23_LEG_84 - EMPD accordant au Conseil d'Etat un crédit d'investissement de CHF 4'984'000.- pour financer le mobilier, le matériel, les équipements informatiques et multimédias nécessaires à l'établissement d'un Gymnase à Crissier (1er débat).

Séance du Grand Conseil du mardi 19 septembre 2023, point 30 de l'ordre du jour

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M. Cédric Weissert (UDC) — Rapporteur-trice

En préambule, je remercie M. Yvan Cornu, secrétaire de la commission, pour les notes de séance. La conseillère d’Etat indique que ce projet de nouveau gymnase à Crissier a reçu un accueil très positif de la part de la population qui a participé à une présentation publique, le 19 juin dernier. En raison principalement de la forte croissance du nombre d’élèves dans les gymnases, le canton de Vaud manque considérablement de locaux. A la rentrée 2023, ils seront plus de 14 000 élèves, soit le double de la rentrée 2000. Dès lors, il est impératif de trouver des solutions à très court terme, dès la rentrée d’août 2024, déjà. Il convient aussi d’anticiper le passage de 3 à 4 ans de l’école de maturité, qui obligera les gymnases à accueillir jusqu’à 20 % d’élèves supplémentaires. Le Conseil d’Etat a prévu la réalisation des gymnases d’Aigle et d’Echallens respectivement à l’horizon 2024 et 2025. Toutefois, en raison de nombreuses oppositions, l’ouverture de ces deux gymnases est retardée pour les rentrées scolaires 2026 et 2027 dans le meilleur des cas. Dans ce contexte de pénurie à court terme, l’Etat a récemment acheté le gymnase d’Etoy, mais cela ne suffit pas à répondre aux besoins urgents en locaux supplémentaires et l’opportunité d’ouvrir très rapidement un gymnase à Crissier a été trouvée. Il s’agit de louer à un promoteur privé des bâtiments initialement destinés à une exploitation commerciale, mais qui pourront être adaptés par le propriétaire afin d’intégrer l’ensemble du programme d’un gymnase type.

Pour le Conseil d’Etat, la location de ces surfaces, dès la rentrée 2024, est la meilleure solution pour accueillir le nombre croissant d’élèves et afin que les cours puissent être dispensés dans de bonnes conditions. Le site est qualifié d’agréable ; il est facilement accessible. Les locaux étant loués, complètement aménagés, le présent projet de décret ne vise qu’à assurer le crédit d’investissement de près de 5 millions pour financer le mobilier, le matériel, les équipements informatiques et multimédias nécessaires à son bon fonctionnement. En d’autres termes, il s’agit de concrétiser ce projet et de démarrer le processus de recrutement nécessaire des ETP enseignants et du personnel administratif en vue de l’ouverture de ces nouvelles classes, dès la rentrée 2024.

A la question d’un député concernant la livraison d’une salle de sport pour la rentrée 2025, il est demandé au Conseil d’Etat quelle solution est prévue pour les élèves qui effectueront leur rentrée en 2024. Il est répondu que la Direction générale de l’enseignement postobligatoire louera pour une durée de 3 ans la halle sportive de Crissier actuellement fermée et située à proximité du futur gymnase. Cette salle sera réaménagée pour permettre une pratique plus diversifiée du sport. Enfin, il est indiqué qu’étant locataire, le Conseil d’Etat ne peut influencer la structure du bâtiment, mais il est précisé que l’enveloppe sera de qualité. Le toit comprendra des panneaux photovoltaïques, il devrait être à ce titre autosuffisant, et le bâtiment sera raccordé à la centrale de chauffage à distance de Crissier. Les façades auront une épaisseur répondant aux normes Minergie.

Enfin, au vote final, la commission accepte les articles 1, 2 et 3 à l’unanimité et recommande à l’unanimité l’entrée en matière sur ce projet de décret.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion sur l’entrée en matière est ouverte.

