23_INT_141 - Interpellation David Vogel et consorts - De l’importance de débattre dans le cadre scolaire (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 12 septembre 2023, point 4 de l'ordre du jour
Texte déposé
Précisons d’emblée que les co-signataires ne sont pas tous d’accord sur les mesures précises à prendre mais tous sont d’accord sur le fait qu’il serait bien qu’un débat ouvert, transparent et apaisé ait lieu au sein du Grand Conseil.
La question de l’organisation de débats politiques au sein de l’école publique a agité le landerneau politique vaudois. Dans ce débat, il y a une opposition entre la nécessaire neutralité politique de l’école - qu’il faut maintenir tant que faire se peut - et le fait que le Plan d’Etudes Romand encourage à mettre en place les débats démocratiques. Dès lors, la question est de savoir s’il est souhaitable – ou non - d’organiser des débats politiques avec le risque qu’il y a d’une présentation biaisée des choses. Le Conseil d’Etat a décidé d’interdire de tels débats en périodes électorales.
Si l’idée d’interdire la tenue de débat semble facile à mettre en place, pratiquement, cela est plus compliqué. D’une part, les campagnes politiques sont permanentes et la définition de la « période électorale » reste sujette à interprétation. Quid de la prise en compte des échéances au niveau fédéral, cantonal ou municipal ? Quid du cas où il y aurait une élection complémentaire à l’un de ces niveaux ? D’autre part, la mise en place de débats sur des sujets de votations portés par tel ou tel parti politique par le biais d’une initiative populaire a souvent pour effet collatéral de favoriser le parti qui la propose.
Par le passé, la confiance entre le Département de la Formation (DEF) et le corps enseignant a très probablement été mise à rude épreuve à la suite de la diffusion de documents qui ont été jugés orientés politiquement, l’installation de bannières sur les lieux de formation ou l’organisation de débats jugés orientés. Cependant, même si ces actions peuvent être peu appréciées par le Département, on peut regretter que la réponse indirecte à ces agissements soit l’interdiction pure et simple des débats politiques en période électorale. Par ailleurs, nous pouvons nous demander s'il y a eu des cas concrets de débats organisés de manière totalement partiale par des établissements et qui sont problématiques quant à la neutralité demandée.
Afin de sortir des polémiques politiques à courte vue, par la présente interpellation, nous souhaitons que le Conseil d’Etat, plutôt que d’interdire, revienne sur le cadre dans lequel ces débats doivent avoir lieu tant en période électorale que non-électorale.
Dès lors, j’ai le plaisir de poser au Conseil d’Etat les questions suivantes :
- Le Conseil d’Etat pense-t-il autoriser les « partis jeunes » à débattre en périodes électorales ?
- Le Conseil d’Etat a-t-il songé à autoriser, en périodes électorales, des personnes non-candidates à débattre au nom de leur parti ?
- Le Conseil d’Etat pense-t-il que confier l’organisation de débat à un organisme extérieur reconnu et neutre (Discuss it, par exemple) [1] pourrait être un moyen de réintroduire les débats en période électorale ?
- Plutôt que d’interdire, le Conseil d’Etat ne devrait-il pas prendre en compte dans sa réponse les aspects suivants :
- Diversité large des représentants politiques ?
- Niveau politique équivalent des personnes invitées à débattre ?
- Choix d’une personne neutre pour l’animation du débat
[1] https://www.discussit.ch/fr/
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Yannick Maury | VER |
Circé Fuchs | V'L |
Sébastien Humbert | V'L |
Aurélien Demaurex | V'L |
Muriel Thalmann | SOC |
Monique Ryf | SOC |
Romain Pilloud | SOC |
Laurent Balsiger | SOC |
Oriane Sarrasin | SOC |
Aude Billard | SOC |
Cédric Roten | SOC |
Nathalie Jaccard | VER |
Jean-Louis Radice | V'L |
Vincent Keller | EP |
Jacques-André Haury | V'L |
Jerome De Benedictis | V'L |
Géraldine Dubuis | VER |
Sandra Pasquier | SOC |
Pierre Zwahlen | VER |
Patricia Spack Isenrich | SOC |
Blaise Vionnet | V'L |
Felix Stürner | VER |
Cloé Pointet | V'L |
Oscar Cherbuin | V'L |
Théophile Schenker | VER |
Valérie Zonca | VER |
Denis Corboz | SOC |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Nathalie Vez | VER |
Yves Paccaud | SOC |
Julien Eggenberger | SOC |
Rebecca Joly | VER |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourTout d’abord, je déclare mes intérêts : j’enseigne au Gymnase de Nyon et, par le passé, j’ai organisé de dangereux débats contradictoires, à de nombreuses reprises. Un débat qui devait être organisé en octobre a été annulé suite à la décision du département. Grâce à cette décision, nous connaissions déjà les Genferei et maintenant nous avons les Waadterei, leur adaptation vaudoise. Cela étant, je remercie le Conseil d’Etat d’avoir relancé le débat. En effet, en voulant interdire les débats contradictoires dans les écoles, vous avez de fait ouvert le débat sur l’utilité des débats contradictoires dans les écoles ! Cela dit, je suis à 100 % d’accord avec les préoccupations de M. Borloz, à savoir qu’il faut favoriser les débats objectifs, garantir la neutralité de l’école et éviter la « pêche aux voix », mais je suis aussi à 100 % en désaccord avec l’interdiction des débats.
Il n’aura échappé à personne que nous sommes en période électorale. Un argument souvent utilisé parle d’un « piège de la gauche » d’avoir lancé le débat ; c’est probable… Mais quand il y a des pièges, en période électorale, je pense que l’on se doit de les éviter, et surtout d’éviter de sauter dedans à pieds joints ! A mon avis, la décision se fonde sur plusieurs présupposés, à commencer par : « les enseignants sont tous de gauche ». Non, car il y en a aussi d’extrême gauche… mais il y a aussi des enseignants vert’libéraux, PLR, UDC et certains ne sont pas engagés politiquement. Ensuite, « les enseignants engagés politiquement sont tous malhonnêtes et incapables de faire fi de leurs opinions personnelles » est un argument que je réfute. Selon un troisième présupposé, « les élèves vaudois sont plus délicats que les autres ». En effet, la démocratie n’est pas en danger parce que des débats politiques se tiennent en Argovie, à Berne, à Bâle-Campagne, à Bâle-Ville, à Fribourg, à Lucerne, à Neuchâtel, à Nidwald, à Obwald, à Saint-Gall ou à Zurich. Enfin, « organiser un débat d’idées, c’est faire de la propagande » est un argument souvent entendu. J’invite celles et ceux qui disent qu’un débat contradictoire équivaut à de la propagande à suivre un cours d’éducation à la citoyenneté.
On peut organiser des débats avec des organisations extérieures neutres, on peut inviter des gens qui ne sont pas candidats, on peut inviter les jeunesses de partis à débattre, on peut être plus inventifs. En conclusion, entre le noir de l’interdiction et le blanc-seing laissé à une organisation sans contrôle, il y avait cinquante nuances de gris possibles. Je vous encourage à apporter de la nuance dans votre décision et me réjouis de lire la réponse du Conseil d’Etat à cette interpellation.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.