24_INT_103 - Interpellation Géraldine Dubuis et consorts - Un rêve digital qui risque de virer au cauchemar ? (Développement).
Séance du Grand Conseil du mardi 11 juin 2024, point 5 de l'ordre du jour
Texte déposé
Du 6 au 8 septembre 2024 aura lieu, sur le campus de l’Université de Lausanne, un nouveau festival le Digital Dreams Festival (DDF). Le DDF est l’œuvre de l’ancien directeur du NumerikGames, festival autour de la culture geek et du numérique qui est né à Yverdon-Les-Bains en 2015. Selon la presse[1], le DDF aurait un budget de 650'000 francs. On apprend sur le site internet de la manifestation que l’Université de Lausanne (Unil) en est coproductrice.
Renseignements pris, l’Association Digital Dreams Festival a été fondée le 26 mars 2024 et le chef du service UNICOM de l’Unil en est membre du comité. Le directeur du festival est quant à lui Maître d’enseignement et de recherche (MER) à temps partiel à l’Unil. Nous n’avons pas trouvé d’information sur son engagement comme directeur du DDF.
Le directeur du DDF a certes affirmé dans les médias que ce festival n’était pas un clone des NumerikGames, mais la « version 2.0 » d’un festival dédié aux cultures numériques[2]. On peut en douter, dans la mesure où le DDF reprend la structure et une partie de la programmation des Numerik Games (ex : ABH Beatbox ; Dario Rossi ; Alain Damasio), et où le but de l’Association Digital Dreams festival se recoupe en grande partie avec celle de l’Association Numerik Games impliquée dans l’organisation du festival à Yverdon[3].
Concernant la programmation toujours, il est assez cocasse de relever que celle-ci ne laisse que peu de place aux expert.es en la matière au sein même de l’Unil et questionne sur son intégration dans son microcosme et plus largement dans sa politique de médiation culturelle et scientifique.
Enfin, même si le DDF est présenté comme un festival géré selon des principes de durabilité et d’inclusivité, force est de constater que sa programmation ne comporte aucun projet centré sur ces objectifs prioritaires. Au contraire, certains événements du programme[4] vont clairement à l’encontre d’un tel objectif à l’exemple de l’événement : « Tesla : test drive pour petits & grands », décrit comme suit sur le site du DDF : « Expérience : entrez dans l’univers Tesla, découvrez et conduisez toute la flotte S3XY ! Tournoi gaming & mini-Tesla pour enfants », avec un lien qui conduit directement au site internet commercial de Tesla. Le fait d’accorder un espace à Tesla viole en outre les règles sur l’utilisation des infrastructures de l’UNIL, qui ne sont pas ouvertes à des activités de sociétés commerciales à des fins publicitaires (cf. art. 3, 43 et 44 LUL ; art. 4 de la directive de la Direction 1.25 Mise à disposition d’infrastructures de l’Unil pour des activités organisées par des entités tierces). Ces éléments ont d’ailleurs amené des membres du Conseil de l’Unil à déposer une interpellation à ce sujet[5].
Cette situation et l’implication de l’Unil dans la mise en œuvre du Digital Dreams Festival, nous poussent à poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :
- Comment se positionne le Conseil d’Etat par rapport à cette délocalisation, ou cette copie, de festival yverdonnois ?
- Le budget du festival est évalué à 650'000 francs. L’Unil prend-t-elle en charge une partie de ces frais p.ex en proposant de la gratuité pour certaines prestations ?
- Comment l’Unil voit-elle cette manifestation au sens de sa politique de médiation culturelle et scientifique ?
- Dans quelle mesure l’UNIL contribue-t-elle directement ou indirectement à la rémunération des activités de l’Association Digital Dreams Festival, du directeur du DDF et des autres personnes travaillant pour ce festival ?
- Y a-t-il un risque de conflit d'intérêts dans la mesure où le vice-président de l'association organisant l'événement est le chef du service UNICOM de l'Unil ?
- Quelles sont les règles de gouvernance à ce propos au sein de l’UNIL, sachant par ailleurs que la cours des comptes a récemment épinglé l’UNIL sur ces aspects ?
- Dans quelle mesure ce festival s’inscrit-il dans les objectifs du Plan climat cantonal ainsi que du Plan stratégique de l’Unil, sachant qu'il y a passablement de publicités inclue dans le programme pour Tesla (dont des "test drives pour petits et grands"...) ?
[1]https://www.blick.ch/fr/news/sur-le-campus-de-lunil-digital-dreams-le-nouveau-defi-de-marc-atallah-id19689227.html
[2]https://www.letemps.ch/culture/scenes/apres-numerik-games-les-nouvelles-reveries-digitales-de-marc-atallah
[3]L’Association Numerik Games a pour but de « contribuer à la connaissance de la culture et des technologies numériques de promouvoir ces deux champs dans les milieux politiques, scientifiques, économiques, culturels et artistiques, notamment en organisant et/ou en contribuant au financement d’événements, de performances, d’expositions ou de conférence sous la marque Numerik Games ».
[4]https://digitaldreamsfestival.ch/programme-2024/
[5]https://www.unil.ch/files/live/sites/conseil/files/Interpellation%20DDF.pdf
Conclusion
Souhaite développer
Liste exhaustive des cosignataires
Signataire | Parti |
---|---|
Cédric Echenard | SOC |
Valérie Zonca | VER |
Graziella Schaller | V'L |
Yves Paccaud | SOC |
Cendrine Cachemaille | SOC |
Vincent Jaques | SOC |
Théophile Schenker | VER |
Yannick Maury | VER |
Isabelle Freymond | IND |
Martine Gerber | VER |
Sabine Glauser Krug | VER |
Nathalie Jaccard | VER |
Yolanda Müller Chabloz | VER |
Cédric Roten | SOC |
Vincent Bonvin | VER |
Felix Stürner | VER |
Rebecca Joly | VER |
Documents
Transcriptions
Visionner le débat de ce point à l'ordre du jourLe Digital Dreams Festival (DDF) aura lieu sur le campus de l'Université de Lausanne (UNIL) du 6 au 8 septembre de cette année. Cette œuvre de l'ancien directeur du Numerik Games Festival a un goût très fort de redite dudit festival yverdonnois : reprise de la structure, d'une partie de la programmation des Numerik Games et de l'équipe même du festival, ainsi que des buts quasi similaires entre les deux associations. Un véritable petit clone, peut-on dire.
Selon la presse, le DDF aura un budget de 650’000 francs. On apprend sur le site Internet de la manifestation que l'UNIL en est coproductrice. Renseignement pris, l'association DFF a été fondée le 26 mars 2024 et le chef du service Unicom de l'UNIL en est membre du comité. Le directeur du festival est quant à lui maître d'enseignement et de recherche à temps partiel à l'UNIL. Nous n'avons pas trouvé d'informations sur son engagement comme directeur du DDF.
Depuis le dépôt de cette interpellation la semaine passée, nous avons appris par voie de presse que le NFF connaissait des difficultés économiques importantes et que son édition 2024 était annulée. Depuis 2021, ses finances avaient plongé dans le rouge, principalement pour des raisons fiscales et, même si les comptes 2023 étaient presque équilibrés, il a fallu que la ville d'Yverdon mette la main à la poche à hauteur de 50’000 francs pour assainir les finances de l'événement. Dans ce contexte, et au vu de l'implication de l'UNIL dans ce festival cloné, je dépose cette interpellation en invitant cordialement le Conseil d'Etat à respecter le délai prévu par la Loi sur le Grand Conseil pour y répondre.
Retour à l'ordre du jourL’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.