Mme Oriane Sarrasin (SOC) —

J’aimerais d’abord annoncer un double intérêt face à cet objet : je suis habitante de Crissier et j’ai siégé à la commission qui l’a traité. Toutefois, ce n’est pas en mon nom, mais en celui de mon groupe que je m’exprime maintenant. Tout en soutenant l’arrivée d’un gymnase à Crissier, nous tenons à relever deux points qui nous semblent particulièrement préoccupants du point de vue de la durabilité et qui sont tous deux corrélés au fait que le futur gymnase n’est pas propriété de l’Etat, mais loué à un privé. Premièrement, concernant le bâtiment lui-même, les exigences en matière de durabilité sont plus basses que si le canton était propriétaire. C’est le cas pour tous les bâtiments que l’Etat loue, comme nous l’avons lu dans la réponse récemment publiée à la simple question de notre collègue Laurent Balsiger. Certes, le gymnase de Crissier « devrait » – au conditionnel dans le rapport – pouvoir être autosuffisant en électricité. Or, la structure est tout de même en béton et non en bois, l’environnement sera moins végétal, ce qui est regrettable dans un bâtiment scolaire destiné à des jeunes.

Deuxièmement, on y trouvera en tout 111 places de parking louées par le constructeur, dans une zone déjà saturée de circulation aux heures de pointe. Si vous passez par Crissier entre 7 et 8 heures le matin ou en fin de journée, j’imagine que vous voyez de quoi je parle ! A ces préoccupations sur la durabilité s’ajoutent, comme nous le verrons, des questions concernant les infrastructures sportives. Tout en acceptant le crédit proposé pour aménager le futur gymnase de Crissier, nous resterons attentifs et attentives aux points précités et reviendrons avec des interventions si nécessaire.

Mme Elodie Golaz Grilli (PLR) —

Ce projet de décret visant à financer l’équipement d’un gymnase à Crissier est nécessaire pour répondre aux besoins actuels liés à la croissance du nombre de gymnasiens ou au retard de réalisation des gymnases d’Aigle et d’Echallens, à la rénovation des gymnases existants qui nécessitent de déplacer des classes, voire de fermer des bâtiments. En outre, le déplacement du gymnase pour adultes montre la nécessité de réaliser cet investissement. Le gymnase de Crissier permettra d’accueillir 1200 élèves, dont 44 classes, d’ici 2027, sur 20594 m² de surface. Cette location permettra donc d’apporter des solutions ; et son équipement est impératif. Raisons pour lesquelles le groupe PLR soutiendra ce projet de décret.

M. Vincent Keller (EP) —

Je dois aussi commencer par déclarer mes intérêts tout comme mes deux préopinantes. Je suis enseignant au gymnase de Beaulieu et député du district de l’Ouest lausannois où ce nouveau gymnase sera construit. Dire qu’il y a plus de 20 ans, j’étais alors membre de la commission intercommunale, le district de l’Ouest lausannois avait échoué à la transformation du collège intercommunal de la Planta en gymnase cantonal ! Or, demain, le district le plus dynamique du canton n’aura pas moins de trois gymnases sur son territoire.

J’aimerais également dire que je suis enchanté que le canton prenne enfin la mesure du problème du manque de places dans les gymnases, car même si la loi et son règlement précisent un nombre maximum d’élèves par classe, il arrive que celui-ci soit dépassé. Nous pouvons aussi nous réjouir du succès des études gymnasiales auprès des jeunes. Le projet de décret précise aussi que ce flagrant manque va s’accentuer avec la voie gymnasiale en 4 ans, dont nous espérons bien sûr qu’elle s’opère sur le modèle 11+4, comme le demandent la plupart des enseignants et des syndicats.

