24_INT_148 - Interpellation Nathalie Jaccard et consorts - Prostitution des adolescent-e-s dans le Canton de Vaud, comment protéger les droits et le bien-être des enfants et des adolescent-e-s qui en sont victimes. (Développement).

Séance du Grand Conseil du mardi 5 novembre 2024, point 4 de l'ordre du jour

Texte déposé

La prostitution infantile et des adolescent-e-s constitue une violation grave des droits de l'enfant et une préoccupation majeure pour notre société. Il est crucial que nous examinions de près cette problématique afin de prendre des mesures efficaces pour protéger les jeunes et prévenir de telles situations.

Bien qu’il n’y ait pas de chiffres précis sur cette problématique en Suisse, on peut s’appuyer sur ceux de nos voisins français, qui font état d'estimation selon plusieurs associations de 15’000 et 20’000 mineur-e-s prostitué-e-s en France, un chiffre en augmentation de plus de 70% sur les cinq dernières années. 

Notre Canton n’est pas épargné pour preuve, plusieurs articles parus dans la presse, notamment le 24 Heures ont mis en lumière une tendance inquiétante : de plus en plus de jeunes, notamment des filles mais aussi des garçons, sont attiré-e-s par la prostitution, croyant à tort que cela leur permettra de mener une vie de "princesse" ou de "prince". Cette fausse promesse d'une vie facile et luxueuse les pousse à se mettre en danger, sans percevoir les graves conséquences sur leur santé morale, physique et sexuelle de cette forme d'exploitation. Il est de plus en plus courant de voir des affaires pénales impliquant des proxénètes qui exploitent des mineur-e-s.

Dans ce contexte, j’ai l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  • Dispose-t-on de données actualisées sur l'ampleur de ce phénomène dans notre Canton ?
  • Quelles mesures concrètes le Canton de Vaud met-il en œuvre en matière de prévention de la prostitution infantile et des adolescent-e-s ? Est-ce que des programmes éducatifs ou des campagnes de sensibilisation sont mis en place pour informer les jeunes des dangers liés à cette forme d'exploitation sexuelle ?
  • Quel accompagnement est offert aux parents dont les enfants sont susceptibles d'être impliqué-e-s dans la prostitution ou sont déjà en situation de prostitution ? Existe-t-il des services de soutien spécifiques pour aider les familles confrontées à cette situation difficile ?
  • Quelles structures d'accueil sont disponibles pour les jeunes qui souhaitent s'éloigner de la prostitution, mais qui ne peuvent pas ou ne veulent pas retourner dans leur famille ? 
  • Est-ce que des dispositifs d'hébergement et de soutien sont disponibles pour ces jeunes vulnérables ?

En remerciant par avance le Conseil d’État pour l’attention portée à cette interpellation et pour ses futures réponses. 

 

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Céline MisiegoEP
Théophile SchenkerVER
Pierre WahlenVER
Oscar CherbuinV'L
Yannick MauryVER
Rebecca JolyVER
Didier LohriVER
Yolanda Müller ChablozVER
Nathalie VezVER
Valérie ZoncaVER
Pierre ZwahlenVER
Sébastien HumbertV'L
Géraldine DubuisVER
Kilian DugganVER
Felix StürnerVER
Pierre FonjallazVER
Blaise VionnetV'L

Documents

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Nathalie Jaccard (VER) —

Récemment, des articles ont révélé que de plus en plus de jeunes sont attirés par la promesse illusoire de l’argent facile, d’une vie de luxe, des promesses de liberté, ou encore qui, dans le désir de plaire et de répondre aux belles promesses d’un prétendu prince charmant, s’engagent dans la prostitution. La prostitution infantile est une violation grave des droits de l’enfant. Elle peut entraîner des conséquences importantes, à long terme, sur la vie de ces jeunes. Elle peut impacter leur santé tant physique que psychologique et perturber durablement leur développement et leur avenir. Elle peut provoquer des traumatismes. La prostitution est souvent associée à des violences physiques, sexuelles et émotionnelles, qui pourraient entraîner des troubles de stress post-traumatique, des sentiments de peur, de honte et de culpabilité, avec un risque accru de dépression, de crise d’angoisse et de pensées suicidaires. Des conditions de vie instables et souvent dégradantes renforcent les sentiments de détresse, qui peuvent entraîner une perte d’estime de soi ou des problèmes de dépendance. En effet, pour faire face et supporter le quotidien, ces jeunes peuvent se tourner vers l’alcool ou les drogues, voire être encouragés à la consommation de substances par leurs macs qui provoquent volontairement de la dépendance afin d’asseoir leur domination sur leurs victimes. Les conséquences sur la santé physique telles qu’infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, avortements répétés et/ou violences physiques sont également à craindre, tout comme des conséquences sociales et relationnelles : isolement social, difficultés scolaires et professionnelles, risques de criminalisation. Ces situations peuvent entraîner de la précarité, des difficultés de réintégration et de coupure avec le milieu familial. 

Les expériences de prostitution peuvent laisser des cicatrices durables qui compliquent la réinsertion, tant au niveau personnel que social. Les risques de rechute ne sont pas à négliger, car même après une sortie de la prostitution, le manque de soutien et de perspective, ainsi que la honte, peuvent entraîner une rechute, surtout si les jeunes ne reçoivent pas d’accompagnement adapté. D’ailleurs, des études ont démontré qu’il est crucial de mettre en place des programmes de prévention, de protection et d’accompagnement pour atténuer ces conséquences. 

Afin de connaître l’état de la situation dans notre canton, la présente interpellation pose un certain nombre de questions au Conseil d’Etat, notamment quant à l’existence de données actualisées sur l’ampleur du phénomène dans notre canton, pour savoir si des mesures concrètes existent en matière de prévention tout comme des programmes éducatifs ou des campagnes de sensibilisation, si des accompagnements et soutiens aux parents sont proposés et si des structures d’accueil sont disponibles pour les jeunes qui souhaitent s’éloigner de la prostitution, mais qui ne peuvent pas – ou ne veulent pas – retourner dans leur famille. D’avance, je remercie le Conseil d’Etat pour ses prochaines réponses.

M. Jean-François Thuillard (UDC) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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