelle ou augmenter son taux d’activité. Ce sont souvent les femmes qui sont freinées dans leur carrière professionnelle et leurs prises de responsabilités. Ce constat montre les limites du système actuel. Quant aux déductions possibles pour les frais de garde, elles ne suffisent pas à compenser les contributions demandées aux parents.

 

Pour prendre la juste mesure des demandes et des besoins et se donner les moyens d’y répondre, il est essentiel de mettre les enfants et les besoins des parents au centre du système. La création d’un service public de la petite enfance à même d’identifier les besoins en partant des besoins identifiés en rassemblant collectivités publiques et acteurs pour être en mesure d’y répondre est une piste à explorer. Au moment où le Conseil d’Etat s’apprête à organiser au mois de novembre prochain une table ronde des partenaires de l’accueil de jour, il est utile d’élargir la réflexion. Les collectivités doivent se donner les moyens de répondre aux besoins de prise en charge en évitant des délais d’attentes aux parents pouvant durer plusieurs années. Pour le personnel de bonnes conditions de travail doivent être prévues. Chaque franc investi dans l’accueil de jour pré et parascolaire est de l’argent bien investi qui permet aux parents de concilier vie familiale et professionnelle et bénéficie à la société et à notre économie dans son ensemble. C’est le défi qu’ont relevé notamment plusieurs pays d’Europe du Nord. Il a abouti à une meilleure conciliation entre vie privée et professionnelle. Un système dans lequel tous les acteurs sont gagnants.
 
Les membres du Grand Conseil soussignés demandent au Conseil d’Etat de mandater une étude, si possible indépendante, examinant l’opportunité de la création d’un service public de la petite enfance pour une conciliation optimale entre vie privée et professionnelle en vue de couvrir l’entièreté des besoins en s’inspirant des enseignements à tirer de systèmes mis en place dans d'autres pays. L’étude passera aussi en revue les modalités financières, organisationnelles et les investissements envisagés impliquant les collectivités publiques et les différents acteurs pour un accueil de jour (pré et parascolaire) des enfants aussi large et étendu que possible, abordable financièrement, de qualité et garantissant de bonnes conditions de travail pour le personnel.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Claire Attinger DoepperSOC
Laure JatonSOC
Vincent KellerEP
Isabelle FreymondIND
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Amélie CherbuinSOC
Théophile SchenkerVER
Aude BillardSOC
Séverine EvéquozVER
Eliane DesarzensSOC
Julien EggenbergerSOC
Oriane SarrasinSOC
Sandra PasquierSOC
Sébastien PedroliSOC
Hadrien BuclinEP
Jerome De BenedictisV'L
Romain PilloudSOC
Géraldine DubuisVER
Cédric RotenSOC
Pierre ZwahlenVER
Yves PaccaudSOC
Rebecca JolyVER
Yannick MauryVER
Yolanda Müller ChablozVER
Monique RyfSOC
Joëlle MinacciEP
Laurent BalsigerSOC
Muriel ThalmannSOC
Cendrine CachemailleSOC
Felix StürnerVER
Nathalie JaccardVER
Valérie ZoncaVER
Alice GenoudVER

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Jean Tschopp (SOC) —

« Avez-vous trouvé une place d’accueil ? » La question s’impose pour beaucoup de parents sitôt la naissance de leur enfant. Et bien souvent, la réponse est « non » ou « pas encore ». Entre 2015 et 2021, 7119 places dans le pré- et parascolaire ont été créées et pourtant 20’429 places restaient à créer, selon une étude de la Fondation pour l’accueil de jour des enfants (FAJE) concernant la période 2015-2020. Dans certaines communes, par exemple à Pully, les délais d’attente peuvent aller jusqu’à 3 ans ! Une situation indigne, loin d’être unique à l’échelle du canton, à tel point que des parents découragés renoncent à s’inscrire sur les listes d’attente ! Quant aux différents réseaux d’accueil de jour, ils révèlent de grandes disparités tarifaires, notamment dans les contributions demandées aux parents.

En prévision d’une table ronde, au mois de novembre prochain, à laquelle participeront les partenaires de l’accueil de jour et toutes les personnes intéressées, il est temps de s’ouvrir à d’autres approches pour un service public de la petite enfance permettant de couvrir tous les besoins, comme dans les pays du nord de l’Europe. La population est attachée à un accueil de jour répondant à la demande : en 2009, plus de 70 % des votants disaient « oui » à l’école à journée continue pour l’accueil parascolaire dans le canton de Vaud. La conciliation entre vie familiale et activité professionnelle est essentielle et les parents la demandent. Trop de parents – le plus souvent des femmes – renoncent à des responsabilités ou à des opportunités professionnelles, faute de solution de garde. Parents, société et économie ont tout à gagner au déploiement d’un accueil de jour couvrant l’entièreté des besoins. Cela passe par une hausse des financements – des financements ambitieux – et par des moyens venant des collectivités : les communes, les cantons et la Confédération.

Notre postulat demande une étude, si possible indépendante, pour construire un système plaçant les besoins des parents et des enfants au cœur de la logique. Nous voulons une offre accessible financièrement, sur l’ensemble du territoire, avec des professionnels bénéficiant de bonnes conditions de travail et formés correctement. Cela passe par une refonte du système quant à ses modalités financières et organisationnelles, avec la participation des différents partenaires. Je remercie les députés des différents bords politiques qui ont signé ce texte.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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