22_POS_51 - Postulat Cédric Roten et consorts au nom SOC - Maturité professionnelle : Des conditions d’admission qui influencent la réussite (Développement et demande de renvoi à commission avec au moins 20 signatures).
Séance du Grand Conseil du mardi 27 septembre 2022, point 11 de l'ordre du jour
Texte déposé
En Suisse, deux tiers des jeunes obtiennent un certificat fédéral de capacités (CFC) et environ un quart d’entre eux le complète par une maturité professionnelle (MP), 13% pendant leur apprentissage (MP1) et quelque 10% après (MP2). La MP est une composante centrale de la perméabilité de notre système éducatif : elle complète la formation professionnelle initiale avec une culture générale élargie afin de permettre à ses titulaires d’entreprendre des études dans une haute école spécialisée (HES). Cette perméabilité du système de formation suisse a été identifiée comme étant l’un des facteurs qui permet de maintenir le taux de chômage des jeunes à un bas niveau et qui explique la compétitivité et la capacité d’innovation de la Confédération. [1]
Une étude de l’Observatoire suisse de la formation professionnelle (OBS HEFP) a démontré que le pourcentage de jeunes qui effectuent une MP stagne. Il n’a augmenté que de 7% au cours des huit dernières années. [2]
Les MP1 et les MP2 s'adressent en partie à des groupes cibles différents. La MP2 semble être le modèle le plus intégratif. L’octroi de MP2 a augmenté de presque 21% entre 2012 et 2019, tandis que le pourcentage de MP1 a légèrement reculé. La question se pose de savoir comment développer ces deux modèles de façon à mieux exploiter leurs potentiels respectifs.
Si L’offre de places d’apprentissage MP1 dépend fortement de la disposition des entreprises, elle permet aux jeunes qui ont de bons résultats d'enchaîner directement avec des études au degré tertiaire. Elle s’adresse aux apprenti.e.s qui pourraient tout aussi bien opter pour le gymnase, mais qui aimeraient acquérir des connaissances pratiques en plus de celles théoriques. Les apprenti.e.s de la MP1 se caractérisent par leur motivation et leur volonté de s’investir.
Parmi celles et ceux qui obtiennent une MP, les deux tiers poursuivent des études supérieures dans les secteurs de l’économie où les diplômes HES sont importants pour la prospérité de notre canton et du pays (technique et technologies de l’information, architecture, construction et planification, chimie et sciences de la vie, et santé).
Dans le cadre d’une analyse générale de la situation mandatée par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), il est ressorti une très grande disparité cantonale au niveau du taux d’obtention de la MP pour les personnes en formation. Les cantons du Tessin (42%) et de Neuchâtel (38%) sont ceux qui affichent les taux de MP les plus élevés, alors que la part des apprentis et des apprenties titulaires d’une MP est la plus faible dans les cantons d’Uri et de Schwyz (16%). On ne constate pas de concurrence directe entre la maturité gymnasiale et la MP : au Tessin par exemple, le taux de maturités gymnasiales est lui aussi élevé. [3]
Un rapport de la Haute école fédérale en formation professionnelle (HEFP) publié le 30 août 2022 a confirmé que plus les conditions d’admission réduisent la probabilité de commencer une maturité professionnelle plus les chances de succès sont réduites. Cette étude suggère que les perspectives de formation sont déterminées par le canton de résidence, indépendamment des aptitudes individuelles. [4]
Les critères d’admission à la MP varient selon les cantons. Pour le canton de Vaud, ce sont les articles 112 intitulé “Admission modèle intégré” et 113 intitulé “Admission en modèle post-CFC” du règlement d'application de la loi vaudoise du 9 juin 2009 sur la formation professionnelle (RLVLFPr/VD; RSVD 413.01.1) qui fixent ces critères d’admission. [5]
La comparaison des procédures d’admission avec les taux de MP met en évidence que les cantons qui ne prévoient pas d’examen d’admission obligatoire, ce qui n’est pas le cas du canton de Vaud, présentent, de manière générale, un taux de MP plus élevé que les autres.