En revanche, il est fort regrettable que pour ce nouveau gymnase le canton ne respecte toujours pas la loi fédérale en matière de construction, comme ce fut le cas avec celui de Bussigny, pour que les gymnasiennes et les gymnasiens puissent faire leurs 3 heures de sport par semaine. En effet, un gymnase nanti de 1200 élèves doit pouvoir offrir une salle triple de type VD6. Le rapport de commission précise d’ailleurs que ce n’est pas une salle exiguë de type VD4 comme proposée qui doit être construite, mais une triple, voire un modèle qui répondrait aux normes de l’Office fédéral du sport (OFSPO) et qui porte son nom, ce qui permettrait de répondre aux nombreuses demandes des clubs sportifs de la région.

En conclusion, le groupe Ensemble à Gauche et POP acceptera toute modification des conclusions qui iront dans le sens de la construction d’une salle de sport qui respecte la législation fédérale. Le canton a suffisamment rappelé cette législation aux communes lorsqu’elles ont dû construire de nouveaux collèges ; à son tour de maintenant respecter la loi. Nous entrerons évidemment en matière.

M. Sergei Aschwanden (PLR) —

« L’honneur appartient à ceux qui jamais ne s’éloignent de la vérité, même dans l’obscurité et la difficulté, ceux qui essayent toujours et qui ne se laisseraient pas décourager par les insultes, l’humiliation ou même la défaite. » Monsieur le président, madame la conseillère d’Etat, chers et chères collègues, cette citation de Nelson Mandela me rappelle que le Conseil d’Etat s’est engagé à respecter la loi cantonale et fédérale pour toute nouvelle construction de gymnases, et j’ose croire que nous sommes tous d’accord avec l’importance des engagements de l’exécutif à respecter ladite loi. Or, c’est avec gravité que je dois constater que la loi n’est pas respectée. Ma désolation est d’autant plus vive que cela dure depuis des années. Pour rappel, ce Parlement avait donné un signal fort le 15 septembre 2020 en amendant le projet de décret du gymnase de Bussigny, puisqu’aucune salle de sport n’était prévue. Les années passent, les besoins augmentent, et pourtant on continue.

(*Insérer image 1 du power point)

Vous pouvez consulter sur l’image projetée l’avis de la Commission des finances émis dans sa première observation face au constat que nous sommes hors la loi par rapport à l’éducation physique. Cela dure depuis des années. Madame la conseillère d’Etat, je suis au regret de devoir constater que le projet de décret de ce jour ne change pas la donne, mais propose, une nouvelle fois, de continuer dans la même logique. Une logique hors la loi et, ce qui est peut-être pire encore, une logique qui amène à agir contre l’intérêt des adolescents de notre canton. Une logique qui amène aujourd’hui le Conseil d’Etat à devoir faire des bricolages, comme de proposer des halles de sport communes entre les gymnases de Crissier et de Bussigny. Et ce n’est pas tout. En effet, comme le projet de décret le souligne fort bien, les besoins vont croissant, puisque le nombre d’élèves augmente. Nous sommes par conséquent face à un besoin supplémentaire de salles. Or, la logique du projet de décret persévère dans le non-respect de la loi ; et cela impacte de plus en plus de jeunes. A Crissier et à Bussigny, par exemple, compte tenu du nombre de classes, il faut une salle triple. En bonne logique, le Conseil d’Etat nous propose donc de construire une salle double : cherchez l’erreur !

Je voudrais prendre quelques minutes pour partager des solutions. Toutes les images que je vais vous présenter sont accessibles sur les sites du canton et de la commune de Crissier, où l’on trouve aussi les contraintes liées aux affectations.

*insérer image 2

Pour ceux qui n’ont pas eu le temps de lire le rapport de la commission et le projet de décret, vous pouvez observer sur cette deuxième image la halle que l’Etat de Vaud loue à des privés afin de proposer une activité physique le temps de construire une halle VD4, donc double. Elle se trouve à 300 m du gymnase et un montant est prévu via la DGEP pour l’aménager quelque peu, dixit le rapport de commission ; ce que j’appelle tout simplement du plâtre sur une jambe de bois.