Au vu de l’étude du SEFRI et de la HEFP qui ont clairement mis en évidence que les cantons qui ne brident pas l’accès à la maturité professionnelle sont les cantons qui ont le plus de succès dans cette orientation, j'ai l'honneur de demander au Conseil d'Etat d'étudier les différentes pistes qui permettraient de réévaluer les conditions d'admission à la maturité professionnelle afin de faciliter l’accessibilité à cette filière et la rendre plus attrayante.
Je remercie d'avance le Conseil d’Etat pour sa réponse.
Cédric Roten, membre du Grand Conseil – groupe socialiste
[1]http://ncee.org/wp-content/uploads/2015/03/SWISSVETMarch11.pdf
https://cemets.ethz.ch/cemets-news/2017/08/entry-10--building-permeability-modern-reforms-in-switzerland.html
[2]https://www.ehb.swiss/sites/default/files/trendbericht_4_fr_v2-web.pdf
[3]https://www.sbfi.admin.ch/sbfi/fr/home/formation/maturite/maturite-professionnelle/renforcement-de-la-maturite-professionnelle.html
[4]https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-90101.html
[5]https://www.lexfind.ch/fe/fr/tol/19342/fr
Conclusion
Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Didier Lohri | VER |
Oriane Sarrasin | SOC |
Alberto Cherubini | SOC |
Felix Stürner | VER |
Yannick Maury | VER |
Sonya Butera | SOC |
Patricia Spack Isenrich | SOC |
Claire Attinger Doepper | SOC |
Sébastien Cala | SOC |
Claude Nicole Grin | VER |
Géraldine Dubuis | VER |
Jean Tschopp | SOC |
Joëlle Minacci | EP |
Muriel Thalmann | SOC |
Carine Carvalho | SOC |
Denis Corboz | SOC |
Romain Pilloud | SOC |
Marc Vuilleumier | EP |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Valérie Induni | SOC |
Sandra Pasquier | SOC |
Théophile Schenker | VER |
Monique Ryf | SOC |
Valérie Zonca | VER |
Julien Eggenberger | SOC |
Sylvie Pittet Blanchette | SOC |
Pierre Wahlen | VER |
Amélie Cherbuin | SOC |
Yves Paccaud | SOC |
Sylvie Podio | VER |
Nathalie Jaccard | VER |
Nathalie Vez | VER |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourEn préambule à mon intervention, je me dois de déclarer mes intérêts : je suis enseignant en école professionnelle et école supérieure.
En Suisse, deux tiers des jeunes obtiennent un certificat fédéral de capacité et environ un quart d’entre eux le complète par une maturité professionnelle. Malgré cela, le pourcentage de jeunes effectuant une maturité professionnelle stagne ; il n’a augmenté que de 7 % au cours des huit dernières années.
La maturité professionnelle s’adresse aux apprenties et apprentis qui pourraient tout aussi bien opter pour le gymnase, mais qui aimeraient acquérir des connaissances pratiques, en plus des connaissances théoriques. Les apprenties et apprentis de la maturité professionnelle se caractérisent par leur motivation et par leur volonté de s’investir.
Parmi celles et ceux qui obtiennent une maturité professionnelle, les deux tiers poursuivent des études supérieures dans les secteurs de l’économie où les diplômes des Hautes écoles spécialisées (HES) sont importants pour la prospérité de notre canton et du pays.
Au vu de plusieurs études documentées qui ont mis en évidence que les cantons qui ne brident pas l’accès à la maturité professionnelle sont les cantons qui ont le plus de succès dans cette orientation, j’ai l’honneur de demander au Conseil d’Etat d’étudier les différentes pistes qui permettraient de réévaluer les conditions d’admission à la maturité professionnelle afin de faciliter l’accessibilité à cette filière et la rendre plus attrayante.
Je remercie d’avance le Conseil d’Etat pour sa réponse.
Retour à l'ordre du jourLe postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.