*insérer image 3

Sur cette troisième image, vous pouvez voir cette fameuse halle. Avec ses environ 3600 m², elle est donc plus grande en termes de volume qu’une salle triple. Je vous prie de bien vouloir mémoriser ce chiffre : 3600 m². En effet, il est important de savoir qu’une salle triple pour l’activité physique à l’école ne permet pas à des associations sportives locales d’organiser des championnats officiels, car il manque 1 mètre en largeur et 3 mètres en longueur. Oui, vous avez bien compris : 1 mètre et 3 mètres.

*insérer image 4

Sur la quatrième image, vous voyez une salle OFSPO qui tient compte du fameux mètre de largeur et des 3 m de longueur. Cette salle se trouve à Moudon, sa surface est de moins de 3000 m2, 2800 m2 pour être tout à fait précis, c’est-à-dire 800 m2 de moins que la halle montrée sur l’image précédente. Cela signifie que nous pourrions construire une halle OFSPO, qui réponde aux normes scolaires d’une salle triple et aux besoins d’associations sportives, afin qu’elles puissent organiser des compétitions, à 300 mètres du gymnase de Crissier.

Alors, voici la prochaine question que ce plénum risque de se poser : est-il permis de construire une telle halle ?

*insérer image 5

Ici, vous pouvez observer que la halle se trouve en zone industrielle 1A et le gymnase à proximité en zone industrielle 1B. En me référant au règlement de la commune de Crissier, chapitres 9 et 10 concernant les contraintes d’affectation, aucun élément ne stipulerait l’impossibilité de construire une halle OFSPO.

Comprenez-moi bien, mon intention est de montrer très concrètement que des solutions existent à proximité, des solutions différentes que celles aujourd’hui proposées par ce projet de décret – et je suis certain que d’autres existent encore. Je peine donc à comprendre que l’on ne cherche pas à acquérir le terrain dès aujourd’hui afin d’y construire une halle aux normes OFSPO. Certes, il faudra négocier avec les propriétaires de terrain, mais l’Etat de Vaud n’est-il pas prêt à louer les fameuses halles de Crissier ? Et puis ce gymnase est là pour longtemps. Une option de rachat possible à échéance du bail en 2040 existe d’ailleurs. N’est-il vraiment pas de bon sens d’acheter ce terrain et d’y construire un projet durable ? Vous l’aurez compris, je déposerai un amendement pour demander un montant de 20 millions de francs afin de racheter le terrain sur lequel se trouvent actuellement les halles de Crissier. Nous pourrons alors construire une halle aux normes OFSPO. Je me permets d’ajouter que le Fonds d’utilité publique (FUP) permet de financer une partie des frais supplémentaires, si le souhait prévaut de construire une halle auxdites normes.

J’ose croire que ce plénum me suivra et soutiendra mon amendement. J’ose également espérer, madame la conseillère d’Etat, que vous verrez cet amendement comme une opportunité tant pour les adolescents que pour les clubs de sport vaudois, qui aujourd’hui refusent des membres par manque d’infrastructures. A fortiori, ces prochaines semaines, nous allons avec raison beaucoup parler de l’augmentation du coût des primes d’assurance-maladie. Or, ces augmentations et mon amendement sont corrélés. Le lien, démontré par des études de plus en plus nombreuses, réside dans le fait que le sport est un investissement qui rapporte. Pour les enfants, les adolescents et les adultes de tous les âges, le sport représente le meilleur moyen de prévention contre les maladies.

Au début de cette intervention, je me suis désolé que le non-respect de la loi soit parfois devenu la norme. J’ose croire que les représentants de notre exécutif sauront s’engager aujourd’hui à respecter la Loi sur l’éducation physique et à faire du sport à l’école une priorité. Avec cet amendement, nous avons l’occasion de remettre les choses dans le bon ordre. J’ai commencé mon intervention avec une citation de Nelson Mandela, je finirai également avec lui, car il disait très justement que « Le sport a le pouvoir de changer le monde. » J’ose y croire ; vive le sport !

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

(Le débat est interrompu.)

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